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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
10 mars 2012

Expo Paris : Bob Dylan au Musée,

La musique peut-elle s’exposer ? Et peut-on rendre compte de l’évolution intellectuelle et littéraire d’un auteur à travers de simples photographies ? Pas sûr !


expo dylan affiche
C’est pourtant ce que tente de faire une exposition que la Cité de la Musique présente, jusqu’au 25 juillet. Elle est consacrée à Bob Dylan, plus particulièrement à ses premières années, celles qui virent le chanteur « folk » engagé, qu’il était à ses débuts, se métamorphoser en une star du « rock », à la personnalité et aux chansons énigmatiques.

L’exposition est organisée autour d’une série de photos réalisées par Daniel Kramer, qui côtoya Dylan de 1964 à 1966. Elles témoignent de l’évolution du personnage. On peut aussi découvrir quelques objets plus ou moins cultes, comme des guitares, ainsi que des documents sonores, vidéos, interviews, chansons, reprises, etc… Conçue par Robert Santelli, le directeur du Grammy Museum de Los Angeles, l’exposition propose, en outre, une salle consacrée à la venue en France de Dylan en 1966 et sa rencontre avec les chanteurs « yéyé » d’alors, Johnny Halliday, Hugues Aufray ou Françoise Hardy…

dylan by kramer

L’exposition est à  voir. Parce que, comme le dit la chanson, « Dylan is Dylan ». Dylan est à part. Au dessus du lot. Ses vers lui survivront. Ils donnent au « rock » une valeur littéraire. Et pourtant, cette exposition suscite deux critiques majeures.  

Première critique : elle laisse très peu de place aux textes, justement. Alors que Bob Dylan est d’abord un parolier, un poète qui a véhiculé ses poèmes dans des chansons. Enfant de l’après-guerre, nourri de Bible et de culture populaire américaine, héritier de la « Beat Generation », il a mis en mots, avec des raccourcis saisissants  et des images fortes, les sentiments, les émotions, et les aspirations de toute une génération

La grande influence de Dylan tient à ses textes qui mêlent balades romantiques,  exhortations sociales, revendications politiques, références à l’Ancien Testament, et visions surréalistes ou psychédéliques,  jaillies de son imagination et amplifiées par l’usage des drogues de l’époque, marijuana et LSD.  C’est en écoutant Bob Dylan que John Lennon décida qu’il ne pouvait plus se contenter de chanter de mièvres rengaines fleur bleue comme « she loves you, yeah, yeah, yeah… »

dylan playing chessDeuxième critique : l’exposition repose sur la confusion, savamment entretenue par les « marchands de culture » contemporains entre l’artiste et son œuvre. Les photos de Kramer sont formidables parce qu’elles reflètent une époque, les années 60-65, où symboliquement le noir et blanc domine encore (la couleur explosera à partir de 1967 avec la contre-culture psychédélique) et qu’elles ont acquis avec le temps, une valeur historique et nostalgique. Mais elles sont moins le témoin que le véhicule de la transformation de l’artiste en « idole des jeunes », et en « icône » populaire.

Bob Dylan a d’ailleurs consciemment joué de cette « starisation ». Lui qui, adolescent se rêvait en Elvis Presley ou en Buddy Holly, a d’abord percé sur la scène « folk ». Le « folk » ne fait pas seulement référence à une musique purement acoustique. En anglais les « folks », ce sont les  «gens ». Le mot a donné « folklore » dont l’étymologie signifie « les récits (lore) des gens (folk) », c’est  à dire la culture populaire. Dans cette culture, pas de star système.  Woody Guthrie, père spirituel du jeune Dylan, a cultivé la simplicité et le contact avec le public. Ce qui comptait n’était ni sa célébrité, ni sa fortune (il n’en a jamais eu) mais ses chansons, les idées et les valeurs qu’elles véhiculaient. Avec l’avènement du rock, le chanteur devient star, objet d’une adoration irraisonnée, voire hystérique. Et Dylan passe progressivement du « folk » au « rock » (ou « folk-rock ») parce que ce statut de « star » ne lui déplaît pas. Même si, avec cette ambiguïté qui l’a toujours caractérisé, il s’en défend et critique sans cesse les pièges de la notoriété…  

dylan with electric guitarC’est bien cela que les spectateurs du Newport Folk Festival lui ont reproché en 1965. Quand Bob Dylan joue « Like a Rolling Stone » en s’accompagnant d’une guitare électrique, ce n’est pas seulement l’électrification de sa musique que lui reproche le public, mais ce que cette électrification symbolise. Dylan a tourné le dos aux « gens » pour se  vendre au « music business » !       

Bob Dylan est un « chanteur pop ». Il faut l’écouter. Et le lire (en version originale si possible). Et même le relire. Car le sens de ses textes n’est pas toujours évident…

Deux chansons résument  le parcours fulgurant qui fut le sien entre 1963 et 1965,  « The Times they are a-changin’ » et « Like a rolling stone ». La première est un hymne à la génération montante, la seconde est une invective vengeresse adressée à une femme dont l'identité est incertaine, mais qui fut peut-être un de ses amours d'alors. Autant la première est imprégnée de la culture biblique de Dylan, un fond qui l’a toujours habité, autant la seconde est personnelle et marquée par les clichés de la bohème newyorkaise où il évolue désormais avec à l’évidence un certain ressentiment… Extraits

The Times they are a-changin’

the_times_they_are_a_changing

Come gather 'round people
Wherever you roam
And admit that the waters
Around you have grown
And accept it that soon
You'll be drenched to the bone
If your time to you
Is worth savin'
Then you better start swimmin'
Or you'll sink like a stone
For the times they are a-changin'.

Come mothers and fathers,
Throughout the land
And don't criticize
What you can't understand.
Your sons and your daughters
Are beyond your command,
Your old road is
Rapidly aging.
Please get out of the new one
If you can't lend your hand,
For the times they are a-changin'.

 

Like a Rolling Stone

 

Once upon a time you Like a Rolling Stone cover  dressed so fine
You threw the bums a dime in your prime, didn't you ?
People'd call, say, "Beware doll, you're bound to fall"
You thought they were all kiddin' you
You used to laugh about
Everybody that was hangin' out
Now you don't talk so loud
Now you don't seem so proud
About having to be scrounging for your next meal.

How does it feel
How does it feel
To be without a home
Like a complete unknown
Like a rolling stone?

 

 Bob Dylan, l’Explosion Rock 61-66, Cité de la Musique, du 06 mars au 15 juillet 2012.

portrait_dylan

 

 

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