Grand Corps Malade : La France vue par The Economist

Quittons un instant la campagne américaine pour nous intéresser à la France. Mais la France telle que nos voisins la voient. Car, comme je l’ai écrit, il faut parfois le regard des autres pour se voir tels que nous sommes vraiment.

 L’hebdomadaire britannique The Economist consacre sa Une à la France. Sous le titre « France in denial », « la  France dans le déni ». Quel « déni » ? Le déni de réalité économique. Tel un drogué, ou un alcoolique, qui refuse de reconnaître son addiction, la France refuse d’admettre la gravité de la situation de ses finances publiques.

Pour illustrer ce propos The Economist  a détourné, avec un humour très « british », le Déjeuner sur l’Herbe, la célèbre toile de Manet, en donnant aux personnages masculins les visages de Sarkozy et de Hollande. Voici donc nos deux candidats se prélassant dans un décor champêtre en compagnie de jolies dames à demi nues…Sarkozy et Hollande, symboles, d’une France bourgeoise, oisive et hédoniste, mais d’une France d’un autre siècle.

L’article est un « must read » et peut être trouvé à l’adresse suivante,

http://www.economist.com/node/21551461

mais pour qui ne lit pas l’anglais en voici quelques morceaux choisis :

         « La France doit se préparer à affronter un choc économique que ses candidats à la présidence refusent d’admettre. Ce choc c’est la réduction à venir de ses finances publiques. La dépense publique en France représente 56% du PIB, contre 50% en Italie, 49% au Royaume Uni, 45% en Allemagne et 42% aux Etats-Unis et en Espagne, et 43% en moyenne pour les pays de l’OCDE. La France continue de se comporter comme si ses finances étaient celles de l’Allemagne ou de la Suède alors qu’elles ressemblent plus à celles de l’Espagne… »

         « Depuis dix ans la France voit sa compétitivité reculer. En 2000 le coût horaire du travail en France était inférieur de 8% à ce qu’il était en Allemagne ; aujourd’hui il lui est supérieur de 10%... »

         « Comment la France peut-elle justifier sa lourdeur administrative ? Ce pays est un « millefeuille » où les communes, les départements, les régions, et l’Etat centralisé mobilisent 90 fonctionnaires pour 1 000 habitants, contre 50 en Allemagne. »

         « La France va être confrontée aux mêmes décisions que celles prises par Gerhard Schroeder en Allemagne au début des années 2000 ou par la Suède dans les années 1990 quand son système de protection sociale s’est effondré… Au soir du 6 mai, le vainqueur, quel qu’il soit, aura un choix à faire. S’il décide de ne pas s’attaquer sérieusement au déficit,  alors les marchés s’empareront de la question et la France pourrait se retrouver au cœur de la prochaine crise de la zone euro. »

The Economist, 31 mars 2012