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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
9 juin 2012

Elections Américaines : L’oracle du Wisconsin

 1ere partie : la rude bataille du « recall »

wisconsin recall 1

C’est peut-être le premier tournant de la campagne présidentielle américaine.  Et pourtant il ne concerne ni Barack Obama, ni Mitt Romney, mais Scott Walker, le gouverneur du Wisconsin. Sa nette victoire - 53% des suffrages, soit cent soixante-dix mille voix d’avance, plus qu’il n’en avait gagnées en 2010- face à ceux qui demandaient son « rappel », ("recall" en américain) est un avertissement et un petit séisme politique. Avertissement adressé  aux syndicats, aux démocrates, à l’establishment Washingtonien, et à Barack Obama lui-même.  Petit séisme politique, parce qu’à travers ce vote les électeurs ont dit à toute la classe politique qu’ils en avaient assez  du « business as usual »; qu’ils étaient prêts à faire fi des conventions établies pour remettre l’Amérique sur les bons rails!

Ce message pourrait avoir un écho retentissant le 6 novembre. Pour l’élection présidentielle, mais surtout pour celles du Congrès. A plus long terme, ce vote  bouleverse le jeu politique. Il affecte un rapport de force vieux de soixante-quinze ans et que certains auraient pu penser éternel. Enfin il illustre la profondeur du sentiment anti-gouvernemental et anti-bureaucratique aux Etats-Unis. Un sentiment que l’on croyait circonscrit aux sympathisants des Tea Parties, mais qui, à l’évidence, a dépassé ce cadre et ne cesse de se répandre…

Wisconsin-Recall, scott Walker

Le Wisconsin, état du Midwest qui s’étend le long du Lac Michigan, est connu pour ses vaches laitières, son fromage, l’équipe de football de Green Bay et ses hivers glacés.  Aujourd’hui il fait la une de tous les journaux américains  pour une toute autre raison : le scrutin de « rappel » de son gouverneur Scott Walker, qui s’est soldé par une nette victoire de celui-ci. Perçu comme un test national à quelques mois de l’élection présidentielle, il préfigure une élection serrée et indécise. Il constitue ainsi un véritable « turning point » de la campagne et de la vie politique américaine.  

Pour comprendre l’importance de ce qui vient de se passer il faut remonter au 2 novembre 2010. Ce jour là, Scott Walker est élu Gouverneur avec 52% des suffrages, face à son challenger démocrate Tom Barrett, crédité de 46% des voix. Walker est un républicain, conservateur sur les questions de société, adepte de la rigueur fiscale, et libéral en économie. Il a fait campagne sur la promesse de créer 250 000 nouveaux emplois, en réduisant les impôts sur les PMEs, sur les gains du capital et sur les hauts revenus. Dans le même temps il a annoncé qu’il réduirait les salaires, les pensions et les avantages sociaux des fonctionnaires de l’Etat pour équilibrer son budget et rétablir des finances publiques largement déficitaires.

WisconsinRecal results

Investi le 3 janvier 2011, Scott Walker présente un projet de budget qui remet en cause le processus de négociations salariales en vigueur entre l’Etat et les Syndicats. Objectif avoué: obtenir des concessions majeures de la part des employés du secteur public pour réduire durablement les dépenses de l’Etat. Les « Unions » voient ce budget comme une déclaration de guerre. Parce qu’il cible les employés du service public et s’attaque à l’un des piliers de la vie politique américaine, le droit des syndicats au « collective bargaining », c’est-à-dire à des négociations salariales. Un droit établi par le président Franklin Roosevelt dans le cadre de son New Deal en 1935.

L’Assemblée du Wisconsin, à majorité républicaine vote ce budget. Les démocrates jouent la chaise vide. Lors d’un épisode rocambolesque, ils quittent tous le Wisconsin pour être absents le jour du vote et priver la mesure du quorum nécessaire à sa validation…  S’en suit une épique bataille politico-judiciaire.

recall walker tee shirt

Les syndicats alliés aux démocrates remportent la première manche. En quelques mois plus d’un million de signatures sont rassemblées au bas d’une pétition pour demander le « rappel » du gouverneur.  C’est deux fois plus qu’il n’en faut pour engager la procédure. Celle-ci est exceptionnelle.  Dans toute l’histoire des Etats-Unis, seuls deux gouverneurs ont fait l’objet de procédures de « rappel »,  Lynn Frazier, gouverneur du Dakota du nord en 1921 et Gray Davis, le gouverneur de Californie en 2003. Tous deux ont perdu.

wisconsin recall pledge

Une véritable nouvelle campagne électorale s’engage donc dans le Wisconsin à partir de janvier 2012. Dans un contexte chargé, puisque l’année 2012 verra une élection présidentielle et que les primaires républicaines viennent de démarrer.

Les démocrates ont levé trois millions de dollars et ils préparent une grande campagne de « mobilisation ». Les syndicats investissent massivement dans la campagne. Avec des moyens financiers et humains. Pour eux c’est une question de survie. A l’heure où des dizaines d’Etats connaissent des difficultés pour boucler leurs budgets si la « méthode Walker » passe au Wisconsin, elle fera inévitablement des émules ailleurs. Ils ont gros à perdre…

wisconsin recall 2

Côté républicain, c’est plus de neuf millions de dollars qui ont été rassemblés. Walker finira par « lever » plus de trente millions de dollars pour sa campagne et si l’on inclut les dépenses des « groupes de soutien », ceux qui contribuent à une  « cause », non à un « candidat »,  et dont les contributions sont donc déplafonnées, c’est plus de soixante millions de dollars  qui ont auront été dépenses pour l’occasion. Un record dans l’histoire du Wisconsin.

De l’avis de tous les observateurs, la campagne est « rude ». La presse locale parle d’une « guerre civile » qui divise les comtés, les villes, les quartiers, et parfois même les familles. Les supplétifs prennent le pas sur les arguments et côté républicain un autocollant dit simplement « F...ck the recall ».

wisconsin recall results 2

Le 5 juin, les électeurs se prononcent .Walker triomphe. Lui-même surpris de son score, son premier mot pour remercier ses supporters est « waow ! »

A suivre... 2e partie: Un avertissement à Obama et toute la classe politique

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  • L'oeil d'un Franco-Américain sur l'actualité internationale, la politique, l'économie, la société américaines, et tout ce qui touche aux États-Unis. Je défends les libertés individuelles et dénonce la pensé unique et les folies progressistes.
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