Débat Biden-Ryan : De grandes différences mais pas de vainqueur par K.O.

Joe Biden et Paul Ryan, les « colistiers » des tickets Démocrate et Républicain,  ont étalé leurs divergences sur presque tous les sujets – des impôts à l’Afghanistan en passant par l’avortement - dans un débat enlevé et argumenté où Biden, le vice-président en exercice, a tenté par sa pugnacité de refaire un peu du terrain perdu par Barack Obama lors de sa première confrontation avec Mitt Romney.
A l’arrivée, Biden a sans doute gagné ce débat aux points. En faisant montre de son expérience de plus de trente années au Sénat, et de sa connaissance des sujets de politique étrangère. Mais Ryan a défendu ses principes et le projet républicain avec fermeté et candeur. Ce qui a pu lui valoir des points auprès des électeurs.
Neuf sujets ont été abordés : quatre liés à la politique étrangère, l’Iran, l’Afghanistan, la Syrie, la Défense; trois liés à la politique intérieure,  les impôts, la santé, en particulier l’avenir du programme Medicare, et  l’emploi ; une question de société,  l’avortement et une appréciation du déroulement de la campagne. 

Biden a démontré son expertise sur les affaires internationales et remporté toutes ces questions. Il a aussi dénoncé la tendance « va-t-en guerre » de son adversaire. Ryan a bien tenté de parler de « du délitement de la politique étrangère de Barack Obama », mais sans vraiment convaincre. Il n’a pas réussi a mettre Biden en difficulté au sujet de l'attaque contre le consulat américain de Benghazi, en Libye, et des échecs qu’elle dénote.
Par contre Ryan a dénoncé  les échecs de l’administration Obama en matière d’emploi, il a défendu et justifié son projet budgétaire, et tancé ses adversaires pour leurs attaques systématique contre le ticket républicain.  « Quand on n’a pas de projet à proposer on attaque celui des autres et on essaye d’effrayer les électeurs. Il y a quatre ans c’est Obama qui dénonçait cette tactique aujourd’hui il l’applique,»  a dit Ryan. Ce fut sa phrase la plus percutante du débat. Il a marqué des points sur ces trois questions.
Sur les deux autres questions, medicare et l’avortement, les candidats se sont départagés, défendant chacun avec conviction des vues et des options opposées.
Résultat 4 points pour Biden, 3 pour Ryan et 2 points partagés.

Cet affrontement fut aussi différent dans le style. Face à un Biden affable, n’hésitant pas à interrompre son interlocuteur, ou ricaner tout haut de ses propos, Ryan est resté impassible et serein. Peut-être trop. Ryan a laissé parler sa raison, quand son adversaire faisait parler son cœur et ses tripes. Invitant au passage, les électeurs à faire de même : « suivez votre instinct », et « en qui avez-vous le plus confiance » a –t-il dit au sujet des impots et de medicare, suggérant que les Républicains n’étaient pas fiables sur ces questions…
Toutefois, des deux « conclusions »  présentées par les candidats à la fin de débat, celle de Ryan fut la plus convaincante.
Le sort avait désigné Biden comme parlant en premier. Il prit un ton grave pour évoquer « la situation terrible dont nous avons hérité », des « efforts incessants de l’administration pour venir en aide à tous les Américains victimes de la crise » et de la promesse qu’Obama ne prendrait aucun repos jusqu’à ce qu’il puisse dire aux  gens de la classe moyenne « tout va bien se passer ». Le propos avait du cœur, mais il dénotait aussi une certaine impuissance à changer le cours des choses et surtout ne mettait en avant aucune proposition pour les quatre années à venir.

Ryan au contraire se projeta en avant. Le « choix qui se présente, dit-il est capital, il s’agit de savoir quel type de pays nous voulons. Un pays basé sur la dépendance vis-à-vis du gouvernement ou un pays avec une économie dynamique créatrice d’emplois. Le président Obama a eu sa chance, ce qu’il a fait ne marche pas, vous méritez mieux. Mitt Romney offre de vraies réformes  pour créer des emplois et mieux que quiconque il possède les qualifications pour les mener à bien. » 
Ce débat ne devrait pas avoir un impact comparable à celui du premier débat, qui avait totalement inversé la tendance en faveur de Mitt Romney. Par contre il fait du second débat présidentiel, qui se tiendra le 16 octobre, un rendez-vous encore plus important.