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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
7 mai 2020

Présidentielle USA: Mais où est donc passé Joe ?

 Joe-Biden-001

Vous vous souvenez de Joe Biden ? Non ?  Vraiment pas ? Comment vous en vouloir ? Il a disparu ! Chassé des écrans par le coronavirus il n’apparait plus sur le radar médiatique. Même pas aux Etats-Unis. On le dit confiné dans sa cave !

Joe Biden, souvenez-vous, c’est ce grand Américain aux cheveux blancs et à la langue qui fourche sans cesse. Il fut sénateur pendant trente-cinq ans avant de devenir le vice-président de Barack Obama de 2009 à 2017.  Il est désormais le candidat Démocrate putatif à l’élection présidentielle américaine de novembre 2020.

Joe Biden in his basement

Le problème est que la campagne a été reléguée au second, voire au troisième, plan des préoccupations des Américains – après la crise sanitaire et la crise économique liées au « coronavirus chinois ». Personne ne s’intéresse au devenir de Joe Biden. Sauf ses détracteurs et adversaires du parti Républicain.

Résultat, la peur s’est installée dans le camp Démocrate où les scénarios d’une victoire présidentielle de Biden en novembre apparaissent de moins en moins crédibles. On exhorte le candidat à sortir de son trou, à se montrer. Chez certains cadres la peur est devenue panique au point d’envisager d’autres candidatures…

Democratic primaries 2020

La campagne des primaires Démocrates a été suspendue avant d’être parvenue à son terme. Une trentaine d’Etats sur cinquante (sans compter les « territoires » autorisés à participer au vote, comme Guam, Porto-Rico et d’autres) seulement ont voté. A cause du coronavirus, certains ont annulé leur scrutin au dernier moment, comme l’Ohio, le Kansas, l’Alaska ou Hawaïi. D’autres ont repoussé la date du vote à l’été, comme le New Jersey qui votera le 7 juillet, la Louisiane qui votera le 11 juillet ou le Connecticut dont la primaire se tiendra le 11 août. Certains Etats ont envisagé de n’autoriser que le vote par correspondance, ce qui a engendré une pluie de plaintes devant la  justice et jeté la confusion sur le processus.

Dans le même temps toutefois,  les candidats ont dû suspendre leur campagne et Bernie Sanders, le dernier challenger qui résistait encore à Joe Biden,  a fini par jeter l’éponge. Dès le 8 avril, au plus haut de la crise sanitaire à New York il a mis un terme à sa campagne pour se ranger derrière Joe Biden. Comme tous les autres candidats l’avaient fait les uns après les autres, avant lui. De sorte que Biden est véritablement devenu le « dernier homme encore debout » (« the last man standing » selon l’expression consacrée lors de duels au pistolet). Plus aucun obstacle n’existe désormais entre lui et la nomination.

bernie-sanders

Toutefois il n’a pas encore emporté cette nomination, de droit. En effet la désignation officielle du candidat Démocrate pour l’élection présidentielle de novembre se fera lors de la convention nationale qui se tiendra à Milwaukee, dans le Wisconsin,  du 17 au 20 août prochain. Pour l’emporter il faudra que le candidat dispose du soutien de 1991 délégués. Pour l’heure, Biden n’en a réuni que 1435. Il lui en manque donc un peu plus de cinq cents.  Faute de nouveaux votes validés, ce total pourrait être figé jusqu’à la convention. De sorte que défier Biden pour la nomination est techniquement encore possible.

Pour l’instant,  le parti fait corps derrière son candidat présumé. L’ancien président Barack Obama et l’ancienne candidate Hillary Clinton ont apporté leur soutien officiel à Joe Biden et invité « tous » les Démocrates, y compris les partisans de Bernie Sanders, à  soutenir activement sa candidature.

Joe Biden with Obama 2008 victory night

Etonnamment ces soutiens, pourtant très médiatisés, n’ont eu aucun effet sur la côte de popularité de Joe Biden. Depuis plus de six semaines, celle-ci est orientée à la baisse. Elle était à 49% à la mi mars, elle n’est plus qu’à 47% début mai. Une chute de deux points qui semble anodine mais qui s’ajoute à une chute de trois points par rapport à décembre 2019. A l’époque Biden était également donné vainqueur du scrutin de novembre face à Donald Trump avec 52% des voix. Désormais il demeure en tête des sondages mais avec 47% seulement des voix contre 42%. Une marge de cinq points certes, mais qui reste inférieure à celle d’Hillary Clinton face au même Donald Trump voici quatre ans. Fin avril 2016 elle menait de neuf points, 49% d’intentions de vote contre 40%... Et on sait ce qui arriva par la suite !

L’absence de Joe Biden des écrans de télévision face à un Donald Trump omniprésent  et toujours prêt à tirer la couverture à lui peut expliquer ce passage à vide du candidat Démocrate. Mais cela ne suffit pas. Biden est devenu inaudible sauf pour les mauvaises raisons.

Andrew Cuomo

Le candidat Démocrate s’est avéré incapable d’offrir une alternative crédible à la gestion de  la crise du coronavirus par la Maison Blanche. Ce qui est compréhensible. Il n’est pas sur le terrain. La crise a plutôt mis en valeur les gouverneurs des différents Etats américains car ce sont eux qui se sont retrouvés en première ligne. Andrew Cuomo, gouverneur Démocrate de New York, l’Etat le plus touché par le virus, a gagné une notoriété nationale, par ses points presse haletants et ses demandes au gouvernement fédéral. Son inépuisable énergie et la clarté de ses interventions sont apparues en flagrant contraste avec la fatigue et le flou qui entourent les communications de Joe Biden. Le nom de Cuomo a été mentionné comme alternative à Biden…

D’autant que le candidat putatif Démocrate fait l’objet d’une plainte pour agression sexuelle. L’affaire, longtemps étouffée par les médias (sauf Fox News et les organes favorables à Donald Trump) fait désormais les gros titres.

joe-biden-tara-reade

L’accusation a été portée par une ancienne assistante parlementaire nommée Tara Reade. Les faits remonteraient à 1993. Alors âgée de 29 ans, Reade travaillait dans le bureau sénatorial de Joe Biden où elle s’occupait des stagiaires et du courrier. Biden aurait alors pris l’habitude de lui « caresser le cou et les épaules », d’une manière qui la mettait mal à l’aise. Elle en informa le service des employés du Sénat, mais quand les autres membres de l’équipe Biden l’apprirent elle fut évincée de sa fonction et ne put jamais retrouver un autre emploi  au sein du Congrès… Elle ajoute qu’en plus de ces faits – qui constitueraient du harcèlement s’ils étaient avérés – Biden se rendit coupable d’une « agression sexuelle » (sexual assault).

Joe Biden nie les faits en bloc. Reclu dans sa cave, il a finalement émergé  le week-end dernier pour une interview sur MSNBC, durant laquelle il a dû faire face aux accusations portées contre lui.  Il a invité les médias à enquêter auprès du Sénat ainsi que dans ses archives personnelles pour vérifier si une plainte avait été enregistrée alors,  tout en jurant qu’ils ne trouveraient rien et ne devraient donc pas perdre leur temps... Les faits sont par ailleurs prescrits. Aucune enquête policière ni poursuite judiciaire n’est envisageable.  

Joe biden et les mains caressantes

L’accusation est néanmoins embarrassante pour Joe Biden. D’une part, elle confirme chez lui une tendance à apprécier les contacts féminins d’un peu trop près. En clair le sénateur Biden a les mains caressantes… D’autre part, elle oblige le sénateur et tous les Démocrates à mettre en doute la parole d’une femme alors que depuis l’affaire Harvey Weinstein (le producteur hollywoodien accusé de viols par plusieurs actrices)  et  l’essor du mouvement « Me Too », les Démocrates se sont érigés en donneurs de leçons affirmant qu’une femme accusant un homme (en général blanc et plus âgé) de viol devait toujours être crue sur parole !

Brett Kavanaugh confirmation 1

C’est en exploitant ce principe que les Démocrates avaient tenté en 2018 de faire dérailler la nomination du juge Kavannaugh à la Cour Suprême des Etats-Unis. Une femme avait accusé le juge de l’avoir violée, trente ans plus tôt, lors d’une soirée d’étudiants trop arrosée. Elle n’avait pas porté plainte au moment des faits. Aucun des témoins présents à la soirée n’avait étayé ses accusations.  Et Kavannaugh avait nié, plaidé la bonne foi, crié à la diffamation et au lynchage médiatique. En vain ! Joe Biden et les Démocrates avaient alors assuré qu’il fallait la croire, elle, et non pas lui ! Parce que la parole d’une femme victime ne pouvait être remise en doute. Aujourd’hui, ces mêmes démocrates se retrouvent dans l’obligation de le croire lui, et non pas elle. Parce que,  cette fois l’accusé est l’un d’eux, voire le premier d’entre eux. C’est cette moralité à dimension variable, qualifiée d’hypocrisie pure et simple par les Américains moyens, qui est embarrassante pour le candidat Biden et le camp Démocrate.

Donald TRump and China 1

Enfin, alors que le pic de la crise sanitaire semble être passé aux Etats-Unis, l’administration Trump se concentre sur la reprise économique sans cesser de pointer du doigt la responsabilité de la Chine communiste dans la propagation du virus. Pour Donald Trump,  il est établi que le virus est parti de Chine et que les mensonges du gouvernement chinois sur sa réalité, et sa dangerosité, durant les premières semaines de l’épidémie ont considérablement aggravé ses effets dans le reste du monde.

america_first_donald_trump_cap

Il est acquis que le sujet de la Chine communiste, et la question de l’attitude des Etats-Unis vis-à-vis d’elle, occuperont une place importante dans la campagne électorale à venir. Alors que Trump a toujours mis en garde ses concitoyens contre  une Chine tirant avantage de la complaisance de l’administration américaine à son égard, Joe Biden s’est souvent présenté comme le meilleur ami de la Chine. Le président Obama l’avait tout spécialement chargé de gérer les relations sino-américaines. On sait que sa fonction de vice-président a permis à son propre fils Hunter Biden de réaliser d’énormes profits personnels en Chine.

Joe Biden with son Hunter

Cet engagement est devenu compromettant aujourd’hui. Une majorité d’Américains partagent, avec le président Trump, un sentiment de méfiance vis-à-vis de la Chine. Indirectement,  la crise du coronavirus a validé les thèses de son administration. L’approche conciliante du duo Obama-Biden est perçue  comme une erreur, voire une forme de naïveté.

Biden n’est pas encore le candidat officiel Démocrate, mais coincé dans sa cave, il est déjà sur la défensive.

 

 

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