Anti-Racisme: Quelques vérités sur Black Lives Matter (que vous ne lirez pas ailleurs)

Black Lives Matter (BLM) est un mouvement désormais mondialement connu. Mot à mot son nom signifie « les vies noires comptent ». Ses membres demandent respect et dignité pour les Noirs aux Etats-Unis. Mais est-ce là leur véritable objectif ? Ce slogan ne cache-t-il pas autre chose ?  Et si les vies noires comptent vraiment, que font ses membres pour les sauver ?

A en juger par les évènements des cinq dernières années, pour BLM, les vies noires comptent  surtout si elles sont prises par des policiers, de préférence Blancs. Lorsqu’un Noir est tué lors d’une altercation avec la police, alors BLM envahit les rues et les écrans. Quand des vies noires sont supprimées par d’autres Noirs, ce qui est le cas dans 94% des homicides dont sont victimes les Noirs, BLM n’en parle pas. Ses membres ne descendent pas dans la rue, ne pillent pas les quartiers. Ses sympathisants ne font pas le tour des plateaux de télévision pour dénoncer le « pouvoir oppresseur  blanc » et le « racisme systémique ».

 

Tout le monde connait le nom de George Floyd. Il est mort étouffé par le genou d’un policier blanc le 25 mai. La vidéo de son arrestation meurtrière a fait le tour du monde et provoqué les plus graves émeutes aux Etats-Unis en plus d’un demi-siècle. Mais depuis le 25 mai, des centaines de Noirs ont été tués, principalement par armes à feu, à travers les Etats-Unis, lors de violences « intra-communautaires » (Noirs contre Noirs). Dans la seule ville de Chicago il y eut 25 homicides le week-end suivant la mort de Floyd. Quinze autres le jour de la fête des Pères. Deux adolescents et un bébé de trois ans furent tués ce jour-là!  Qui peut citer le nom d’une seule de ces victimes ? Elles n’ont jamais fait les gros titres. BLM ne s’est pas soucié d’elles. Elles étaient Noires mais apparemment leurs vies ne comptaient pas. Ou moins. Pourquoi ? Parce qu’il manquait à leur assassinat deux éléments clés aux yeux de BLM : un, qu’ils mettent en cause l’Etat dans sa posture autoritaire et répressive, ce qui est le cas quand la police est impliquée ; deux que les meurtriers soient blancs, afin de dénoncer en bloc le racisme de cette communauté, son intolérable oppression des Noirs,  et rejeter violemment ses valeurs, qui constituent les valeurs traditionnelles américaines !

 

Il ne faut pas s’y tromper. Derrière sa façade anti-raciste, Black Lives Matter est une mouvance révolutionnaire classique. Sous couvert de défendre une minorité, les Noirs,  elle cherche surtout à abattre un système, la démocratie libérale et l’économie capitaliste qui la soutend. Voici son histoire et quelques vérités que les médias bien pensants préfèrent ne pas aborder.

Black Lives Matter  a été fondé en 2013 à la suite de la mort de Trayvon Martin, un adolescent noir, tué dans un quartier résidentiel en Floride, par un agent de sécurité qui faisait sa ronde. Inculpé de meurtre l’agent avait invoqué la légitime défense et il avait été acquitté à l’issue du procès. Toutefois l’avocat de la famille Martin avait pris soin de contacter une agence de communication pour donner plus de résonnance à son dossier et en quelques semaines l’affaire avait pris une dimension nationale, suscitant des réactions et manifestations jusque dans l’enceinte du Congrès à Washington.

 C’est dans ce contexte que trois femmes noires s’était unies pour fonder un mouvement qui défende la dignité des Noirs et qui affirme que « les vies noires comptent ». Elles s’appelaient  Patrisse Cullors, Opal Tometi et Alicia Garzia.

 

Patrisse Cullors, 37 ans,  est une « artiste, activiste, éducatrice, » née à Los Angeles en 1983. … Cullors se revendique militante marxiste. Elle a été formée à l’activisme politique. C’est une organisatrice qui sait mobiliser une foule, faire passer un message, utiliser les médias et les réseaux sociaux. Elle s’affiche comme « queer » (terme intraduisible qui évoque une sexualité autre qu’hétérosexuelle sans précision particulière) et elle est mariée à une femme Janaya Khan, elle-même fondatrice de la branche BLM de Toronto, au Canada. Khan ne s’identifie ni comme femme, ni comme homme. Elle se dit « entre le genre masculin et le genre féminin ».  Sa biographie sur Internet la désigne par le pronom « they » (ils/elles au pluriel) qui est neutre…

 

Opal Tometi , 36 ans, est une essayiste noire-américaine d’origine nigériane et militante de longue date au service des droits humains, et plus particulièrement des droits des migrants. Ses écrits sont parus dans les plus grands magazines américains de Essence (magazine pour la communauté Noire) au Huffington Post.

 

Alica Garzia, 39 ans, est une activiste et militante pour les droits civiques qui défend les personnes de couleur à l’identité sexuelle particulière. Née à Oakland en Californie, et élevée par une mère Noire et un beau-père juif, elle a grandi dans le riche conté de Marin, au nord de San Francisco. S’identifiant comme « queer » elle a épousé un homme transgenre (une personne née de sexe féminin mais s’identifiant comme un homme).

 

L’émergence de Black Lives Matter comme mouvement d’envergure nationale, allait venir un an plus tard, en 2014, à la suite d’un autre incident meurtrier de brutalité policière contre un Noir.

A Ferguson, quartier de St Louis dans le Missouri, le jeune Michael Brown,  18 ans, 1m 93  et 130 kilos, avait été tué lors d’une altercation avec un policier blanc, Darren Wilson. Douze balles avaient été tirées par Wilson. Six avaient touché Brown, toutes tirées de face. Le déroulé des évènements ne fut pas clair tout de suite. Selon certains témoins, le policier et Brown en étaient venus aux mains. Brown avait frappé Wilson et tenté de lui prendre son pistolet, puis il s’était enfui. Wilson avait alors tiré en l’air, Brown s’était arrêté, retourné et avait chargé le policier qui avait tiré sur lui pour le stopper. Un jury de citoyens, spécialement désigné pour mettre les faits au clair, avait conclu à la légitime défense et le policier n’avait même pas été inculpé.

 

Mais c’est un tout autre récit que les médias avaient relaté à chaud.  Dans ce narratif, Brown n’aurait pas chargé le policier mais mis ses mains en l’air et crié : « Don’t shoot ! » Ne tirez pas ! Les dirigeants de Black Lives Matter avaient immédiatement exploité cette phrase pour en faire un cri de ralliement.  Des milliers de manifestants étaient descendus dans la rue à travers tous les Etats-Unis aux cris de « Hands Up Don’t Shoot » (mains en l’air, ne tirez pas !). Des élus du Congrès avaient repris la pause, levant les bras au ciel en signe de soumission et crié à la tribune: « Ne tirez pas ! ». Alors qu’en fait, Brown n’avait ni fait ce geste, ni prononcé ces mots. 

 

Barack Obama était alors président.  Le Département de la Justice, dirigé par son garde des Sceaux,  Eric Holder , (lui-même Noir) avait mené sa propre enquête et conclu également à la légitime défense, exonérant le policier de toute violation de la loi sur les droits civiques. Personne n’y avait prêté attention. La légende était préférable à la réalité. Black Lives Matter était devenu la voix et le visage de la communauté noire, aux Etats-Unis,  et même dans le monde. Rares étaient ceux qui à l’instar de William Jacobson, professeur de Droit à l’université de Cornell, avaient noté que la notoriété BLM était basée sur un détournement des faits, un  mensonge.

Depuis le mouvement n’a cessé de gagner en notoriété, de s’étendre et de se diversifier. Les trois fondatrices sont impliquées dans de nombreuses autres associations de défense et de  promotions des droits de minorités,  qu’il s’agisse de migrants, de travailleurs précaires ou de repris de justice incarcérés.

En tant que « mouvement » Black Lives Matters, dispose de nombreux chapitres locaux plus ou moins autonomes, ainsi que de branches dans des pays étrangers. Tout activiste sensible à la cause Noire, peut invoquer le slogan « Black Lives Matter ». Les gens qui souhaitent soutenir ce mouvement peuvent le faire via des donations sur le site web de Black Lives Matter. Ces donations passent par Act Blue, une organisation à but non lucratif qui lève des fonds pour les causes Démocrates et pour le DNC, le Democratic National Committee, c’est-à-dire le parti Démocrate américain (aux Etats-Unis le « bleu » est la couleur du parti Démocrate). Du coup certains ont dénoncé une confusion des genres. Les responsables de Black Lives Matter affirment que les fonds levés par Act Blue pour BLM vont bien à BLM et pas à la campagne présidentielle de Joe Biden… mais les doutes subsistent.

Il existe désormais une Fondation d’envergure globale (Black Lives Matter Global Network Foundation) incorporée dans l’Etat du Delaware (celui dont Joe Biden était le sénateur) qui permet de lever des fonds à l’échelle de la planète. BLMGNF est liée à Thousand Currents, organisation américaine spécialisée dans la levée de fonds et la protection juridique au service d’associations militantes, orientées à gauche.

La Black Lives Matter Global Network Foundation est également liée au « Movement for Black Lives » une organisation parapluie fondée en 2014 pour réunir des fonds pour la communauté noire en général. Le Movement for Black Lives et le réseau de chapitres de Black Lives Matter ont reçu des dizaines de millions de dollars de la part des plus grandes corporations américaines, tout récemment Amazon, Microsoft et  AirBnb, des grandes fondations américaines, comme la Ford Foundation, ainsi que de groupes internationaux comme la Open Society Foundation de George Soros.

Il existe aussi une organisation séparée du nom de « Black Lives Matter Foundation », enregistrée en Californie qui lève des fonds pour soutenir les victimes noires de violences policières. Celle-ci aurait récolté plus de quatre millions de dollars rien que depuis la mort de George Floyd. Toutefois BLM  et cette organisation sont en conflit autour de la paternité et de la finalité du mouvement.

L’objectif déclaré de Black Lives Matter, (d’après ce qui est indiqué sur le site web de l’organisation),  est « d’éradiquer la suprématie blanche » et « constituer un pouvoir pour intervenir contre les violences infligées à la communauté noire par l’Etat et les milices » (le terme utilisé en anglais est « vigilantes » associé  à des mouvements d’extrême droite, proche des milieux anti-gouvernementaux et suprémacistes blancs).

 

Au-delà de la dénonciation des violences policières et de l’oppression blanche, Black Lives Matter revendique  l’élimination de la « structure familiale nucléaire prescrite en occident» au profit de « familles élargies » et de « villages » où l’éducation des enfants sera assurée de manière « collective ».  L’ensemble du paragraphe consacré à la vision familiale de BLM ne contient pas une seule fois le mot « père ». Les pères sont totalement absents, ou ont été effacés.

Black Lives Matter revendique également un « espace d’affirmation pour les femmes noires,  dépourvu du sexisme, et de la misogynie, liés à un environnement centré autour des mâles ». Les dirigeants de Black Lives Matter ont, enfin, la volonté avouée de se « libérer du carcan de la pensée hétéronormative » (sic), ce qui signifie que le mouvement soutient l’ensemble des causes de la communauté « LGBTQ » (Lesbienne, Gay, Bi-sexuel, Transgenre et Queer) ! Bien sûr BLM se défend de toute discrimination et affirme pratiquer une « approche intergénérationnelle dénuée de toute attention à l’âge ».

 

Rares sont ceux qui ont osé interroger les fondatrices de BLM sur cet étrange mélange entre identité raciale forte (black), défense des orientations sexuelles autres qu’hétérosexuelles,  (toujours plus nombreuses et plus complexes aux Etats-Unis) et un net penchant « anti masculin ». Et pour cause ! Car cet amalgame renvoie à l’échec le plus patent de la communauté noire au cours du demi-siècle écoulé. D’une certaine façon Black Lives Matter a tiré les leçons de cet échec de la manière la plus radicale : en proposant de faire comme si les hommes n’existaient pas…

 

L’histoire cachée de la communauté noire depuis le vote de la loi sur les Droits Civiques, et le lancement de la « guerre contre la pauvreté » par l’administration Johnson en 1964, est l’histoire de l’effondrement de la structure familiale nucléaire classique. La cellule familiale traditionnelle composée d’un père et d’une mère unis par le mariage, avec des enfants qu’ils élèvent ensemble,  a volé en éclat. En 1965 75% des naissances dans la communauté noire se faisaient au sein de cette cellule familiale traditionnelle. Aujourd’hui seulement 23% des naissances. Les 77% restant se font hors mariage. Le plus souvent le père disparait peu avant ou peu après la naissance des enfants. Quand le père demeure, on lui demande de s’effacer pour permettre à la maman de percevoir des aides sociales réservées aux femmes élevant seules leurs enfants. Résultat, de plus en plus de Noirs aux Etats-Unis ont été élevés en absence du père. Or toutes les études sociologiques montrent que lorsque les deux parents biologiques sont présents au foyer, la réussite scolaire des enfants est meilleure, le risque de basculement dans la criminalité faible, et les futurs revenus de ces enfants devenus adultes supérieurs à la moyenne. En fait le taux de pauvreté au sein des familles noires dont les deux parents sont unis est plus faible que le taux de pauvreté au sein de la communauté blanche, 7,8% contre 10%.

 

Plutôt que d’œuvrer à reconstruire cette cellule familiale traditionnelle, Black Lives Matter a choisi la fuite en avant… un avenir sans pères ! Dans cette perspective, l’accent mis sur des orientations sexuelles « non hétérosexuelles » prend tout son sens ! En l’absence de pères, pourquoi souhaiter un mari… ?

Sous le prétexte de défendre la dignité des Noirs, BLM mène en vérité un assaut frontal contre le système patriarchal qui demeure  la colonne vertébrale de la civilisation occidentale.  Ce choix illustre néanmoins la vraie faiblesse du mouvement : l’affirmation de la dignité Noire, masque un mouvement prisonnier de l’obsession narcissique  des nouvelles générations et de la tyrannie d’une identité réduite à sa composante sexuelle ou ethnique. L’héritage civilisationnel a lui aussi été effacé. L’affirmation identitaire débouche sur un grand vide…  

 

Ce faisant, Black Lives Matter, et tous ceux qui soutiennent ce mouvement, du petit rebelle en herbe aux grandes multinationales, ignorent les vrais problèmes de la communauté noire, et ne font rien pour lui venir vraiment en aide.

Car les brutalités policières ne sont pas le problème principal auquel est confrontée cette communauté. C’est un écran de fumée, un arbre pour mieux masquer la forêt. Chaque année, ce sont seulement quelques Noirs désarmés qui tombent  victimes de telles brutalités (9 en 2019). En vérité trois fois plus de policiers meurent dans l’exercice de leurs fonctions, que de gens innocents meurent aux mains de policiers… Et pendant ce temps huit mille Noirs, principalement des hommes, sont tués en moyenne chaque année depuis quinze ans, par d’autres Noirs dans des règlements de compte et guerres de gangs.

La criminalité, la violence, le trafic de drogues, l’accès aux armes à feu, voilà les vrais problèmes les plus pressants auxquels est confrontée cette communauté.

Au-delà de l’érosion de la famille, l’échec scolaire et un système éducatif délabré qui, incapable de susciter le succès préfère abolir l’échec, sont un autre problème capital.

La célébration de l’argent facile et de fausses valeurs liées à un consumérisme aveugle, constitue encore un autre problème pressant. Si pour BLM les vies noires comptent vraiment, voilà les sujets sur lesquels ses adeptes devraient se mobiliser.