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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
14 mars 2021

Etats-Unis : Loi d’aide contre le Covid, ou le socialisme à l’Américaine

 Covid relief checks 2

Le socialisme, disait Margaret Thatcher, c’est vivre avec l’argent des autres (le problème étant qu’à terme, même les autres n’ont plus d’argent) ! L’administration démocrate américaine vient d’en faire la démonstration magistrale.

A Washington, un vaste plan d’aide contre la pandémie de Covid-19 a été approuvé et signé par le président Biden cette semaine. Appelé « American Rescue Plan Act » ce plan d’aide injectera 1,9 « trillions », soit mille neuf cents milliards de dollars dans l’économie américaine (en chiffre cela s’écrit : 1, 900 000 000 000 $). C’est le premier texte de loi majeur de l’ère Biden. Il a été célébré comme une grande victoire législative pour les Démocrates et salué par un discours télévisé du président.

Joe Biden American rescue plan act

Victoire pour les Démocrates ne veut pas dire victoire pour l’Amérique !  D’ailleurs, au Congrès, ce texte de loi a été approuvé sans aucune voix venant du camp Républicain. Pas un seul sénateur Républicain, ni un seul représentant Républicain n’a voté en faveur de cette loi. A la Chambre, un élu Démocrate a même voté contre. Jamais dans l’histoire américaine une loi impliquant de telles sommes d’argent n’avait été approuvée avec le soutien du seul parti au pouvoir !  

De la part d’un président qui prétendait vouloir réunifier le pays, cela en dit long…

Joe Biden inaugural address

Quel contraste ! Il y a tout juste un an, le 27 mars 2020, un premier plan d’aide avait été voté par le Congrès et signé par le président Trump. Il portait sur plus de deux mille milliards de dollars et avait été approuvé à l’unanimité du Sénat (96 contre 0) et par un vote par « acclamation » à la Chambre, c’est-à-dire à l’unanimité également ! Le pays que l’on disait si divisé s’était donc rassemblé à travers ses élus dans la lutte contre la pandémie de coronavirus.

Du fait de la crise sanitaire, l’activité économie s’était effondrée, des milliers d’entreprises avaient vu leur chiffre d’affaire péricliter, le chômage avait explosé (15% en avril 2020 soit vingt-cinq millions de personnes), et le besoin de venir en aide aux nombreuses victimes des restrictions ainsi que de relancer l’économie officiellement tombée en récession, était urgent. La réponse du gouvernement fédéral fut le « Coronavirus Aid Relief & Economic Security Act » (ou CARES Act).

Donald TRump signs CARES act

Ce plan d’aide (« stimulus package »)  accordait 367 milliards de dollars aux entreprises en difficulté, 130 milliards aux hôpitaux et fournisseurs de soin de santé, 500 milliards aux grandes entreprises (à l’exclusion de celles liées à la famille du président), 25 milliards aux seules compagnies aériennes et une aide spéciale aux secteurs lourdement impactés, des crédits d’impôts multiples aux individus, un suppléments de 600 dollars par semaine aux bénéficiaires de l’assurance chômage ainsi que 1 200 dollars à chaque adulte Américain plus 500 dollars par enfant pour les ménages aux revenus inférieurs à 75 000 dollars.

En clair, ce plan de relance était « ciblé » et destiné spécifiquement aux individus et entreprises victimes de la pandémie.

Rien de tel cette fois. En dépit de son nom, le « American Rescue Plan », n’est pas un plan d’aide à l’Amérique, mais un plan d’aide aux Démocrates et aux intérêts particuliers qui leur sont liés ! Seules 9% des sommes allouées iront à la lutte contre le Covid. Les 91% restant iront à soutenir des projets et des personnes chers aux Démocrates.

Joe Biden covid relief 1

En vérité, cette loi est le plus gigantesque renvoi d’ascenseur de l’histoire américaine. C’est une rétribution dont les bénéfices s’étaleront sur plusieurs années pour tous les contributeurs, défenseurs et électeurs du camp Démocrate et des causes progressistes. Quelques mois après une victoire électorale étroite et contestée, les Démocrates profitent de leur contrôle du pouvoir et de leur accès aux caisses de l’Etat, pour remercier en espèces sonnantes et trébuchantes tous ceux qui les ont soutenus en 2020, ont contribué à l’élection de Joe Biden et ont participé à leur victoire. Comme pour les inciter à faire pareil, ou mieux encore, la prochaine fois…

Cette loi est le plus grand détournement d’argent public au profit d’intérêts particuliers de l’histoire américaine. Car l’administration Biden n’a pas à sa disposition les mille neuf cents milliards de dollars en question. Ces dépenses seront financées par l’emprunt. Donc par les contribuables Américains qui devront à terme le rembourser (certains experts estiment le coût de cette loi à 14 000 dollars par foyer), alors que seulement quelques citoyens, soigneusement sélectionnés sur des critères partisans, auront bénéficié de cet argent.

Joe Biden and the politics of pork

Il suffit de regarder le détail des allocations autorisées par ce texte de loi pour le constater.

-Tous les Américains d’âge adulte gagnant moins de soixante-quinze mille dollars par an recevront un chèque de 1 400 dollars ! Mesure phare, aussi spectaculaire qu’inique. Elle inclut, parmi les bénéficiaires, les fonctionnaires et les retraités, qui n’ont subi aucun dommage économique du fait de la pandémie. Seuls les employés du secteur privé et les chefs d’entreprises ont été affectés par les restrictions sanitaires mises en place. Toutefois le gouvernement fédéral emploie deux millions d’Américains, et le secteur public national, représente vingt-quatre millions d’électeurs (tous niveaux confondus et forces de défense incluses).  Les minorités y sont surreprésentées et ces fonctionnaires votent majoritairement Démocrate. Ils forment l’un des socles du parti. D’un point de vue électoraliste, il était essentiel qu’ils soient récompensés…

U

-Les chômeurs percevront un bonus de trois cents dollars par semaine jusqu’en septembre. Moitié moins qu’il y a un an. Officiellement plus de dix millions d’Américains sont toujours sans emploi à cause du virus.

-160 milliards de dollars iront à soutenir les campagnes de vaccination et de test contre le Covid. Voilà, en ce qui concerne la crise sanitaire proprement dite.  

-350 milliards de dollars sont alloués aux Etats et à certaines municipalités américaines. L’Etat de New York et la Californie, deux bastions Démocrates, sont particulièrement bien servis. Cinquante milliards pour le premier, vingt-cinq pour le second.

-Les villes gérées par les Démocrates sont également récompensées ! La municipalité de San Francisco (l’une des plus riches des Etats-Unis) recevra  600 millions de dollars. Cela tombe bien car son budget prévoit un déficit de 650 millions de dollars sur les deux ans à venir ! La « Bay Area » (région autour de San Francisco) recevra 112 millions pour une extension de son métro. San Francisco est, au passage, le lieu de résidence de Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des Représentants.

Nancy Pelosi 3

-128 milliards de dollars iront aux écoles élémentaires et aux collèges. Officiellement pour faciliter leur réouverture. Mais le texte de loi ne contient aucune obligation ni aucun calendrier de réouverture... Par ailleurs les fonctionnaires souhaitant rester chez eux pour enseigner à leurs enfants, tant que les écoles sont fermées, percevront une prime de mille quatre cents dollars par mois. Ce qui laisse penser que nombre de lycées et collèges ne vont pas rouvrir de suite… Les syndicats d’enseignants aux Etats-Unis se battent depuis un an pour ne pas enseigner en présentiel et, comme ils ont été le second plus gros contributeur financier à la campagne de Joe Biden, après le secteur de la finance, le président en place laisse faire ! Il leur est même redevable ! 570 millions de dollars sont ainsi destinés aux syndicats d’enseignants dans le cadre de cette loi.

Teachers union against school opening

-Les universités américaines recevront 39 milliards de dollars, y compris certaines universités privées aux frais de scolarité prohibitifs comme Harvard, qui disposent par ailleurs d’un trésor de guerre alimenté par les donations de leurs nombreux anciens élèves, ayant réussi et souhaitant que ça se sache ! Les professeurs d’universités sont, bien sûr, un maillon incontournable de la machine démocrate. Ils ont une responsabilité prépondérante dans le développement de la « cancel culture », cette machine idéologique à éliminer toute dissension et à marginaliser les conservateurs et leurs idées.

Cancel-Culture

-86 milliards de dollars sont destinés aux caisses de retraites de plus de deux cents syndicats ouvriers (« unions »). Aux Etats-Unis les ouvriers syndiqués bénéficient d’un complément de retraite payé par leur syndicat. Ces fonds de pension sont gérés par les syndicats eux-mêmes et nombre d’entre eux souffrent d’une mauvaise gestion qui menace parfois leur survie même. Par cette injection d’argent massive l’Etat fédéral va donc secourir et préserver ces fonds pour quelque temps. De l’’argent public, celui des contribuables Américains, ira donc soutenir des intérêts corporatistes privés soutenus par le parti Démocrate et contribuant en retour à financer ses candidats…

-61 milliards de dollars iront aux compagnies d’assurances. Pour les inciter à accepter de couvrir plus de patients dans le cadre d’« obamacare », la couverture santé mise en place voici dix ans par Barack Obama.

Unions for Biden 2

-50 milliards sont destinés à la Fema, l’agence d’aide américaine en cas de catastrophe naturelle. Cela tombe bien car le président Biden vient de demander à Fema d’intervenir à la frontière mexicaine face à la crise migratoire déclenchée par sa promesse de régulariser des millions de clandestins aux Etats-Unis.  

-39 milliards sont destinés aux soins infantiles. Le secteur est vaste, et cela inclut 50 millions de dollars pour financer les…avortements.

-30 milliards de dollars seront investis dans les transports publics. Dont 1,5 milliards pour Amtrak, le chemin de fer américain, gouffre financier et parangon d’inefficacité.

Immigration crisis Biden

-10 milliards d’aide sont prévus en cas de défaut de paiement sur des crédits immobiliers.

-4 milliards sont destinés aux agriculteurs défavorisés ! (le sens du mot « défavorisé » n’est pas clairement défini).

-Le programme fédéral d’aide alimentaire (« food stamps ») sera renforcé de 3,5 milliards de dollars. Etrangement ce programme était en recul sous l’administration Trump du fait d’une baisse de la demande. Il connaît un net regain depuis l’arrivée de Biden.

-La faim dans le monde n’est pas oubliée. 1 milliard de dollars sont destinés à divers programmes d’aide humanitaire et autres ONGs mondialistes. Quant aux jeunes sans abris aux Etats-Unis, 800 millions de dollars leur sont consacrés.  

-La culture, les musées et les bibliothèques publiques recevront 450 millions de dollars. Des subventions louables mais sans lien avec le Covid !

-Le « National Endowments for the Arts », une agence de soutien à l’activité artistique recevra 150 millions de dollars.

Tous ces exemples ne constituent qu’un aperçu de l’étendue des sommes allouées ! Le texte de loi fait plus de six cents pages !

Pork Barrel Politics

 Globalement cette loi illustre le pire de la politique américaine ! Sous prétexte de venir en aide aux victimes de la pandémie, elle attribue l’argent des contribuables, donc de tous les Américains, à des causes partisanes. Les Américains ont un terme pour ce genre de chose : « pork », du porc, littéralement ! Mais c’est insulter les cochons, qui n’y sont pour rien, que d’utiliser ce mot. L’ American Rescue Plan de l’administration Biden est une émanation de ce que le président Donald Trump qualifiait de « marais », la clique de Washington qui est en politique pour se servir et servir ses proches! Ce n’est pas de la corruption, ce sont les affaires courantes ! Le « business as usual » comme disent les Américains. Cette loi est l’expression du triomphe de la connivence, et du copinage. La victoire de la politique partisane sur l’intérêt national.

 Au point que certains médias, tel CNBC, pourtant complices du pouvoir en place, se sont même émus du clientélisme de la loi…

Rahm Emmanuel with Obama

Rahm Emmanuel, collaborateur de Barack Obama et ancien maire de Chicago avait l’habitude de dire qu’il ne « faut jamais se priver de profiter d’une bonne crise ». Les Démocrates ont parfaitement appliqué ce mot d’ordre à la pandémie de Covid-19. Après l’avoir exploitée pour détruire les succès économiques de Donald Trump et favoriser sa défaite électorale à la présidentielle de 2020, ils s’en servent à nouveau comme prétexte pour dépenser un argent qu’ils n’ont pas et pour remplir les poches de leurs alliées, sur le dos de tout le peuple américain.

Une honte, tout simplement.

 

 

 

 

 

 

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