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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
7 octobre 2022

Etats-Unis, Elections : Pourquoi Biden et les Démocrates vont perdre les « midterms »

 Joe Biden cognitive deficiency

Dans quelques semaines se tiendront aux Etats-Unis les élections de mi-mandat. Ce que les Américains appellent les « midterms ». La date précise est celle du 8 novembre. Un mardi bien sûr. Le mardi suivant le premier lundi du mois de novembre, comme le veut la règle.

Les observateurs s’attendent à un raz de marée républicain, entrainant un changement de majorité au Congrès. Gardons-nous d’une célébration prématurée. Rien n’est fait. Mais une défaite des Démocrates semble acquise. Seule son ampleur prête à débat. Le président Biden n’aura plus, au-delà du 8 novembre, la liberté d’action dont il a joui jusqu’à présent.  Les Républicains, qui ont subi l’agenda démocrate depuis deux ans, pourront à nouveau avancer le leur.

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Les élections de mi-mandat interviennent comme leur nom l’indique au milieu du mandat présidentiel. Soit après deux ans. Ce sont des élections générales. Elles concernent l’ensemble des sièges de la chambre des Représentants (435). Le mandat d’un député (« Representative ») aux Etats-Unis étant de deux ans. Et le tiers des sièges de Sénateurs, dont le mandat est de six ans. Trente-quatre sièges de sénateurs précisément sont à pourvoir le 8 novembre prochain.

Ces élections concernent aussi certains postes de gouverneur. Pas moins de trente-six Etats sont appelés à renouveler leur exécutif. Et tous devront renouveler leur appareil législatif, en partialité ou en totalité. Et au niveau local, il s’agira de renouveler toutes les commissions gérant la vie quotidienne des Américains, de la commission scolaire au poste de procureur en passant par le job de sheriff !

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Ces élections sont le moyen de prendre la température du pays, de mesurer la popularité du président et de sa politique, et de préparer l’élection présidentielle à suivre, en l’occurrence celle de 2024.

 Les élections de mi-mandat sont considérées comme un référendum sur la politique du président élu deux ans plus tôt. Le problème est que même quand celui-ci est populaire et que l’économie va bien, les électeurs américains ont tendance à sanctionner l’administration en place.

Trump supporters 2018 enthusiasm

C’est une tradition historique. Depuis 1945 le parti du président a perdu en moyenne vingt-six sièges à la Chambre et quatre sièges au Sénat lors des élections de mi-mandat. Il y a eu pire. En 1994, les Démocrates, emmenés par Bill Clinton, connurent une déconfiture historique avec cinquante-quatre sièges perdus à la Chambre et huit au Sénat. Idem pour Barack Obama en 2010. Les Démocrates perdirent alors soixante-trois sièges à la Chambre et six au Sénat. Chiffres impressionnants mais loin du record qui revient au président démocrate Grover Cleveland dont le parti perdit cent-vingt-cinq sièges à la Chambre et quatre au Sénat en 1894.

 barack-obama-bill-clinton 2012

Certes il y a parfois des exceptions. En 2002 les Républicains, emmenés par George W. Bush, avaient gagné huit sièges à la Chambre et un au Sénat. En 1934 les Démocrates avaient raflé neuf sièges supplémentaires à la Chambre et dix au Sénat. Mais les deux circonstances étaient exceptionnelles. Dans le premier cas, les attentats du 11 septembre 2001 avaient unifié le pays derrière son président. Dans l’autre, la Grande Dépression avait rassemblé les électeurs derrière la « Nouvelle Donne » (« New Deal ») proposée par le président Franklin Roosevelt, un Démocrate.  

Rien de tel en 2022, même si la guerre en Ukraine a quelque peu conforté le président Biden dans le rôle de commandant en chef, leader du « monde libre » face au pouvoir autoritaire et arbitraire personnifié  par Vladimir Poutine. Or la majorité démocrate au Congrès est actuellement très étroite. Le « parti de l’âne », totem des Démocrates, totalise 222 sièges à la
Chambre des Représentants contre 213 pour le « parti de l’éléphant », totem des Républicains. Un basculement de cinq sièges seulement suffirait à inverser cette majorité. Au Sénat, les deux partis sont à égalité, cinquante sièges chacun. Il suffit aux Républicains de gagner un siège pour devenir majoritaire.  

 Congress House of Representatives 2022

Les observateurs s’attendent à ce que les écarts soient beaucoup plus importants. Plusieurs dizaines de sièges pourraient basculer à la Chambre et une demi-douzaine  au Sénat. En faveur des Républicains.  

Les raisons de ce désaveu à venir du président et de sa politique sont multiples, mais peuvent se résumer en une seule formule : l’Amérique va mal et les Américains souffrent. Et ce malaise n’est pas le fait d’événements extérieurs, ou incontrôlables. Il est le résultat des politiques menées depuis deux ans par Biden et l’aile radicale du parti démocrate qui domine son administration et exerce un contrôle total sur l’agenda politique.  

Inflation, énergie, criminalité, immigration, éducation… Sur presque tous les sujets qui impactent la vie des Américains au quotidien, les choses vont plus mal aujourd’hui qu’en janvier 2021 quand l’administration Biden a pris le pouvoir.

 Joe Biden M

L’inflation en 2020, dernière année du mandat de Donald Trump, était de 1,4%. Elle est passée à 7% en 2021 et 8,2% à présent. Un chiffre que les Etats-Unis n’ont pas connu depuis la fin des années 1970, celles de la présidence de Jimmy Carter, des années de crise qui ressemblent étrangement à ce que l’Amérique et le monde vivent à nouveau aujourd’hui. Certains économistes estiment que les ménages américains sont  plus pauvres de quatre mille dollars par an du fait de l’inflation. Sans parler de la chute des actifs boursiers (Wall Street est en recul de 20% sur la seule année 2022) qui les affectent directement à travers les comptes d’épargne retraite (401K). Or, lors d’élections intermédiaires les Américains votent selon leur portefeuille. S’il s’est amoindri au cours des deux ans écoulés, ils sanctionnent l’administration en place. Très mauvais augure pour les Démocrates.

 Joe Biden antin fossile fuel policy

Le prix de l’énergie a aussi été multiplié par trois en dix-huit mois. Le gallon d’essence (4 litres) valait moins de deux dollars sous Donald Trump, il en vaut près de cinq aujourd’hui et parfois jusqu’à sept (en Californie). Le prix du baril de brut (« brent crude oil ») était de 54 dollars en janvier 2021 contre 122 dollars en juin 2022. Et cette hausse ne peut être mise en bloc sur le dos de Poutine, car le baril était déjà à 86 dollars en janvier 2022, soit avant l’invasion de l’Ukraine.

L’explosion des prix du carburant et de l’énergie aux Etats-Unis relève principalement de la guerre menée par l’administration Biden contre l’industrie américaine des combustibles fossiles. Emportés par leur délire écologique les Démocrates veulent imposer une transition énergétique à laquelle ni le pays, ni le monde, ne sont prêts et les conséquences en sont désastreuses pour tous. C’est une crise manufacturée conséquence d’un aveuglement idéologique.

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La sécurité aussi s’est détériorée aux Etats-Unis depuis l’arrivée des Démocrates au pouvoir. Le nombre des fusillades et des homicides a explosé en deux ans. Conséquence du mouvement « Defund the Police »  prôné et mis en place par les municipalités démocrates depuis la mort de George Floyd en 2020 et de la complaisance de procureurs progressistes, qui au nom de « l’équité raciale » refusent de poursuivre certains crimes parce que leurs auteurs sont très majoritairement des membres de minorités de couleur, en particulier des Noirs. La petite délinquance, elle aussi, est ignorée par ces mêmes « D.A. » (District Attorneys, équivalent des procureurs en France)  aux motivations plus politiques que juridiques. Résultat, l’insécurité grandit aux Etats-Unis et les électeurs blâment, à juste titre,  Biden et les Démocrates.

Defund the police 1

L’immigration clandestine atteint des niveaux sans précédent, et ce depuis les premiers jours de la présidence de Joe Biden. En dix huit mois, ce sont pas moins de cinq millions de clandestins qui sont entrés illégalement aux Etats-Unis, sans que l’administration ne cherche à les en empêcher. Dans les premières semaines de la présidence Biden l’annonce d’une amnistie généralisée des immigrants illégaux présents aux Etats-Unis, avait précipité des millions de candidats à l’immigration sur les routes d’Amérique centrale. Provoquant une crise humanitaire à la frontière mexicaine. Depuis, l’administration a annoncé avoir « fermé » la frontière, mais sans avoir rien fait concrètement pour stopper ce flot. D’ailleurs, il continue.

 Biden's Border Crisis 1

Des milliers de migrants franchissent encore chaque jour la frontière mexicaine.  Loin du regard des médias (mis à part le New York Post et Fox News)… Il a fallu que le gouverneur de la Floride, Ron DeSantis, envoie quelques-uns de ces migrants sur l’île nantie de Martha’ s Vineyard pour que les télévisions condescendent à évoquer ce drame. Car ces migrants sont une charge énorme pour les communautés frontalières. Leur présence provoque aussi une hausse de la criminalité, du trafic de drogue et du trafic d’armes. De plus il est avéré que parmi eux se sont glissés des terroristes islamistes venus consolider des cellules dormantes aux Etats-Unis en vue d’une déstabilisation ultérieure du pays. Mais ces migrants sont aussi de potentiels électeurs pour les Démocrates, trop heureux d’agréger des millions de nouveaux votants, absolument pas légitimes mais totalement manipulables…

Migrants in Martha's Vineyard

Enfin du côté des écoles c’est la révolte parentale qui gronde. Après des décennies pendant lesquelles les parents ont largement ignoré ce qui se passait au sein des commissions scolaires, laissant le champ libre aux associations radicales pour y faire leur lit et y mettre en place des programmes révolutionnaires, comme l’éducation sexuelle aux enfants de six ans, la théorie critique des races à ceux de  sept ans, et le soutien aux transitions sexuelles (changement de sexe) pour les adolescents, 2021 et 2022 ont vu le réveil de ces parents indignés de découvrir soudain ce qui se faisait dans leur dos. Face à la politisation des commissions scolaires, utilisées par la gauche radicale comme outils de déstabilisation et de destruction de la société, les électeurs se sont mobilisés par les urnes et en se portant candidats à ces commissions. Résultat, le pays s’attend à un raz de marée conservateur pour les élections locales.

critical race theory opposition 2 

La reconquête républicaine aux Etats-Unis se fait donc à la fois par le haut  - le Congrès - et par la base. Les militants du GOP ont appris de leurs ainés libertaires et radicaux des années 1970 et 1980 et appliquent aujourd’hui leurs stratégies d’alors pour sauver l’Amérique de l’autodestruction.

Sans surprise, la cote de popularité de Joe Biden reflète le désenchantement général. Une large majorité d’Américains désapprouvent la politique du président Biden. Entré à la Maison Blanche avec 56% d’opinions favorables, il est tombé à 37% en juillet 2022 et remonté à 43% depuis. Cela reste l’une des cotes de popularité les plus faibles des présidents de l’après-guerre. Donald Trump qui fut décrié et attaqué de toutes parts était à 41% au même stade de son mandat. A peine deux points plus bas. Alors que Biden a bénéficié depuis dix-huit mois de la bienveillance des médias…

Joe Biden dipping popularity rating 

Ce chiffre a de quoi inquiéter les Démocrates car la cote de popularité du président est aussi un indicateur préalable du résultat des « midterms ». Quand le président rassemble moins de 50% d’opinions favorables, son parti perd des sièges, par dizaines, au Congrès.

Même quand le président est populaire, son parti laisse des plumes à ce scrutin. En 1954 Eisenhower était à 61% d’opinions favorables. Le parti Républicain perdit dix-neuf sièges. En 1962, Kennedy était aussi à 61% . Cela n’empêcha pas les démocrates de perdre 4 sièges à la Chambre. En 1970, Nixon était à 58% et les Républicains perdirent douze sièges à la Chambre.

 Prest Biden Anti maga sept 1 2022 speech philadelphia

Par contre, si le président est impopulaire, alors les pertes pour son parti son considérables. En 1946, Truman était à 33% et les Démocrates perdirent soixante-sept sièges (55 à la Chambre et 12 au Sénat).  En 1982, Reagan était à 42%, le GOP perdit vingt-cinq sièges. En 1994, Clinton était à 46%, la note fut de cinquante-quatre sièges. En 2006 Bush fils était à 38% et la sanction contre le parti républicain fut de trente-six sièges. Etc.

Face à ces mauvais chiffres et à la mauvaise posture du pays, Joe Biden a cherché à changer le sujet et faire de ce scrutin, comme il avait réussi à le faire en 2020, un référendum anti-Trump. Et même « anti-MAGA », selon les initiales du programme de Donald Trump, « Make America Great Again ». Il a multiplié les interventions dénonçant  les supporters de Trump comme « une menace contre la Démocratie » ! Mettant à l’index, de façon totalement sans précédent, pas moins de soixante-quinze millions d’électeurs.

Donald Trump campaigning 2

 Les élections du 8 novembre seront donc aussi l’occasion de mesurer la portée de ce message et, à contrario,  la force de mobilisation du camp Trump au sein de l’électorat américain.

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Commentaires
N
Merci pour votre article, très intéressant.
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M
Merci pour cette synthèse. Cependant, vous oubliez (volontairement probablement) le paramètre le plus déterminant : la fraude. <br /> <br /> Je vis aux USA, je suis très attentifs au rapport de force politique dans le pays et tout le monde ici garde en tête le renversement stupéfiant des résultats durant la nuit du 3 au 4 novembre 2020. On sait tous ou presque à présent que c'est adjonction soudaine de faux bulletins qui a modifié le scrutin. Et c'est la grande inconnue qui déterminera une fois encore le résultat des midterm. Ne pas en parler est très surprenant.
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