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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
29 juin 2024

Etats-Unis : Bye bye Joe, le désastre de trop… ?

Joe Biden sera-t-il bien le candidat démocrate à l’élection présidentielle du 5 novembre ?

On peut désormais en douter très sérieusement. Après sa prestation désastreuse face à Donald Trump lors du débat sur CNN le 27 juin, les appels à son retrait se multiplient chez les Démocrates. Même le très respecté et très consensuel chroniqueur du New York Times, Thomas Friedman lui demande de « tirer sa révérence ».

Pour l’heure, le clan Biden ne veut rien entendre. Joe est et sera le candidat, disent-ils. Son épouse Jill, la première dame des Etats-Unis, l’a même félicité après le débat. « Bravo, tu t’en es très bien sorti », lui a-t-elle dit. Sans doute est-elle la seule à le penser...?

Au-delà des capacités mentales de Joe Biden, clairement affaiblies, ce qui inquiète les Démocrates c’est que tous les sondages le donnent désormais perdant en novembre et qu’il risque d’entrainer dans sa chute d’innombrables candidats Démocrates. S’il persiste avec  Biden en haut du ticket, le parti de l’âne s’expose à une déroute le 5 novembre. Ses dirigeants ont jusqu’à la convention nationale, qui aura lieu du 19 au 22 août à Chicago, pour lui trouver un remplaçant. Ainsi peut-être qu’une remplaçante à Kamala Harris, la vice-présidente.

Ce 27 juin, les Américains ont été invité à suivre un événement sans précédent : un débat présidentiel au mois de juin ! Qui plus est entre deux présidents, l’un en exercice, l’autre l’ayant précédé à la Maison Blanche.

Cinquante-et-un millions d’Américains ont répondu présents. Loin du record de quatre-vingts millions pour le débat Hillary Clinton – Donald Trump de 2016. Signe qu’une partie de l’électorat est effectivement fatiguée de ces candidats. De quoi conforter le troisième candidat de l’élection,  Robert Kennedy Jr, qui n’avait pas été invité.

Il faut remonter à 1892 (soit 132 ans) pour trouver une élection présidentielle opposant deux présidents. Il s’agissait alors de Benjamin Harrison,  un Républicain, et Grover Cleveland, un Démocrate, qui l’avait précédé à la tête de l’exécutif. Cleveland avait gagné. Donc si Trump venait à être réélu il ne serait pas le premier président américain à effectuer deux mandats non consécutifs…

Par contre,  jamais encore, un débat présidentiel télévisé n’avait été programmé si tôt dans la campagne électorale. Il reste plus de cent-vingt jours d’ici à la date du scrutin. Habituellement les débats sont organisés en fin de campagne, en octobre, à quelques jours du vote. Cette fois il a été organisé avant même les conventions nationales. C’est-à-dire avant même que les candidatures des deux hommes aient été avalisées par les dirigeants du parti et les délégués des cinquante Etats réunis en grand raout.

Pourquoi donc un tel empressement ?

Officiellement pour donner à Joe Biden l’occasion de relancer sa campagne. Car celle-ci piétine depuis le printemps. Biden fait du surplace ou recule dans les sondages, en dépit des condamnations judiciaires dont Donald Trump a fait l’objet. Il fallait donc lui donner l’occasion de relancer la machine. Mais c’est l’inverse qui s’est produit. Biden a étalé ses faiblesses au grand jour et ce débat se retourne doublement contre lui. Trump et les Républicains ont gagné. Ses adversaires au sein du camp démocrate aussi.

Et, en vérité, ce débat était précisément le test souhaité par certains Démocrates  qui réclament en vain depuis des mois que Joe Biden se retire et que le parti lui désigne un remplaçant.

En clair ce débat était l’occasion pour Biden de démontrer à ses partisans et à tous ls Américains qu’il posséde encore les moyens intellectuels et physiques nécessaires pour assumer sa mission de chef de l’Etat aujourd’hui et pour les quatre années à venir. A défaut il devait en tirer les conséquences.

Joe Biden n’était donc pas attendu sur ses positions, son programme ou même sur son bilan, il était attendu sur sa forme, son énergie, sa vivacité d’esprit. Il  devait faire preuve d'acuité intellectuelle. S'exprimer clairement. Rester concentré. Prouver ses capacités de résistance physique. En plus d’exposer aux électeurs les raisons justifiant qu’il birgue quatre années de plus….

Il a échoué sur tous les points.

La performance Joe Biden dans ce débat fut un désastre total. De ses premiers pas hésitants sur la scène pour venir se placer debout derrière son pupitre, jusqu’à son départ de cette même scène guidé par son épouse Jill, venue le chercher parce qu’il était apparemment incapable de trouver tout seul le chemin de la sortie ! Entre les deux ses propos ont été tour à tour hésitants, confus, voire carrément incompréhensibles.

Interrogé sur l’assurance santé des séniors il a répondu « Nous devons nous assurer que nous sommes capables de faire que toute personne célibataire isolée soit éligible à ce que j’ai fait pour le… pour le Covid. Non, excusez moi. Pour tout ce que j’ai fait. Bon. Si. Ecoutez on a finalement battu  Médicare (l’assurance santé des seniors)!

Ce à quoi Trump n’a pu s’empêcher d’ironiser « Je ne sais pas ce qu’il a voulu dire mais il a battu Medicare c’est sûr, il l’a battu à mort… »

Bref, venu pour lever les doutes des électeurs Américains sur sa santé, Biden a fait exactement l’inverse. Il a exacerbé ces doutes et démontré que tous ceux qui dénonçaient ses faiblesses depuis des mois n’étaient pas affabulateurs.  Et que c’est au contraire son entourage qui était au mieux dans le déni, au pire dans le mensonge.  

Depuis plusieurs années déjà, les Américains s’interrogent sur le déclin cognitif et physique de Joe Biden. Les Républicains dénoncent un président incapable d’assumer ses fonctions et devenus la marionnette de ses assistants. Car , voilà plusieurs années que Joe Biden exhibe des signes caractéristiques de sénilité. Il perd sa mémoire immédiate et le fil de ses idées. Il commence des phrases sans être capable de les finir. Il peut avoir des absences. Son pas est hésitant. Il perd l’équilibre, trébuche quand il monte des marches, tombe de vélo, ou se prend les pieds dans le tapis quand il est sur une scène.  Ses conseillers l’ont équipé de chaussures spéciales à semelles anti-dérapantes pour lui éviter ce type de mésaventures,  désastreuses pour son image et celle des Etats-Unis. Désormais quand il monte à bord d’Air Force One, l’avion présidentiel, c’est par un petit escalier, discret et plus court que les marches habituelles. Tant pis pour l’image !

Joe Biden a 81 ans. Il en aura 82 le 20 novembre prochain. C’est un âge avancé. Mais pas rédhibitoire.  De nombreux dirigeants du monde sont plus âgés. L’indéboulonnable Paul Biya, président du Cameroun, depuis 1982, a 91 ans et toute sa tête ! Mamoud Abbas, le leader palestinien a 88 ans, le roi Salman d’Arabie saoudite, 87, Ali Khamenei, le chef spirituel iranien, 84 … De nombreuses personnalités de par le monde ont atteint cet âge et se portent à merveille. L’acteur Clint Eastwood ,aujourd’hui âgé de 94 ans, continue de diriger des films. L’ex Beatle, Paul McCartney vient d’avoir 82 ans, et a entrepris une nouvelle tournée de concerts à travers le monde qui lui demande d’être debout sur scène, guitare-basse en bandoulière et de jouer et chanter trois heures durant plusieurs soirs par semaine.

Ce n’est donc pas une question d’âge, mais plutôt une question de santé.

L’administration Biden a toujours nié ce déclin. Tout récemment Karine Jean Pierre, la porte-parole, d’origine Haïtienne, de la Maison Blanche a accusé les réseaux sociaux et les milieux conservateurs de produire des fausses nouvelles et de fausses vidéos pour laisser croire que le président avait des difficultés alors que ce ne serait pas le cas. Elle a pris en exemple des vidéos mises en lignes à la suite des cérémonies du 80e anniversaire du Débarquement, montrant Joe Bien perdu, déambulant tout seul et incapable de se tenir debout.

Mais en regardant le débat présidentiel, tous les électeurs Américains ont pu constater que les réseaux sociaux ne mentaient pas. Que les troubles du président étaient bien réels et que c’est au contraire la Maison Blanche qui ment aux électeurs.

Ces faiblesses expliquent d’ailleurs, en partie, le recul de Joe Biden dans les intentions de vote.

L’élection qui s’annonçait très serrée est en train de tourner à l’avantage de Donald Trump. Si,du moins, il faut en croire les sondages. Au vote national, c’est-à-dire au total des intentions de vote,  Trump devance Biden, 46,7% contre 44,8%. Ces deux petits points de retard constituent un recul considérable pour Joe Biden. Chaque point dans les sondages représente environ 1,5 millions de votes. En 2020 Biden avait remporté 81 millions de voix. A présent il est à 66 millions environ. Une perte de quinze millions de votes.

Pour l’élection présidentielle américaine les suffrages populaires ne sont pas toute l’histoire. iIs ne sont même pas le plus important. L’élection ne se gagne pas au nombre de suffrages exprimés à l’échelle nationale, mais au nombre de voix au sein du Collège électoral, c’est-à-dire au nombre d’Etats remportés et de leur poids démographique. L’élection se joue toujours, et se jouera encore, dans les fameux Etats clés, les « swing states ». Il s’agit des Etats dont le résultat est incertain. Ils sont six actuellement : l’Arizona, la Géorgie, le Michigan, le Nevada, la Pennsylvanie et le Wisconsin. Dans deux de ces Etats (Arizona, Géorgie) Donald Trump possède une avance supérieure à quatre points, bien au-delà de la marge d’erreur. Au Nevada et en Pennsylvanie, Trump est en avance de trois points. Dans le Michigan d’un point. Seul le Wisconsin place les deux hommes à égalité. Or, si Trump remporte l’Arizona et la Géorgie, Biden devra impérativement remporter les trois  Etats du Nord-Est (Pennsylvanie, Michigan, Wisconsin) pour être élu. Un seul de ces Etats lui échappe et c’en est fini.

Pire encore pour Joe Biden,  certains Etats qui lui semblaient « acquis » sont désormais placés dans la colonne « incertains », sur les sites de pronostics. C’est le cas de la Virginie, qui dispose de 13 sièges au Collège électoral et du Minnesota, traditionnellement un bastion démocrate,  qui en a 10. Dans l’Etat de New York, autre bastion démocrate, l’écart est passé de vingt points en faveur de Biden, il y a quatre ans, à seulement sept !

Ce recul de Joe Biden se constate sur l’ensemble de l’électorat. Seulement 72% de ceux qui ont voté pour lui en 2020 se disent prêts à revoter pour lui en 2024.  Mais il est particulièrement sensible auprès des jeunes (18 – 35 ans), des Noirs, et des Hispaniques.

Les moins de trente ans ont voté à 59% pour Biden en 2020 contre 35% pour Trump. Selon un sondage Harvard, ils ne sont plus que 50% à avoir l’intention de soutenir Biden  en 2024.

Biden a perdu 16 points auprès de l’électorat Noir, passant de 86% à 70%, quand Trump en gagne 14 , passant de 7% à 21%, dans un sondage de CNN. Un tournant qualifié « d’historique ».

Idem pour le vote des Hispaniques. Biden a remporté ce groupe avec 59% des suffrages en 2020, mais il n’est plus crédité que de 51% des intentions de vote. Toujours selon CNN. Trump est crédité de 44% des intentions de vote. Jamais un candidat républicain n’a été crédité d’un tel score…

Pour les Démocrates la conclusion qui s’impose est que Biden se dirige vers une lourde défaite. Un autre candidat voir une autre paire de candidats pourraient mieux faire. Et perdu pour perdu, pourquoi ne pas essayer…

Kamala Harris, la vice-présidente, rêve de prendre la place de Joe « en haut du ticket ». C’est peu probable. Elle est encore plus impopulaire que lui. Ce qui explique d’ailleurs qu’elle soit très peu visible dans la campagne.

Le gouverneur de la Californie, Gavin Newsom, se tient prêt.  Sans le dire bien sûr. Tout comme la gouverneur du Michigan, Gretchen Whitmer, ou le gouverneur de l’Illinois, Jay Pritzker, ou celui de Pennsylvanie, Jod Shapiro, ainsi que le sénateur de l’Ohio, Jerrod Brown. Et d’autres.

Et il y a le possible recours à … Michelle Obama ! L’ancienne première dame serait un choix rassembleur et fort. Elle est connue de tous les Américains. Même si tous ne l’apprécient pas. Son mari, Barack Obama, bénéficie encore d’opinions très favorables chez les Démocrates. Il est resté très actif en politique. Surtout en coulisse. D’ailleurs nombre de ses anciens conseillers sont toujours à  la Maison Blanche et dans l’administration. Michelle Obama est noire et c’est une femme. De quoi conforter ces deux groupes d’électeurs et compenser leur déception de voir Kamala Harris évincée.…

Bien évidemment l’intéressée assure ne pas vouloir de cette nomination. Mais comment refuser si la nation et le devoir vous appellent… ?  

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