Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
France-Amérique le blog de Gérald Olivier
5 août 2024

Trump et le Project 2025: Beaucoup de bruit pour rien

Les Démocrates ont récemment attaqué Donald Trump, et son vice-président JD Vance, au sujet d'un document appelé "Project 2025" et qui serait leur programme pour transformer les Etats-Unis en "dictature". Au passage en déformant et en caricaturant les propositions contenues dans ce projet ce que même la chaine CNN, pourtant très à gauche, a reconnu et dénoncé. C'est de la propagande de campagne. Mais les médias en raffolent et jouent la surenchère.

Voici la retranscription d'un entretien donné à Atlantico pour clarifier ce qu'est le Project 2025.

1- Les démocrates sont mobilisés dans la campagne présidentielle pour contrer le « Projet 2025 », le plan de transition pour le second mandat de Donald Trump, s’il remportait les élections en novembre. Donald Trump vient récemment de désavouer ce plan. Quel est le contenu de ce programme et ses principaux points forts pour le camp républicain ?

Désolé de devoir vous contredire ou au moins vous corriger, le « Project 2025 » n’est pas « le plan de transition pour le second mandat de Donald Trump » comme vous l’écrivez. Le Project 2025 n’a même rien à voir avec Donald Trump. Les médias américains, presque tous à gauche et pour la plupart anti-Trump ont monté une campagne de diabolisation de ce projet pour dépeindre Trump comme un « dangereux extrémiste » et une « menace contre la démocratie » et inciter les électeurs à voter pour Kamala Harris. Cela tient plus de la propagande et de la manipulation que de l’information.

Le « Project 2025 » est un document pensé, rédigé et publié par la Heritage Foundation, un « Think-Tank » conservateur de Washington. Il a été élaboré en 2022. Avant les primaires républicaines et avant même que Trump n’annonce sa candidature présidentielle. C’est une « feuille de route » à destination d’une potentielle administration républicaine. Une sorte de liste de vœux. Pas un programme de gouvernement.

Donald Trump n’a pas été consulté. Le projet ne lui a pas été soumis pour approbation. Ce n’est pas son programme. Il existe un programme républicain qui tient en vingt points et qui a été adopté lors de la convention républicaine. Seul ce programme fait foi quand aux changements qu’une administration Trump mettrait en place.

Bien évidemment le Project 2025 revient sur les grandes questions du moment – l’immigration clandestine, l’inflation, l’énergie, l’éducation, etc et il propose des solutions d’inspiration conservatrice, donc proches de ce que Trump pourrait souhaiter mettre en place,  mais ce document n’engage personne. Par ailleurs ce projet n’est pas une nouveauté. La Héritage Fondation publie un tel document lors de chaque élection présidentielle depuis quarante ans, cela s’appelle « A Mandate for leadership ». La gauche fait la même chose. Pourquoi les média ne parlent-ils pas du Center For American Progress et de ses propositions pour Kamala Harris ?

2- Pourquoi Donald Trump a-t-il choisi de critiquer certains aspects du Projet 2025 et de ne plus le suivre à la lettre ? Quels sont les principaux griefs de Donald Trump contre ce Projet 2025 et contre La Heritage Foundation, le groupe de réflexion qui coordonne ce programme ?

Je ne sais pas à quoi vous faites référence quand vous dites que Donald Trump a « critiqué certains aspects du projet 2025 ». S’il l’a fait, je ne suis pas au courant. Je ne l’ai pas vu en parler en détail, ni entendu, ni lu. Il a simplement souligné dans un Tweet qu’il n’était pas « lié » à ce projet et il a ajouté qu’il ne savait rien sur ce projet. Dès lors je ne vois pas comment il pourrait en critiquer le contenu puisqu’il avoue ne pas le connaître…

C’est la campagne de Kamala Harris qui a crée ce faux lien et ce qui est lamentable c’est que presque tous les médias aient avalé l’histoire sans la moindre vérification.

L’important à comprendre ici est que Donald Trump est un homme politique extérieur au système. Or les think-tank, de gauche comme de droite, font partie du système. Ils recyclent les hommes politiques pour en faire des agents d’influence à coups de très gros contrats. Trump n’entend  pas être la marionnette de qui que ce soit ! Il n’entend pas non plus se retrouver prisonnier de ses propres promesses et, enfin, il n’entend pas donner du grain à moudre à ses adversaires et aux médias avant même d’avoir été élu. Trump sait pertinemment que ses préconisations pour redresser l’Amérique vont à contrecourant de la pensée dominante et que ses adversaires vont profiter de la moindre occasion pour lui faire des procès d’intention. Il préfère donc rester vague sur certains points pour ne pas donner à ses adversaires un bâton pour le battre.

Regarder sa façon de parler de l’énergie. Sa solution, dit-il, est « drill, baby drill », littéralement cela veut dire « fore bébé fore ». C’est tout. Il ne dit pas où, ni comment, ni pour quelle ressource spécifique, ni à quelle condition. Il laisse simplement entendre que sous son administration la production d’énergie domestique sera autorisée à redémarrer et sera libérée des contraintes règlementaires et bureaucratiques actuelles. C’est tout, et ça suffit pour son électorat.

Par contre s’il est élu ses décisions seront plus en ligne avec les recommandations du Projet 2025 que celles du Center for American Progress.

 

3- Quel pourrait être le coût politique pour Donald Trump suite au rejet du Projet 2025 et alors que l’alliance avec les Conservateurs avait été la clé dans sa victoire de 2016 ? Donald Trump pourrait-il perdre les élections suite à ce choix de ne pas intégrer dans sa campagne toutes les mesures et recommandations du Projet 2025 ?

Non et non. Vous avez tout à l’envers.

D’abord en 2016 ce n’est pas Trump qui a gagné, c’est Hillary Clinton qui a perdu parce qu’elle n’a pas fait le plein des voix de son propre camp, notamment dans les Etats clés du Nord-Est.

Ensuite, il n’y pas de « rejet » du projet. Il y a une distanciation. Et  il n’y a pas de coût pour Donald Trump. Il n’est pas question qu’il perde le vote conservateur. C’est plutôt la Heritage Foundation qui sort vexée de cette affaire car elle a été remise à sa place. Un « think-tank » comme son nom l’indique c’est un « club de pensée ». Ce sont des gens payés pour réfléchir et proposer des solutions que les politiques sont libres d’adopter ou pas. Bien entendu, plus un think-tank semble proche du pouvoir, plus il récolte de donations et plus il a d’influence. Au point de se prendre pour l’anti-chambre du pouvoir et le cabinet fantôme... Ce fut le cas de la Heritage Fondation sous Ronald Reagan. Mais Reagan était du sérail politique - il avait été gouverneur à deux reprises avant de s’attaquer à la Maison Blanche - et il venait de l’aile Goldwater, c’est-à-dire, conservatrice du parti Républicain, il était donc en phase avec les points de vue de la Heritage. Mais ce n’est pas le cas de Trump. Trump fut Démocrate avant de devenir Réformiste puis Républicain. Il a rassemblé le camp conservateur derrière lui en ramenant dans le giron du parti républicain les électeurs démocrates de province, (le Tea Party de 2010 entre autres)  abandonnés par leur parti (devenu le parti des élites urbaines), avec une rhétorique populiste et religieuse, donc conservatrice. Mais Trump n’est pas un idéologue. C’est un pragmatique et il n’a rien d’un extrémiste. Sur des questions aussi essentielles aux conservateurs que la rigueur fiscale, et le droit à la vie (opposition à l’avortement), Trump est capable d’écoute et de flexibilité.

Il y a toujours des « never-Trumpers », des gens qui jurent qu’ils ne voteront jamais pour Trump, et certains proviennent du camp conservateur. Je ne pense pas qu’ils puissent le faire perdre mais j’espère surtout qu’ils auront, le moment venu, la présence d’esprit d’envisager les conséquences d’une victoire adverse et de se raviser… Car que l’on aime Trump ou pas, une victoire de Kamala Harris en novembre serait une catastrophe pour les Etats-Unis

 

4- En cas d’élection de Donald Trump et même s’il choisit de s’éloigner de cette ligne, l’administration américaine a-t-elle le pouvoir d’imposer et de mettre en place les réformes conservatrices prévues dans ce manifeste politique Projet 2025 ?

Pas dans sa totalité. Mais en partie. Encore une fois c’est une liste de vœux, pas des engagements de campagne. Mais imposer ces réformes, au moins en partie, sera le vrai défi. Le succès des administrations républicaines par le passé n’incite pas à l’optimisme en la matière. En fait cela ne dépendra pas de Trump mais du Congrès. Si Trump est élu et si, en plus, les Républicains remportent la majorité à la Chambre des Représentants et au Sénat, alors ils pourront agir presque sans restreinte pendant deux ans. Ce qui serait une opportunité inouïe. Par contre, une majorité démocrate à la Chambre ou au Sénat suffirait à bloquer l’essentiel des réformes.

Les institutions américaines sont basées sur une division du pouvoir et le contrôle d’une branche du pouvoir par les deux autres. Ceux qui dénoncent en Trump un « dictateur » en puissance ne connaissent rien aux institutions américaines. Ce qui est sûr c’est que l’enjeu du scrutin du 5 novembre va bien au-delà de la Maison Blanche.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
D
Erreur de lien pardon - Confirmation de l’enfumage en cours: https://www.axios.com/2024/08/13/harris-campaign-google-poltical-ads-news-publishers
Répondre
D
Confirmation de l’enfumage en cours: https://www.axios.com/2024/08/13/harris-trump-polls-pennsylvania-wisconsin-michigan
Répondre
France-Amérique le blog de Gérald Olivier
  • L'oeil d'un Franco-Américain sur l'actualité internationale, la politique, l'économie, la société américaines, et tout ce qui touche aux États-Unis. Je défends les libertés individuelles et dénonce la pensé unique et les folies progressistes.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
France-Amérique le blog de Gérald Olivier
Visiteurs
Depuis la création 379 225
Newsletter
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité
Publicité