Etats-Unis, les leçons de l’élection présidentielle – 4e partie : Réalignement électoral, virage à droite et rejet du « wokisme »
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Le scrutin présidentiel du 5 novembre aux Etats-Unis marque un tournant majeur dans l’histoire politique américaine ! Pour la première fois en vingt ans le candidat Républicain a remporté plus de suffrages que son adversaire démocrate et obtenu la majorité absolue de ces suffrages. Le vote Démocrate a reculé partout. Sans aucune exception. Ni géographique, ni démographique. Pour la première fois en presque un siècle, les trois pouvoirs (exécutif, législatif et judicaire) sont aux mains de conservateurs. Pour la première fois depuis 1968 le pays profond a exprimé son désir d’un retour à l’ordre.
L’enseignement premier du scrutin du 5 novembre est qu’il constitue un réalignement de l’électorat. La fameuse coalition Obama s’est disloquée. Le second enseignement est que le virage à droite observé à travers le pays sonne le glas de l’emprise du « wokisme » sur la politique et les entreprises américaines. Cette idéologie radicale, clivante et destructrice a vécu. Ses ravages dans les entreprises et l’administration américaines diminueront dès janvier 2025.
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L’élection du 5 novembre illustre un changement d’allégeance des électeurs. Une transformation de la sociologie électorale.
Pour la première fois en vingt ans et cinq scrutins présidentiels, le candidat Républicain a remporté le vote populaire. Donald Trump a reçu 77 millions de suffrages soit 50,5% contre 74,3 millions à Kamala Harris, soit 48%%. (Au passage Kamala Harris accuse un déficit de sept millions de suffrages par rapport à Joe Biden en 2020. Alors même que huit millions de nouveaux électeurs ont été enregistrés sur les listes électorales au cours des quatre dernières années…Sachant que Donald Trump a remporté trois millions de suffrages de plus qu’en 2020 cela laisse 12 millions d’électeurs dont on ne sait pas où ils sont passés !).
Donald Trump a aussi remporté tous les Etats décisifs. Les Etats de l’Ouest, Nevada et Arizona ; les Etats du sud, Géorgie et Caroline du Nord ; les Etats du Midwest, Pennsylvanie, Michigan et Wisconsin. Alors qu’il avait perdu six d’entre eux en 2020. Le Nevada revient à un Républicain pour la première fois depuis George W. Bush en 2004.
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Dans les Etats largement acquis aux Démocrates, tels la Californie, New York, le New Jersey, le Minnesota ou la Virginie, Trump et les Républicains ont repris du terrain à leurs adversaires. Trump a progressé auprès de tous les groupes d’électeurs par rapport à 2020. Ce faisant il a fait exploser la « coalition Obama », celle qui devait garantir aux Démocrates une domination sans partage pour les décennies à venir.
Pour rappel, en 2008 et 2012, Barack Obama avait été élu et réélu grâce au soutien des jeunes, (moins de 30 ans), des femmes, notamment les mères de famille de banlieue, des minorités ethniques, des minorités sexuelles, des cols bleus et notamment les ouvriers syndiqués parmi eux, et des élites urbaines, c’est à dire les cols blancs diplômés d’universités. C’était une coalition formidable. Il ne restait aux Républicains que les hommes blancs et les populations rurales vieillissantes.
Cette coalition s’est disloquée. Les électeurs issus de ces grands groupes socio-démographiques se sont massivement détournés de Kamala Harris en 2024.
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Harris n’a remporté que 51% du vote des moins de trente ans, contre 47% pour Trump. Un avantage infime. Les Américains de la « Génération Z » (ceux nés aux abords ou après l’an 2000) se sont tournés vers lui bien au-delà de ce que les sondages laissaient attendre. En particulier parmi les hommes où Trump l’emporte avec 56% des votes. Kamala Harris est arrivé en tête chez les femmes de moins de 29 ans, mais elle a perdu sept points par rapport au score de Biden en 2020, 58% contre 65%.
Donald Trump a remporté la bataille des sexes. Les hommes ont voté pour lui par une majorité de 54% contre 43 ! Les femmes ont voté pour Kamala par une majorité de 53% contre 46%. Moralité l’avantage de Trump auprès de l’électorat masculin dépasse celui de Kamala auprès de l’électorat féminin.
Si l’on observe ces chiffres de plus près on constate que Trump a remporté 48% du vote des femmes de 45 ans et plus, et 44% du vote des femmes de moins de 45 ans. Le « gender gap » (fossé des sexes) n’a pas été aussi important qu’annoncé. Il n’y a pas eu de vote sanction des femmes contre Trump, à cause de la question de l’avortement, même de la part des femmes en âge de procréer. D’autant que Trump a remporté le vote des femmes blanches, 53% contre 46% pour Kamala Harris.
Donald Trump a obtenu une part du vote ethnique plus importante qu’aucun autre candidat Républicain au XXIe siècle.
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Trump a remporté 56% du vote Blanc. C’était attendu. Mais à côté de cela, il a aussi emporté 16% du vote Noir, Cela peut paraître négligeable. Sauf quand on sait qu’en 2012 Mitt Romney avait remporté seulement 5% de ce vote. Si l’on s’attache au vote des seuls hommes Noirs de moins de 45 ans, Trump s’octroie une part de 34%. Un record pour un candidat Républicain récemment et deux fois plus qu’en 2020.
Trump a remporté 43% du vote Latino. Le plus haut score d’un candidat présidentiel républicain, depuis George W. Bush qui venait du Texas, un Etat à forte population hispanique, parlait espagnol et avait toujours soutenu la population latino. Chez les hommes hispaniques Trump remporte 54% des votes contre 44% à Harris.
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Pour mémoire en 2020 Biden avait remporté ce groupe d’électeurs avec 59% de leurs suffrages contre 36% à Trump. Moralité, Trump est passé d’un déficit de 23 points à un avantage de 10 en quatre ans ! Un revirement spectaculaire qui illustre un désaveu total de la politique migratoire de l’administration Biden-Harris, de la part de la communauté latino. Tous les idéologues de gauche qui affirmaient que les Hispaniques soutiennent une « frontière ouverte », parce qu’eux-mêmes sont arrivés clandestinement des années plus tôt en ont pris pour leur grade…
Sachant que la communauté hispanique est celle dont la démographie augmente le plus vite aux Etats-Unis, ce basculement électoral aura des conséquences à longs termes. Trump a ratissé sur les terres démocrates et a changé durablement la sociologie électorale américaine.
Que reste-t-il à Kamala et aux Démocrates ? Les riches, les LGBT, et les personnes qui dépendent de l’aide sociale (welfare) ! Les électeurs disposant de plus de cent cinquante mille dollars de revenus annuel dans leur foyer ont voté pour Kamala Harris 53% contre 46. Ceux avec moins de cinquante mille dollars ont voté pour Trump 52% contre 48%.
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Confirmation, s’il en fallait une, que grâce à Donald Trump, le parti Républicain est devenu le parti de la classe laborieuse. Les cols bleus ne sont plus le socle du parti démocrate. Si la nouvelle administration Trump parvient à engendrer une croissance économique forte qui assure à la fois plein emploi et hausse des revenus réels, les Démocrates auront du mal à récupérer cet électorat…
Grace à la popularité de Donald Trump et la mobilisation du mouvement MAGA, le parti Républicain a conforté sa majorité au Congrès. Les Républicains ont gagné quatre sièges au Sénat, où ils disposent désormais d’une majorité de 53 sièges contre 47. Ils ont conservé leur majorité à la Chambre des Représentants avec au moins 220 sièges contre 214 (un siège de Californie n’a toujours pas de vainqueur désigné).
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Les Républicains ont maintenu leur avantage chez les gouverneurs. Vingt-sept Etats ont à leur tête un gouverneur Républicain, contre vingt-trois un Démocrate. Des onze élections de gouverneurs, huit ont été remportées par les Républicains. Le rapport de force n’a pas changé entre avant et après le scrutin.
A travers le pays, les nombreuses « propositions » et « initiatives » soumises à des référendums populaires ont reflété un net virage à droite de l’électorat américain. En Californie, Etat le plus progressiste de l’Union depuis un demi-siècle et toujours annonciateur de modes et tendances à venir, les électeurs ont opté pour « la loi et l’ordre ». Ils ont approuvé à 70% la « proposition 36 » rétablissant des poursuites et peines de prison pour les délits de vol à l’étalage et de trafic de drogue.
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A San Francisco et Berkeley (ville universitaire que les Américains appellent la République populaire de Berkeley tant ses dirigeants sont à gauche) les électeurs ont rejeté deux mesures de contrôle sur les loyers et une autre visant à taxer le chauffage au gaz naturel. Cela signifie que les électeurs ont compris que le marché était un meilleur régulateur que le gouvernement en matière d’habitat locatif, et que le racket opéré sur les entreprises et les ménages au prétexte de la lutte contre le réchauffement climatique avait ses limites.
Dans l’Oregon, Etat situé au nord de la Californie, et également progressiste une nouvelle taxe sur les entreprises a été rejetée. Dans le Dakota du Sud les électeurs ont approuvé que les personnes « valides et en bonne santé » aient à justifier d’un emploi pour bénéficier de l’assurance médical d’Etat. En clair dans ces deux Etats les électeurs ont privilégié les entreprises aux dépens du gouvernement et le travail aux dépens de l’assistanat !
Une vraie contre-révolution culturelle !
Dans son discours victorieux, la nuit du 6 novembre, Donald Trump a parlé de la victoire « du bons sens commun ». « Des Américains de tous les horizons, des Noirs, des Hispaniques, des Asiatiques, des Musulmans, des Arabes, se sont rassemblés autour de valeurs communes animées par un bon sens commun, » a-t-il dit. Il faisait référence au programme de gouvernement des Républicains ainsi qu’au rejet des valeurs vantées par le camp adverse. Derrière la défaite et le recul des Démocrates, il y a un rejet massif du « wokisme », de l’idéologie du genre, d’un écologisme radical destructeur d’emplois, et d’une économie de la redistribution et de l’assistanat financée par la dette et l’impôt.
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Ces valeurs de gauche étaient celles incarnées par Kamala Harris. Sa défaite est leur défaite. Kamala Harris était l’incarnation du progressisme débridée et c’est tout ce progressisme qui a été désavoué le 5 novembre.
Je dis « était » au sujet de Kamala Harris à dessein. Quoiqu’elle en pense, elle n’a plus aujourd’hui d’avenir politique national. Sa carrière à Washington est derrière elle. Aucun vice-président sortant ne s’est remis d’une défaite à l’élection présidentielle chez les Démocrates au cours du demi-siècle écoulé ! Ni Al Gore après 2000, ni Walter Mondale après 1984, Ni Hubert Humphrey après 1968. Richard Nixon, un Républicain, est le seul homme politique récent à être devenu président (lors de l’élection de 1968) après avoir été battu une première fois, alors qu’il était le vice-président sortant (en 1960 contre John F . Kennedy). Le « come back » politique est décidément une spécialité républicaine.
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Kamala Harris était le produit de la main-mise de la politique de l’identité sur le parti Démocrate. Elle est Noire. C’est une femme. Ces deux caractéristiques personnelles étaient des passe-droits au sein du parti. Au nom de la politique de diversité, d’inclusion et d’équité (initiales DEI en anglais) elle devait être mise en avant et préférée à un homme blanc et à une femme blanche ainsi qu’à un homme Noir.
En rejetant sa candidature les Américains dans leur ensemble ont rejeté les thèses avancées depuis des années par les tenants de la « théories critique des races », affirmant que la société américaine étant habitée par un « racisme systémique », il fallait promouvoir les Noirs et les minorités quelles que soient leurs qualifications, à simple titre de compensation et d’équité. Sa défaite est un point en faveur du retour de la méritocratie américaine et en faveur de l’avènement d’une société « color blind », c’est-à-dire ou le caractère l’emporte sur la couleur de peau, selon l’expression de Martin Luther King.
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Enfin Kamala Harris a toujours considéré que la justice américaine est « raciste » et pénalise à l’excès les membres de la communauté Noire. Elle a soutenu les procureurs qui ont décriminalisé un certain nombre de comportements pour ne plus voir de jeunes Noirs être envoyés en prison pour de petits larcins. Cette politique, qui a plongé les villes américaines dans le chaos et la crise, a été massivement ejetée par les électeurs américains.
Kamala Harris avait toujours soutenu une politique de « frontières ouvertes » (« Open Borders »). Elle avait même affirmé en 2019 que franchir une frontière sans autorisatoin n’était pas un crime. Elle a renoncé à cette position pour les besoins de sa campagne. Mais personne n’a cru à la sincérité de son renoncement. Plus significatif encore, les électeurs ont affirmé au contraire qu’une frontière doit exister et que la souveraineté d’un pays doit être respectée.
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Kamala Harris avait toujours soutenu la transition énergétique et l’abandon des fuels fossiles au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. Elle était favorable à la disparition programmée des véhicules à moteur thermique. Elle a changé de position pour les besoins de la campagne. Personne n’a cru à la sincérité de sa conversion et les électeurs ont indiqué au contraire que pour eux l’impératif économique prend le pas sur toute supposée « urgence climatique ». L’accord de Paris et ceux des « COP » suivantes ont de nouveau du plomb dans l’aile. Donald Trump en désengagera les Etats-Unis dès son premier jour à la Maison Blanche.
Kamala Harris a toujours estimé qu’il existe plus de deux « genres » et qu’une personne peut se déclarer d’un autre genre que celui de son sexe biologique. Les Américains ont clairement rejeté cette notion, et ses corollaires dont la possibilité pour des étudiants de sexe masculin de prendre part à des compétitions féminines sous prétexte qu’ils s’identifient comme « femme »… Si le vote des femmes n’a pas été aussi favorable aux Démocrates le 5 novembre qu’ils s’y attendaient, c’est parce que de nombreuses femmes, en particulier des mères de famille se sont insurgées contre l’absurdité de telles positions et l’incroyable discrimination que cela faisait subir aux filles. La question du « genre » a pris le pas sur celle de l’avortement dans la motivation du vote des femmes.
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En dépit d’un abandon de façade de toutes ces idées « wokistes », Kamala Harris demandait aux électeurs un véritable chèque en blanc. Elle est restée délibérément floue et vague sur la politique concrète que son administration serait susceptible de mener. C’était pour mieux masquer son intention, et celle de tous ceux qui la soutiennent et peuplent le Washington Démocrate aujourd’hui, de poursuivre les politiques raciales et identitaires qui minent et divisent les Etats-Unis depuis plusieurs décennies, et tout particulièrement depuis l’élection de Barack Obama en 2008. Cette parenthèse folle s’est sans doute refermée le 5 novembre.
Au-delà d’un réalignement politique fondamentale, avec la victoire de Donald Trump, des Républicains et du mouvement MAGA, le bon sens a enfin repris ses droits aux Etats-Unis.
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