Etats-Unis: La Contre-Révolution Trump après cent jours (2e partie)
Deuxième Partie : guerre culturelle, guerre économique
Guerre culturelle
Même si les médias en parlent peu, les Etats-Unis sont en guerre. En guerre culturelle. C’est une guerre civile, sans effusion de sang, mais dont l’issue déterminera l’avenir du pays. Elle est capitale. Elle n’est pas nouvelle. Voici un demi-siècle que l’enseignement, les médias et la culture sont tombés sous la coupe d’activistes radicaux qui en ont fait les canaux redoutablement efficaces de la diffusion de leur idéologie. Donald Trump avait promis de s’engager dans cette guerre culturelle et de combattre ce radicalisme pernicieux. Il a tenu sa promesse. Sur plusieurs fronts.
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Sa première cible a été le « wokisme », et son mot d’ordre de « Diversité, Equité et Inclusion » (DEI). Le « wokisme » est une idéologie venimeuse, anti-occidentale et empreinte de racisme antiblancs, qui a émergé aux Etats-Unis voici un demi-siècle pour se répandre dans l’administration américaine et les entreprises à partir de 2008 et l’élection de Barack Obama à la présidence.
L’idée de « Diversité, Equité et Inclusion» est un des piliers de la « politique de l’identité », qui va à l’encontre de l’égalité des individus et des droits, inscrite dans la Constitution américaine, et conduit à l’exact opposé de ce que les minorités, Noires, féminines et autres ont toujours revendiqué. Il ne s’agit plus de juger les gens sur « le contenu de leur caractère », selon la formulation célèbre de Martin Luther King, mais de les juger sur leur apparence et la couleur de leur peau. A l’inverse d’une société qui espérait devenir « color blind », c’est-à-dire, non pas aveugle à la couleur mais indifférente à cette couleur, le DEI impose une société où tout est fonction de la couleur et du « genre », et où les supposées victimes d’hier s’attribuent en compensation le droit d’être les oppresseurs d’aujourd’hui.
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C’est une forme de discrimination inversée que ses partisans ont revendiquée comme telle. Un chantage des Noirs et des personnes dites LGBTQ à l’égard de la communauté blanche et hétérosexuelle, justifié d’une part par l’esclavage pratiqué dans certains Etats jusqu’en 1865 (sur les cinquante Etats actuels, seulement quinze autorisaient l’esclavage avant 1865), et d’autre part par la répression dont l’homosexualité a longtemps fait l’objet. Alors même que de 1960 à 2023, les Américains Noirs ont bénéficié de programmes officiels de « discrimination positive », c’est-à-dire d’avantages aux études et à l’embauche, jusqu’à ce que la Cour Suprême interdise ces programmes justement parce qu’ils étaient discriminatoires…
Le venin de la DEI vient du fait que sous prétexte de corriger un mal d’antan, elle entretient et attise les divisions dans la société américaine, en « racisant » les citoyens et en soulignant les différences, aux dépens des convergences, avec l’objectif, à peine dissimulé, de détruire cette société de l’intérieur. Ses tenants ont d’ailleurs en commun une détestation avouée de l’Amérique et des valeurs qui ont permis sa puissance…
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Ce venin n’empoisonnera plus l’Amérique. Donald Trump y a mis fin. Tous les programmes liés à la DEI, et tous les départements en charge de son application ont été démantelés. Au sein de l’armée des Etats-Unis notamment, mais aussi au sein des administrations fédérales et des universités publiques.
Dans ce combat, il est essentiel de comprendre que la légalité et le droit sont du côté de l’administration Trump. Ce sont les partisans de la DEI qui ont violé le droit pendant toutes ces années.
Introduire toute considération de race ou de sexe dans les critères d’embauche est une violation du 14e amendement de la Constitution. La Cour Suprême des Etats-Unis s’est déjà prononcée sur la question. Toute discrimination sur la base de la race et du sexe est également une violation du titre VI de la loi de 1964 sur les droits civiques. Toute discrimination sur la base du sexe est une violation du Titre VII de cette même loi, et du Titre IX d’une loi complémentaire de 1972 sur l’éducation. Toute violation de ces règles par une institution – publique ou privée – peut être sanctionnée et entrainer, entre autres choses, l’annulation des subventions fédérales dont l’institution en question bénéficie.
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C’est exactement ce que Trump a ordonné envers certaines universités, dont les plus prestigieuses: Harvard, Columbia, Princeton, Cornell et d’autres. De façon générale, le président Trump a critiqué ces institutions pour leur soumission au « wokisme ». Plus précisément, il a incriminé leur politique de préférence à l’embauche et à l’admission inspirées des principes de la DEI, ainsi que le biais idéologique introduit dans les enseignements, les attaques contre la liberté d’expression observées ces dernières années sur leurs campus ainsi que la violente montée de l’antisémitisme également observée depuis le 7 octobre 2023.
Estimant que ces universités privées avaient renoncé de facto à leur neutralité politique pour s’engager dans un activisme au service de causes radicales, contraires à l’intérêt des Etats-Unis, Trump a supprimé les subventions fédérales dont elles bénéficient pour leurs programmes de recherche. Soit soixante milliards de dollars pour la seule année 2023.
Dans cette bataille Trump a retourné les arguments de la gauche contre les universités. Depuis des décennies élus et activistes démocrates ont menacé de suspendre ces mêmes subventions si les universités ne s’ouvraient pas à la « diversité », euphémisme qui signifiait d’engager des professeurs issus des minorités et marqués à gauche. Ce que les universités ont fait. Transformant les universités en des camps d’endoctrinement. Aujourd’hui Trump leur demande de faire exactement la même chose mais en sens inverse, c’est-à-dire engager des professeurs aux idées conservatrices et favoriser les vrais débats d’opinions sur leur campus.
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Quant au département de l’éducation qui gère l’enseignement primaire et secondaire, il vit ses dernières heures. Donald Trump a demandé sa suppression et a supprimé son financement dans le budget 2026. Dès que ce budget sera voté (probablement d’ici au 4 juillet) ce département, crée en 1979 sous le président Jimmy Carter, et qui n’a jamais permis à l’enseignement américain de briller, cessera d’exister et l’ensemble de la gestion de l’enseignement obligatoire sera rendu à la responsabilité individuelle de chaque Etat.
Au-delà du front universitaire, Donald Trump a ouvert un second front contre les grandes institutions culturelles et artistiques nationales. Trump s’est plaint de la programmation de musées tels que le Smithsonian, plus grand musée de Washington, pour sa dérive idéologique faisant passer pour de l’art ce qui n’est que de la provocation et de la propagande radicale.
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Donald Trump s’est également désigné président du Conseil d’administration du Kennedy Center for the Performing Arts (en tant que président, il en a le droit), immense complexe qui rassemble tous les arts de la scène à Washington. Il y gagne un contrôle direct sur la programmation et entend y limiter la promotion de l’idéologie LGBTQ. Plus de dix mille spectacles sont produits tous les ans à Washington sous le parapluie du Kennedy Center. Les élites progressistes de la capitale américaine ont depuis des décennies mis la main sur cette programmation pour en faire le relais de leurs idées et entretenir toute une coterie d’artistes qui en retour soutiennent et promeuvent leurs idées…
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Trump a également supprimé les subventions fédérales aux chaines de radio et de télévision publiques NPR et PBS. Une suppression réclamée depuis des décennies par les conservateurs qui s’indignaient de voir les deniers publics utilisés pour financer une information biaisée et partisane au service de la cause démocrate et aux relents anti-américains.
Idem pour VOA, « Voice of America », qui a l’encontre de sa mission officielle n’était pas la voix de l’Amérique, mais la voix de la gauche américaine.
Lutte contre l’idéologie Transgenre
Composantes du wokisme dans sa promotion de la « diversité » l’idéologie transgenre s’est également répandu à travers les Etats-Unis ces dernières années comme un feu de prairie. Statistiquement inexistantes voici encore vingt ans, les personnes se revendiquant « transgenre » sont devenues, une force culturelle et politique incontournable. Certes ultra-minoritaire mais avec un impact majeur sur la société et les comportements sociaux.
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Donald Trump a interdit les opérations chirurgicales de changement de sexe sur mineur. Une procédure de plus en plus fréquente, poussée par les lobbys transgenres, parfois à l’insu même des parents. Elon Musk, lui-même, a vu l’un de ses fils, devenir une fille transgenre à l’adolescence et blame la propagande transgenre ainsi que le corps médical et l’enseignement pour leur complicité.
Depuis des années aux Etats-Unis, malgré l’opposition de parents conservateurs, les écoles primaires, voire maternelles, et les bibliothèques municipales font la promotion de l’homosexualité et de la confusion des sexes avec l’organisation de séances de lectures par des personnes travesties (Drag Queen Story Hour). A la place de la lecture des Fables d’Aesop ou du Dr Seuss, les enfants de 3 à 11 ans, sont invités à écouter « Heather à deux mamans » , « Le garçon princesse », « Jacob et sa nouvelle robe » ou encore l’histoire de « Tango le pingouin gay »…
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Dans les lycées et les universités, Donald Trump a interdit à toute personne de sexe masculin de concourir dans des compétitions sportives réservées aux filles. Cela peut paraître absurde mais des dizaines de jeunes athlètes mâles ont été autorisés à concourir dans des compétitions sportives universitaires féminines simplement en s’identifiant comme « fille ». En dépit du désavantage évident où cela place les vraies filles, cette procédure était soutenue (et l’est encore) par toute la gauche et les élus Démocrates. Trump y a mis fin et a menacé de retirer toute subvention fédérale aux universités qui refuseraient d’obtempérer.
Une confrontation juridique majeure entre le gouvernement fédéral et l’Etat du Maine se profile sur le sujet, car la gouverneure démocrate de cet Etat, Janet Mills, refuse d’appliquer les directives fédérales.
De même, aucun criminel de sexe masculin ne sera plus détenu dans une prison pour femme, sous prétexte de s’identifier comme telle. Enfin les toilettes publiques sont à nouveau accessibles aux personnes en fonction de leur seul sexe biologique, indifféremment de leur identification personnelle.
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Guerre économique
Sur le front de l’économie, l’annonce la plus controversée des cent premiers jours reste, sans conteste, celle du 2 avril concernant l’imposition de tarifs douaniers généralisés de 10%, et parfois beaucoup plus, sur les produits importés aux Etats-Unis.
Cette annonce spectaculaire et sans précédent a provoqué la colère des partenaires commerciaux des Etats-Unis, déclenché une mini panique sur les marchés boursiers, et fait les choux gras de la presse dominante qui s’est empressée de titrer sur le « chaos » institué par Trump, et sur l’inévitable crise économique à venir. Aucun doute pour cette presse, Trump est un fou dangereux, qui va plonger le monde entier dans la récession…
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Un mois après, le calme commence à revenir chez les uns et les autres, mais la controverse ne s’est pas encore tue. Pour plusieurs raisons. Un, le pourquoi et le comment de ces tarifs n’a pas été clairement expliqué par l’administration et en conséquence mal compris par le public américain. Deux, l’idée de tarifs douaniers est devenue tabou depuis la grande dépression des années 1930 et avec cette décision Donald Trump s’est mis à dos l’establishment financier international. Trois, la presse dominante adore casser du sucre sur le dos de Trump et elle a trouvé dans se sujet une source intarissable d’histoires négatives à raconter sur les dommages causées par la politique de l’administration Trump.
Pour comprendre cette décision, il faut d’abord la replacer dans son contexte. Ainsi que je l’ai expliqué dans un post précédent (voir Comprendre la politique tarifaire de Donald Trump) la politique tarifaire de l’administration Trump est indissociable de l’ensemble de sa politique économique. Les taxes à l’importation ne sont qu’un pilier de cette politique. Les autres sont la déréglementation, la relance du marché de l’énergie, et la lutte contre le déficit budgétaire et la dette. La finalité de cette politique est une croissance économique forte basée sur une économie de production plus que de consommation et qui passe par la réindustrialisation de l’Amérique.
Les taxes douanières ne sont pas une finalité mais un outil de cette politique. Elles constituent, comme le rappelle régulièrement Scott Bessent, secrétaire au Trésor, à la fois une source de revenus pour le trésor américain (une taxe de 10% sur toutes les importations rapporte plus de sept cents milliards de dollars par an) , un moyen de rééquilibrer les termes des échanges commerciaux en faveur des Etats-Unis, et une invitation pour tous les pays partenaires des Etats-Unis à négocier leur future relation commerciale avec Washington.
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Les uns après les autres, les représentants de commerce des principaux partenaires des Etats-Unis sont venus à Washington renégocier. Le Japon, le Vietnam, la Corée du sud, ont réagi le plus vite et avec le plus de calme. Les Européens ont mis quelques semaines à comprendre, après avoir évoqué des tarifs compensatoires en représailles – la pire des approches possibles, signe d’une incompréhension profonde de la politique américaine et d’une méconnaissance de Donald Trump. Les Anglais ont également signifié leur volonté de s’entendre, de sorte que la menace d’imposer des tarifs élevés, devraient avoir pour résultat une baisse de ces tarifs notamment chez les pays exportateurs. Car ce que la presse oublie régulièrement de souligner est que les pays en question pratiquent eux-mêmes une politique protectionniste contre les Etats-Unis via des barrières fiscales et non fiscales qui bloquent la vente de produits américains, et autres, sur leur territoire. C’est aussi cela que Donald Trump entend changer.
Derrière ce qui s’apparente à un retour du protectionnisme, il y a en fait la dénonciation d’une organisation du commerce international devenue inégale au profit de pays dits en développement et aux dépens des pays industrialisés. Ce système, établi il y a 80 ans, n’est plus adapté à un monde qui n’a plus rien à voir avec celui d’alors. C’est cela la grande ambition de Donald Trump. En finir avec les institutions dites de Bretton Woods et établir un nouveau système adapté à la globalisation.
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Il faut passer d’un système de « free trade » à un système de « fair trade ». Du libre échange à des échanges équitables. Le libre-échange, c’est-à-dire un commerce sans entrave entre nations, n’est possible qu’entre des économies au niveau de développement égal et soumises aux mêmes règles. Les pays asiatiques, plus pauvres, aux régimes politiques autoritaires, et à l’économie moins règlementée que celle des pays occidentaux, ont un avantage insurmontable dans le commerce international. Surtout si leurs entreprises ne sont pas soumises aux aléas du marché ce qui est le cas en Chine. La Chine communiste pratique un capitalisme d’Etat qui fausse le jeu. Depuis plus de vingt ans elle participe au commerce global sans être tenue d’en respecter les règles. Trump y voit un abus qui doit cesser.
Sans surprise d’ailleurs, la Chine communiste de Pékin ne s’est pas manifestée sinon pour imposer des tarifs compensatoires sur les produits américains. La Chine a choisi l’escalade plutôt que la négociation et Trump a répondu, inévitablement, par la surenchère. Les produits chinois sont actuellement sous la menace d’une taxe de 145% à l’entrée aux Etats-Unis. Ce n’est pas un plafond, loin de là. Certains demandent 400% de taxe ! Les produits américains sont sous quasi-embargo en Chine. Pékin a refusé la livraison de plusieurs avions Boeings commandés de longue date.
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Selon Donald Trump, l’issue de cette guerre commerciale sera inévitablement favorable aux Etats-Unis. La Chine exporte pour plus de mille milliards de dollars aux Etats-Unis et elle ne peut pas se passer de ce marché. Les Etats-Unis sont beaucoup moins exposés et peuvent donc mieux encaisser le choc initial. C’est son pari.
La morale de cet affrontement de titans est que le meilleur moyen d’éviter tout tarif douanier est de venir produire directement aux Etats-Unis. Des dizaines d’entreprises l’ont d’ailleurs compris, et depuis le 20 janvier ce sont six mille milliards de dollars d’investissements aux Etats-Unis qui ont été annoncés par des firmes étrangères et américaines. Un chiffre sans précédent qui constitue la fondation d’une croissance soutenue et durable. IBM, Corning, Apple, Nvidia, Oracle, OpenAI, TSMC, SoftBank, Johnson& Johnson, Roche, Elly Lili, Novartis, Toyota, CMA-CGM, Hyundai et beaucoup d’autres géants industriels ont annoncé des investissements massifs pour produire aux Etats-Unis. A la clé, un demi-million d’emplois immédiats et beaucoup plus sur les années à venir.
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Il n’empêche cette guerre a effrayé les marchés boursiers qui ont dégringolé en avril pour se redresser depuis. Monté à 44 700 points le 27 janvier, le Dow Jones, principal indice boursier américain était tombé à 38 000 le 6 avril pour remonter à 41 000 début mai. Idem pour le NASDAQ, indice des sociétés de haute technologie. Le S&P, indice des grandes sociétés, passé de 6 100 le 23 janvier à 4 900 le 8 avril et revenu à 5 600 le 1er mai.
A suivre: Troisième partie, Guerres étrangères