Etats-Unis: La Contre-Révolution Trump après cent jours (3e partie)
Reste la politique étrangère !
Donald Trump s’était vanté de pouvoir faire la paix en Ukraine en « 24 heures ». Il a échoué. Non seulement sur le délai, mais sur la paix elle-même.
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Après trois mois d’une implication quotidienne des Etats-Unis dans le dossier et de négociations avec les deux camps, la guerre en Ukraine se poursuit. Fin avril, la Russie a lancé une salve de missiles sur les populations civiles de Kiev, tout en proposant une trêve de trois jours à partir du 8 mai, juste le temps de célébrer sa victoire de 1945, sans craindre d’attaques ukrainiennes. Proposition surprenante sachant qu’un cesser le feu permanent est sur la table des négociations depuis des semaines…
Donald Trump s’est clairement trompé sur l’état d’esprit des belligérants. Il pensait que l’Ukraine, menacée de perdre son soutien américain serait prête à toutes les concessions nécessaires pour inciter la Russie à signer la paix. Il s’est trompé. L’altercation spectaculaire du 28 février dans le bureau ovale avec le président Zelenski a souligné l’écart de vues entre les deux partenaires.
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Surtout les réticences répétées de Vladimir Poutine et des Russes à venir négocier a souligné le fait que la Russie n’a pas renoncé à son objectif initial, annihiler l’Ukraine, et qu’elle préfère prendre le temps d’y parvenir par la guerre plutôt que de faire la paix.
L’objectif de Poutine a toujours été de faire de l’Ukraine une seconde Bielorussie. Il s’agissait de vassaliser le gouvernement de Kiev pour prévenir toute ingérence occidentale. C’était l’objectif de son « opération spéciale » du 24 février 2022 et c’est la raison pour laquelle celle-ci a ciblé Kiev et non pas seulement les oblasts de l’est du pays.
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Après trois ans de combats, et plusieurs centaines de milliers de morts, Poutine estime qu’il est en mesure de parvenir à cet objectif. Il lui faut simplement plus de temps. La Russie est militairement la plus forte, et elle est capable de forcer son adversaire à capituler. Le coût humain ne compte pas. Seul l’objectif final importe. A partir de là, pourquoi négocier? Sauf à obtenir dans l’accord de paix les conditions d’une future conquête totale voire d’une annexion de l’Ukraine. Cela, les Américains ne sont pas prêts à l’accepter
Dès lors les pourparlers en vue d’un cesser le feu ont été vains. Et Donald Trump a fini par perdre patience. Lui qui était prêt à imposer des concessions importantes à l’Ukraine pour obtenir la paix, a fini par comprendre que la Russie n’était pas un partenaire fiable, qu’elle jouait la montre et l’obstruction, et que les Etats-Unis étaient en train d’être menés en bateau…
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Du coup sa position, d’abord intransigeante vis-à-vis de l’Ukraine s’est modérée, et il a signé le 30 avril un accord sur la future reconstruction du pays en échange d’un accès aux minéraux rares que recouvre le sous-sol ukrainien. Cet accord est essentiel et change la donne. Il engage les Etats-Unis dans la reconstruction de l’Ukraine sur le long terme. C’est la garantie que l’Ukraine ne sera pas conquise par la Russie. Elle devra renoncer, sans doute, à certains territoires, dont la Crimée, mais elle gardera son indépendance et sa capacité à rejoindre le camp occidental et ses institutions…
L’étape suivante pour amener Poutine à la table des négociations est un isolement renforcé du pays, l’imposition de sanctions plus sévères, et surtout son étouffement économique via une baisse des cours du pétrole et des sanctions secondaires sur quiconque l’achèterait. Privé de revenus, Moscou perdra la capacité de financer sa guerre et sera alors plus disposé à discuter. C’est du moins l’objectif des Etats-Unis.
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Ces difficultés sur le font de l’Est, ont été contrebalancées par d’énormes succès sur le front du Proche Orient. L’administration Trump s’est rangée derrière la guerre d’élimination menée par Israël contre le Hamas. Israël s’est engagé à détruire cette organisation terroriste, responsable des massacres du 7 octobre 2023, et l’Amérique de Donald Trump la soutient et la soutiendra jusqu’à ce que cet objectif soit atteint.
Mieux, Donald Trump a souligné l’impossibilité de reconstruire Gaza tel quel et le besoin d’en déplacer la population. Pour lui Gaza est détruit au point où aucune population ne peut espérer y vivre et encore moins y construire un avenir. Dès lors, et dans leur propre intérêt, il faut déplacer les résidents de Gaza et leur offrir une autre perspective d’avenir, ailleurs… Au passage un tel déplacement garantirait la sécurité d’Israël sur son flanc sud. Et il offrirait aux enfants de Gaza un autre avenir que la guerre éternelle et la mort en martyr.
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Personne avant Donald Trump n’avait osé soulever une telle solution à la question palestinienne. Même si celle-ci ne prendra pas forcément la forme voulue par Donald Trump, il ressort des propositions du président américain que la fameuse solution à deux Etats est morte et enterrée. Cette solution, qui était avancée par l’ONU des 1947 et qui avait été alors rejetée par tous les Etats arabes au nom des Palestiniens, tente à présent d’être sauvegardée, non pas comme solution mais comme prétexte pour continuer la guerre.
Les Etats de la région, dont la Jordanie et l ‘Egypte, l’ont bien compris, qui ont pris très au sérieux les propos de Donald Trump et se sont empressés de dire leur incapacité à accueillir les populations palestiniennes de Gaza… Combien de temps leur faudra-t-il pour changer d’avis ?
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Le proche Orient n’est plus le même aujourd’hui qu’il y a deux ou trois ans. Le Hezbollah a été anéanti. Le Hamas est en voie de l’être. La Syrie de Bachar el Assad est tombée. Les Houthis du Yémen sont l’objet depuis plus d’un mois de frappes ciblées de la part des
Etats-Unis qui ont détruit leurs infrastructures, désorganisé leurs moyens de communications, diminué leurs capacités d’attaques et tué des centaines de leurs militants. Quant à l’Iran, le sponsor de la terreur au Proche Orient, il cherche toujours à se procurer une bombe nucléaire pour s’insulariser de la menace américaine, mais il n’a plus ses relais régionaux, et souffre des sanctions dont il fait l’objet. Donald Trump a indiqué que jamais, sous sa présidence, les Etats-Unis ne laisseraient l’Iran obtenir une bombe. Les Israéliens ont dit exactement la même chose.
Dès lors plutôt que d’envisager le pire, Donald Trump a tendu une branche d’olivier aux Iraniens en leur proposant de reprendre des négociations en vue d’un nouvel accord sur le nucléaire. Une issue négociée favorable n’est pas à exclure.
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De même qu’une relance du processus des Accords Abraham de 2020 pour une paix globale au Proche Orient. Aussi invraisemblable et inimaginable que cela puisse paraître, la possibilité de voir Donald Trump parvenir à imposer par la force une paix au Proche Orient est bel et bien une réalité…
Trump était attendu sur ces deux dossiers et sur ces deux théâtres. Il s’est imposé sur un troisième théâtre, le continent américain, en insistant pour : un, reprendre le contrôle du Canal de Panama ; deux, proclamer son intention d’annexer le Groenland ; trois, vanter sa volonté de faire du Canada le 51e Etat américain.
Les Etats-Unis n’avaient pas eu de telles visées impérialistes depuis William Mc Kinley en 1898 !
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Les ambitions de Trump ne sont pas loufoques. Le canal de Panama est une voie d’eau essentielle à leur commerce et ils ont commencé d’en reprendre le contrôle avec la coopération du régime de Panama.
Le Groenland est une immense ile de l’Atlantique nord et du cercle arctique, dont l’intérêt stratégique est évident, face à la Russie ou à la Chine, surtout dans la perspective d’ouvertures de nouvelles voies maritimes. Le Danemark n’a pas la capacité financière de développer cette île, ni la capacité militaire de la défendre. Le sort du Groenland est écrit. Il finira dans l’escarcelle américaine. On ne sait ni sous quelle forme, ni à quelle date, ni après quelles péripéties mais le Groenland sera inévitablement, à terme, sous contrôle, ou assistance, américaine.
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On ne peut pas dire la même chose du Canada, dont Trump n’a cessé de répéter qu’il voulait en faire le « 51e Etat ». Ce territoire immense (plus étendu que les Etats-Unis continentaux) est une nation souveraine du Commonwealth qui a les moyens de sa souveraineté, de sa défense et de sa prospérité et qui est un allié des Etats-Unis. Une conquête par la force est inenvisageable et l’intérêt des Etats-Unis d’en faire un Etat n’est même pas établi.
Un accord de libre-échange liant les deux pays serait plus logique et c’est peut-être l’objectif réel du président américain, qui, comme à son habitude opère avec brutalité pour choquer et surprendre son partenaire afin de l’amener à des concessions.
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Les multiples chantiers lancés par l’administration Trump sont loin d’être terminés. Si les mesures contre l’immigration clandestine ont un effet visible et mesurable immédiatement, la politique économique de réindustrialisation demandera des mois voire des années à donner des résultats.
Par contre il est acquis que ceux-ci seront positifs. Le capitalisme est un système de production redoutablement efficace pour créer de la richesse et de la croissance. L’action de l’administration Trump revient à libérer à nouveau le capitalisme américain enchainé par des décennies d’entraves en tous genres. La crainte des Démocrate n’est d’ailleurs pas que ces politiques échouent, mais bien qu’elles réussissent. Car un tel succès signerait la mort prématurée de leur formation et de leur idéologie.
Le public américain ne s’y trompe pas. Les sondages d’opinion donnent raison à Donald Trump. CNN lui reconnaissait récemment une cote de popularité de 54%, aussi haut qu’il n’a jamais été. Cela, en dépit d’une couverture médiatique à 90% négative.
Le Congrès n’a pour l’instant pas dit grand-chose. C’est le grand absent des cent premiers jours. Il est impliqué à rédiger une énorme loi de réconciliation budgétaire, prenant en compte tous les objectifs de l’administration et gravant dans le marbre les coupes d’impôts votées en 2017 lors de l’administration Trump 1.0.
Cette loi budgétaire devrait être votée et signée avant le 4 juillet.
Elle symbolisera à une date adéquate l’indépendance retrouvée des Etats-Unis et leur entrée dans le fameux « nouvel âge d’or » vanté par Donald Trump.
Il ne faut pas s’y tromper. Quoi que disent les observateurs et quoi qu’écrivent les journaux ici et là, les Etats-Unis sont à l’aube d’une croissance économique phénoménale et d’une nouvelle ère de domination mondiale. A condition que les Républicains gardent le pouvoir. Donald Trump veut réinventer le rêve américain et il s’y emploie via sa contre-révolution. S’il y parvient , il aura gagné sa place au Panthéon des plus présidents américains qui ont le plus transformé l'Amérique… et méritera peut-être d’avoir son visage gravé dans le granite du Mont Rushmore !