Etats-Unis : La Contre-Révolution Trump après cent jours (1ere partie)
Première partie : de la lutte contre l’immigration clandestine à l’assaut contre l’Etat profond.
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Le 30 avril a clos les premiers cent jours du second mandat de Donald Trump à la Maison Blanche. C’est une date symbolique. Non pas en référence aux cent jours de Napoléon en 1815, mais aux cent jours de Franklin Delano Roosevelt (FDR) en 1933.
Devenu président après deux ans d’une crise économique sans précédent, Roosevelt avait réussi à stopper la spirale dépressive et redonner espoir à ses concitoyens, grâce à une série de réformes votées durant ses cent premiers jours. Ce faisant, il avait révolutionné le gouvernement, la politique et l’économie américaines plus qu’aucun de ses prédécesseurs. Ses premiers jours avaient établi les fondations de ce qui allait devenir « l’Etat providence », soit une implication toujours plus étendue du gouvernement dans tous les aspects de la vie des citoyens.
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Près d’un siècle plus tard, Donald Trump est engagé dans une œuvre comparable, mais en sens inverse. En trois mois, il a lancé la plus ambitieuse contre-révolution jamais envisagée aux Etats-Unis. Le terme n’est pas trop fort. Il s’agit bien d’une « contre-révolution ». Donald Trump a pour ambition de détricoter l’immense toile tissée par le gouvernement depuis 1945 et de libérer l’énergie créative et entrepreneuriale du peuple américain. Dans le même temps, il ambitionne de rééquilibrer le système du commerce international tel qu’il existe depuis cette même date, afin de conforter la place des Etats-Unis comme première puissance mondiale et de restaurer son aura sur le monde.
Cette contre-révolution a été conduite à cent à l’heure principalement à coups de décrets présidentiels (Exexutive Orders ou EOs). Il en a signé cent quarante-deux. Un record. FDR en avait signé 99 sur ses trois premiers mois.
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Ni la forme, ni le fond, de cette contre-révolution n’ont eu de quoi surprendre.
Trump est connu pour vouloir aller vite et privilégier une forme de chaos pour surprendre et déstabiliser ses adversaires. Il a appris cela dans les affaires. Pour changer les choses « il faut aller vite et faire de la casse » selon une expression en vogue dans la Silicon Valley. Il s’est donc lancé dans un « blitzkrieg » furieux, agissant sur tous les fronts en même temps.
Donald Trump avait aussi annoncé et détaillé les actions de sa future administration durant sa campagne présidentielle. Dans des dizaines de propos et discours inlassablement répétés. Ses slogans « America First » et « Make America Great Again » (MAGA) annonçaient tout ce qu’il a engagé depuis le 20 janvier : lutte contre l’immigration clandestine, lutte contre l’inflation, relance des énergies fossiles, réduction de la bureaucratie, élimination du wokisme, retour au bon sens commun, réindustrialisation des Etats-Unis, et rééquilibrage du commerce international.
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Les seules surprises sont venues de sa politique étrangère. Trump a restauré la Doctrine Monroe et revendiqué un nouvel impérialisme américain, sur lequel il ne s’était pas étendu avant son élection. Il s’est aussi heurté aux réalités géopolitiques et ses espoirs d’obtenir une paix en Ukraine ont été douchés par l’intransigeance des acteurs du conflit. Par contre son engagement derrière Israël au Proche Orient a été exemplaire.
Tour d’horizon de ce qui a été, sinon accompli, du moins commencé, au cours des cent premiers jours qui ont le plus changé l'Amérique en un siècle.
Immigration clandestine
La lutte contre l’immigration clandestine est le succès le plus probant de l’administration américaine depuis janvier. Donald Trump est parvenu à fermer la frontière sud du pays. Ce que ses prédécesseurs disaient irréalisable sans une nouvelle loi du Congrès, il l’a accompli tout seul en quelques semaines. La frontière avec le Mexique qui, chaque jour de 2021 à 2024, a été franchie par cinq mille personnes en moyenne, et parfois jusqu’à douze mille personnes, connait désormais moins de deux cents passages quotidiens. 178 précisément fin avril. Le flot a été tari. Du jour au lendemain. Il n’y a plus d’entrée massive d’immigrants clandestins aux Etats-Unis. Avec un impact immédiat sur le risque criminel, le risque terroriste et le trafic de drogue.
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Dans le même temps l’administration Trump a engagé l’opération d’expulsion la plus massive de tous les temps. Chaque jour environ mille clandestins, accusés de crimes aux Etats-Unis et parfois déjà condamnés, sont appréhendés et renvoyés dans leur pays d’origine ou mise en détention provisoire sur le sol américain. C’est notamment le cas des membres des gangs MS-13 du Salvador et Tren de Aragua du Venezuela, qui sont envoyés dans le centre de détention pour terroristes de CECOT, au Salvador.
La rapidité d’exécution de l’administration et notamment de la police des frontières (ICE, Immigration and Customs Enforcement) ont provoqué l’ire des démocrates et de plusieurs juges qui ont tenté de bloquer les expulsions, arguant qu’elles sont inconstitutionnelles et privent les victimes de leurs droits. Trump et son gouvernement ont fait appel de ces arrêtés et ces contentieux finiront inévitablement devant la Cour Suprême qui sera amenée à se prononcer dans les mois, ou même les semaines à venir. Ce sera l’occasion de redéfinir clairement l’étendue des pouvoirs présidentiels en matière d’immigration clandestine, ainsi que les limites à l’obstructionnisme judiciaire.
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Pour rappel les interférences de juges fédéraux pour bloquer au niveau national les décisions de l’exécutif n’ont cessé de se multiplier récemment constituant un moyen, totalement contraire au vœux populaire exprimé via la processus électoral, de bloquer l’action du gouvernement. Durant les huit années des deux mandats de George W. Bush il y a avait eu en tout six injonctions de juges contre ses décisions. Puis, douze durant les huit ans de la présidence Obama. Et soixante-quatre durant le seul premier mandat de Trump. Sous Biden le total était retombé à quatorze. Il est de trente-cinq pour les trois premiers mois du nouveau mandat de Trump soit un total de 99. En clair l’appareil judiciaire local est devenu le nouveau recours de l’opposition démocrate pour stopper l’action de l’exécutif et interférer avec le processus démocratique lorsque les Républicains sont au pouvoir.
Lutte contre l’inflation
Sur le front de l’inflation, le prix des principales commodités, dont les œufs – ingrédient incontournable du « breakfast » traditionnel américain - et surtout l’essence ont considérablement baissé. Il fallait 6,50 dollars pour acheter une douzaine d’œufs le 21 janvier, il en faut désormais 3,20. Une baisse de 50%. Le baril de brut (« crude oil ») qui était à 73 dollars le 20 janvier était tombé à 58 dollars le 8 avril. Il est remonté à 63 depuis. Soit une baisse de 15 à 20% qui s’est immédiatement répercutée à la pompe pour les automobilistes américains (et européens mais à moindre impact compte tenu du poids des taxes dans le prix de l’essence en Europe).
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En Géorgie l’essence est retombée par endroit en-dessous de 2 dollars le gallon (soit 4 litres). Le prix moyen national reste de 3,15 $, alors qu’il avait flirté avec les cinq dollars en juillet 2022.
Les Etats-Unis ne connaissent aujourd’hui aucune pression inflationniste à l’intérieur. Ce qui n’empêche pas les médias de dénoncer un « potentiel risque d’inflation importée » présenté par la hausse généralisée des tarifs douaniers que Trump a introduite le 2 avril. Toutefois il ne s’agit que d’un « risque », pas d’une réalité constatée, et ce risque est aléatoire car le niveau des tarifs douaniers en question est actuellement sujet à de multiples négociations et l’impact d’un taxe douanière sur le prix de vente d’un produit fait l’objet de débats.
Relance de l’énergie
Concernant l’énergie, la nouvelle donne verte, (« Green New Deal ») chère aux bobos-écolos est morte et les Etats-Unis sont à nouveau sortis de l’accord de Paris de 2015. Donald Trump a ré-autorisé l’exploitation de gisements d’énergies fossiles, autorisé les exportations de gaz liquéfié, délivré de nouveaux permis d’exploration, notamment en Alaska, immense territoire qui recouvre d’aussi immenses réserves d’hydrocarbure, relancé la production de « charbon propre » et suspendu les permis d’installation de nouvelles « fermes éoliennes ». En clair les énergies fossiles, dont le sous-sol des Etats-Unis regorge ont à nouveau la côte, et les énergies renouvelables sont remises à leur place historique de sources d’énergie d’appoint.
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Trump a établi un « Conseil national pour la dominance énergétique » dont la tâche est d’œuvrer non pas simplement à l’indépendance énergétique des Etats-Unis, ce qui avait été accompli lors de son premier mandat, mais à sa domination sur le marché global.
Trump a également mis fin à l’interdiction des voitures thermiques en 2035. L’administration Biden avait décrété, qu’à partir de 2032 les véhicules électriques devaient constituer 67% des ventes d’automobiles, et 100% trois ans plus tard. Une décision prise sans aucune consultation publique ni débat parlementaire par les seuls bureaucrates non élus de l’Agence pour la Protection de l’Environnement. Trump a mis fin à cette ambition qui tenait du vœux pieux et allait signer la mort de l’industrie automobile américaine.
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A l’opposé il a encouragé la production de véhicules en tous genres – thermiques, hybrides et électriques- sur le sol américain. Pour relancer la filière, en grande difficulté, et soutenir la réindustrialisation des Etats-Unis. De nombreux manufacturiers dont Toyota, Honda, Mercedes, Hyundai et Audi, ont répondu à cet appel, motivés en cela par le souhait d’éviter les tarifs douaniers que le président Trump a commencé d’imposer aux importations de véhicules et de pièces détachées automobiles.
Réforme gouvernementale et lutte contre l’Etat profond
Le DOGE « Department of Governement Efficiency » est la plus spectaculaire création de l’administration Trump 2.0. Et l’opposition qu’elle a suscitée est à la fois un reflet de son succès et une illustration du véritable état d’esprit qui règne à Washington.
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Depuis des décennies les présidents américains, Républicains comme Démocrates, se plaignent d’une bureaucratie tentaculaire, coûteuse et paralysante. Ronald Reagan s’en était plaint dès 1981, Bill Clinton dans les années 1990, Barack Obama en 2012. Tous avaient juré d’agir pour réduire cette bureaucratie.
A l’époque, cette ambition faisait l’unanimité dans l’opinion. Mais tous ces présidents n’ont, en vérité, rien fait. Un discours choc, et rien derrière. Donald Trump, au contraire, qui avait promis d’agir vite et fort pour réduire le pouvoir et l’influence des bureaucrates non-élus, durant sa campagne, s’est attelé à réduire drastiquement la bureaucratie dès son retour à la Maison Blanche. D’abord avec une règle simple : une nouvelle règlementation ne peut être instituée que si dix règles en vigueur sont éliminées. Ensuite avec la création du DOGE dont il a confié la direction à Elon Musk.
La tâché spécifiée à Musk consiste à identifier tous les « abus, fraudes et gaspillages » existant dans les agences et services gouvernementaux, afin d’en informer les directeurs pour que ceux-ci prennent les mesures nécessaires. En trois mois à peine, Musk a mis à jour des dizaines de milliards de dollars de gaspillage, tenant souvent de la négligence, parfois de l’incompétence, ainsi que du détournement pur et simple et d’une forme de corruption. En clair Musk à révélé l’utilisation de milliards de dollars de fonds publics pour financer d’opaques d’officines de propagande progressiste, aux Etats-Unis et à l’étranger.
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Musk aurait dû être célébré comme un héros. Il aurait dû être loué, remercié et récompensé. Car, sans demander aucune compensation, il s’est lancé dans un combat en faveur des contribuables américains, pour s’assurer que leurs dollars, chèrement gagnés, sont dépensés à bon escient et pour des causes servant l’intérêt des Etats-Unis… Mais il a été vilipendé, dénoncé, menacé, attaqué. Les produits de ses sociétés ont été vandalisés et boycottés. Pourquoi ? Parce qu’en s’attaquant à la bureaucratie, c’est-à-dire à l’Etat profond, avec une tronçonneuse, Elon Musk a ébranlé la machine politique démocrate et mis en danger la nébuleuse radicale qui prospère depuis des années sur les subventions masquées du gouvernement. La violence des attaques dont il continue de faire l’objet est d’ailleurs la vraie la mesure du succès de son action.
Pour l’instant DOGE a permis d’économiser 160 milliards de dollars. Soit 10% du déficit budgétaire. Cent vingt mille postes de fonctionnaires ont été supprimés. Cela semble beaucoup mais ça ne représente que 6% des effectifs, soit douze milliards de dollars d’économies par an. Des dizaines d’agences ont néanmoins vu leurs missions redéfinies ou suspendues, indiquant que l’impact de DOGE n’est pas qu’économique mais bien politique…
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A suivre 2e partie : La Contre-Révolution Trump après cent jours guerre culturelle, guerre économique.