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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
23 février 2012

Hollywood : L’homme qui veut dix Oscars pour The Artist.

 

The Artist, et ses 10 nominations, obligent, les Français vont suivre de très près la cérémonie des Oscars, 84e du nom, ce dimanche 26 février. Enfin, à condition de se coucher tard, car les solennités débuteront  à minuit dimanche soir, heure de Paris…

the-artist-oscars

Quel que soit  le sort  réservé au film, et au-delà de ses qualités cinématographiques incontestables,  son succès critique et médiatique aux Etats-Unis doit  beaucoup à un homme.  Non pas Jean Dujardin, acteur fétiche des français au charme débonnaire, mais Harvey Weinstein, le producteur d’Hollywood aux quelques 265 nominations et 86 Oscars.

Harvey-Weinstein

Weinstein a découvert le film au printemps 2011. Après la palme d’Or du meilleur acteur  décernée à Jean Dujardin au festival de Cannes. Il a décidé aussitôt d’en acheter les droits de distribution aux Etats-Unis et de le lancer dans la course aux Oscars. Comme on lance un cheval dans une course d’obstacles.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Les lauréats des Oscars (The Academy Awards en anglais), sont déterminés par le vote des six mille membres de l’ Academy of Motion Pictures Arts and Sciences , qui sont pour 95% des blancs et 77% des hommes. Mais ce vote n’intervient qu’à l’issue de longs mois de promotion, équivalent à une campagne électorale, où il faut faire passer un message, convaincre son auditoire et déjouer les (mauvais) coups de la concurrence.

tarantino & weinstein

Harvey Weinstein a 59 ans. Grand et en surpoids il a le physique d’un ours. Ou d’un ogre. Avec son frère Bob, il a fondé voici trente ans Miramax, une société de production «indépendante » qui possède dans son catalogue des succès comme Pulp Fiction, le Patient Anglais, ou Shakespaeare in Love. Aux Etats-Unis les frères Weinstein se sont fait une spécialité des films d’auteurs européens – ils distribuent  entre autres Pedro Almodovar  et Peter Greenaway – et des séries B d’horreur à succès planétaire comme  Scream.

Miramax vendu à Disney, dans les années 90, contre un gros paquet de millions de dollars, Weinstein est devenu un des piliers du Hollywood bien pensant et engagé. Il contribue à toutes les bonnes causes, lutte contre le sida en tête, et a même lancé une fondation censée vaincre la pauvreté et appelée « Robin des bois »… En 2001 il est fait Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres par Catherine Tasca, ministre de la Culture de Lionel Jospin. En 2008 il soutient Hillary Clinton dans sa campagne malheureuse pour la Maison Blanche.  

the artist duo

Rare erreur de casting, qu’il corrige en 2011 en offrant en avant-première au président Obama le DVD de The Artist. Nous sommes alors au mois d’août, Weinstein a réuni l’équipe  de Michel Hazanavicius, le metteur en scène,   pour leur confier son programme en leur demandant deux choses : un,  suspendre tous leurs projets jusqu’aux Oscars pour se consacrer corps et âmes à la promotion du film ; deux, faire exactement ce qu’il leur dira…

La suite, ce sont des semaines d’avant premières, de conférences de presse et de festivals, avec des allers retours à n’en plus finir entre Paris, New York, Londres, Los Angeles, Toronto ou Madrid, pendant lesquels, le trio  Jean Dujardin-Bérénice Béjo –Michel Hazanavicius se relaient auprès des médias. Dujardin, qui ne parle pas anglais, prend des cours et bénéficie de l’appui d’une traductrice à demeure.  Mais il joue parfaitement son rôle. Son charme, sa bonne humeur et sa simplicité font le reste.  Quand Jay Leno, présentateur vedette, lui demande  « alors, comment est votre anglais ? », il répond   «comme votre français ! » Et il devient le chouchou de l’Amérique.

dujardin does leno

Le film, ne sort d’abord en salles que dans deux villes, New York et Los Angeles. Parce qu’elles disposent d’un public pour les films « art et essais » et de critiques très influents. Puis son circuit de distribution est étendu au fut et à mesure que le « buzz » circule.

L’ensemble est orchestré de mains de maître. Weinstein va même jusqu’à  mobiliser les arrières petites filles de Charlie Chaplin, qui assurent  que leur glorieux  aïeul aurait « adoré » The Artist.

Au long de cette tournée de promotion, une métamorphose quasi imperceptible se produit.  The Artist perd sa qualité de « film français ». Il devient « un film » tout court. Récompensé par la Director’s Guild of America  (l’Association des metteurs en scène), Hazanavicius se présente même comme « un metteur en scène » et non pas « un metteur en scène français ».

DGA

Car apparaître comme un film « français » aux yeux de l’Academy n’est pas forcément un atout.  Les films « étrangers » ont leur catégorie aux Oscars. Mais The Artist est en compétition dans 10 catégories (meilleur film, meilleur metteur en scène, meilleur scénario, meilleur acteur, meilleur second rôle féminin, meilleure cinématographie, meilleure direction artistique, meilleurs costumes, meilleure  musique originale et meilleur montage), en concurrence avec des films « américains ».

Heureusement, le film se prête naturellement à cette évolution. Son titre original est en anglais. Il a été tourné à Los Angeles et dans les studios de la Paramount, avec des vedettes américaines dans les seconds rôles. C’est un film muet. Il ne nécessite pas de doublage. Ni de sous-titres. Or aux Etats-Unis, les doublages sont  notoirement mauvais, et les spectateurs n’aiment pas avoir à lire les sous titres. Handicaps majeurs à la carrière des films étrangers.

the artist poster

Et le film est à la gloire d’Hollywood qui renverra peut-être la politesse. Si ce n’est pas le cas, Harvey Weinstein a d’autres films en compétition aux Oscars pour se consoler.   

the artist with huggie

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