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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
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14 juin 2023

"Get Trump": Pourquoi les accusations contre lui sont une affaire politique

 Donald Trump miami indictment

Pour la deuxième fois en deux mois l’ancien président Donald Trump se retrouve sous le coup d’une inculpation.

 La première remonte au début avril.  Le procureur du conté de New York, un certain Alvin Bragg, magistrat noir de 51 ans, a accusé Donald Trump et sa campagne d’avoir falsifié ses comptes de campagne en 2020.  

 La seconde est tombée le 9 juin et provient du département de la justice des Etats-Unis. Donald Trump est accusé d’espionnage (rien moins) et d'entraves à la justice dans le cadre de la détention de documents classés « secrets » au-delà de son mandat de président. L’acte d’accusation détaille trente-sept chefs d’accusations.

Cette seconde inculpation est plus sérieuse que la précédente. Mais elle n’en reste pas moins politique. Strictement politique.  

Donald Trump a dénoncé ces accusations comme « fausses et fabriquées ». Il a plaidé non coupable et pointé du doigt le président actuel Joe Biden comme la vraie personne derrière cette mascarade judiciaire. « Ce jour vivra dans l’infamie », a-t-il déclaré, en sortant du palais de justice après sa première comparution. « Joe Biden restera dans les mémoires comme le plus corrompu des présidents de l’histoire de notre pays et surtout comme celui qui avec une bande de voyous, de malfrats et de marxistes a voulu détruire la démocratie américaine.»

Joe & Hunter Biden 3

Derrière ces affaires de justice il y a bien la volonté, non revendiquée, mais parfaitement lisible, du camp Démocrate, d’empêcher Donald Trump d’être candidat à la Maison Blanche en 2024. Et s’il parvenait néanmoins à être ce candidat, l’objectif de ces poursuites est de le décrédibiliser auprès de l’électorat indépendant et d’orienter la campagne sur sa personne et son comportement non pas sur le bilan du président sortant et probable candidat démocrate, Joe Biden.

Rien n’a changé depuis la fameuse nuit du 8 novembre 2016.

Depuis que Trump a battu Hillary Clinton pour devenir président des Etats-Unis, en remportant le Collège Electoral malgré un déficit de trois millions de suffrages au plan national (cas de figure légitime et fréquent dans le système électoral américain), le mot d’ordre à gauche – des syndicats d’enseignants aux scénaristes d’Hollywood en passant par la presse bien-pensante, BLM et les associations LGBTQ+ -  a été le même « Détruire Trump ». « Get Trump ! »  en anglais. « Get Trump ! » est, au passage le titre d’un livre récemment paru aux Etats-Unis et rédigé par l’un des avocats de Trump, Alan Dershowitz, professeur à Harvard et social-démocrate convaincu, absolument outré de constater jusqu’où l’opposition Démocrate est prête à aller pour éliminer Trump de la vie politique….

Get Trump

En clair Trump est beaucoup trop dangereux pour les Démocrates et pour « l’Etat profond » pour qu’ils prennent le risque de lui donner une chance de revenir aux affaires.

Du temps de sa présidence le mot d’ordre « Get Trump » s’est traduit par une enquête de deux ans, de 2017 à 2019,  sur « une collusion avec la Russie » qui s’est avérée être une fausse affaire montée de toutes pièces par la campagne d’Hillary Clinton; puis par un procès en destitution au sujet d’un coup de téléphone avec le président Ukrainien ; puis par un confinement forcé et un blocage de la politique économique du président au nom du bien commun durant l’épidémie de Covid -19 débouchant sur une généralisation du vote par correspondance pour le scrutin présidentiel et une participation électorale d’un volume sans précédent jetant de sérieux doutes sur la fiabilité du scrutin...

Depuis qu’il a quitté la présidence le mot d’ordre « Get Trump » s’est traduit par de multiples enquêtes judiciaires dont deux ont déjà débouché sur des mises en examen et dont deux autres pourraient produire les résultats équivalents dans les mois à venir.

Alvin Bragg

La première inculpation est donc venue de New York,  l’ancienne résidence de Donald Trump. Trump est accusé de trente - et une violations de la règle de financement de campagne en 2020. Trump aurait falsifié ses comptes de campagne pour dissimuler un paiement de cent trente mille dollars à une star du X qui menaçait de révéler leur liaison sexuelle. Ces accusations constituent des « délits », pas des « crimes ». Elles ont été élevées au  niveau de « crime » par un artifice juridique que beaucoup estime contestable. Trump a plaidé « non coupable ».  La prochaine étape de la procédure est prévue en décembre et il est possible que d’ici-là, la validité des accusations portées contre lui soit contestée par ses avocats, coupant court toute procédure.

Stormy Daniels

Sur la papier, les  accusations contre Trump dans le dossier des documents classifiés sont plus sérieuses. L’ancien président est accusé de détention illégale de documents classés secrets ayant trait à la défense nationale, d’entrave à la justice, de falsification, de dissimulation et d’élimination de documents liés à une enquête fédérale, ainsi que de faux témoignage.

Il risque 400 ans de prison s’il était jugé coupable de tous les chefs d’accusation et condamné au maximum de la peine prévue…

La surprise de ces chefs d’accusation est qu’ils n’ont pas trait à la loi que régie la gestion de documents présidentiels, le « Presidential Records Act » de 1977, mais qu’ils rentrent dans le cadre du Espionnage Act, une loi de 1917, liée à la dissémination d’informations sensibles.

L’Espionnage Act est une loi votée lors de l’entrée des Etats-Unis dans la première guerre mondiale, à une époque de tensions et de méfiances exacerbées. C’était la première fois que les Etats-Unis entraient véritablement sur la scène internationale, hors de leur sphère…Cette loi a déjà servi  à faire condamner Julian Assange dans l’affaire Wikileaks, Edward Snowden dans le dossier des écoutes téléphoniques de la NSA,  et Bradley Manning (devenu Chelsea Manning après une opération de changement de sexe) le soldat qui avait diffusé les photos de prisonniers victimes de tortures durant l’occupation de l’Irak. Placer Trump aux côtés de tels félons n’est pas innocent…

Ce qui d’ailleurs pourrait s’avérer être bénéfique à l’ancien président.  Dans la perspective d’un procès c’est un jury de citoyen du conté de Miami en Floride, lieu de résidence de Donald Trump, qui serait amené à se prononcer et il est loin d’être acquis qu’il suivrait les directives du Département de la justice en la matière.

Car, et c’est le plus important ici, C’est bien le gouvernement des Etats-Unis qui accuse ici Donald Trump. Il ne s’agit pas d’un petit procureur local à la poursuite de ses quinze minutes de célébrité, il s’agit du département de la justice, branche supposée indépendante et neutre du gouvernement américain.

Jack Smith

C’est le procureur indépendant Jack Smith qui a décidé des chefs d’inculpation. Jack Smith a été nommé à cette fonction par Merrick Garland, le garde des sceaux des Etats-Unis. Et Merrick Garland a été placé à son poste par Joe Biden, le président élu en 2020. Joe Biden est candidat à sa réélection en 2024 et Donald Trump est lui-même candidat et grand favori pour emporter la nomination républicaine en 2024. En clair le président actuel utilise sa fonction et son gouvernement pour éliminer son adversaire politique le plus dangereux...

Donald Trump rally Ohio 2021

Cette seule notion devrait donner le frisson à n’importe quel citoyen américain soucieux de la protection des libertés individuelles sensées être au cœur des institutions américaines…

Le garde des Sceaux, Merrick Garland aurait pu désavouer son procureur spécial. Mais il ne l’a pas fait. Alors même que le cas de M. Trump n’est pas unique et que jamais jusqu’à présent de tels actes n’avaient eu de telles conséquences.

Merrick Garland

Avant Trump, les présidents Barack Obama et Bill Clinton ont tous les deux été pointés du doigt pour avoir conservé des documents classifiés sans y être autorisés. Ils n’ont jamais été mis en accusation et les différents se sont résolus avec les archives nationales américaines à l’amiable.

Mike Pence, le vice-président de Donald Trump, est lui-même mis en cause pour avoir conservé quelques documents classifiés sans autorisation. Il s’en est excusé, a plaidé l’erreur et l’ignorance et a tout remis aux archives.

Joe Biden Corvette

Joe Biden lui même, président en exercice a reconnu détenir des cartons entiers de documents classés secrets, certains entreposés dans son garage, à côté de sa voiture de sport, une Corvette décapotable. D’autres cartons ont été retrouvés dans ses bureaux de l’Université de Pennsylvanie, au sein d’un centre portant son nom, « Le Penn Biden Center », financé par de généreux donateurs proches des dirigeants de la Chine …

Joe Biden Penn Biden Center

Au contraire de Donald Trump qui était président et qui avait donc le pouvoir de déclassifier tous les documents en sa possession, rendant toute procédure juridique contre lui impossible, Joe Biden était vice-président et n’avait donc pas une telle autorité. De plus, des documents classifiés datant de ses années de sénateur ont également été retrouvés chez lui. Les sénateurs n’ont pas accès à des documents classifiés. Ils peuvent les « consulter » dans des pièces protégées mais jamais les sortir… A moins  de le faire en douce. Et de commettre un délit. De telle sorte que pour que Joe Biden ait en sa possession de tels documents il a inévitablement fallu qu’il les subtilise de façon totalement illégal… Mais aucune accusation n’a été portée contre Joe Biden.

Pourtant lui aussi fait l’objet d’une enquête par un procureur spécial. Le nom de ce dernier est Robert Hur ! Il a été mis à sa fonction en novembre 2022, à peu près à la même époque que Jack Smith, mais on attend toujours le moindre rapport de sa part…

Robert Hur

Enfin il y a le cas Hillary Clinton.   Durant ses années en tant que secrétaire d’Etat (2009 à 2013)  Hillary avait utilisé un serveur privé non sécurisé pour nombre de ses communications digitales. Des informations top-secrètes avaient ainsi été disséminées dans la nature. Une fois découverte Hillary avait effacé des milliers d’emails et détruit des téléphones portables à coups de marteau et d’eau de javel, pour masquer l’ampleur des fuites et la quantité des informations sensibles qu’elle avait pu ainsi mettre à la portée des ennemis de l’Amérique. Mais elle n’avait jamais été poursuivie. En juillet 2016 au plus fort du scandale des emails d’Hillary, le directeur du FBI d’alors James Comey avait jugé qu’elle avait fait preuve d’une « extrême négligence » mais que son comportement n’était pas « criminel » et qu’aucun « procureur raisonnable » ne pouvait en toute conscience engager des poursuites contre elle.

Hillary-clinton-blackberry

Les faits reprochés à Donald Trump sont beaucoup moins graves que ceux reprochés à Hillary Clinton en 2016 mais il est de plus en plus évident aux Etats-Unis qu’il existe une justice pour les Démocrates et une autre pour les Républicains, en particulier Donald Trump.

L’objectif est de le mettre en prison si possible (très, très peu probable à ce stade) mais surtout de l’empêcher de se présenter à la Maison Blanche. Ses accusations pourraient profiter à certains de ses adversaires dans la course à la nomination. Chris Chrisite, gouverneur du New Jersey s’est déjà désolidarisé de l’ancien président. De même que William Barr, son ancien garde des sceaux qui a décrit comme « accablant » le dossier réuni contre lui par le département de la justice.

Par sûr que les électeurs se laissent aussi facilement convaincre. Selon un sondage CBS 75% des électeurs républicains ont affirmé que pour eux les accusations étaient motivées par des considérations « politiques ». Six sur dix ont dit que ces accusations ne changeraient pas leur vote en faveur de Trump. Et près de deux sur dix ont affirmé que ces accusations affectaient « favorablement » leur opinion de Trump. Seulement 7% des personnes interrogées ont dit que cela avait impacté défavorablement leur vision de l’ancien président.

Donald Trump acquitted Again

Début avril, la cote de Trump avait même progressé après sa mise en accusation par le procureur Bragg.

Quoi qu’il arrive, les institutions américaines autorisent une personne mise en accusation (et donc présumée innocente) à faire campagne. Un repris de justice peut se présenter à la Maison Blanche et même un détenu peut le faire.  Cela s’est déjà produit dans l’histoire. C’était en 1920 et le candidat était Eugene V Debbs, un socialiste. Il avait rassemblé six millions de votes. Son meilleur score en trois tentatives…

Trump peut en sourire. L’acharnement judiciaire dont il fait l’objet en dit néanmoins très long sur l’état de délabrement de l’Amérique et sa transformation en une république bananière sous le contrôle du parti Démocrate.

 

 

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