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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
7 mars 2024

Trump et Biden remportent le Supermardi, et maintenant...?

Entretien pour le site Factuel ( publié le 7 mars 2024)

 Donald Trump a encore remporté une grande victoire électorale pendant ce "Super Tuesday". Qu'est ce qui peut désormais s'opposer à son investiture par le parti républicain ?

Donald Trump est en effet sorti large vainqueur dans tous les Etats qui tenaient leur primaire à l’occasion de ce « supermardi », soit plus d’une douzaine. Il a notamment remporté la Californie, le Texas, la Caroline du Nord, la Virginie. En fait il a remporté tous les Etats sauf un, le Vermont,  un petit Etat rural de Nouvelle Angleterre largement dominé par un électorat riche et progressiste. Mathématiquement il ne lui manque plus que deux cents délégués environ pour être assuré de la nomination. Il devrait les obtenir lors des prochains scrutins, au plus tard le 19 mars lors de la primaire en Floride, son Etat de résidence.  

Dès lors rien dans le processus politique ne peut plus s’opposer à sa nomination. Mais un élément extérieur pourrait encore perturber cela, notamment les retombées des poursuites judiciaires dont il fait toujours l’objet. C’est ce sur quoi les Démocrates continuent de compter pour lui barrer la route du 5 novembre. Obtenir sa disqualification par les juges. Pour l’instant cette stratégie ne fonctionne pas. En plus de sa victoire politique lors de ce supermardi, Trump avait remporté la veille une grande victoire juridique à travers la décision unanime de la Cour Suprême d’annuler la décision des juges du Colorado lui interdisant de se présenter.

 

Face à ce nouveau revers, Nikki Haley va-t-elle abandonner rapidement la course à l’investiture ? Après son abandon probable maintenant, quel rôle pourra-t-elle jouer dans la campagne de Donald Trump ?

Nikki Haley a sauvé l’honneur en remportant la primaire du Vermont. C’est insignifiant en nombre de délégués - elle en a moins de cent quand Trump en a presque mille (il en faut mille deux cents pour emporter la nomination) – mais cela lui a  permis de sortir la tête haute. Sa cause était sans espoir mathématique et elle a pris la bonne décision, au bon moment. Elle aurait d’ailleurs pu se retirer plut tôt car il était évident depuis le 26 février et sa défaite dans son propre Etat de Caroline du Sud qu’elle ne l’emporterait pas.

Cependant, elle est restée en course pour démontrer sa détermination personnelle et pour faire passer un message « anti-Trump » qui risque de poser des problèmes aux Républicains dans un avenir immédiat. Elle n’a pas pour l’instant « endossé » officiellement la nomination de Donald Trump. L’idée qu’elle puisse être sa vice-présidente me semble totalement exclue, trop d’animosités personnelles entre eux, trop de divergences de vues, notamment en politique étrangère.

Son rôle, si elle veut rendre service au parti républicain et à Donald Trump doit être à présent de rassembler le centre en sa faveur. C’est-à-dire de souligner qu’en dépit des défauts du personnage, et de ses désaccords avec lui, ce qu’elle a amplement souligné durant sa campagne, Trump est infiniment préférable à Joe Biden en novembre  et que certains électeurs doivent donc voter pour lui, non parce qu’ils sont d’accord avec lui mais parce que voter contre serait précipiter l’Amérique dans un abysse. Si elle est capable de faire passer ce message alors sa présence sera utile.

Si au contraire elle garde ses distances, cela pénalisera Trump, le parti républicain et le propre avenir de Nikki Haley sous l’étiquette républicaine.

Le duel Biden/Trump annoncé semble ne pas satisfaire de nombreux Américains et l’on voit apparaître certaines candidatures alternatives comme celle de Robert Kennedy Jr. Comment analysez-vous l’essor de cette troisième voie ?

Il est vrai que dans les sondages deux Américains sur trois ne se disent pas satisfaits du choix qui leur est proposé. Selon une enquête de la chaîne ABC, 86% des Américains jugent que Biden est trop vieux pour être candidat. 52% des Américains ont toujours une opinion « défavorable » de Trump,  un pourcentage en baisse mais qui reste élevé. De sorte que le moment semble idoine pour une candidature tierce.

Et il y aura en effet un troisième candidat en novembre, Robert Kennedy Jr qui a monté une campagne d’ « Indépendant ». Ses chances de l’emporter sont cependant quasi nulles. Il n’a ni les moyens financiers, ni la notoriété, ni les relais médiatiques, ni surtout la logistique nécessaire sur le terrain. Monter une campagne présidentielle aux Etats-Unis quand on part de rien est extrêmement difficile. Il faut cinquante organisations différentes, une par Etat. Parvenir à faire inscrire son nom sur les bulletins de vote demande des quantités de signature qui nécessitent des gens sur le terrain. Pour l’instant Kennedy n’est inscrit que dans 5 Etats sur 50 ! Il ne peut pas gagner, mais il peut faire perdre. D’ailleurs, il vise d’abord les « swing states », les Etats décisifs où le scrutin sera très serré et où une différence de quelques voix peut tout changer. Il prend plus de voix à Biden qu’il n’en prend à Trump et pourrait être un facteur décisif en novembre.

Une autre organisation qui se veut apolitique appelée « No Label » (sans étiquette) a également indiqué réfléchir à présenter un duo de candidats en novembre. Et il y aura aussi un candidat écologiste et un candidat libertarien. De sorte que le vote pourrait être plus éparpillé qu’à l’habitude. Pour moi, ces circonstances favorisent Donald Trump dont le socle est le plus large, le plus convaincu et le plus motivé.

Quelles seront les thématiques sur lesquelles va se jouer le duel annoncé Biden/Trump ?

Biden fera campagne contre Trump et le mouvement « MAGA » (Make America Great Again) qui seront vilipendés comme une menace contre la démocratie. Ce sera une campagne par défaut et qui jouera sur les peurs, comme en 2020. En politique le « non » est plus mobilisateur que le « oui ». On rassemble sur ce qu’ils ne veulent pas des électeurs qui ne sont pas forcément d’accord sur ce qu’ils veulent. La campagne de Joe Biden sera une campagne contre Trump.

La logique voudrait que Biden fasse campagne sur son bilan, puisqu’il brigue un second mandat mais celui-ci n’est pas reluisant. Et encore moins apprécié par les électeurs. A l’automne Biden a prononcé plusieurs discours pour vanter ses « bidenomics », c’est-à-dire sa politique économique. Les sondages d’opinion ont immédiatement démontré que ce message ne résonnait pas auprès des électeurs. Au contraire. Une majorité d’Américains, et surtout les ménages les plus modestes, estiment que leur niveau de vie a régressé en quatre ans. C’est une statistique alarmante pour Biden, car les Américains votent toujours avec leur portefeuille en tête. Il a donc abandonné ce discours pour en revenir aux fondamentaux de « l’anti-trumpisme »

Côté Républicain, Trump fera campagne pour « sauver l’Amérique » des politiques suicidaires mises en place par l’administration Biden. Au passage il épinglera aussi « Crooked Joe », « Joe l’escroc » en référence aux affaires de corruption et de trafic d’influence qui lui valent d’être visé par une enquête en vue de sa destitution (« impeachment ») de la part du Congrès.

Concrètement Trump dénoncera une immigration clandestine hors de contrôle, une criminalité urbaine et rurale qui explose, une inflation galopante, une politique énergétique désastreuse, un tissu industriel et manufacturier à reconstruire, une faillite de l’école publique, et une posture internationale faible qui laisse les Etats voyous et les ennemis de l’Amérique semer le chaos sur la planète.

Mais par-delà ces questions particulières, il y a deux visions de l’Amérique qui s’opposent. Une vision traditionnelle vantée par Donald Trump, dont les valeurs sont la liberté, la religion, la famille et la libre entreprise, et une vision véritablement révolutionnaire proposée par les radicaux du parti démocrate au pouvoir depuis 2021. L’administration actuelle mène depuis trois ans une véritable révolution culturelle (doublée d’une révolution économique) qui met en avant des valeurs opposées à celles des Pères Fondateurs de l’Amérique. Le véritable enjeu est là. Le thème essentiel de la campagne sera : « Quelle Amérique pour demain » ? 

 

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