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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
30 janvier 2013

Immigration: La question sans fin

Obama appelle à régulariser 11 millions de clandestins présents sur le sol américain ! Les démocrates et républicains du Congrès le suivent. Mais la réforme ne résoudra pas pour autant  la question de l’immigration…

immigration the changing face of AmercaTrois propositions en trois jours. La question de l’immigration,  une des priorités  du son second mandat du président Obama, est l’objet de toutes les attentions aux Etats-Unis. Un texte de loi pourrait être déposé devant le Congrès dès ce printemps. Mais qu’il soit  approuvé ou rejeté, ce texte ne résoudra pas durablement la question de l’immigration, surtout clandestine.
Cette question n’est pas nouvelle. D’autres lois, louées en leur temps, ont été passées. Elles ne l’ont pas fait disparaître. Pour deux raisons. Un, l’immigration clandestine est intégrée à certains secteurs économiques américains. Deux  les immigrants ne lisent pas la loi avant de venir. Les phénomènes migratoires répondent à des problématiques humaines et économiques sur lesquelles les législations n’ont que peu d’impact.

Obama immigration speech Las Vegas january 29 2013
Le 29 janvier, à Las Vegas, dans le Nevada, Etat qui compte 27% d’hispaniques, c’est à dire d’Américains d’origine latino-américaine, le président Obama a appelé à une « réforme de l’immigration marquée sceau du bon sens », « une réforme qui offre un chemin vers la citoyenneté aux 11 millions de sans papiers présents sur notre territoire. »
La veille à Washington, huit sénateurs, quatre Républicains et quatre Démocrates avaient présenté les grandes axes d’une telle réforme: régularisation progressive  des clandestins, renforcement du contrôle des frontières, vérifications plus sévères auprès des employeurs susceptibles d’engager des sans-papiers, visas de travail accordés aux étudiants étrangers désirants rester aux Etats-Unis après leurs études.
Enfin John Boehner, le « Speaker » de la Chambre des Représentants, a confié qu’une «  réforme est nécessaire ». Un groupe de parlementaires travaille d’ailleurs sur le sujet « depuis quatre ans » et il a « pleine confiance » dans leur projet. 

Immigration history legal immigrants by decade
Les Etats-Unis sont une « nation d’immigrants ». Le pays a été peuplé par vagues successives, depuis le XVIIe siècle. Les plus importantes ont été celles de la décennie 1850, période de famine et de crise en Europe, puis de 1890 à 1910, à l’heure de l’urbanisation et de l’industrialisation. Le pays a fermé ses portes entre 1924 et 1965 instaurant un système de quotas nationaux. En 1965 ces quotas ont été levés et les Etats-Unis connaissent depuis la plus forte vague migratoire de leur histoire. Plus de quarante millions de personnes.  Un million d’immigrants acquièrent la nationalité américaine chaque année. Tandis que le nombre des clandestins est passé de moins d’un million en 1970 à 12 millions en 2010. Ces nouveaux Américains  proviennent principalement du Mexique, d’Inde, des Philippines et de Chine. Depuis la chute du mur de Berlin les pays d’Europe de l’Est sont à nouveaux fournisseurs d’immigrants, mais dans des proportions moindres que l’Amérique latine ou l’Asie.

illegal-immigrants-in-the-us
Ce phénomène contribue certes à l’expansion démographique des Etats-Unis, mais il pèse sur les dépenses sociales. Ces nouveaux immigrants sont souvent peu qualifiés, ne parlent pas anglais à leur arrivée et ne correspondent pas au besoin du marché du travail. Le regroupement familial permet aux personnes âgées de se joindre aux familles et de bénéficier d’une aide sociale sans avoir jamais contribué au système. Parallèlement, les enfants nés aux Etats-Unis d’immigrants clandestins ont la pleine nationalité américaine et sont donc pris en charge par l’Etat pour l’éducation et la santé. Plus que le gouvernement fédéral, ce sont les Etats qui déplorent cette situation, parce que ces dépenses sociales leur échouent alors qu’ils n’ont pas leur mot à dire sur la législation et ne maîtrisent pas leurs frontières. 

immigration anti-illegal immigration demonstration
  immigration mexican immigrant demonstration

 

 

 

 

 

 

 

Du coup certains Etats ont imposé leurs propres restrictions. C’est le cas de l’Arizona, qui partage sa frontière sud avec le Mexique. Depuis 2010 toute personne ne pouvant prouver son statut de résident légal peut être arrêtée et déportée...

arizona-jan-brewer-illegal-immigration
La question de l’immigration a occupé la campagne présidentielle de 2012 et les Républicains ont été critiqués pour leur intransigeance, notamment quant à la régularisation des clandestins. Avec pour conséquence de voir les électeurs hispaniques se détourner massivement du candidat républicain.  Mitt Romney a emporté 27% de ce vote, Barack Obama 70%. Dans des « swing states », comme la  Floride, le Colorado ou le Nevada, cet écart a fait l’élection.  C’est le pire score d’un candidat républicain. Mc Cain avait emporté 34% de ce vote et George W. Bush 44%.Or la minorité hispanique est le segment de population qui augmente le plus vite aux Etats-Unis et dont l'influence économique et politique sera la plus importante dans les trois décennies à venir!

Hispanic Pop US census and projectionshispanics in US
 

D’où le désir soudain des Républicains de coopérer avec leurs rivaux démocrates pour faire passer une réforme de l’immigration plus favorable à cette communauté.  Si la manœuvre a un sens politique, elle n’a aucune chance de résoudre la question de l’immigration. 
Les Etats-Unis partagent une frontière terrestre longue de trois mille deux cents kilomètres avec le Mexique. C’est la frontière la plus traversée au monde. Légalement et clandestinement. Près de quatre cent millions de passages par an. Les tentatives pour la sécuriser ont toutes échoué. L’idée d’un « mur », un temps envisagée a été abandonnée. Trop cher. Trop peu fiable. 

  
border-patrol

Les clandestins la franchissent parce qu’ils cherchent du travail et qu’ils sont sûrs d’en trouver de l’autre côté. Les secteurs du bâtiment, de la restauration, de l’agriculture, et des services à la personne, dans tous les Etats de l’Ouest et du Sud des Etats-Unis ont recours à une main d’œuvre bon marché. Il s’agit de secteurs « gris » où une forme d’économie souterraine perdure. Nombre de politiciens ont appris à leurs dépens que leur propre jardinier ou nounou était en fait un clandestin…  Régulariser cette main d’œuvre ne sert qu’à la déplacer vers un autre secteur économique, et inviter une nouvelle vague de clandestins à venir la remplacer.

L’immigration clandestine épouse les cycles économiques. Le Pew Hispanic Center on Mexican Immigration, un institut de recherche, a constaté que le nombre de clandestins présents aux Etats-Unis a reculé entre 2008 et 2012, années de crise.  Les entrées ont chuté de six cents mille par an à cent cinquante mille. Les départs volontaires ont augmenté pour totaliser un million et demi de personnes sur cinq ans. L’idée « d’auto-déportation » prônée par Mitt Romney et qui lui avait valu les railleries des médias, est en fait mise en pratique tous les jours par les immigrants eux-mêmes. Ils viennent pour du travail. Ils repartent s’ils n’en trouvent pas et n’ont aucune autre ressource sur place.

immigration Mitt romney campaign poster
En 1986 les Etats-Unis avaient régularisé près de six millions d’immigrants clandestins, pensant résoudre ce phénomène. Vingt-sept après ils sont deux fois plus nombreux à attendre une nouvelle « amnistie ». 

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