En Libraire: Une Autre Histoire de Londres, Boris Johnson
Quel Lien existe-t-il entre l’empereur Hadrien, l’écrivain Geoffrey Chaucer, le banquier Nathan Mayer Rothschild, le peintre Joseph Turner, et le « rolling stone » Keith Richards ? Ils appartiennent tous à l’histoire de Londres. Même si le premier ne parlait pas anglais, et si le troisième était un sujet naturalisé. Et ils font tous partie de la galerie de personnages dont Boris Johnson dresse le portrait dans son « Autre Histoire de Londres ».
Londres est la sixième ville… française (400 000 nationaux de l’hexagone y résident) et une capitale mondiale. Une charmante bourgade de huit millions d’habitants à deux heures de Paris, carrefour du commerce et des cultures, centre de la finance, au dynamisme légendaire. Londres c’est la ville qui a eu les J.O. à la place de Paris. Bertrand Delanoe en pleure encore.
Boris Johnson, lui, est ce jeune homme un peu empâté à la tignasse blonde généralement mal peignée, qui adore se moquer, dans un français à fort accent british, de François Hollande et sa bande de tristes sires qui passent aujourd’hui pour le gouvernement de la France. Lui est un « Tory », un conservateur, un libéral, c'est à dire un homme épris de liberté. Et il ne s’en excuse pas. Comme il a le verbe truculent et qu’il garde rarement sa langue dans sa poche cela donne parfois des morceaux de choix de poésie politique…
Boris Johnson est également le maire de Londres depuis 2008. Diplômé de lettres classiques et ancien journaliste, c’est un féru d’histoire, la grande comme les petites. Son livre fait honneur aux deux. Et si certaines des anecdotes qu’il rappelle tiennent surtout de la légende, qu’importe c’est de cela dont se nourrit l’Histoire.
Certes à le lire on croirait que Londres a tout inventé. L’autobus à Impérial, c’est vrai, mais aussi la bicyclette, c’est faux, le jeu de ping-pong, c’est vrai, et le football, c’est faux, (ce dernier jeu trouve ses origines dans la guerre, le ballon ayant été au départ la tête du guerrier vaincu). Plutôt que rechercher une vérité historique, il vaut mieux se laisser porter par les récits, comme par les flots, longtemps nauséabonds, de la Tamise. On découvrira que c’est le fils d’un huguenot français qui a inventé les égouts modernes et sauvé la ville du choléra ; que les « tabloids » ces journaux populaires typiquement britannique sont la création d’un certain W.T. Stead au XIXe siècle; que le grand incendie de la ville fut la faute d’un pâtissier ; et qu’au XIVe siècle un certain Richard Whittington fut réélu quatre fois maire de Londres.
On notera au passage que ce personnage avait toutes les qualités propres à... Boris Johnson. Tout comme un certain John Wilkes, parlementaire du XVIIIe siècle, qui fut tout à la fois aristocrate, aventurier, pamphlétaire, journaliste, radical, libertin et surtout défenseur farouche de « sa » et de « la » liberté ». Bref un héros pour notre auteur, dont les lignes, pas toujours politiquement correctes, rappellent que l’excentricité est une forme essentielle de la liberté.
Une Autre Histoire de Londres, Boris Johnson, éditions Robert Laffont, 340 pages, 21 euros