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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
1 février 2015

Superbowl XLIX: Sous le sulfureux (mais profitable) parfum du scandale

 

Superbowl XLIX Patriots vs Seahawks

Ce dimanche 1er février, à 18h30, heure de la côte est des Etats-Unis, (00h30 lundi 2février, heure française) sera donné le coup d’envoi du « Superbowl XLIX », c’est-à-dire de la 49e édition de la grande finale du championnat de football américain.
Le match opposera les Seahawks de Seattle, vainqueur du Superbowl XLVIII, et donc tenants du titre, aux Patriots de Nouvelle Angleterre, déjà trois fois vainqueurs (en 2002, 2004 et 2005).
Deux équipes venant des deux extrêmes des Etats-Unis. D’une part, la ville de Boston, sur la côte atlantique, berceau de l’Amérique coloniale, puritaine et aristocratique, et de l’autre Seattle, dans l’état de Washington à l’extrême nord-ouest, en bordure du Canada et du Pacifique, la ville de Boeing, Microsoft et Amazon, de Jimmy Hendrix, Nirvana et Pearl Jam.

Superbowl XLIX Dreamgame

Mais le Superbowl est désormais bien plus qu’un simple match de football (voir mon post du 2 février 2012 pour un développement complet à ce sujet http://geraldolivier.canalblog.com/archives/2012/02/02/23419182.html).
C’est une célébration nationale, non officielle; la troisième plus importante de l’année après la Fête de l’Indépendance (le 4 juillet) et Thanksgiving (dernier jeudi du mois de novembre). Une grande fête patriotique où l’on écoutera l’hymne national ( difficile à  chanter), et où l’on chantera « America The Beautiful », un hymne religieux à la gloire de ce « beau  pays béni de Dieu » (ce sont les paroles de la chanson).

Super_Bowl_national anthem

Les gens vont se réunir entre amis, pour, non pas simplement regarder le spectacle, mais partager un moment d’intenses émotions. Ils vont boire, manger, parier, rire ou pleurer. Les hommes parleront  ballon et les femmes discuteront mecs, chansons et chiffons…

Superbowl party food

Aux Etats-Unis le sport a toujours été un moyen d'accéder à l'américanité, et le football opère comme un unifiant culturel. Car il est une forme de théâtralisation de l'histoire américaine. C’est un jeu de "gagne-terrain". On part de son "en-but" et il faut traverser tout le terrain pour parvenir avec le ballon jusqu’à "l’en-but" adverse. Or l’histoire des Etats-Unis c’est l'histoire de la conquête d’un continent. Les colons sont partis de la côte Atlantique, où ils ont débarqué au XVIIe siècle, pour arriver deux siècles plus tard jusqu'à la côte du Pacifique, en ayant conquis tous les territoires entre les deux. Que les deux finalistes de ce superbowl XLIX soient eux-mêmes de ces deux côtes ne fait que renforcer cette symbolique.

Superbowl 1

Le Superbowl est une communion nationale autour des valeurs américaines illustrées par le football américain. Au-delà des simples qualités athlétiques, ce sport (que les Américains appellent toujours un « jeu ») demande force, courage, sang-froid, vitesse, agilité, travail, discipline, esprit d’équipe, capacité à se surpasser, à réagir sous pression et même à improviser dans l’urgence. Des qualités qui font aussi les bons soldats, héros de tous les temps pour les Américains.

Superbowl patriotism

Le Superbowl, apothéose de la saison de football, est chaque année le programme de télévision le plus suivi aux Etats-Unis. On attend aujourd'hui plus de cent quinze millions de téléspectateurs en moyenne sur les trois heures trente que dure le match. Avec une pointe à cent quatre-vingt millions, sans doute, pendant le spectacle de la mi-temps. Soit plus d'un Américain sur trois et parfois un sur deux.  C’est donc le rendez-vous à ne pas manquer pour les marques et les agences de publicités qui ont transformé ce dimanche appelé « Superbowl Sunday» en événement culte à la gloire de la pub.

super-bowl-commercials-2012-header

Mais le match de cette année se déroule dans une atmosphère particulière, celle du scandale. La vénérable NFL, « National Football League », fondée en 1920, qui chapote le football professionnel américain et dont le chiffre d’affaires avoisine les dix milliards de dollars, (avec un objectif de vingt-cinq milliards de dollars pour la prochaine décennie), a vu sa réputation ternie par des affaires déplorables à la fois sur le terrain, et hors du terrain.
Selon les termes de Roger Goodell, le commissaire de la NFL « l’année a été difficile » !
Au printemps dernier un des joueurs vedettes de la ligue a été impliqué dans une affaire de violence conjugale qui lui a valu d’être exclu de son club et suspendu indéfiniment. Mais la plainte contre lui a été levée, il a gagné son procès contre la ligue et le voici de retour, si un club veut bien l’engager… Quelques semaines plus tôt un autre joueur avait eu à répondre d’accusations de violences contre un enfant et avait été également suspendu.  La NFL dépend largement des sponsors que sont les grandes marques américaines pour ses revenus (Mc Donald, CocaCola, Disney, etc). Pas questions pour celles-ci d’être associées à de tels tumultes. Le comportement des joueurs en dehors du terrain se doit d’être exemplaire, il en va de la survie de la ligue. Ce n’a pas été le cas récemment.
Et ça ne l’a pas été non plus sur le terrain ! Lors de la finale de la conférence américaine, le 18 janvier dernier, entre les Patriots et les Colts, les arbitres ont découvert, après le match, que les ballons utilisés par l’équipe des Patriots étaient systématiquement « sous-gonflés ». La pression de l’air dans le ballon ne correspondait pas aux normes spécifiées dans le règlement de la ligue.

Tom brady- Bill belichick

C’était une infraction manifeste. Voire une tricherie ! L’affaire n’a pas encore été éclaircie, mais elle a jeté le discrédit sur toute l’équipe des Patriots, en particulier leur « quarterback » vedette Tom Brady, (37 ans et trois victoires dans le Superbowl à son actif) et leur entraineur, Bill Bellichick. D’autant qu’en 2007 ces mêmes Patriots et ce même Bellichick avaient déjà été sanctionnés pour avoir espionné une équipe concurrente.
Lors d’une conférence de presse le 30 janvier – soit 48 heures avant le Superbowl – Roger Goodell, le commissaire de la NFL a annoncé, un peu piteusement que l’enquête était toujours en cours. Ce qui signifiait que la sanction si, et quand, elle tomberait serait financière et non pas sportive…

Roger Goodell, NFL Commissionner

Cette décision a un peu plus noirci la réputation d’un commissaire, très apprécié de ses pairs, les propriétaires d’équipes de football, mais beaucoup moins des fans. Arrivé en 2006 avec un salaire annuel de 6 milllions de dollars, soit beaucoup plus que la majorité des joueurs (le salaire moyen d’un joueur de football professionnel de la NFL est de 1,4 millions de dollars), Goodell a touché en 2014, 44 millions de dollars, soit une augmentation de 700% en 7 ans… La NFL est une association à but non lucratif. Elle ne dégage pas de bénéfices à proprement parler puisqu’elle redistribue tous ses revenus à ses membres, les 32 clubs du championnat. Ceux-ci en retour sont libres de fixer le salaire de leurs représentants comme ils l’entendent… Sachant que M. Goodell a fait grimper les revenus de la NFL, considérablement et promet de les faire grimper encore, personne ne se plaint. 

Superbowl NFL Logos

Enfin presque personne. Les joueurs sont vent debout contre lui. Notamment pour avoir institué une rencontre le jeudi pendant la saison régulière. Obligeant une équipe qui a joué le dimanche à rejouer quatre jours plus tard. Or quatre jours ne sont pas suffisants pour récupérer d’un match de football. Cette rencontre décalée, remplit un peu plus les coffres de l’organisation mais elle le fait en mettant  en danger la santé des joueurs…Alors que les questions sur l’impact à long terme de chocs répétés, notamment les commotions cérébrales dont sont régulièrement victimes les « quarterbacks »  se multiplient.

Le football américain est actuellement le sport roi aux Etats-Unis. Il a détrôné le baseball, longtemps le passe-temps favori du peuple américain.  En 2013, sur les trente-cinq plus fortes audiences télévisées de la saison d’automne, trente-quatre étaient un match de football… Mais les enjeux financiers sont tels, alors même que l’espace digital commence à peine d’être exploré - la retransmission des matchs en « streaming » sur Internet est désormais à l’étude- que sa réussite insolente pourrait finir par lui porter préjudice. Tout comme ce fut le cas pour le baseball avec des affaires de drogues, de sexe et de dopage dans les années 1980-1990.

Superbowl Ad Puppy Love

Les Américains aiment leurs sports et vibrent pour leurs célébrations nationales. Mais ils n’aiment pas qu’on triche ou abuse de leur confiance.

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Commentaires
G
Cela finira ici comme ailleurs sur les mêmes notes: des spectacles faisant apparaitre des corps aux dimensions et performances inhumaines, avec des espérances de vie divisées par 2 ou par 3 pour ceux-ci.<br /> <br /> Finalement, dans le sport comme dans le quotidien, les 1% sont sur un autre monde, qui tourne plus vite que l'autre...
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  • L'oeil d'un Franco-Américain sur l'actualité internationale, la politique, l'économie, la société américaines, et tout ce qui touche aux États-Unis. Je défends les libertés individuelles et dénonce la pensé unique et les folies progressistes.
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