Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
France-Amérique le blog de Gérald Olivier
31 janvier 2024

Présidentielle U.S.: Le 5 novembre, les "petits" candidats seront faiseurs de roi

 Robert Kennedy jr 2024 1

Sauf événement cataclysmique – un assassinat ou un accident de santé majeur… – l’élection présidentielle américaine du 5 novembre opposera Donald Trump à Joe Biden. C’est l’enseignement essentiel des deux premiers scrutins des élections primaires, celui de l’Iowa le 15 janvier et du New Hampshire le 23.

Le calendrier à venir est confus, mais la donne ne changera pas. Les Démocrates votent en Caroline du Sud, ce samedi 3 février. Ce sera le couronnement de Joe Biden.

Les Républicains voteront dans cet Etat le 24 février. Avant ils feront un détour par le Nevada, les 6 et 8 février prochain. Pour une primaire et un caucus ! Seul le caucus compte et Trump va rafler la mise. Tout comme en Caroline du Sud, où les sondages le créditent d’une avance de trente points sur Nikki Haley. De sorte que cet Etat, dont elle fut gouverneur, sera cette fois son fossoyeur.  Dès lors la cause des primaires devrait être définitivement entendue.

Donald Trump 2020 election

Le problème c’est que, à croire les enquêtes d’opinion, sept Américains sur dix se disent rebutés par une revanche de 2020, avec les deux mêmes candidats. Le moment est peut-être donc venu pour l’émergence d’un troisième candidat… Or ils sont plusieurs à postuler à cette fonction

L’essor d’un troisième parti, regroupant les Indépendants, les centristes et les déçus du bipartisme, est un serpent de mer de la vie politique américaine. Il resurgit régulièrement, pour sombrer aussitôt. En 2024 ce serpent de mer va refaire surface. Et il aura un impact sur le résultat du scrutin. Car les votes glanés seront suffisants pour priver l'un des deux autres de la victoire. Les clés du 5 novembre sont entre les mains des candidats tiers. Cette année, ils seront faiseurs de roi.

Explications.

Même s’il reste de nombreuses primaires à disputer, Donald Trump et Joe Biden ont la situation quasiment verrouillée.

Donald Trump New Hampshire primary 2024

Côté Républicain, Trump a obtenu 54% des suffrages contre 43% à Nikki Haley, dans le New Hampshire. Il a remporté une majorité absolue des votes, comme dans l’Iowa une semaine plus tôt. Surtout il a remporté toutes les catégories démographiques (les jeunes, les femmes, les diplômés, etc) Il s’adjuge ainsi les deux premières primaires de ce  cycle électoral. Ce n’était pas arrivé, chez les Républicains, depuis 1976. Tous les candidats à la nomination républicaine qui ont remporté les deux premiers scrutin ont emporté, in finé, la nomination.

Nikki Haley, reléguée à plus de trente points dans l’Iowa a pris prétexte d’un écart moins monumental pour rester dans la course et jurer qu’elle se battra jusqu’au bout. Ce qui n’efface pas sa défaite.  

Nikki Haley in new Hampshire

Nikki Haley avait investi beaucoup de temps et d’argent dans le New Hampshire, petit Etat du Nord-Est, fort d’une population d'à peine un million et demi d'habitrants, principalement blanche, riche, éduquée et à l’esprit indépendant. Elle avait le soutien du très populaire gouverneur républicain, Chris Sununu. Elle bénéficiait d’un format électoral autorisant les électeurs Indépendants et même Démocrates à participer au scrutin chez les Républicains. Elle les avait d’ailleurs ouvertement courtisés, invitant les « anti-Trump » de tous bords à rejoindre sa campagne. Selon un sondage CNN, 70% des personnes ayant voté pour elle n’étaient d’ailleurs pas des Républicains…

Sa seconde place, distancée à onze points, souligne les limites à sa candidature. Si Nikki Haley avait une chance de battre Trump c’était là. Si elle n’a pas été capable de gagner dans le New Hampshire, elle ne sera capable de gagner nulle part. Dès lors sa quête est vaine…

De son côté, Joe Biden a réussi son coup. Alors même que son nom n’apparaissait pas sur les bulletins de vote (à cause d’une dispute entre les autorités Démocrates du New Hampshire et les dirigeants du parti sur la date de la primaire), il est arrivé en tête des prétendants à la nomination Démocrate. Parce que suffisamment d’électeurs ont écrit son nom à la main. Cela s’appelle un « write-in ». C’est légal. Mais ca ne résout pas tous ses problèmes.

Frail and old Joe Biden

Biden affronte une sourde opposition au sein de son propre parti. Il est loin de faire l’unanimité.  Sa faiblesse, physique et intellectuelle, inquiète. Son impopularité inquiète encore plus. Biden est tombé à 33% d’opinions favorables (34% chez les hommes et 31% chez les femmes). Aucun président de l’ère moderne n’est jamais tombé aussi bas. S’il reste archi-favori pour la nomination c’est qu’en cas d’abandon de sa part, sa vice-présidente, Kamala Harris,  prétendrait inévitablement à la première place sur le ticket Démocrate et qu’elle est encore plus impopulaire que lui.

Officiellement deux candidats le défient toujours pour la nomination, Dean Phillips, élu du Minnesota, et Marianne Williamson, auteur de livres sur le développement personnel et la spiritualité. Mais ils sont inaudibles.

Là où l’opposition à Joe Biden grandit, c’est en dehors du parti Démocrate. Dans le tumulte des primaires du New-Hampshire une nouvelle est passée inaperçue : Robert Kennedy Jr a annoncé avoir réuni les trois mille signatures nécessaires pour que son nom apparaisse en tant que candidat « Indépendant » sur les bulletins de vote du New Hampshire le 5 novembre prochain lors du scrutin général. Les électeurs de cet Etat auront donc un autre choix que Biden et Trump.

Lors des élections présidentielles américaines, il y a régulièrement d’autres candidats que ceux des deux grands partis. Il s’agit de candidats venant de formations marginales – le parti Vert, le parti Libertarien, le parti Socialiste, etc. Ils n’ont aucune chance de l’emporter, mais ils peuvent avoir une incidence sur le résultat final malgré tout.

Lors de l’élection de 2000 entre George W. Bush et Al Gore, le candidat écologiste, Ralph Nader avait été accusé d’avoir fait élire Bush. L’élection s’était jouée en Floride où Bush l’avait emporté de quelques centaines de voix. Or Ralph Nader avait reçu près de cent mille suffrages en Floride au nom du Parti Vert. Suffrages qui se seraient très vraisemblablement reportés sur Al Gore si Nader n’avait pas été candidat.

Al Gore and George W

Un scénario presque similaire s’est déroulé en 2016 aux dépens d’Hillary Clinton. L’élection s’est joué à quelques dizaines de milliers de voix dans les Etats dits décisifs (« swing states » en anglais).

Dans le Michigan Trump arriva en tête avec onze mille voix d’avance. Jill Stein, la candidate du Parti Vert, et Gary Johnson, le candidat libertarien totalisèrent deux cent vingt-trois mille voix dans cet Etat. Plus de vingt fois la marge de victoire de Trump. Il est impossible de savoir pour qui leurs électeurs auraient voté, ou s’ils auraient même participé au scrutin, en leur absence mais les écologistes étant plutôt de gauche et les libertariens très critiques de l’autoritarisme de Donald Trump, il est probable que sans leur présence sur les bulletin de vote, leurs électeurs se seraient majoritairement reportés sur Hillary Clinton.

Idem dans le Wisconsin. Trump obtint trente mille voix de plus qu’Hillary, quand Stein et Johnson totalisèrent cent trente-sept mille voix. Cinq fois sa marge de victoire.

Même scénario en Pennsylvanie. La marge de victoire de Trump fut de soixante-huit mille voix quand les deux autres candidats en rassemblèrent cent quatre-vingt-dix mille.

En emportant ces trois Etats Hillary aurait été élue présidente ! L’histoire en aurait été changée…

Donald TRump 's popularity

 

En clair, lors d’une élection présidentielle aux Etats-Unis, les petits candidats n’ont pas les moyens de gagner pour eux-mêmes, mais ils ont la capacité de faire perdre l’un des deux autres candidats. Même si, au plan national, leur score apparait insignifiant.

Il arrive qu’au-delà de ces petits candidats pérenniels, une personnalité émerge qui pose un vrai défi aux candidats des deux grands partis. Ce fut le cas en 1992 avec la candidature de Ross Perot, un milliardaire texan. Il avait fait campagne contre le déficit budgétaire et la dette publique, rassemblant vingt millions de suffrage et 19% des votes. Perot n’avait remporté aucun Etat et donc zéro siège au Collège électoral, mais il avait privé George Bush d’arriver en tête dans une dizaine d’Etats du Midwest plutôt favorables aux Républicains et il avait ainsi offert l’élection à Bill Clinton, devenu président avec seulement 42%du vote populaire.

Ross Perot 1992

 Pour 2024 c’est un scénario similaire qu’un certain nombre d’observateurs envisagent.  

Robert Kennedy Jr, est crédité de 7 à 15% des intentions de vote. Alors même que les grands médias l’ignorent ou dénigrent sa campagne.

« RFK Jr »  est le fils de Robert et Ethel Kennedy, et le neveu du président John Kennedy. A ce titre il connait déjà la Maison Blanche et même le bureau ovale pour y avoir joué avec ses frères, sœurs, cousins et cousines, quand son oncle était président. Il est avocat, engagé dans les causes environnementales, et la défense de la classe moyenne contre les milliardaires, les multinationales et le fameux « complexe militaro-industriel ».  

Robert Kennedy Jr 2024 2

 Durant la pandémie de Covid -19, il a pris parti contre le confinement généralisé et contre l’obligation vaccinale que l’administration Biden a tenté d’imposer à partir de 2021, dénonçant l’influence des grands groupes pharmaceutiques (« Big Pharma ») sur la politique de l’administration. . Ce qui lui a valu une certaine notoriété et une étiquette de « rebelle ». Il attire à lui une jeunesse de gauche éprise de justice sociale et des activistes qui dénoncent l’emprise des grands groupes industriels et financiers sur le gouvernement américain. Les votes qu’il attirera à lui proviendront majoritairement du camp Démocrate.

D’ailleurs Robert Kennedy Jr était d’abord candidat pour la nomination Démocrate contre Joe Biden. Il a changé d’affiliation et fait désormais campagne en tant qu’Indépendant. Sa bataille consiste à parvenir à se faire inscrire comme candidat dans le plus grand nombre d’Etats possible.

Ce n’est pas une bataille facile. Pour l’heure sa candidature n’a été certifiée que dans deux Etats, le New Hampshire et l’Utah. Il sera présent dans neuf autres en tant que candidat « write-in ». Il espère remplir les formalités des cinquante Etats avant la fin aout 2024 pour participer à la campagne générale qui traditionnellement s’ouvre début septembre. Pour cela il doit rassmebler des dizaines de milliers de signatures et les faire valider, un processus long et incertain.

Il n’est pas le seul à formuler de tels espoirs. Un parti politique embryonnaire réuni sous la désignation  « No Labels » (« Pas d’étiquettes ») , pour signifier sa volonté de rassembler au plus large tous les déçus du bipartisme, envisage également de soutenir un candidat alternatif en 2024.

No Labels U

L’organisation « No Labels » existe depuis 2010. Elle a été fondée par une ancienne collectrice de fonds du parti Démocrate, Nancy Jacobson. Plusieurs élus Républicains, tous hostiles à Donald Trump, ont rejoint No Labels depuis. En 2023 l’un des dirigeants, Ryan Clancy, a annoncé que si la perspective d’une revanche entre Trump et Biden se confirmait, l’organisation présenterait deux candidats « d’unité nationale », c’est-à-dire un Républicain et un Démocrate, pour président et vice-président, dans les cinquante Etats.

Cette perspective s’est clairement confirmée depuis et « No Labels » annonce  pour avril 2024 la désignation de ses candidats. Le Sénateur démocrate de Virginie de l’Ouest, Joe Manchin serait en tête de liste. De même que l’ancien gouverneur Républicain du Maryland Larry Hogan. Manchin est un adversaire farouche de Joe Biden qui s’est dressé contre lui sur la question de la transition énergétique et de l’abandon des fuels fossiles, étant l’élu d’un Etat rural dont l’économie est bâtie sur le charbon… Hogan est un critique de Donald Trump, tenté par une candidature présidentielle depuis plusieurs années mais qui n’a jamais osé défier Trump depuis l’intérieur du parti, sachant qu’une telle gageure serait vouée à l’échec.

No Labels not a spoiler

Le paradoxe de « No Labels » est  que ses dirigeants répètent que leur objectif est d’offrir aux Américains une « police d’assurance » contre la réélection de Donald Trump, mais tous les sondages démontrent qu’ils fragilisent surtout Joe Biden. Nancy Pelosi a d’ailleurs qualifié No Labels de «péril pour notre démocratie », précisément pour cette raison. Le DNC, la direction du Parti Démocrate, mène actuellement une intense bataille pour empêcher « No Labels » de présenter un ou des candidat en novembre. Des poursuites judiciaires sont en cours dans divers Etats. Des menaces verbales ont été proférées, amplifiées par les réseaux sociaux, indiquant que quiconque oserait présenter un candidat contre Biden verrait sa réputation instantanément détruite par toutes les officines chargées de ce qu’on appelle poliment « la cherche d’opposition ».

Si elles se concrétisent, les candidatures de Robert Kennedy Jr et d’un duo étiqueté No labels viendraient s’ajouter aux candidatures des partis Vert et Libertariens, devenues l’une et l’autre habituelles lors des présidentielles.

Jill Stein, médecin et activiste désormais âgée de 74 ans, a officiellement annoncé sa candidature à la tête du Green Party. Elle a déjà été leur candidate à deux reprises, en 2012 et 2016.

Jill_Stein_2012

Le parti Libertarien a annoncé qu’ils auraient aussi un candidat, qui sera déterminé lors d’une convention nationale, cet été. Au contraire de RFK Jr et de No Labels ces deux formations sont désormais « établies » dans le paysage américain. Malgré une audience très limitée, elles ont une organisation à l’échelle nationale et elles n’ont pas à faire la chasse aux signatures pour apparaitre sur les bulletins de vote.

Face au duo Trump - Biden il est donc probable que d’autres options s’offriront aux électeurs Américains en novembre. Ils auront ainsi le choix entre deux présidents ayant chacun effectué un mandat, et des personnalités plus insolites.

U

Pour rappel il est déjà arrivé que deux présidents s’affrontent lors d’un scrutin présidentiel. En 1912 Teddy Roosevelt, déçu du mandat de Howard Taft, qui lui avait succédé quatre ans plus tôt, avait tenté de reconquérir la Maison Blanche en fondant son propre parti. Il avait échoué et surtout fait élire le Démocrate Woodrow Wilson.

Vingt ans plus tôt, le président Grover Cleveland, un Démocrate, élu une première fois en 1884, puis battu en 1888 par le Républicain Benjamin Harrison, s’était présenté à nouveau en 1892 contre ce même Harrison et l’avait emporté. Il est jusqu’à présent le seul président à avoir effectué deux mandats non consécutifs… Et il y avait bien, en 1892, un troisième candidat à cette élection présidentielle, un certain James Weaver, fondateur du parti « populiste » !

Donald Trump the Grover Cleveland precedant

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
France-Amérique le blog de Gérald Olivier
  • L'oeil d'un Franco-Américain sur l'actualité internationale, la politique, l'économie, la société américaines, et tout ce qui touche aux États-Unis. Je défends les libertés individuelles et dénonce la pensé unique et les folies progressistes.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
France-Amérique le blog de Gérald Olivier
Visiteurs
Depuis la création 369 282
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
Publicité