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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
8 décembre 2022

Donald Trump : La campagne de trop ?

 Donald TRump 2024 announcement 2

Donald Trump a -t-il perdu sa touche magique et épuisé son charme ? C’est la question à ne pas poser à ses supporters. Et ils sont toujours nombreux. Mais c’est celle que tous les partisans du parti Républicain se posent dans la perspective de l’élection présidentielle de 2024.

Comme des invités qui ne veulent pas partir, un couple d’amants dont la flamme s’est éteinte, ou une vedette de variété sur le retour, les politiques tentent fréquemment de prolonger une idylle qui ne fonctionne plus… Donald Trump est peut-être dans ce cas ? Le 15 novembre dernier il a annoncé sa candidature présidentielle pour 2024, et son annonce n’a suscité que lassitude et indifférence. Or Trump suscite habituellement toutes les réactions sauf l’indifférence.

Quelque chose a donc changé.

Donald Trump thumbs-up

 Après sept ans et cinq mois (de juin 2015 à novembre 2022) à monopoliser l’attention, dominer l’actualité et pour un temps diriger la première puissance mondiale, Donald Trump ne semble plus susciter l’engouement observé chez ses partisans en 2016 et 2020 ; ni le rejet rageur commun à ses adversaires du temps de sa présidence.

Le charme de la nouveauté ne joue plus. La crainte de l’invincibilité non plus.

 S’il fait toujours les gros titres, c’est plus pour ses démêlés judiciaires que pour ses sorties acérées. Ses prises de parole génèrent une opposition de plus en plus vaste. Même chez les Républicains. Sa propre obsession avec l’élection présidentielle de 2020 et ce qu’il considère comme une défaite injuste, a fini par fatiguer ses électeurs, et inquiété ses proches. Trump apparait comme prisonnier d’un temps révolu. Regardant vers l’arrière. Incapable de se projeter vers l’avenir. Il est devenu l’homme du passé, pas la figure du futur.

Sera-t-il le candidat des Républicains en 2024, comme il l’ambitionne ? Rien ne le garantit. Serait-il d’ailleurs le meilleur candidat, c’est-à-dire celui avec le plus de chances d’emporter la Maison Blanche ? C’est peu probable.

Trump 2024 announcement

 Voici pourquoi.

 « Pour rendre sa grandeur et sa gloire à l’Amérique, je déclare ce soir ma candidature à la présidence des Etats-Unis… Je suis candidat car je pense que le monde n’a pas encore vu la vraie grandeur que notre nation peut atteindre… Nous allons une nouvelle fois placer l’Amérique en premier... »

Donald Trump Make America Great Again

 C’était le 15 novembre. Depuis la salle de bal de sa propriété de Mar A Lago en Floride, Donald Trump annonçait sa troisième campagne présidentielle, après celles de 2016 et 2020. La dernière. Quoi qu’il arrive. Il a déjà effectué un mandat présidentiel et peut donc légitimement ambitionner d’en faire un second mais a 76 ans, le temps lui est compté. S’il est élu en 2024, il aura 78 ans et sept mois à son entrée en fonction. Soit cinq mois de plus que Biden lors de son entrée à la Maison Blanche en 2021. Il serait le plus vieux président de l’histoire  des Etats-Unis…

Donald Trump Mar A Lago 2

Cette entrée en lice, précédée d’un « buzz » sur les réseaux sociaux, est intervenue une semaine après les élections de mi-mandat, dont le résultat fut une déception de taille pour les Républicains. Donnés larges vainqueurs face aux Démocrates, (avec une majorité de quinze sièges et plus à la Chambre, et de deux à cinq sièges au Sénat), ils ont tout juste réussi à reprendre le contrôle de la Chambre, et ils ont perdu un siège au Sénat, où les Démocrates sont désormais majoritaires avec 51 sièges. Dernière déception en date, la défaite d’Herschel Walker pour un siège de sénateur de Géorgie, alors que Trump avait personnellement insisté pour qu’il se présente, le qualifiant « d’inarrêtable »…   

Donald Trump with Hershel Walker campaign georgia 2022

Vu l’état préoccupant de l’économie américaine– inflation record, crise de l’énergie, criminalité, immigration sauvage, bourse en baisse, etc – les conditions étaient pourtant remplies pour un vrai vote sanction contre le parti au pouvoir.

Mais ce vote sanction n’est pas venu. Pourquoi ? A cause de Donald Trump, ont dit en chœur les médias et pas mal de Républicains. Les candidats soutenus par l’ancien président auraient été trop « radicaux  » et trop « sous-qualifiés » pour susciter l’adhésion d’une majorité d’électeurs.  Ils auraient suscité un phénomène de rejet comparable à celui observé lors de la présidentielle de 2020, notamment de la part des électeurs indépendants, permettant la victoire de Démocrates, même mal aimés.

Midterms democracy on the ballot

L’explication est partiellement justifiée, mais insuffisante.

Dans les faits, une large majorité des quelques trois cents candidats soutenus par Trump a gagné.

 A la Chambre, les satisfactions sont nombreuses. Dans l’Arizona, en Californie, en Caroline du Nord,  en Géorgie, dans l’Iowa, à New York, en Floride, au Texas, au Tennessee, de jeunes candidats conservateurs, ayant bénéficié de l’appui de Donald Trump ont réussi à s’imposer. 

J

Au Sénat,  sur vingt-cinq candidats soutenus par Trump, dix-sept l’ont emporté. Dont J.D. Vance dans l’Ohio, et Ted Budd en Caroline du Nord, deux Etats clés.  Seuls quelques candidats, mis en avant dans les médias, ont perdu. Parmi eux, Mehmet Oz en Pennsylvanie,  Blake Masters en Arizona, Adam Laxalt dans le Nevada, ou encore le général Donald Bolduc dans le New Hampshire, privant les Républicains de la majorité espérée.

oz-fetterman-PENNSYLVANIA

warnock-walker

Le vrai problème pour Trump n’est pas le nombre des défaites, mais plutôt leurs localisations. A savoir que l’Arizona, la Géorgie,  le Nevada et la Pennsylvanie sont quatre Etats décisifs, des « swing-states » cruciaux pour l’élection présidentielle. Ils ont été remportés par Trump en 2016 (sauf le Nevada) et perdus en 2020, causant sa défaite. Car, rappelons-le, une victoire de Trump en Arizona, en Géorgie et en Pennsylvanie, aurait assuré sa réélection en 2020…

La défaite de ses candidats en 2022 dans ces Etats présage d’une nouvelle défaite pour lui en 2024… Et si Trump n’est pas capable de l’emporter dans ces Etats clés, il sera à nouveau battu. Quel que soit son adversaire. Les Républicains en ont conscience. Et les appels se multiplient pour d’autres candidatures.

Kevin Mc Carthy

D’autant que Trump continue dé défier la chronique… pour les mauvaises raisons. Il vient de générer deux controverses, en deux week-ends.

 La première concerne un dîner organisé dans sa résidence de Mar A Lago. Parmi les invités se trouvaient trois personnes par qui le scandale est arrivé : Kanye West,  Nick Fuentes et Milo Yannopolous. Le premier est un multimillionnaire Noir de 45 ans, ancien rappeur devenu pilier de la jet-set américaine, connu pour des réflexions antisémites. Le second est un agitateur politique de 24 ans, associé à l’extrême droite nationaliste qui se revendique catholique intégriste et nie la réalité de la Shoah. Le troisième est un trublion de 38 ans, né en Angleterre d’un père grec et d’une mère juive, devenu commentateur politique aux Etats-Unis et connu pour ses positions très politiquement incorrectes, sur le féminisme et l’islam. West venait de le désigner directeur de sa campagne électoral.

 Donald Trump with Kanye West

Fuentes et Yannopoulos ont été bannis de Facebook et Twitter depuis des lustres et sont dénoncés dans les médias comme des « suprémacistes blancs » notoires.  Ils sont infréquentables. Surtout pour un ancien président.

 Trump et West se connaissaient déjà. Le second a longtemps soutenu le premier. Cette fois il venait apparemment demander conseil en vue de sa propre candidature présidentielle.

Milo Yannopoulos

Trump affirme ne pas savoir qui était Fuentes et surtout ne pas l’avoir invité. Le diner devait être un tête-à-tête entre lui et West, mais Yannopoulos, en sa qualité de directeur de campagne, aurait manigancé la rencontre pour nuire à Trump, sachant qu’inévitablement les médias auraient vent du dîner. Sur ce point il a parfaitement réussi son coup.

Régulièrement dénoncé comme proche des suprémacistes blancs, Trump a apporté de lui-même à ses adversaires la preuve de fréquentations coupables… Une maladresse impardonnable de la part d’un politique de sa trempe. En même temps qu’une bévue préoccupante de la part de l’ancien président qu’il est aussi. Au mieux il s’est montré naïf. Au pire, mal entouré et incapable de discernement.

Donald Trump fall out of Kanye West dinner

Autre bévue : un commentaire inopportun sur la constitution américaine. A la suite de révélations sensationnelles sur un complot entre les Démocrates, le FBI et la plateforme digitale Twitter pour interférer avec l’élection présidentielle de 2020 (ces révélations seront détaillées dans un futur post sur ce blog, ndlr) Donald Trump a appelé à suspendre « toutes les règles, y compris celles de la Constitution » !

 Joe & Hunter Biden 2

Certes, les révélations en question ont mis à jour ce qui est peut-être le plus gros scandale politique de l’histoire des Etats-Unis, mais elles ne sont pas de nature à inverser le résultat de l’élection présidentielle de 2020. Celui-ci est entériné depuis bientôt deux ans. C’est irréversible. Sauf à fomenter un coup d’Etat.

Donald Trump and voter fraud

 Donald Trump ne semble toujours pas l’avoir compris et encore moins accepté. Laissant parler son cœur, il s’est interrogé sur sa plateforme digitale, Truth Social :

« Faut-il annuler l’élection de 2020 et reconnaitre son vrai vainqueur ? Ou organiser une nouvelle élection ? Une fraude de cette ampleur justifie de suspendre toutes les règles et tous les articles, mêmes ceux de la Constitution… »

Mal lui en a pris. Vouloir se débarrasser de la Constitution pour installer sa « dictature » est exactement ce que les adversaires de Donald Trump l’accusent de fomenter. Publier une telle remarque est comme leur offrir une cravache pour se faire fouetter. Les Républicains bon teint – dont le leader du Sénat Mitch Mc Connell - ont bien entendu emboité le pas aux Démocrates pour dénoncer cette attaque contre la « démocratie » et enfoncer un peu plus Donald Trump.

 Donald Trump and the Fake News

La frustration de l’ancien président peut sembler compréhensible. Les faits lui donnent à nouveau raison. Une nouvelle fois les médias mentaient. Biden lui-même mentait. Il continue d’ailleurs de le faire. Seuls Trump et ses partisans disaient vrai. Oui la démocratie américaine a bien été pervertie pour faciliter l’élection de Joe Biden. Mais il est trop tard pour s’en plaindre. Les Républicains doivent le comprendre et, parmi eux, Trump, le premier.

Joe Biden illegitimate president

Au contraire l’ancien président semble de plus en plus obsédé par sa défaite. Il y revient dans chacun de ses discours. Son récit du « vol de l’élection de 2020 » occupe une place toujours plus importante dans ses propos. Du coup, il semble comme déconnecté de la réalité. Enfermé dans sa bulle.  Que lui-même ne s’en rende pas compte suggère qu’il a perdu cet instinct politique qui lui faisait toucher sa cible à chaque attaque contre le système et permettait une connexion sans équivalent avec les militants de base du parti Républicain.

Trump est « blessé » a fait remarquer un commentateur politique et les « Républicains sentent l’odeur du sang… ». Michael Goodwyn, chroniqueur du New York Post  estime que « Trump a perdu la main ». La magie n’opère plus.

Ce désamour soudain se reflète dans les enquêtes d’opinion. Un sondage de l’institut Zogby crédite Donald de 47% de soutien chez les Républicains. Ron De Santis, le gouverneur de la Floride, bénéficie de l’appui de 28% des électeurs du parti, alors qu’il n’est pas candidat. Son score a doublé depuis les élections de mi-mandat.  Celui de Trump est en recul de près de 20 points par rapport à cet été.

Ron De Santis

Dans l’Utah, un Etat que Trump a remporté avec vingt-et-un points d’avance sur Joe Biden en 2020, les sondages le placent actuellement en troisième position, derrière Ron De Santis (24%) et Liz Cheney (16%), sa pire ennemie chez les Républicains.

Un autre sondage, (conduit par l’université Marquette du Wisconsin) donne Trump perdant de dix points face à Joe Biden en cas de revanche en 2024 ! Un fossé. Surtout lorsqu’on prend en compte la faiblesse d’une candidature Biden.

Interrogé sur une chaîne britannique l’ancien Conseiller à la sécurité Nationale John Bolton (qui n’a, il est vrai, aucune sympathie pur Trump) soulignait combien « Trump est devenu une vieille rengaine… Il a perdu le lustre de la nouveauté. Le public s’est lassé de lui comme on se lasse d’une vedette qui ne sait pas renouveler son répertoire…Et quand en plus lui-même semble prisonnier de ce passé le désamour est encore plus net. »

Byron York, chroniqueur au Washington Examiner, constate également que  « Trump semble obsédé par le passé. ». Une obsession d’autant plus inquiétante qu’une élection présidentielle « se gagne sur l’avenir ».  

nationalreview- against trump

Les grands médias conservateurs, tels la National Review et American Greatness appellent ouvertement à voter De Santis. Pour la National Review, rien de surprenant. La rédaction de ce bi-mensuel rassemble de nombreux « never-Trumpers », des opposants irréductibles. Mais pour American Greatness, grand promoteur de l’« America First », c’est un revirement de taille.

Donald Trump campaigning 2

Certes la campagne présidentielle de 2024 est à peine lancée. Il peut se passer beaucoup  de choses en vingt-deux mois. Les Républicains majoritaires à la Chambre peuvent faire la lumière sur l’étendue du complot de 2020, ainsi que sur la corruption du clan Biden et retourner l’électorat en faveur de l’ancien président. Lui-même peut se reprendre et proposer un vrai programme pour rendre « tout son lustre » à l’Amérique… Mais dans le cas contraire, Donald Trump se dirigerait vers un échec certain faisant de cette nouvelle bataille, la campagne de trop.

 

 

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