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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
1 mai 2019

Joe Biden: La voix de la Raison d'un parti qui l'a perdue...

 

joe-biden 2020 campaign 1

L’ancien vice-président Joe Biden a annoncé sa candidature à l’élection présidentielle américaine de 2020.  Il est le vingt-et-unième Démocrate à se lancer dans la course. Notoriété oblige, Biden s’est retrouvé instantanément catapulté en tête  des sondages. Rien ne dit que cette onction médiatique se traduira  par un succès aux urnes.

 

En fait, Biden a très peu de chance de l’emporter. Pas seulement contre Donald Trump. Mais surtout au sein de sa propre famille politique. Biden est un modéré, un centriste,  alors que le parti Démocrate n’en finit plus de dériver  sur sa gauche. Biden est tout ce que les Démocrates d’aujourd’hui dénoncent, un « old white male », un « vieux mâle blanc », personnification de l’oppresseur selon les critères orwelliens du politiquement correct. De fait Biden est un homme, il est blanc, et plutôt âgé! De  quoi le disqualifier d’office aux yeux des radicaux du parti…

Joe Biden 2

 

Joe Biden, et son ancien collègue du sénat Bernie Sanders, illustrent d’ailleurs la cassure interne du parti Démocrate. Sanders, un autre « vieux mâle blanc », ne doit sa popularité qu’à son socialisme radical  revendiqué et au souvenir de sa prestation face à Hillary Clinton en 2016. Mais ces deux septuagénaires ont derrière eux une meute de quadras bien plus radicaux et intransigeants.

 

Pour que Joe Biden  emporte la nomination de son parti en juillet 2020, il faudrait que celui-ci renonce aux nouveaux principes qui le régissent, à savoir le culte des minorités et des politiques identitaires, et le renoncement au capitalisme.

 

Biden aura 77 ans le 20 novembre 2019 ! Un an de moins que Bernie Sanders, quatre de plus que Bill Clinton ou Donald Trump.. Mais il a passé encore plus de temps que ces derniers au sein du pinacle de la politique américaine. Car Joseph Robinette Biden  (et oui son second prénom est « Robinette », ça ne s’invente pas !) a été élu pour la première fois au Sénat des Etats-Unis en 1972 ! Quelques semaines avant son trentième anniversaire, âge minimum requis pour être sénateur aux Etats-Unis. C’était sous la présidence de Richard Nixon…

Joe Biden young senator 2

 

Marié et déjà père de trois enfants, Biden était alors un jeune espoir de la politique, au destin annoncé brillant. Mais la tragédie est passé par là. Quelques jours seulement après sa victoire électorale, à la veille de Noël,  sa femme et sa fille furent tuées dans un accident de voiture. Ses deux fils, présents dans le véhicule, survécurent. Biden fut dévasté par cette perte. Sa foi catholique en fut ébranlée et il faillit tout plaquer, à commencer par sa carrière politique. Il lui fallut cinq ans, et un second mariage, pour se relever.

joe_biden_1987 campaign

 

Quinze ans plus tard en 1987 il se lance une première fois dans la course à la Maison Blanche. La génération qui a porté Jimmy Carter au pouvoir en 1976 vient de connaître deux défaites consécutives face à Ronald Reagan en 1980 et 1984. Elle est déconsidérée. Le parti a besoin de sang neuf. Il y a une place à prendre à sa tête. Biden, sénateur de 45 ans, habitué à séduire les foules  et soutenu par de gros intérêts financiers, croit à ses chances. Mais il est mal préparé. Dans ses discours de campagne et même durant certains débats il reprend des formules utilisées par d’autres leaders politiques, sans les citer. Quand on l’interroge sur son parcours universitaire il a tendance à s’attribuer des notes, voir des diplômes, jamais obtenus. La presse finit par révéler ces inconsistances et  actes répétés de plagiat, et la cote de Biden s’effondre. Il se retire de la course avant la première primaire.

 

Vingt ans plus tard exactement, il se lance à nouveau à l’assaut de la Maison Blanche. Nous sommes en 2007. L’élection présidentielle de 2008 s’annonce comme triomphale pour le candidat démocrate, quel qu’il soit.  Les Républicains sont pénalisés par l’impopularité de George W. Bush après deux mandats, par  l’échec grandissant de la guerre en Irak et par la crise bancaire des subprimes, même si celle-ci n’a pas encore provoqué le crash financier que l’on sait… Bref celui, ou celle, qui emportera la nomination démocrate, emportera vraisemblablement aussi la Maison blanche en novembre.

Joe Biden democratic primary debate 2008

 

Parmi les candidats déclarés le favori est une femme, Hillary Clinton. L’ex Première Dame vient d’effectuer deux mandats comme sénatrice de New York. Toute la finance et l’establishment de la côte-est  la soutiennent. Elle estime que son heure est arrivée. Ni elle ni Joe Biden ne voient venir le jeune sénateur de l’Illinois, Barack Obama. Dans les débats Biden le dédaigne et le traite comme un poids plume. Il reconnait qu’il parle bien, et présente bien, mais qu’il n’a rien à dire et n’est pas prêt pour le job de président. C’est néanmoins Obama que les électeurs Démocrates désignent comme leur champion. Quant à Biden, il a terminé 5e de la première primaire, celle de l’Iowa en janvier 2008, avec moins de 1% des voix. Il s’est retiré de la course dès ce premier soir !

Joe Biden & Obama 2

 

Cela lui sauve un peu la mise. Car n’ayant pas trop critiqué Obama, il peut accepter de devenir son vice-président quand celui-ci lui propose le job. Pour Biden c’est une consolation en or. Pour Obama c’est un choix judicieux. Car Joe Biden représente  ce qu’il y a de plus « centriste » au sein du parti Démocrate. Il est la voix de la modération, la voix de la raison. Obama représente la frange radicale, plus à gauche, marquée par son empreinte ethnique. Biden possède aussi une grande expérience en politique étrangère, quand Obama n’en a aucune.

Joe Biden with Obama 2008 victory night

 

Les deux hommes volent vers la victoire et écrivent l’histoire ensemble. Pour Joe Biden, ces huit années de vice-président semblent une conclusion honorable à une carrière distinguée, mais sans couronnement. Il a  renoncé à briguer la succession d’Obama en 2016, Hillary Clinton ayant verrouillé l’affaire très tôt. Mais la défaite surprise de l’ex-première dame face à Donald Trump a remis Joe Biden en selle.

 

Car la défaite d’Hillary a laissé le parti,  certes, désemparé, mais surtout orphelin. Privé d’un  chef. Le seul qui cherche à en reprendre les rênes est Bernie Sanders. Or Sanders est un socialiste radical qui passait pour un doux rêveur encore un an plus tôt. Quelqu’un qui avait  passé sa vie à vanter les mérites du socialisme, tout en profitant des largesses du capitalisme américain. Au plan national, jusqu’aux primaires de 2016 Sanders n’avait jamais rassemblé plus de 3% des suffrages. Et voilà qu’à présent il était le leader Démocrate le plus populaire du pays.

Bernie Sanders revolutionary

Du coup le parti semblait avoir été  détourné en vol par son aile radicale.  Le courant « centriste », favorable à une redistribution de la richesse qui ne remette pas en cause les fondements du système capitaliste et de la société libérale, n’avait tout simplement plus droit au chapitre. Il n’était plus question que d’étatiser l’économie, et de se soumettre aux droits des minorités, de toutes les minorités…. Or ce courant centriste avait un représentant naturel, Joe Biden.

 

Biden est l’incarnation du « vieux » parti démocrate, celui de Bill Clinton et Al Gore et Ted Kennedy avant eux. Un parti ou l’idée de progrès social était tributaire de l’impératif de croissance. Au contraire du parti Démocrate d’aujourd’hui, dominé par les Bernie Sanders et Alexandra Occasio Cortez, pour qui la justice sociale prime sur tout, y compris le bon sens économique.

 

Biden est donc reparti, une nouvelle fois, la troisième, à l’assaut de la présidence. Mais pour pouvoir accéder à la Maison Blanche, il faut d’abord emporter la nomination de son parti. Cela s’appelle « les primaires ». Tandis qu’il faut un message rassembleur, et donc centriste, pour gagner en novembre, les primaires se gagnent, en général,  aux extrêmes. Parce que la participatoin est plus faible et, comme les extrémistes sont plus zélés que les autres, ils font plus souvent l'effort de voter. Cette réalité politique va embarrasser les Démocrates en 2020, en particulier, Joe Biden.

Biden & Trump inauguration 2017 2

 

Dans une confrontation avec Donald Trump, Joe Biden pourrait l’emporter. Il serait la voix du calme et de la raison face à l’impétuosité et la furie du président sortant. Mais pour qu’une telle confrontation ait lieu, il lui faudra d’abord remporter les primaires, ce qui sera difficile. De par sa longue expérience politique – quarante-sept ans à Washington – Biden porte avec lui d’innombrables « casseroles ». Il a commis des erreurs, et dit pas mal de sottises que ses challengers se feront un devoir, et un plaisir,  de rappeler. Il pêche parfois par excès de franchise, commet des gaffes, oublie les codes du politiquement correct. Certaines femmes lui ont aussi reproché des mains un peu trop caressantes…

Joe-Biden-001

 

Au contraire de pas mal des candidats engagés dans la course à la nomination démocrate Biden possède la capacité de lever des fonds importants. Financer sa campagne ne sera pas un problème. Il a aussi de l’expérience (ce qui manque à tous les autres candidats) et il devrait survivre aux débats qui précèderont les premiers votes. Pour lui le verdict viendra très tôt, dès les votes de l’Iowa et du New Hampshire prévus en janvier et février 2020.

 

D’ici là il devra se parer face aux attaques de son propre camp. Car désigné « front-runner », c’est-à-dire chef de file des prétendants,  il est devenu l’homme à abattre pour ses adversaires. S’il y parvient il aura un autre travail à accomplir, convaincre les électeurs Démocrates de revenir au centre. Pas évident à une heure où la société américaine est divisée et polarisée,  et où le débat politique est dominé par le radicalisme, la démagogie et la colère.

 

 

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