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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
18 octobre 2014

Autour du Livre « Le Suicide Français » d’Eric Zemmour :

La France se meurt, oui ! Mais sous le poids de ses dépenses publiques, pas seulement de sa déconstruction sociale.

Le suicide français

Encore une fois on a voulu se servir de l’arbre pour cacher la forêt. Eric Zemmour sort un essai, intitulé « Le suicide français » qui raconte, par le menu, les « quarante années qui ont défait la France ». Le livre « cartonne » en librairie. Il est bâti sur une observation: « en Mai 68,  l’Etat fut sauvé mais pas la société ». A savoir que si la révolution politique fut évitée à l’issue de la contestation étudiante, les bouleversements culturels, sociaux et économiques n’ont cessé de se succéder depuis pour mener la France dans une impasse. Le constat est difficilement contestable, puisqu’il décrit la réalité quotidienne des Français.  Alors on trouve quelques lignes charitables sur le régime de Vichy dans le livre et on lance une polémique pour dénoncer le « révisionnisme » de son auteur et décrédibiliser tout l’ouvrage…

eric zemmour

Sauf que la polémique n’a pas pris. L’ouvrage continue de se vendre. D’abord parce que le public est désormais au fait des tactiques des autorités morales autoproclamées et se laisse moins piégé que par le passé. Ensuite parce que le public français partage intimement l’analyse d’Eric Zémmour. On ne croit que ce que l’on veut croire. Et l’on apprécie ce qui vient renforcer ses propres convictions. Un grand nombre de français sont désormais convaincus, non plus seulement du « déclin » de la France, mais bien de sa « mort » prochaine. Ils veulent lire le livre de Zemmour pour y retrouver tous les signes annonciateurs de ce décès,  qu’ils ont dénoncés et peut-être même combattus à l’époque.
Pourtant Eric Zemmour se trompe. La France n’est pas (encore) morte. Ce qui est, sans doute, mort, c’est « une certaine idée de la France », comme aurait dit De Gaulle.  Et ce qui est mort également, c’est le système de protection sociale établi au sortir de la Seconde Guerre Mondiale. Ce système, d’une générosité sans égale, est mort parce qu’il est devenu à la fois inadapté et insupportable. Inadaptés aux réalités de la mondialisation. Insupportable pour l’Etat, c’est-à-dire pour les contribuables. Ce système gangrène aujourd’hui l’économie. La France souffre d’un secteur public hypertrophié, et de blocages multiples, qui étouffent son activité, et entrainent un endettement sans fin.

Depenses Publiques comparaison zone euro


Car, la question qu’Eric Zemmour élude dans son ouvrage est celle de savoir si tous ceux qui pensent que la France se meurt, le penseraient aussi s’il n’y avait pas 0% de croissance et 5 millions de chômeurs, soit 11% de la population active,  mais moitié moins, comme aux Etats-Unis, en Allemagne ou au Danemark, où le chômage oscille entre 5% et 6% et la croissance entre 1 et 3%  ?
Et il y a une date sur laquelle il n’insiste pas, c’est celle de 1974, dernier budget équilibré produit par un gouvernement. Quelle qu’en soit la couleur politique. Depuis,  l’excès de nos dépenses publiques est financé par la dette.  Une fuite en avant, effectivement, « suicidaire ». Car financer, aujourd’hui, l’Etat providence  par l’emprunt, c’est hypothéquer l’avenir.

depenses publiques évolution 1969 - 2009

La société française a été déconstruite au cours des quarante années écoulées, mais cette déconstruction s’est accompagnée d’une asphyxie de son économie, et c’est à cela qu’il faut remédier en priorité.
La France croule sous le poids d’un secteur public démesuré et d’une protection de sociale désormais au-dessus de ses moyens. Les « trente glorieuses » qui avaient permis la mise en place de ce système, sont révolues depuis plus de … trente ans. Mais le système est toujours en place. Certains au sein de la classe politique,  s’accordent à le dire. Mais personne n’ose agir. Voilà pourquoi la France se meurt.

solde public france depuis 50 ans

En 2013 les dépenses publiques en France ont battu un nouveau record. Leur poids rapporté au PIB est monté à  58%. Le plus élevé d’Europe ! En hausse de 4% par rapport à 2012. Alors même que nous sommes censés faire des « économies » ! En Allemagne ce poids est de 46% du PIB. La moyenne au sein de l’OCDE est  de 45%. 12 à 13  points de moins. Chaque point valant à peu près vingt milliards d’euros. Un écart assassin. Et révélateur. Si la France avait un taux de dépense publique  équivalent à celui de ses voisins et concurrents, elle économiserait plus de 200 milliards tous les ans. Son budget serait en excédent et elle pourrait même rembourser sa dette !
Au lieu de cela la loi de finance de la France, qui prévoit un déficit de 4,4% du PIB est examinée avec suspicion à Bruxelles. La France dépasse largement la limite communautaire de 3% de déficit, et respecte encore moins les engagements pris par le président Hollande en 2012. La France est délinquante du point de vue européen pour la neuvième année consécutive, et la parole de son président est du vent…

deficit_public français 2005- 2014

Malgré cela et malgré les promesses des uns et des autres la dépense publique ne cesse d’augmenter. Elle représentait 35% de la richesse nationale en 1960. Elle a atteint le seuil de 50% pour la première fois en 1991, et a gagné encore cinq points de plus entre 2000 et 2012.
Pour financer cette dépense, les prélèvements obligatoires sont en France de 52% du PIB. Contre 44% en Allemagne et 38% au Royaume Uni. Le niveau des prélèvements en France est comparable à celui des pays scandinaves, des sociétés au profil très différent du nôtre. 

prelevements-obligatoires-évolution par premier ministre

prélèvements obligatoires France depuis 1978

 

 

 

 

 

 

 

Toutefois, même à un tel niveau,  ces prélèvements ne suffisent pas à couvrir la dépense. Le déficit étant comblé par l’endettement. Année après année, depuis 1974.  Soit quarante ans. Aujourd’hui la dette publique dépasse deux mille milliards d’euros. Ce qui représente plus de 95% du PIB. Rien que sur le second trimestre 2014, la dette s’est alourdie de 30 milliards d’euros. Annihilant les tentatives d’économie vantées par le gouvernement…

Dette publique France, évolution

La crise est certes passée par là. En 2007 cette dette ne représentait encore « que » 65% du PIB, mais la tendance haussière remonte à bien plus loin et s’explique par une incapacité de la France à s’adapter à un monde en perpétuel évolution.
Quelle qu’en soit la cause -corporatisme, résistances syndicales, préservation des intérêts particuliers aux dépens de l’intérêt général, etc - la France est bloquée. Irréformable. Et elle se complait dans une sorte de déni de réalité. En 2001 les socialistes procédaient à la réforme des 35 heures, soit une diminution de la durée hebdomadaire du travail, seul pays à accomplir  un tel geste, alors même qu’arrivait la concurrence des  pays émergents, avec leur coût du travail ridiculement bas. Dans le même temps ces mêmes gouvernants rejetaient l’idée d’une « TVA sociale », c’est-à-dire d’un mécanisme susceptible d’alléger les charges pesant sur les entreprises et de la reporter sur les marchandises importées, et souvent produites dans des conditions sauvages…

La France de 2014 reste une grande puissance mondiale ; de par son arme nucléaire, de par sa technologie et ses universités. Elle reste la première destination touristique du monde et un pays dont certains éléments rayonnent (Prix Nobel d’économie et prix Nobel de littérature en 2014). Mais elle n’est plus un pays dont la richesse justifie sa générosité sociale. Comment justifier que des jeunes touchent un RMI (devenu RSA), pour ne rien faire, quand tant d’emplois – dans la restauration par exemple, mais aussi l’entretien, la voirie, le bâtiment – sont occupés par des immigrés africains probablement clandestins ?

Le mensonge des 35 heures

Repousser l’âge de la retraite, revenir aux 39, ou 40, heures de travail hebdomadaire, ne remplacer qu’un fonctionnaire partant à la retraite sur deux, envisager même de remplacer ce statut par des contrats à durée limitée comme c’est déjà le cas au sein des grandes organisations internationales, limiter les allocations familiales au-delà d’un certain nombre d’enfants, réduire les prestations sociales pour les soins, non essentiels et non urgents, revoir le système d’assurance chômage… Ces réformes ne signifieraient pas un basculement dans « l’ultra-libéralisme » honni, mais un simple retour au bon sens. Le bon sens, une vertu française. La seule capable de redonner vie au pays.

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