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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
28 février 2023

Etats-Unis - Présidentielle 2024 : CPAC, tremplin vers la Maison Blanche

 donald-trump-cpac-2017

 La conférence CPAC (Conservatice Political Action Conference) se tient cette semaine à National Harbor dans le Maryland, sur les bords du fleuve Potomac à portée de vue de Washington. C’est le principal rendez-vous des conservateurs américains depuis 1974.

 Lancée par l’American Conservative Union et les Young Americans for Freedom, la première édition de ce rassemblement avait eu Ronald Reagan comme invité d’honneur,  donnant au gouverneur de la Californie de l’époque  un tremplin national en vue de sa première campagne présidentielle. Reagan avait prononcé  un discours, devenu célèbre, sur la « Cité sur la Colline » inspiré d’un sermon du révérend John Winthrop, qui articulait déjà les grands thèmes de sa campagne et de sa présidence, à savoir la nécessité d’un renouveau américain et la vocation des Etats-Unis à être une cité rayonnante qui soit un phare pour le reste du monde…

Ronald Reagan at CPAC

 Depuis CPAC est devenu un rendez-vous incontournable pour les personnalités politiques conservatrices, surtout quand ils, ou elles, ont des ambitions nationales. Tous les leaders du mouvement conservateur et tous les candidats républicains à la Maison Blanche, des Bush père et fils à Donald Trump en passant par John Mc Cain et Mitt Romney, son passés par la scène du CPAC. Et cela avec d’autant plus d’intérêt que lors de la conférence, les participants désignent celui qu’ils considèrent comme le champion de la cause conservatrice et que ce champion s’avère en général être le futur candidat républicain à la Maison Blanche.

 Avec un scrutin présidentiel en 2024, et une campagne pour la nomination républicaine déjà lancée, l’édition 2023 revêt une importance particulière.

Donald TRump and American Flag

 Donald Trump, candidat déclaré, sera présent, ainsi que ses deux challengers officiels, Nikki Haley et Vivek Ramaswamy. Mike Pompeo, l’ancien secrétaire d’Etat du président Trump sera là, pour promouvoir son dernier livre, « Never give an inch » (« ne rien céder », un véritable  slogan conservateur s’il en est)  et jauger le terrain en vue d’une possible candidature présidentielle. Mais deux prétendants importants seront absents : Ron De Santis et Mike Pence.

Mike Pompeo

 L’ancien vice-président et ancien gouverneur de l’Indiana, Mike Pence, présenté par certains comme un possible candidat à la nomination républicaine, a renoncé à venir. Peut-être pour ne pas être écrasé par l’ombre de Donald Trump. Même si, sur le papier, il est le plus conservateur de tous les candidats, de par une foi affirmée qui guide ses positions sociales et culturelles, Pence n’a ni le charisme ni la gouaille de l’ancien président et souffre de la comparaison.  

mike-pence-2

 Ron De Santis, le très populaire gouverneur de la Floride, a lui aussi choisi de ne pas participer à la CPAC préférant se rendre au Texas, parler immigration et sécurité à la frontière. De Santis  n’a toujours pas précisé ses intentions pour 2024. Il serait le plus sérieux challenger de Donald Trump, car beaucoup, notamment au sein de l’establishment républicain, le jugent plus éligible. Ces dirigeants du parti craignent que Trump ne fassent ressurgir les démons de 2020, et décourage l’électorat indépendant, précipitant une nouvelle amère défaite en novembre... De Santis est jugé plus susceptible de rassembler au-delà du camp républicain et beaucoup souhaitent qu’il s’engage pour que le parti Républicain passe enfin à "l’après-Trump".

Ron DeSantis with Donald Trump

 Mais De Santis juge plus sage d’attendre. Il tâte le terrain. Lui aussi vient de publier un livre,  « The courage to be free » (Le courage d’être libre) sur sa gestion du Covid en Floride. Ce n’est pas (encore) un manifeste électoral mais plutôt un moyen de juger de sa popularité.

 Le choix des électeurs Républicains, à ce stade, est Donald Trump. Le dernier sondage paru lui donne 46% des intentions de vote aux primaires, contre 23% à De Santis, et respectivement 7% et 6% pour Pence et Haley. Nul doute qu’il sera la star du CPAC. D’autant que Keri Lake, candidate républicaine battue pour le poste de gouverneur en Arizona (mais qui n’a toujours pas reconnu sa défaite et poursuit ses recours devant les tribunaux) prononcera le discours de clôture. Elle est « trumpiste » corps et âme.

Keri Lake with Donald Trump

 Donald Trump a remporté tous les votes du CPAC ces six dernières années et c’est l’ampleur de sa victoire que les observateurs scruteront cette semaine. Sa propre intervention sera suivie. Pour sa capacité à se projeter dans l’avenir, ce que l’électorat attend de lui, ou au contraire son penchant narcissique à revisiter les fantômes d’un passé injuste…

 Quant  à Nikki Haley et Vivek Ramaswamy, ils se présenteront en quête de notoriété, sachant qu’à l’heure actuelle ils ne peuvent rivaliser avec l’ancien président. Tous deux se sont lancés très tôt dans la campagne parce qu’ils sont largement inconnus du grand public. Leurs chances de victoire sont faibles et ils auront besoin de toutes les occasions pour se faire connaître. CPAC est la meilleure introduction à l’électorat républicain des primaires.

Nikki Haley South Carolina Governor

 Nikki Haley jouit d’une petite notoriété. Elle fut gouverneur de la Caroline du Sud et surtout elle fut ambassadrice à l’Onu de 2017 à 2019  sous la présidence de Donald Trump. A ce titre elle imposa sans broncher une ligne dure vis-à-vis de la Chine, de la Corée du Nord, et de la Russie.

 Haley a 51 ans, elle est la fille d’immigrants Sikhs du Punjab indien. Elle est née en Caroline du Sud, y a étudié, y a commencé une carrière de comptable et de gestionnaire de PME, avant de s’engager en politique, d’être élue à trois reprises à l’assemblée d’Etat  et d’emporter le siège de gouverneur en 2010.

Réélue à ce poste en 2014, elle fut choisie par le parti Républicain pour donner la réplique au discours sur l’Etat de l’Union de Barack Obama en 2016 (honneur revenu cette année à Sarah Huckabee Sanders, l’ancienne porte-parole de Trump à la Maison Blanche et actuelle gouverneur de l’Arkansas).

Nikki Haley 's book

 Un an plus tard, Donald Trump en faisait son ambassadrice à l’Onu. Là, elle appliqua sans sourciller les principes de « America First » et « Peace thru Strength » prônés par son boss ! Elle condamna les essais nucléaires nord-coréens, soutint Israël au sein de l’assemblée générale, défendit le déménagement de l’ambassade américaine à Jérusalem, justifia les frappes en Syrie, tout en précisant que les Etats-Unis ne recherchaient pas un changement de régime à Damas…

 Haley est devenue l’une des voix et l’un des visages de l’administration Trump, mais les Américains connaissent plus sa vues sur les relations internationales que sur la politique intérieure.

 Le 14 février 2023 elle a annoncé sa candidature à la nomination républicaine pour la Maison Blanche en 2024 avec le slogan « forte et fière ». Elle appelle à un changement générationnel à la tête des Etats-Unis, estimant qu'à 80 ans Joe Biden  a fait son temps. Ce qui implique, sans qu’elle le dise, qu’à 76 ans et un mandat derrière lui, Donald Trump n’est pas loin d’avoir aussi fait le sien… 

Nikki Haley launch of a campaign

 Ses ambitions nationales étaient connues. Et elle s’était engagée à ne pas briguer la nomination républicaine, si Trump était candidat. Elle vient donc d’enfreindre cette promesse. Ce qui n’est jamais bon auprès de l’électorat conservateur. Toutefois ses chances d’aller au bout sont limitées, et en dépit de ce que certains affirment, sa candidature conforte Trump plus qu’elle ne l’affaiblit.  Parce qu’elle divise son opposition. D'ailleurs il est loin d'être exclu que Trump et Haley ne décident un jour de lier leur destin et qu'elle le rejoigne comme vice-présidente sur le "ticket" républicain. 

 L’ancien président jouit d’une popularité inaltérée auprès des militants de base. Son socle électoral est solide, fiable et loyal. Les candidats qui vont se présenter contre lui vont se partager le reste du vote, ils ne vont pas lui prendre le sien. En clair plus ils seront nombreux,  plus leur score sera bas et plus les chances de voir Trump emporter primaire après primaire seront élevées…

Vivek Ramaswamy 2

 L’attraction surprise de cette édition du CPAC pourrait être un autre Américain d’origine indienne, un certain Vivek Ramaswamy, qui vient également de se lancer dans la course à la Maison Blanche.

 Vivek Ramaswamy est un nouveau venu sur la scène politico-médiatique américaine. C’est un brillant jeune homme qui a brûlé les étapes et à qui tout, pour l’instant, réussit…  Né en 1985 à Cincinnatti, dans l’Ohio, de parents immigrés de Kerala en Inde, Ramaswamy a fait de brillantes études à Harvard et Yale, et s’est lancé de front dans trois carrières simultanées, les affaires, l’écriture et l’activisme politique. Il a réussi avec insolence dans les trois domaines.

Vivek Ramaswamy and family

Roivant Sciences, la compagnie pharmaceutique qu’il a fondée en 2014 a fait de lui un multimillionnaire en quelques années. Fort et fier de sa réussite dans la sphère capitaliste, Ramaswarmy a pris la plume pour dénoncer le venin du « wokisme » qui menace depuis quelques années le capitalisme américain.  Ses deux ouvrages, « Woke Inc » , où il dénonce la notion de « justice sociale » comme un poison pour les entreprises, et « Nation of Victims » , où il revient sur l’essor de la politique identitaire et le recul de la méritocratie,  sont devenus des best-sellers outre-Atlantique. Ce faisant, Ramaswamy est devenu un chou-chou de la cause conservatrice et un habitué des plateaux-télé et tournées de conférences.

Vivek Ramaswamy at CPAC

 C’est d’ailleurs à l’occasion d’une interview avec Tucker Carlson, journaliste star de Fox News, et commentateur conservateur le plus populaire du moment, que Ramaswamy  a annoncé sa candidature, le 21 février. S’inspirant dit-il de Donald Trump dont la campagne de 2016 lui a laissé penser que lui aussi pourrait mettre en avant son esprit d’entreprise et des idées inorthodoxes pour se projeter jusqu’à la Maison Blanche.

Vivek Ramaswamy & Tucker Carlson

 « L’Amérique est en pleine crise d’identité. Nous cherchons des valeurs qui fassent sens à un moment où la foi, le patriotisme et le travail sont sur le déclin. Nous adoptons des religions séculaires, le climatisme, le covidisme, l’idéologie du genre pour satisfaire notre quête de sens, mais nous sommes incapables de dire ce que c’est que d’être Américain… C’est pourquoi je suis candidat à la présidence. Je ne lance pas une simple campagne, je lance un mouvement culturel pour fonder un nouveau rêve américain ; un rêve qui ne parle pas que d’argent, mais d’une poursuite impénitente de l’excellence. » a-t-il écrit dans le Wall Street Journal.

Vivek Ramaswamy Woke Inc

 Ramaswamy a pour lui la fougue, la jeunesse, l’énergie et une petite fortune qui lui épargne de dépendre des financements habituels pour sa campagne. Il a contre lui une totale inexpérience des campagnes électorales et un réseau moins étendu que celui de Donald Trump en 2016.

 Son discours axé  sur les menaces existentielles représentées par les dérives du progressisme et sur le besoin de stopper le « wokisme » avant qu’il n’ait totalement annihilé le ressort vital de la société américaine, garantit que la question de la « guerre culturelle » qui sévit aujourd’hui aux Etats-Unis sera au cœur de la campagne.  

Christine Blasey Ford

 Face au succès de la CPAC, la gauche a cherché une parade et celle-ci est venue d’une accusation anonyme et sans preuve mais qui a changé la teneur des reportages sur l’événement. Un peu comme le juge Brett Kavannaugh fut accusé de viol trente ans après les faits supposés, sans qu’un seul témoignage ne vienne corroborer les accusations de la supposée victime, un employé de CPAC accuse le président de l’organisation d’attouchements inappropriés…

Matt & Merceddes Schlapp CPAC 1

 Ce président, qui est aussi le président de l’American Conservative Union, s’appelle Matt Schlapp. Il a 55 ans. Il est marié et père de cinq enfants (cinq filles). Il dirige l’ACU depuis près de dix ans. C’est aussi un ami personnel de Donald Trump. Son épouse Mercédès Schlapp  à travaillé à la Maison Blanche.

MAtt Schlapp with Trump

 L’accusateur anonyme demande plus de 9 millions de dollars de dommages et intérêts. Schlapp nie toutes les accusations, en bloc, mais la plainte a été déposée mi-janvier 2023 pour un comportement qui remonterait à l’automne 2022 et il est évident que la presse bienpensante parlera autant de cette affaire que du contenu des interventions des  participants…

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