Politique U.S.: Ron DeSantis est-il le futur président des Etats-Unis ?

Effervescence et émoi dans les médias bien-pensants aux Etats-Unis. Une cinquantaine de migrants sont descendus sur Martha’s Vineyard, la station balnéaire huppée de la côte Est.

Ils ne sont pas arrivés là par hasard. On les y a débarqués. « On » c’est Ron DeSantis, le gouverneur républicain de la Floride. Il a loué deux avions pour transporter directement depuis la frontière mexicaine du Texas, un groupe d’immigrants clandestins, jusque sur le pas de porte de l’élite socio-libérale américaine. Pour qu’elle soit directement confrontée aux problèmes posés par le flot massif de clandestins à travers la frontière mexicaine (plus de deux millions de personne sur les huit premiers mois de 2022). Problèmes qui résultent de la politique de l’administration Biden, soutenue par cette élite de gauche, et qui se résume à l’idée de frontières ouvertes (« Open Borders »).

Comment les autorités de Martha’s Vienyard ont elles réagi à la présence de cinquante migrants ?  En se débarrassant d’eux. Ils ont tous été évacués sous 48 heures, grâce à l’intervention de la Garde Nationale, au prétexte que la municipalité ne disposait pas les infrastructures d’accueil nécessaires. Alors même que Martha’s Vineyard se vante d’être une « ville sanctuaire », c’est-à-dire une communauté susceptible d’accueillir les migrants avec bienveillance.

Ron DeSantis a réussi un double coup d’éclat. Il a braqué les projecteurs des médias sur la question de l’immigration clandestine et il a révélé au grand jour l’hypocrisie de la gauche, favorable à l’entrée massive de migrants, à condition qu’ils aillent ailleurs que chez eux.

Inévitablement il a été descendu en flammes par les autorités morales Démocrates qui sévissent sur les grandes chaînes comme MSNBC, CNN ou ABC. Tandis que le New York Post et Fox News, deux médias sensibles à la cause conservatrice, en faisaient le héros du jour.

Ce faisant il a marqué des points précieux auprès de la droite républicaine. Ce qui n’est pas anodin car Ron DeSantis est une figure montante du Parti Républicain et il pourrait bien briguer rapidement la Maison Blanche.

Pour l’heure DeSantis est gouverneur de la Floride, Etat de l’extrême sud-est des Etats-Unis, connu pour ses immenses plages, son climat tropical, et ses terrains de golf qui attirent des milliers de retraités américains.

En dépit de son nom de « sunshine state » (Etat ensoleillé), la Floride n’est pas l’Etat américain le plus ensoleillé (ce privilège revient à l’Arizona), mais il compte 250 jours de soleil par an, des hivers doux, ainsi qu’une criminalité en dessous de la moyenne nationale, une économie dynamique, et une effervescence culturelle générée par la communauté cubano-américaine de Miami.

La population de la Floride ne cesse de croître et a récemment dépassé les 21 millions de personnes, en faisant le troisième Etat le plus peuplé de l’Union (après la Californie et le Texas, et devant New York). Le plus célèbre de ses nouveaux résidents est l’ancien président Donald Trump, dont le ranch de Mar-a-Lago occupe plusieurs hectares en bordure de mer dans la ville de Palm Beach.

DeSantis, quant à lui est originaire de Jacksonville, métropole tentaculaire du nord de la Floride. Il est le descendant d’immigrants italiens arrivés aux Etats-Unis au début du vingtième siècle. Son parcours se lit comme le curriculum vitae du parfait leader politique. Il est diplômé en histoire et en droit de Yale et de Harvard, deux des plus prestigieuses universités américaines.  A la suite de ses études il s’est engagé dans la marine américaine et a été déployé en Irak en 2007 dans le cadre du « sursaut » (surge) ordonné à l’époque par le général Petraeus. De retour aux Etats-Unis il s’est rapidement lancé en politique avec une candidature réussie au Congrès des 2012, comme représentant du 6^e district de Floride. Réélu en 2014 et 2016, il s’est présenté au poste de Gouverneur de la Floride et l’a emporté de justesse en 2018.

Il s’agissait de succéder au gouverneur Républicain Rick Scott, atteint par la limite des mandats. Son adversaire était le Démocrate Andrew Gillum. Le scrutin fut très serré. Depuis  plus de vingt ans, la Floride est un Etat où Républicains et Démocrates se tiennent au coude à coude. Au final, quelques milliers de voix séparaient les deux hommes en faveur de DeSantis. Comme désormais de coutume, DeSantis était largement en tête le soir du scrutin mais le décompte des votes par correspondance avait permis à son adversaire de le rattraper, obligeant les autorités à un recomptage, qui a confirmé son élection.

Malgré cette courte victoire DeSantis a imposé une ligne résolument conservatrice sur la conduite de la Floride.

Il s’est battu sur les quatre fronts qui constituent aujourd’hui les quatre piliers d’une reconquête de la Maison Blanche et du Congrès par les Républicains.

-Sur le front économique, il a fait de son Etat une locomotive pour une croissance dérégulée.

-Sur le front de l’immigration illégale il a expulsé les clandestins, il leur a refusé l’aide sociale de la Floride, et il a banni les « villes sanctuaires ».

‘Sur le front de l’éducation il s’est opposé aux tentatives tous azimuts pour imposer les théories « woke » et les théories du genre dans l’enseignement public.

-Sur le front de la sécurité il a renforcé les effectifs de police, quand les aboyeurs publics hurlaient au contraire pour priver les hommes en bleu de budget (« defund the police » était un cri de ralliement des Démocrates en 2020).

Surtout il s’est battu pendant la pandémie de Covid 19 pour préserver les libertés individuelles et empêcher que les politiques de confinement ne ruinent les résidents de la Floride. Et c’est sans doute sur ce dernier plan qu’il a le mieux réussi et a ainsi acquis une notoriété nationale.

En janvier 2019 quand il prend les rênes à Tallahassee, la capitale administrative de la Floride, Ron DeSantis est inconnu du grand public. A peine s’était-il fait remarquer, en tant qu’élu Républicain du Congrès, pour ses critiques du procureur spécial Robert Mueller et du FBI dans le cadre de l’enquête sur la supposée « collusion avec la Russie ». Il fut un des premiers à dénoncer un dossier vide et monté de toute pièce, et à alerter les médias sur les violations répétées du droit américain commises par les agents du FBI dans le cadre de l’enquête.

Il faut attendre mars 2020 pour qu’il émerge sur la scène nationale. Le pays entre dans la pandémie de Covid 19, le « virus chinois ». Bien que la Floride ait une plus forte proportion de personnes âgées au sein de sa population que les autres Etats américains, DeSantis refuse d’imposer le port du masque, et d’instaurer le confinement. Il se contente de « recommandations » et demande à ses résidents de « rester chez eux ». Il fait appel à la responsabilité individuelle, plutôt qu’à des mesures coercitives.

Critiqué par les médias, les Démocrates et les « experts », DeSantis se défend statistiques en main. La Floride, au printemps 2020 est plutôt moins touchée que New York ou la Californie. De ce fait, dès la rentrée 2020 DeSantis autorise la réouverture des écoles et l’enseignement « en présentiel ». S’attirant l’ire des syndicats d’enseignants, dont les membres ont pris goût au confort de l’enseignement à distance. Surtout, il protège les entreprises, son administration et les libertés individuelles.

Quand, à partir de décembre 2020, les vaccins deviennent accessibles, De Santis refuse d’imposer l’obligation vaccinale. Même au sein du secteur public. Lui-même se fait vacciner  mais il laisse le choix aux résidents de Floride de subir une deuxième et même une troisième injection. Surtout, il interdit, par décret, aux entreprises ou aux administrations de licencier ou même de suspendre les « non-vaccinés ».

Encore une fois il est critiqué dans les médias. Mais il marque des points auprès de l’électorat conservateur anti-système. Le cœur de cible de Donald Trump. Au final, la Floride a comptabilisé 81 000 décès attribués au Covid (au 25 septembre 2022). Ce qui la place au troisième rang des Etats les plus touchés, un chiffre en rapport avec sa population et la moyenne américaine. Contrairement à ce que les alarmistes avaient prédis, la Floride n’a pas connu d’explosion de ses cas ni de ces décès du fait des choix de Ron DeSantis.

Par contre l’ économie de la Floride a clairement profité de son refus de tout « lockdown » (confinement) prolongé. Alors que l’économie américaine dans son ensemble s’est contractée au cours des deux premiers trimestres de 2022 ( moins 1,6% au premier trimestre, et moins 0,6% au second)  l’économie de la Floride continue de croitre, mais à un rythme très lent de 1,5% l’an. Le chômage y est en dessous de la moyenne nationale et des milliers de ménages Américains y emménagent tous les jours, souvent en provenance d’Etats « bleus », c’est-à-dire dirigés par des administrations Démocrate.

Au-delà d’un emploi ces ménages viennent aussi chercher un cadre de vie plus sûr pour leur famille et un enseignement public plus fiable. Ron DeSantis a fait de la lutte contre la criminalité, et pour un enseignement public de qualité les deux autres piliers de sa politique pour la Floride.

Depuis 2020 et encore plus depuis janvier 2021, c’est-à-dire la date de l’entrée de Joe Biden à la Maison Blanche, la criminalité violente a explosé aux Etats-Unis, en particulier dans les grandes villes. Chicago, Detroit, Baltimore, Los Angeles, Sans Francisco, Saint Louis et d’autres villes ont toutes vu le nombre des homicides bondir en flèche. Au contraire, la criminalité et en particulier le nombre de meurtres a baissé en Floride entre 2020 et 2021.

Enfin, DeSantis s’est particulièrement distingué dans sa lutte contre l’idéologie « woke ». « Il faut combattre le wokisme à l’école, il faut combattre le wokisme dans les entreprises » répète-t-il lors de ses réunions publiques. Il ne faut jamais céder devant le wokisme.»

Inconnu il y a encore quelques années le terme « woke » s’est imposé aux Etats-Unis (et dans le monde occidental) pour décrire l’idéologie d’extrême gauche qui affirme, au nom de la lutte contre le racisme, les discriminations et les injustices, que la civilisation occidentale en général et les Etats-Unis en particulier sont d’essence raciste ; que la société américaine est conçue pour maintenir les Noirs dans un état d’infériorité économique et sociale ; que « l’homme blanc » est la personnification du mal et qu’en conséquence il faut éliminer et abattre toutes les personnes et symboles de cette culture, et les remplacer par des personnes et manifestations Noires…

Enseignées dans certaines écoles publiques américaine, sous le nom de « théorie critique des races », les thèses wokistes s’attaquent aux fondements de la société américaine et sont parvenues à la diviser, menaçant de la faire vaciller.

En parallèle on a vu aux Etats-Unis des enseignants, par ailleurs membres de minorités sexuelles, enseigner aux plus jeunes écoliers des théories fumeuses sur le genre et incitant ceux-ci à « décider eux même de leur genre sans en informer papa et maman » ! Le résultat est une véritable épidémie de dérèglements mentaux chez les adolescents, particulièrement vulnérables aux questions liées à leur identité sexuelle.

Face à ces deux menaces DeSantis a fait voter  deux lois au printemps 2022 par l’assemblée de Floride, l’une intitulée « Stop WOKE », l’autre intitulée « Parental Rights in Education », destinées à stopper la pénétration de ces idéologies. Dans les deux cas il est devenu la cible des bienpensants et le héros de l’Amérique profonde et de la majorité silencieuse.

Son pari est que cette Amérique lui en saura gré le moment venu. Dans un premier temps les élections de mi-mandat du 8 novembre prochain donneront une indication de sa popularité. DeSantis est en effet candidat à un second mandat à la tête de la Floride. Il est plus que propable qu'il sera réélu et que l'écart en sa faveur sera de beaucoup plus que quelques milliers de voix...