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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
24 janvier 2024

Primaires Républicaines: "Trump, est adulé par toute une Amérique"

 Trump Save America Rally

Après la primaire du New Hampshire, l’Etat des lieux de la course à la nomination Républicaine

Entretien avec Gérald Olivier pour Factuel, le 24 janvier 2024

Factuel : L'abandon de Ron DeSantis à la primaire républicaine était-il écrit d'avance ? Le pensiez-vous capable de concurrencer Donald Trump dans ce scrutin ?

Gerald Olivier. Il est toujours facile de s’exprimer après coup, mais oui c’était écrit d’avance et Ron DeSantis a fait une erreur en se présentant. Il aurait dû attendre 2028 et s’engager derrière Trump pour 2024.  En renonçant très tôt dans le processus des primaires (pour l’instant seulement deux Etats sur cinquante ont voté, l’Iowa et le New Hampshire) et en déclarant son soutien à Donald Trump, il a corrigé en partie cette erreur.

Pour beaucoup d’électeurs Républicains, Ron DeSantis est l’héritier légitime de Trump. Ils n’ont pas la même personnalité mais ils ont une volonté commune de démanteler « l’Etat profond », de s’attaquer à la corruption qui gangrène Washington, et de dénoncer la culture « Woke » pour ce qu’elle est, à savoir un assaut destructeur contre les Etats-Unis, contre les fondements du rêve américain et contre les valeurs occidentales en général.

Ron De Santis

 

Donald Trump n’a effectué qu’un mandat présidentiel. Une majorité d’électeurs Républicains considère que l’élection de 2020 lui a été volée. Il a donc une double légitimité à se présenter en 2024. Dès lors le mieux pour les Républicains auraient été de faire corps derrière lui dès le départ.

L’annonce de sa candidature par DeSantis en mai 2023 a surpris les observateurs. Trump avait déjà à l’époque la main mise sur le parti et une majorité de ses électeurs. Le défi était considérable. Peut-être a-t-il pensé que Trump serait embarrassé par ses affaires judiciaires et forcé de renoncer ? Il voulait donc se présenter en recours. Mais ce faisant il s’est attiré l’antipathie de supporters qui ont vu en lui un ambitieux ingrat, car ses propres succès en politique doivent aussi beaucoup à la façon dont Trump a montré qu’on pouvait bousculer les normes.

L’idée qu’il aurait pu renverser l’électorat Républicain et convaincre les électeurs de Donald Trump d’abandonner leur champion pour se rallier à sa candidature était illusoire et même inconcevable. Trump n’est pas un candidat ordinaire, il est le leader charismatique d’un mouvement populaire. Il est littéralement adulé par toute une Amérique qui constitue la base du parti Républicain. Ces électeurs voteront pour lui quoi qu’il arrive, quoi qu’il dise et quoi qu’on lui fasse. DeSantis s’est lancé dans un combat perdu d’avance.

Par contre 2024 est le dernier combat de Trump. Qu’il gagne ou qu’il perde il n’aura plus de légitimité démocratique au-delà de novembre 2024. Mais son mouvement lui survivra et il voudra le faire durer. Il y aura donc un flambeau à reprendre en 2028. Il suffisait à Ron DeSantis d’être un peu patient et ce flambeau lui serait revenu. A présent il est probable que plusieurs personnalités prétendront à représenter la relève.  

Factuel. Nikki Haley est-elle capable d’aller jusqu’au bout face à l’ancien président ?

Gerald Olivier . Nikki Haley a zéro chance d’emporter la nomination Républicaine. Par contre elle est capable de poursuivre sa campagne et de tenir tête à Donald Trump un certain temps. Elle va d’ailleurs sans doute le faire. Pour montrer qu’elle a du caractère et qu’elle n’abandonne pas facilement. Elle essaye de marquer des points pour une campagne future.

Nikki Haley launch of a campaign

Même si l’on veut imaginer l’impensable et envisager que Trump soit mis hors course par un événement exceptionnel et imprévisible, comme un attentat contre lui ou autre,  elle n’emporterait pas automatiquement la nomination. Le retrait de Trump libérerait les ambitions d’autres personnalités et toutes les cartes seraient rebattues.

Factuel. Comment analysez-vous le début de campagne de Donald Trump ?

Gerald Olivier. Donald Trump mène pour l’instant une excellente campagne et comme par le passé il est capable de retourner les attaques contre lui à son avantage. Placé très haut dans les sondages dès l’été 2023 il a refusé de participer aux différents débats télévisés et cela lui a grandement profité. A la place et à la même heure, Trump a organisé des réunions publiques, souvent télévisées, où il a répondu en direct aux questions des électeurs présents. C’est un format qui lui a très bien réussi et qui fort bien fonctionné à l’audimat.

Eut-il participé aux débats, tous les autres candidats auraient concentré leurs tirs contre lui. En son absence ils en ont été réduits à se chamailler entre eux, alors que de son côté il apparaissait comme au-dessus de la mêlée. Résultat, la bataille des prétendants est devenue une bataille pour la seconde place sur le ticket Républicain. Tim Scott le sénateur Noir de Caroline du Sud, Vivek Ramaswamy, l’entrepreneur millionnaire d’origine indienne, Chris Christie l’ancien gouverneur du New Jersey et même Nikki Haley sont candidats au poste de vice-président.

Donald TRump and American Flag

De plus, et c’est sans doute l’essentiel, Trump s’est projeté sur 2024 et s’est concentré sur l’avenir. Il a fait des dizaines de propositions, précises et chiffrées, sur ce qu’il ferait durant son second mandat. Son programme détaillé s’appelle Agenda 47 (47, parce que s’il est élu il sera le 47e président des Etats-Unis). On peut le consulter en ligne. Dans ce programme il apporte des réponses précises à des questions qui préoccupent les Américains, sur l’économie, sur la société, sur les valeurs, sur la culture, sur le monde, etc. Il démontre sa connaissance des dossiers, son engagement et, surtout, il démontre qu’il n’est pas candidat simplement pour réparer l’affront subi en 2020.

Enfin, au soir de sa victoire écrasante dans l’Iowa, Trump a donné une interview très apaisée où il s’est présenté en rassembleur, en pacificateur, en réunificateur de l’Amérique victime des divisions et du ressentiment alimenté par Joe Biden et son administration « woke ». Il n’a pas parlé de rétribution ou de vengeance mais de reconstruction. C’est un excellent discours dans la perspective du scrutin de novembre et la meilleure réponse à ceux qui l’accusent, lui et ses dizaines de millions d’électeurs, de constituer une « menace contre la démocratie »,  à l’instar du président Biden.  

Factuel. En cas de victoire de Trump à cette primaire, va-t-on, selon vous, vers un ticket Trump-Haley ou Trump-DeSantis ou voyez-vous un autre ticket pour sa campagne vers la Maison Blanche ?

Gerald Olivier. Beaucoup d’observateurs misent sur Nikki Haley pour la vice-présidence. Elle fait partie des choix possibles. Elle a de nombreux atouts pour cela. C’est une femme, ce qui peut aider Trump a récupérer une partie de l’électorat féminin effrayé par la décision Dobbs de Juin 2022 qui a annulé la décision de 1973 autorisant l’avortement sur tout le territoire fédéral et renvoyé la question aux législateurs de chaque Etat. Elle a été gouverneur, elle a donc une expérience de l’exécutif. Elle a été ambassadrice à l’Onu, durant le premier mandat de Trump, elle connaît donc les relations internationales et comme le vice-président est souvent délégué aux questions de politique étrangère, elle aurait le bon profil.

Nikki Haley with Trump at White house

Par contre elle est beaucoup plus va-t-en guerre que lui. C’est une néo-conservatrice qui rêve d’une Amérique à la fois gendarme et lumière du monde. Trump est un non-interventionniste (ce qui n’est pas la même chose qu’un isolationniste). Ils ne voient pas le rôle de l’Amérique dans le monde du même œil. Ils ne s’entendront pas forcément et en tant que vice-présidente ce serait à elle de céder. Comme elle a un fort caractère et comme elle estime avoir un avenir politique à part entière je ne suis pas convaincu que cela lui convienne et qu’elle accepte le job s’il le lui proposait.

Elle a aussi beaucoup critiqué la personnalité de Donald Trump, son machisme, son arrogance et son égo. Or, lui recherchera d’abord un allié loyal et totalement dévoué pour le job. Je ne suis pas sûr qu’elle soit en tête de sa liste.  

Ron DeSantis est également un « VP » possible. Encore plus depuis qu’il a renoncé à sa propre candidature. Cette position renforcerait son image d’héritier légitime en vue de l’élection présidentielle de 2028. Mais, pareillement, je ne suis pas convaincu qu’il accepte d’être le second de Donald Trump pendant quatre ans, toujours dans son ombre, toujours en dessous, sans le droit à une parole autonome…

Ron DeSantis with Donald Trump

Vivek Ramaswamy a un profil trop proche de celui de Trump : homme d’affaire, multimillionnaire, outsider, anti-establishment, anti Washington, anti-woke etc. Il ressemble trop à Trump pour renforcer son « ticket ». Et il n’a jamais été élu pour quoi que ce soit. En cas d’élection et d’incapacitation de Trump il serait totalement novice…  Pour moi il représenterait plus un risque qu’un atout.

L’un des critères qui détermine le choix d’un vice-président est sa capacité à favoriser la victoire du candidat lors de l’élection générale de novembre. En 1960 Lyndon Johnson qui était sénateur du Texas a apporté cet Etat et ses « grands électeurs » à Kennedy, ce qui lui a permis de gagner. En 1980 Georges Bush a amené l’establishment Républicain à Ronald Reagan qui passait pour le « cowboy » californien et attiré à lui des votes Indépendants. Ce fut un choix judicieux qui a conforté ses chances de victoire.

L’élection du 5 novembre 2024 sera très disputée, très serrée et très tendue. Je pencherais pour une personnalité politique connue des Américains et susceptible de rallier à Trump des électeurs importants. Tim Scott, le sénateur Noir de Caroline du Sud l’aiderait vis-à-vis du vote Noir. De plus il est récemment fiancé à une femme blanche, ce qui serait un symbole de réconciliation raciale. Kristie Noem, gouverneur du Dakota du Sud l’aiderait auprès des femmes. De même que Sarah Huckabee Sanders qui fut sa porte-parole à la Maison Blanche et qui est désormais gouverneur de l’Arkansas. Toutes deux sont  beaucoup plus jeunes que lui et créeraient un lien avec les plus jeunes générations. Et la liste ne s’arrête pas là…

Factuel. A quoi pourrait ressembler un second mandat de l’ancien président républicain ?

Gerald Olivier. Il ne faut pas aller trop vite en besogne. L’élection est dans dix mois il peut se passer des choses. Mais dans le cas d’une élection de Trump deux éléments pourraient prévaloir.

Dans un premier temps, c’est-à-dire pendant la période de transition, je crains une opposition violente de la part de groupuscules radicaux hostiles à Donald Trump (les Antifas, Black Lives Matter et d’autres mouvements pro-Hamas qui ont émergé tout récemment) et décidés à ne pas accepter le résultat. Au passage,  je crains aussi des tentatives de détournement du scrutin et des accusations réciproques de tricheries. Ces violences auraient sans doute l’assentiment des médias et des réseaux sociaux (très majoritairement hostiles à Trump), ainsi que des juges, et des élus démocrates, trop content d’associer Trump au chaos, comme en 2020. La situation pourrait être très volatile, au moins le temps que les esprits se calment.

Dans un second temps, c’est-à-dire à partir de janvier 2025, l’administration Trump se lancera tête baissée dans un travail de reconstruction de l’Amérique. Travail marqué par des priorités, comme combattre l’immigration clandestine,  relancer la machine industrielle américaine, ouvrir le marché de l’énergie, travailler à une déréglementation de l’économie, détricoter autant que possible la toile d’araignée « woke » tissée par la gauche, remonter les barrières douanières contre les importations en provenance de Chine, du Mexique, mais aussi d’Europe, et intervenir auprès des dirigeants européens pour qu’ils mettent leur continent en ordre, payent pour leur propre défense, ou compensent les Etats-Unis pour leurs efforts. Trump agirait également personnellement auprès de Vladimir Poutine et de Président Zélensky pour les forcer à engager des discussions. En politique étrangère l’Iran serait à nouveau au ban des Nations.

En clair, cela ressemblerait fortement au premier mandat de Trump. Sans l’effet de surprise.

Gerald Olivier

pour Benjamin Fayet,  Journaliste responsable des blogs

 

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