Bande Dessinée : Le Maître de Benson Gate et la réinvention du Far West.

2 mars 2012

De Lucky Luke à W.E.S.T, de Blueberry à Durango, le « Far West » est une source d’inspiration sans cesse renouvelée pour les auteurs de romans populaires et de Bande Dessinée. Avec Le Maître de Benson Gate, Fabien Nury et Renaud Garetta ont poussé les limites du sujet dans le temps et l’espace mais ils en ont gardé les ressorts et la trame.

Ainsi derrière les apparences d’une saga familiale, leur série, le Maître de Benson Gate, est un Western, avec ses codes, ses rites et ses couleurs. C’est ce qui fait son charme.

L’action se situe dans l’Amérique du début du XXe siècle. Sur fond de ruée vers l’or noir et de révolution mexicaine. Elle tourne autour des frères Benson, Calder et Richard, héritiers désignés de la fortune acquise par leur père dans le pétrole texan. Calder, l’aîné est une tête brûlée. Flambeur, joueur, séducteur, et s’il le faut tueur ! Richard, le cadet est un froid calculateur. Frais diplômé de Yale il entend faire carrière seul, du bon côté de la loi. Le destin va en décider autrement. Car la nuit de leurs retrouvailles les frères sont pris dans une rixe, il y a mort d’homme et Calder doit fuir, laissant Richard seul Maître de Benson Gate…Mais pour combien de temps ?

Telle était la trame du premier volume de la série. Depuis trois autres sont parus. Calder a fui pour le Mexique. On l’a cru mort. Sa fiancée a épousé Richard, qui dirige l’entreprise familiale d’une main impitoyable, tandis que Calder poursuit une quête violente et hallucinée pour un fabuleux trésor enfoui au cœur de la jungle…

Quintana Roo, le quatrième volume de la série, nous emmène donc au Yucatan, véritable transposition du « Far West ».

Car dans cette contrée sauvage et reculée, Calder, le héros maudit et banni de la bonne société, va retrouver son propre état sauvage, son énergie animale, destructrice et primitive, pour accomplir le pire, avant, peut-être, d’en venir au meilleur, et de gagner sa rédemption…Les huit volumes encore à paraître le diront peut-être ?

Le Maître de Benson Gate offre ce qui se fait de mieux en bande dessinée d’aventures : des personnages forts, dignes de l’ouest, héros de tragédie qui portent leurs fautes en eux et les paieront un jour ; des décors exotiques entre mythe et l'histoire ; un rythme effréné, qui offre de l’action et des rebondissements à chaque page ; un trait vivant, viril même ; des couleurs chaudes et chatoyantes.

Mais comme souvent avec la bande dessinée, le cadre historique est un prétexte, pas un contexte, et la psychologie des personnages est dessinée à la machette, quant à l’action elle se perd parfois dans des intrigues subalternes dont la seule fin semble être celle de multiplier les volumes et donc les ventes.