Primaires Républicaines : Super Tuesday, enjeux et explications

Ce mardi 6 mars, 10 Etats tiendront leur scrutin dans le cadre des primaires pour   la détermination du candidat républicain à la Maison Blanche. D’où le terme de « Super Tuesday », super mardi !

410 délégués sont à répartir. Soit  plus que l’ensemble des délégués attribués au cours de treize scrutins tenus depuis le début de la campagne le 3 janvier, dans l’Iowa.  Il faut environ 1 144 délégués pour emporter la nomination.

Les dix Etats qui vont voter sont (par ordre alphabétique) : le Dakota du Nord (28) , la Géorgie (76), l’Idaho (32), le Massachusetts (41), l’Ohio (66), l’Oklahoma (43), le Tennessee (58), le Vermont (17), et la Virginie (49). L’Alaska organise un « caucus"  qui se prolonge jusqu’au 24 mars.

Apparus en 1984, les « super mardi » sont devenus une tradition des primaires.  Il s'agit d'organiser des scrutins dans plusieurs Etats le même jour pour mobiliser l'attention des électeurs, et donner une envergure nationale au vote. En 2008 pour les primaires démocrates ( les deux partis ne tiennent pas forcément leur vote à la même date), il y eut 24 scrutins organisés le 5 février. Soit près de 50% des délégués attribués en un seul jour. Une accumulation en début de campagne qui s’explique par la volonté des Etats de voir leur vote compter dans la détermination du candidat.

En comparaison de 2008, le « Super Tuesday 2012 » est modeste. Il ne représente pas un vote à l’échelle nationale, car mis à part l’Idaho et l’Alaska, les Etats concernés sont tous de l’Est ou du Mid-West . Il ne déterminera pas de façon définitive le vainqueur de la campagne des primaires, non plus. A sa conclusion 60% des délégués resteront à déterminer.

Par contre il devrait permettre d’établir une hiérarchie claire entre les candidats. Si Mitt Romney remporte une majorité des scrutins il confortera sa place de prétendant. Si au contraire Rick Santorum crée la surprise dans plusieurs Etats en terminant en tête il s’affirmera comme un challenger crédible, susceptible de se substituer à un Mitt Romney, toujours aussi peu capable de fédérer le parti derrière lui. Ron Paul, quoi qu’il arrive, poursuivra sa route. Il fait désormais campagne pour diffuser son message, pas pour l’emporter. Il en va autrement de Newt Gingrich. Sa course à la nomination pourrait bien s’arrêter mercredi. Systématiquement distancé par Romney et Santorum, il a annoncé qu’il se retirerait s’il ne parvenait pas à remporter, au moins, son propre état de Géorgie.

 Voici comment se profilent les scrutins :

 Le Massachussets, le Vermont et la Virginie vont tomber dans l’escarcelle de Mitt Romney. Dans les deux premiers il est l’enfant du pays, dans l’autre, seuls Ron Paul et lui ont pris la peine de faire enregistrer leur candidature.

L’Oklahoma et le Tennessee semblent acquis pour Rick Santorum. Son message de conservatisme social et religieux passe particulièrement bien auprès de ces Etats du « vieux Sud ». Il mène de vingt points dans les sondages.

La Géorgie va sans doute donner à Newt Gingrich sa seconde victoire.  C’est l’Etat où il est né, et dont il fut le représentant au Congrès pendant vingt ans.

L’Alaska organise un « caucus », étalé sur plusieurs semaines et son vainqueur ne sera connu que le 24 mars. Quel que soit le résultat, il  n’aura pas d’impact immédiat sur la course.

L’Idaho et le Dakota du Nord ne représentent que soixante délégués à eux deux. Ils tiennent  des « caucus » avec une attribution des délégués à la proportionnelle et sur une base « sans attache » (« non binding » en anglais signifiant que les délégués peuvent encore rallier un autre candidat). Romney est en tête dans les sondages de  l’Idaho et le Dakota du Nord est indécis, mais leur impact sur la course sera limité.

Ce qui laisse l’Ohio comme enjeu majeur de ce super mardi.  Les média américains se tournent tous déjà vers lui.  Parce qu’il peut être un nouveau tremplin pour Santorum et parce qu’il fait partie des « swing » states de l’élection de novembre, c’est-à-dire ceux qui peuvent pencher vers Obama ou vers le candidat républicain et faire basculer le scrutin dans un sens ou dans l‘autre.

L’Ohio est un état de 11,5 millions d’habitants,  appartenant à l’ancienne ceinture industrielle, la « rust bell » aujourd’hui, « ceinture de rouille ». Il compte trois agglomérations  de deux millions d’habitants, Cleveland, Cincinnati et Columbus, qui est aussi sa capitale. De grandes entreprises y ont leur siège, tel Goodyear à Akron, ou Proctor & Gamble à Cincinnati. Il compte aussi de très nombreuses universités. C’est sur le campus de l’une d’elles, à Dayton, que furent signés les fameux accords mettant fin à la guerre de Yougoslavie en 1995. L’Ohio (prononcer « o-ha-io ») a été durement touché par la crise avec un chômage approchant les 11% fin 2010. Depuis il recule et se situe désormais à 7,7%, en dessous de la moyenne nationale.