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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
2 février 2021

Jeu de massacre aux Etats-Unis ou Deux Semaines de présidence Biden

 Joe Biden signs executive orders

Au diable l’unité ! Les promesses du discours inaugural de Joe Biden sur l’unité américaine à reconstruire n’auront donc été que des… promesses. Des mots pour la galerie, dénués de sincérité, immédiatement contredits  par des décisions allant dans la direction opposée, celle de la division, du ressentiment, et de la revanche partisane.

 Rappelons ce qu’a dit le président Biden lors de ce, ô combien mémorable, discours inaugural du  20 janvier:  « Pour surmonter les défis qui nous attendent, il nous faudra plus que des mots… il faudra être unis… Toute mon âme est investie dans cette cause, rassembler l’Amérique, réunir notre peuple,  unifier notre nation... »  

Joe Biden inaugural address

 Il faut croire que ces mots étaient aussi vides que l’esplanade du Capitole (mis à part les vingt-cinq mille soldats de la Garde Nationale déployés pour protéger le président élu avec le plus de suffrages de l’histoire des Etats-Unis), car depuis ce jour, le président Biden s’est appliqué à effacer l’héritage de Donald Trump et à défier ses électeurs en signant des dizaines de décrets touchant aux domaines les plus sensibles, de l’énergie à l’immigration en passant par l’avortement et les relations raciales.  Le nouveau président s’est livré à un véritable jeu de massacre dont on ne voit pas la fin, pour complaire à l’aile gauche la plus radicale du parti Démocrate, aux dépens non seulement des dizaines de millions d’électeurs de Donald Trump, mais également des centristes de son propre parti.

divided america

 Elu dans des conditions contestées, Joe Biden ne dispose pas d’un mandat électoral pour justifier d’un tel virage à gauche. Alors effectuer ce virage après quelques propos publics rassembleurs tient soit de la provocation, soit de l’hypocrisie, soit des deux. Ce qui est sûr est que les divisions de l’Amérique en ont été accentuées et non pas atténuées

Joe Biden illegitimate president

 Un décret (executive order) est une décision arbitraire. Elle émane du président, sans consultation avec l’appareil législatif, et ne peut être contestée que par une cour de justice si elle est jugée inconstitutionnelle. Traditionnellement les présidents qui veulent agir vite, ou qui sont dépourvus d’une majorité au Congrès, ont recours aux décrets. Ce n’est pas le cas de Biden. Il est à l’aube de son mandat et les Démocrates contrôlent les deux chambres du Congrès.

 Néanmoins en quinze jours, depuis sa prise de fonction il a signé plus de quarante décrets. Un record! En 2017 au cours de la même période Donald Trump en avait signés sept et Barack Obama neuf,  en 2009.

Joe Biden more executive orders

 Voici une présentation, non exhaustive, de ces décrets, classés par thème :

 Economie

 -Proposition d’un salaire minimum fédéral à 15 $ de l'heure. Cette mesure pourrait être intégrée au massif plan d’aide (deux mille milliards de dollars) envisagé pour répondre à la crise sanitaire et économique liée au Covid-19. C’est une demande avancée par l’aide gauche du parti Démocrate, à laquelle les centristes acquiescent du bout des lèvres tant elle est contreproductive.  Le salaire minimum fédéral est actuellement de 7, 25 dollars de l’heure. De nombreux Etats appliquent un taux horaire plus élevé – 10  dollars dans l’Arkansas, 12 dans l’Arizona, 13 en Californie.  L’idée même d’un salaire minimum fédéral est contestée aux Etats-Unis, de par les disparités de niveaux de vie entre les Etats. Un salaire minimum à quinze dollars serait envisageable dans les riches métropoles de San Francisco, Los Angeles ou New York, mais prohibitif pour de nombreuses entreprises dans l’Utah, l’Alabama ou le Mississippi. Les observateurs estiment que son introduction aurait pour résultat la perte de quatre millions d’emplois et le recours massif à une main d’œuvre illégale aux dépens des travailleurs Américains..

Immigrant caravan central America

 Certains observateurs soulignent que, comme par hasard, Joe Biden propose aussi de régulariser 11 millions de travailleurs clandestins. Avec pour effet, outre de donner le droit de vote à onze millions d’électeurs démocrates potentiels supplémentaires,  de constituer un appel d’air à l’immigration illégale. Les nouveaux arrivants venant prendre les emplois abandonnés par les travailleurs licenciés pour cause de hausse du salaire minimum, avec à l’arrivée plus d’Américains appauvris et réduits à l’assistance du gouvernement et plus d’étrangers sur le sol Américain…

Keystone pipeline project

 -Abandon de l’oléoduc Keystone. Le projet Keystone est un pipeline reliant des champs pétrolifères du Canada au Golfe du Mexique pour faciliter l’exportation d’hydrocarbures. C’est un projet vieux de quinze ans, qui a fait l’objet d’études environnementales poussées et qui bénéficiait du soutien des populations locales, dont des tribus amérindiennes. Il avait été repoussé et finalement rejeté par Barack Obama en 2015, mais réautorisé par Donald Trump en 2017. L’impact immédiat du décret Biden est de supprimer onze mille emplois directs aux Etats-Unis, donc de créer du chômage, de nuire à l’économie et de plonger des milliers de ménages américains dans l’incertitude. Ce décret prend aussi les partenaires canadiens du projet par surprise et met en doute la parole et l’engagement des Etats-Unis. Il a valu une diatribe courroucée du gouverneur de l’Etat canadien de l’Alberta à l’encontre du président Américain. Il favorise par contre les concurrents internationaux du secteur énergétique, en particulier la Russie. Justifié par la lutte contre le réchauffement climatique ce décret aura néanmoins un impact négatif sur l’environnement car le transport des hydrocarbures devra se faire par la route ou par le train, et donc avec une empreinte carbone beaucoup plus élevée que celle d’un oléoduc, dont les émissions de CO2 sont de zéro, ainsi qu’une sécurité environnementale moindre.

america_first_donald_trump_cap

 -Favoriser le « made in America » et les travailleurs Américains. Biden plagie ici  sans complexe le nationalisme économique prôné depuis quatre ans par Donald Trump. Toutefois ce souhait n’est étayé d’aucune politique d’incitation ou démarche favorisant la renaissance du secteur manufacturier.

 Environnement

 -Réintégration de l’accord de Paris sur le climat. Donald Trump avait quitté spectaculairement cet accord, non contraignant, en 2017 le jugeant défavorable aux intérêts des Etats-Unis.

Joe Biden swearing in

 -Protéger l’environnement en redonnant des bases scientifiques à la lutte contre la crise climatique. En clair suivre l’agenda des écologistes dans la lutte contre le réchauffement climatique. La notion de « bases scientifiques » est ici particulière  car il apparait désormais, en dépit de décennies de pressions et d’intimidations, que le consensus scientifique tant vanté sur le réchauffement climatique et ses origines, est un leurre.

 -Arrêt des autorisations de « fracking »  (fracturation hydaulique) et des permis d’exploration sur les zones fédérales, au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. Cette mesure, qui va à l’encontre de certaines promesses du candidat Joe Biden, est un coup d’arrêt à la volonté d’indépendance énergétique des Etats-Unis, soutenue par Donald Trump.  John Kerry, nouveau « Tsar » de l’administration sur le climat a recommandé, sans rire,  aux travailleurs victimes de ces mesures de « se reconvertir dans le solaire » ! La presse n’a pas relevé le dédain implicite d’une telle remarque vis-à-vis des milliers de travailleurs concernés et de leurs familles… 

John Kerry Climate Czar

 -Pour compenser ces pertes d’emplois l’administration s’est engagée par un autre décret à assurer la « justice environnementale » et à réaliser des projets d’infrastructures propres ! Sans en préciser les détails.

 -Obligation pour le gouvernement d’acheter des véhicules électriques.

 Immigration

 -Arrêt de la construction du mur à la frontière mexicaine. La mesure a mis les  travailleurs Américains affectés à la construction de ce mur au chômage et expose le gouvernement Américain à des poursuites judiciaires multiples pour ruptures de contrats. Instantanément des caravanes de migrants se sont formées en Amérique centrale voyant dans cet arrêt le signal d’une frontière à nouveau franchissable.

immigration anti-illegal immigration demonstration

 -Décompter les résidents clandestins (immigrants illégaux) dans le redécoupage des circonscriptions électorales suite au recensement de 2020. C’est une mesure partisane qui aide les Démocrates et peut favoriser un peu plus la fraude électorale.

 -Abandon des restrictions à l’entrée de ressortissants étrangers sur le sol américain. C’est le fameux « muslim ban », limitant l’immigration en provenance de pays connus pour leurs activités terroristes qui est visé ici.

 Pandémie de Covid-19

 -Imposer le port obligatoire du  masque dans tous les espaces fédéraux pour cent jours. Mandat renouvelable.

 -Proposition d’un plan nouveau d’aide de mille neuf cents milliards de dollars, financé par l’emprunt, comprenant des dizaines de milliards destinés à renflouer les caisses d’Etats et de villes, gérés par des Démocrates depuis des décennies et dont la viabilité financière est fragile.

-Assurer une réponse au Covid-19 basée sur des données scientifiques. Décision purement symbolique et visant à dénoncer certains propos de Donald Trump, car la réponse mise en place par son administration se basait aussi sur des données statistiques scientifiques.

 -Favoriser la réouvertures des écoles et centres éducatifs pour enfants. Cette décision va à l’encontre des propos tenus par Biden durant sa campagne. Il défendait alors la fermeture des écoles pour limiter la propagation du virus.

Ghebreyesus OMS with Xi Jinping 2

 -Réintégration de l’Organisation Mondiale de la Santé. Donald Trump avait quitté cette organisation pour sanctionner la complaisance de ses dirigeants face aux mensonges de la Chine au sujet de la pandémie de Covid-19.  Les Etats-Unis restent le premier bailleur de fonds de l’OMS assurant 22% de son budget quand la Chine en couvre 8%.

 En dépit de ces mesures le président Biden a reconnu l’incapacité de son administration a changé rapidement la trajectoire du virus et projeté que le nombre de victimes Américaines dépasserait six cent mille d’ici quelques semaines.

 Santé et avortement

 -Autorise le financement d’avortements à l’étranger par des fonds publics Américains. Cette mesure connue en anglais sous le nom de « politique de Mexico »  est une gifle au visage de tous les partisans du « droit à la vie », alors même que ceux-ci organisaient fin janvier une journée d’action mondiale pour la défense des enfants à naître.

Pro life march

 -Abandon du contrôle des prix placé par l’administration Trump sur l’insuline et d’autres médicaments. Avec à l’arrivée une hausse du coût pour les patients Américains.

 -Relance de l’intégration de nouveaux ménages Américains dans ce qui reste du plan de santé  Obamacare.

 Société

Black Lives Matter letters painted

 -Parvenir à l’équité raciale en favorisant les membres de communautés traditionnellement sous-desservies. En clair il s’agit de renforcer un système de quotas favorables à la communauté noire. A noter que la notion subjective « d’équité », est de plus en plus mise en avant dans le vocable progressif  en lieu et place de la notion « d’égalité » garantie par la Constitution.

-Prévenir et combattre les discriminations sur la base du « genre ». En clair, autoriser les personnes transgenres -personnes dont l’identification sexuelle diffère de leur sexe anatomique- à vivre selon le genre auquel elles s’identifient. 

transgender issues 2

 -Autorise les personnes transgenres à servir au sein des forces armées Américaines. Cette décision annule et inverse une décision prise par l’administration Trump, correspondant aux souhaits du Pentagone.

 -Supprimer les centres d’incarcération privés. Cela supprimera des emplois et affaiblira des entreprises américaines qui complétaient un système carcéral régulièrement débordé.

Bernie Sanders Mitten

 Les élus les plus radicaux du Congrès, rangés derrière le vieux Bernie Sanders et la jeune Alexandria Occasio Cortez (AOC) ont applaudi ces mesures. « AOC », comme la surnomme les médias, s’est même dite impressionnée par l’implication de Joe Biden dans la question climatique.

alexandriaocasio-cortez-1

 Côté Républicain, les réactions sont plus… contenues. Tom Emmer le chef des Républicains du Congrès soulignent que ces décrets ne vont pas seulement « contre l’agenda Républicain » mais « contre l’intérêt de la classe moyenne Américaine ». Dès lors, il est peu probable qu’ils contribuent à une baisse des tensions sociales.

Les Républicains rappellent qu’en 2017, lorsque Donald Trump est arrivé à la Maison Blanche,  les Démocrates sont entrés en « résistance ». Le terme, emprunté à la France de la seconde guerre mondiale, était devenu  un slogan. Certains comme Hillary Clinton ont continué de qualifier Donald Trump de « président illégitime » ! Les Démocrates ont cherché, non pas à travailler avec le président, mais à le renverser sur la base de fausses accusations... A présent que Trump est parti, ces mêmes Démocrates ont voté une seconde fois sa destitution et tentent de le bannir à jamais du paysage politique par un second procès devant le Sénat. Face à cet acharnement politique et avec un Joe Biden qui gouverne seul au mépris de la moitié du pays, les appels à l’unité sonnent creux et faux.

impeachment trial in Senate

 Seule considération rassurante, les politiques avancées par Joe Biden ont été essayées par le passé et elles ont toujours échoué. Celles-ci échoueront à leur tour et les électeurs auront l’occasion de sanctionner leurs auteurs dans dix-huit mois lors des élections de mi-mandat. A condition que des élections libres existent encore alors aux Etats-Unis.

 

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Commentaires
F
Merci pour vos analyses et comptes rendus appréciés et attendus.<br /> <br /> Mais, dites-nous, Biden sait-il ce qu'il signe ou n'est-il qu'une marionnette ?<br /> <br /> Tous ces décrets n'étaient-ils pas prêts avant l'investiture ?
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U
La chape communiste est tombée sur les usa
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D
Humm...<br /> <br /> Que dire.. <br /> <br /> <br /> <br /> 40 décret en 15 jours... C'est fou. <br /> <br /> Ils ne réfléchissent plus sur la pertinence ou non des décrets ?
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A
Merci pour cette page, au plaisir de vous voir. ❤
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S
J'apprécie beaucoup vos analyses politiques, ici et sur télé Libertés ! Elles sont claires , détaillées et tournées vers l'avenir, vraiment merci pour nous donner de quoi réfléchir ...Hold the line !
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