Trump, président de la loi et de l’ordre
Donald Trump peut-il sauver ses chances de réélection en incarnant la loi et l’ordre ? Et en dénonçant le laxisme des Démocrates en matière de criminalité et de justice ? Il le croit, et cela explique la mobilisation récente du gouvernement fédéral face au chaos qui s’est emparé de certaines agglomérations. Mais Trump a moins de cent jours pour convaincre.
Ces dernières semaines, aux Etats-Unis, la ville de Portland, dans l’Oregon, est devenue l’épicentre des manifestations violentes contre le racisme et pour Black Lives Matter. Cela peut surprendre. Car il y a très peu de Noirs à Portland, et encore moins dans le reste de l’Oregon. Les Noirs, qui représentent 13% de la population américaine, ne comptent que pour 3% de celle de l’Oregon, et 5,8% de celle de Portland. A Portland ce sont donc principalement des Blancs qui manifestent et attaquent les bâtiments publics… au nom des Noirs. Ce qui illustre parfaitement la réalité des émeutes urbaines actuelles aux Etats-Unis.
L’indignation nationale suscitée par la mort de George Floyd - tué par un policier le 25 mai à Minnéapolis - a été récupérée et détournée par des mouvances radicales et anarchistes. Ces professionnels du désordre ont profité de l’émotion populaire pour fomenter de véritables foyers insurrectionnels. C’est précisément ce qui se passe à Portland.
L’objectif n’est pas de venir en aide aux Noirs, ni même de dénoncer un supposé « racisme systémique ». L’objectif réel est politique et il s’appelle Donald Trump. La gauche radicale crie haut et fort que tant que Donald Trump sera à la Maison Blanche, elle sera dans la rue !
En clair ce désordre va durer jusqu’à l’élection présidentiel du 3 novembre. Et peut-être au-delà. Mais il n’est pas dit qu’il produise l’effet souhaité, à savoir la défaite électorale de Donald Trump. Face au désordre, Donald Trump a décidé d’utiliser le pouvoir du gouvernement fédéral pour incarner la loi et l’ordre. Et même de faire de la lutte contre la criminalité un pan majeur de sa campagne de réélection. Ce qui lui permet au passage de dénoncer l’hypocrisie des BLM qui s'insurgent contre les violences policières mais ignorent les « black on black crimes », pourtant mille fois plus meurtriers, et fomentent des émeutes qui détruisent les quartiers …noirs !
Sous l’impulsion de Donald Trump, le gouvernement fédéral mène en fait deux missions parallèles et distinctes.
A Portland, (2,5 millions d’habitant pour la zone métropolitaine, soit la 25e agglomération des Etats-Unis) la mission consiste à rétablir le calme et l’ordre. Depuis la mort de George Floyd, des manifestants se relaient pour occuper le centre-ville. Le jour, devant les caméras de télévision ces gens se comportent de manière affable. On trouve parmi eux des femmes et des quinquas. Mais la nuit venue, leurs rangs se gonflent d’hommes plus jeunes, harnachés comme des gladiateurs post-modernes avec casque, cagoule genouillères, coudières et lunettes de protection, armés de lance pierres, de barres de fer, de lasers, de couteaux, voire d’armes à feu, qui harcèlent les forces de police locales et tentent de prendre d’assaut certains bâtiments publics tel le palais de justice fédéral. Pour éviter toute bavure, et toute blessure chez ses agents, la police locale laisse faire. Résultat les grilles du palais ont été dessoudées au chalumeau, des vitres brisées, des cocktails molotov lancés contre le bâtiment pour l’incendier…
Le bâtiment en question est la propriété du gouvernement fédéral dont il symbolise la présence, à plus de cinq mille kilomètres de la capitale Washington D.C.. Sa protection est d’abord du ressort des autorités locales, la police municipale, le shérif du conté, les patrouilles de l’Etat. Si ceux-ci sont incapables de protéger les lieux et d’assurer la sécurité de ceux qui les occupent, le gouvernement fédéral peut alors intervenir avec ses propres moyens. Cette autorité est inscrite dans a loi à travers plusieurs textes et statuts, dont le plus ancien remonte à 1792, l’aube de l’Amérique et le plus récent à 2002 avec le Homeland Security Act en passant par 1807 et l’ Insurrection Act, invoqué à de multiples reprises par de nombreux présidents Américains avant Donald Trump.
Personne ne remet donc en cause la légalité du décret signe par Donald Trump le 23 juin mobilisant plusieurs ministères, dont la Justice, L’Intérieur et la Défense, pour la protection des monuments et bâtiments fédéraux.
Par contre beaucoup condamnent la manière dont ces interventions ont été conduites. Donald Trump a agi au grand jour, sous les objectifs des caméras, en dénonçant l’incurie des autorités locales. En plus des U.S. Marshals, il a mobilisé les agents d’autres corps (garde-frontières, agents des douanes ou des services d’immigration, bureau des alcools et armes à feu, etc) pas forcément formés au maintien de l’ordre. En clair utilisant des méthodes d’appréhension mois politiquement correctes et forcément plus douloureuses…
Ted Wheeler, le maire Démocrate de Portland , n’a pas apprécié que le président lui fasse la leçon. Pas plus que la gouverneur de l’Oregon, Kate Brown, également Démocrate (et bisexuelle revendiquée) ! Tous deux ont demandé le départ des troupes fédérales contre la promesse de rétablir et maintenir l’ordre par eux mêmes…
En parallèles, le département de la justice a lancé l’« Operation Legend » dans plusieurs grandes villes. Il s’agit d’envoyer des agents fédéraux épauler les autorités locales dans la lutte contre la criminalité, en particulier les homicides. Non pas contre le souhait des autorités locales, mais avec leur active participation.
Car depuis la mort de George Floyd et le début des manifestations des Black Lives Matter, la criminalité connait une progression vertigineuse outre-Atlantique. En juillet 2020 Chicago a dénombré deux fois plus de meurtres qu’en juillet 2019, 105 contre 44 ! A New York, le nombre de meurtres depuis janvier dépasse celui de toute l’année 2019. Ailleurs la hausse est de 40% en moyenne. Toutes les villes y passent, même Portland, qui à l’occasion des manifestations supposées « pacifiques » de juillet a connu plus de meurtres qu’au cours des mois de juillet des trente années précédentes !
La raison de cette explosion est simple. Elle tient en un slogan : « defund the police ! » « Cesser de financer la police ». Concrètement, réduire les budgets alloués aux forces de sécurité, voire remplacer la police par des « patrouilles civiles de voisinage », pour inculquer en douceur les bonnes manières aux voyous… Derrière ce slogan on trouve la conviction que la police représente une menace qui exacerbe les tensions et provoque des affrontements, suscitant des morts…Donc si l’on élimine la police on évitera les morts ! Logique imparable. Surtout pour l’extrême gauche qui prône l’idée depuis des décennies.
Sans succès. Jusqu’à ces derniers mois. Car depuis peu, l’idée de ne plus financer les forces de police s’est répandue au sein du camp Démocrate. Illustration supplémentaire de la progression des idées radicales au parti Démocrate. Et illustration, aussi, de combien la présidence de Donald Trump a fait perdre toute raison à ses adversaires… Car, sauf à espérer le désordre, l’idée de supprimer la police n’a aucun sens. Donald Trump a donc décidé de prôner le bon sens face à la confusion et la sécurité face aux chaos.
L’Operation Légend, qui tire son nom de LeGend Taliferro, un enfant de 4 ans de Kansas City tué le 29 juin, lors d’une fusillade entre trafiquants de drogue, a été lancée le 8 juillet et prend le relais d’une autre opération, appelée « relentless pursuit » (poursuite implacaable ») mise en place par le département de la justice en décembre 2019.
Relentless Prsuit consistait en un effort conjoint des autorités locales et d’agents fédéraux pour contrer la criminalité dans sept villes « pilotes » : Albuquerque, Baltimore, Cleveland, Detroit, Kansas City, Memphis, Milwaukee. La pandémie de coronavirus avait imposé de suspendre l’opération à la mi mars. Elle a repris début juillet, sous un autre nom, et dans une lumière beaucoup plus vive…
L’objectif d’Opération Legend est limpide : faire baisser de manière sensible les chiffres de la criminalité et en particulier les homicides par armes à feu (fréquent parmi les gangs et les trafiquants de drogue). L’enjeu est social, et électoral.
Toutes les enquêtes récentes prouvent que la perspective d’une suppression des services de police, suscitent angoisse et rejet chez une majorité d’Américains, aussi bien dans les quartiers difficiles que dans les banlieues, chez les minorités et les personnes âgées. Pour preuve, les ventes d’armes à feu battent des records. Depuis mars, les ventes d’armes ont progressé de 25% à 75% selon les Etats. En juin elles ont doublé par rapport à 2019. Selon le FBI il s’agit neuf fois sur dix de nouveaux acheteurs. Menacés d’être laissés dans défenses face aux voyous, les Américains s’arment. Principalement les personnes âgés et les membres des minorités. Les premiers se sentent vulnérables. Les seconds sont en première ligne des violences. Ce sont des réservoirs d’électeurs cruciaux.
Par le passé, une stratégie politique basée sur le recours à la loi et l’ordre a été couronnée de succès. Cela avait réussi à Richard Nixon en 1968. Face à la contestation étudiante et aux violences des opposants à la guerre du Vietnam il en avait appelé à la fameuse « majorité silencieuse »; aux millions de citoyens travailleurs et respectueux des lois, désapprouvant les violences et le désordre. Ils avaient répondu le jour du scrutin en l’élisant président. Trump compte sur un réflexe populaire identique en 2020.