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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
15 janvier 2024

Trump, Le premier jour de la reconquête

 

Iowa Caucus 2024

 

 Le jour du vote est arrivé. Du moins dans l’Iowa. Et pour les Républicains.

 Aux Etats-Unis, ce 15 janvier marque le lancement des élections primaires, c’est-à-dire du processus de sélection du candidat qui défendra les couleurs des principaux partis lors de l’élection présidentielle du 5 novembre prochain. Les cinquante Etats de l’Union y prennent part, et même certains « territoires », chacun à son tour, selon un calendrier prédéterminé.  Le processus durera jusqu’à la mi-juin.

 La campagne est engagée depuis des mois, mais les électeurs n’ont pas encore eu l’occasion de s’exprimer.  Les chiffres sur lesquels les observateurs ont établi leurs prédictions proviennent exclusivement de sondages et enquêtes d’opinion. A partir de ce soir ils auront devant eux des résultats concrets.  

Iowa caucus

 Depuis 1972, soit un demi-siècle, c’est l’Iowa, un état rural du Midwest qui ouvre le bal des primaires avec son « caucus ». Un « caucus » est une réunion publique. Le terme dériverait du mot « conseil » en langage Algonquin, une tribu indienne d’Amérique du Nord. Concrètement les électeurs de chaque parti se réunissent dans les villes, bourgades, villages, hameaux et quartiers et ils débattent des candidats en lice avant de se prononcer sur celui de leur choix. Le plus souvent les votes se font à mains levées et sont comptabilisées réunion par réunion. C’est un processus à l’ancienne.

 En dépit de son statut de « first in the Nation », c’est-à-dire d’Etat qui vote le premier l’Iowa n’est pas forcément représentatif des Etats-Unis d’aujourd’hui. Sa population de trois millions d’habitants est blanche à 92%. Son économie dépend de l’agriculture et la religion occupe une place importante, voire fondamentale, dans les valeurs de ses résidents. Ce profil est  plus proche des Républicains d’aujourd’hui que des Démocrates. D’ailleurs lors des deux derniers scrutins présidentiels Donald Trump a remporté cet Etat ;  de neuf points face à Hillary Clinton en 2016 et de huit points face à Joe Biden en 2020.   

Iowa 2024 4

 Cette année, tandis que les Républicains respectent la tradition et organisent le « caucus » de l’Iowa avant tout autre primaire, les Démocrates ont choisi de bouleverser le calendrier. Ils ont repoussé leur caucus au 5 mars. Pour satisfaire une demande du président Biden. Celui-ci, en trois candidatures présidentielles (1988, 2008 et 2020) n’a jamais obtenu de bons résultats dans l’Iowa. En 2020 il avait été battu par un inconnu, au nom imprononçable, Pete Buttigieg. Pour éviter, en tant que président, de débuter sa campagne de réélection par une déconvenue, Biden a souhaité que le premier Etat à voter dans le cadre des primaires démocrates soit la Caroline du Sud, qu’il avait remporté en 2020 et qui lui avait permis de relancer sa candidature en vue de la nomination.

Joe Biden president behing a mask

 Chez les Démocrates, ce bouleversement du calendrier s’accompagne d’une volonté de minimiser les primaires en général. Les dirigeants du parti veulent donner l’impression que Joe Biden est le candidat consensuel, et donc éviter toute apparence de désaccords, dissensions ou défis. En tant que président sortant ayant effectué un seul mandat, Joe Biden est un candidat légitime. Il a droit à un second mandat. Sa candidature est naturelle. Qu’il soit favori pour sa re-nomination l’est aussi.

Joe Biden turning his back on questions and Americans

 Mais quiconque le souhaite peut néanmoins le défier. Sa côte de popularité auprès des électeurs Américains est exceptionnellement basse (33 % d’opinions favorables). Il est âgé de 81 ans et ses capacités physiques et intellectuelles sont visiblement diminuées.  Tous les Américains le constatent à chacune de ses interventions. Il n’a pas l’énergie nécessaire  pour gouverner et encore moins pour faire campagne. Mais pour l’instant le parti fait corps derrière lui et essaye de lui faciliter la tâche.

Biden tripps

 Tout est ainsi fait, chez les Démocrates, pour laisser croire qu’il n’y a pas d’autres candidats que lui. Ce qui est faux. Il y en a deux et même trois. Le premier est Robert Kennedy Jr. Les deux autres s’appellent Dean Phillips et Marianne Williamson.

 Robert Kennedy Jr est le neveu du président John F Kennedy, assassiné tragiquement en 1963. C’est un « outsider » au sens où il ne vient pas du monde politique. Il a pour lui un nom que tous les Américains connaissent, et il a un message axé sur la perte de confiance des électeurs envers leurs élites et le délitement de la démocratie américaine. Il s’est engagé dans la course au printemps 2023, en tant que Démocrate, défiant Joe Biden. Depuis il a changé d’affiliation pour se déclarer « Indépendant ».

Robert Kennedy jr 2024 1

 La principale raison de ce changement est l’ostracisme dont il était victime au sein du parti Démocrate et surtout auprès des médias acquis à leur cause. Personne ne voulait lui donner la parole, sauf les chaînes conservatrices. Il a donc décidé de se débarrasser du carcan Démocrate et de faire campagne en tant que troisième candidat. C’est une entreprise « don-quichottesque ». Les chances de la voir élu le 5 novembre sont quasiment inexistantes. Par contre,  il peut jouer les « spoilers », c’est-à-dire qu’il peut priver Biden de suffisamment de voix pour l’empêcher de gagner et faire élire son adversaire.

Dean Phillips 2024 2

 Dean Phillips est un riche entrepreneur élu représentant de la ville de Saint Paul dans le Minnesota en 2018. Il est affilié au parti Démocrate et a été réélu deux fois depuis. Agé de 54 ans il a annoncé à l’automne être candidat à la nomination démocrate pour la présidentielle de 2024 précisément pour alerter les électeurs sur les défaillances de Joe Biden. Pour lui, Biden n’est pas en état d’assurer la fonction de président et il entend convaincre les électeurs de désigner quelqu’un d’autre. Les médias traitent sa candidature par le mépris et l’ignorance. Dean Phillips est un fantôme. Il n’est invité sur aucun plateau. Rares sont mêmes les journaux qui ont mentionné sa candidature.

Dean Phillips 2024

 Il en va de même pour Marianne Williamson, qui s’est lancée dans la course, comme en 2020. Résidante de Californie, auteure et « leader spirituel » autoproclamée, Williamson est une personnalité de la culture « new âge » qui n’a aucune chance d’arriver un jour à la Maison Blanche. Il n’empêche. Le dédain dont elle fait l’objet de la part des autorités Démocrates illustre leur volonté de laisser le champ libre à Joe Biden pour donner l’impression que sa candidature fait l’unanimité alors que c’est loin d’être le cas… Le parti Démocrate a même carrément annulé les primaires dans certains Etats (la Floride et la Caroline du Nord, notamment ) prétextant qu’elles n’avaient pas de raison d’être (étonnant déni de démocratie en faveur du candidat qui prétend défendre la démocratie…).  

 Ainsi cette année, les Républicains ont la scène de l’Iowa pour eux tout seul. Cela tombe bien car il y a parmi eux un candidat qui occupe une place énorme, Donald Trump.

Donald Trump in iowa 2024

 L’ancien président est très largement favori pour emporter le caucus de l’Iowa et la nomination Républicaine. Comme en 2016 et en 2020 Trump reste une figure extrêmement populaire au sein de l’électorat républicain. Ses réunions publiques continuent d’attirer les foules et de faire de l’audience. Il caracole en tête des sondages sur les intentions de vote en 2024 depuis que ces sondages ont commencé de paraître, avec entre 50 et 65% des suffrages potentiels chez les électeurs Républicains. Il est possible qu’il remporte la majorité absolue des votes dans l’Iowa. Ce qui serait sans précédent et donnerait un élan supplémentaire à sa candidature.

Donald Trump iowa 2024 2

 Loin derrière lui on trouve Ron De Santis et Nikki Haley puis encore plus loin un jeune entrepreneur multimillionnaire d’origine indienne Vivek Ramaswamy.

Donald Trump Iowa 2024 3

 Ron de Santis est le très populaire gouverneur de la Floride. Il a été réélu à ce poste en 2022 avec près de 60% des suffrages. Agé de 45 ans, c’est une figure montante du parti républicain. Toutefois sa candidature présidentielle, annoncée en juin 2023, n’est jamais parvenue à susciter l’enthousiasme. Principalement parce qu’il se bat sur le même terrain que Trump et que les électeurs préfèrent l’original à la copie. Il a d’ailleurs plutôt reculé dans les sondages que progressé. Dans l’Iowa, où il a passé beaucoup de temps, faisant campagne comme il le faut, par de la présence sur le terrain, il pourrait terminer à la troisième place, derrière Nikki Haley, ce qui hypothèquerait la suite de sa campagne. 

Ron Desantis iowa 2024 1

 Nikki Haley est celle dont tout le monde parle. Elle est le chouchou des médias dominants, ce qui au passage n’est pas forcément une bonne chose pour l’avenir de sa candidature auprès des électeurs Républicains. Ancienne gouverneur de Caroline du Sud, puis ambassadrice à l’Onu durant la présidence de Donald Trump, elle a décidé de s’attaquer à la Maison Blanche par rejet de la personnalité de Donald Trump, pas de ses positions politiques. En fait elle le rejoint sur tout, sauf qu’elle est beaucoup plus va-t-en guerre que lui. Haley est l’héritière des néo-conservateurs. Elle croit en une Amérique forte et fortement engagée, en Ukraine, au Proche-Orient et face à la Chine. Elle a le soutien de l’establishment Républicain et de l’appareil « militaro-industriel » qui assure le financement de sa campagne. Par contre elle n’est pas forcément en phase avec le rejet de l’interventionnisme lointain qui a caractérisé la politique étrangère américaine après 1945, et dont les électeurs Républicains et Indépendants sont aujourd’hui fatigués.

Nikki Haley launch of a campaign

 Nikki Haley vise une seconde place dans l’Iowa, et une autre seconde place dans le New Hampshire, le 23 janvier. Cela scellerait sa place de première challenger de Donald Trump, et l’autoriserait à poursuive sa campagne jusqu’au supermardi du 5 mars (15 Etats voteront ce jour-là) voire au-delà pour profiter, le cas échéant, d’un faux pas de l’ancien président ou des potentielles retombées négatives de ses nombreuses affaires judiciaires.

 C’est un scénario très peu probable cependant. Donald Trump fait l’objet de multiples poursuites, dans de multiples Etats mais celles-ci n’ont jamais fait baisser ni sa popularité sur le terrain ni dans les sondages.

Vivek Ramaswamy cherche à survire. Crédité de 6% dans les sondages, un bon score lui donnerait une bouffée d'oxygène. En desosus de 5% il mettrait sans doute rapidement un terme à sa quête.

Vivek Ramaswamy 2024 1

 Le véritable suspense autour des caucus de l’Iowa tient à l’ampleur de la victoire de Donald Trump. Le plus grand écart jamais observé était douze points à l’avantage de Bob Dole en 1988. Il est probable que ce record sera pulvérisé. Donald Trump pourrait terminer avec trente points d’avance sur De Santis ou Haley, lui à 50% ou plus, et eux, à 20% ou moins. Un score de Trump inférieur à 50% serait interprété par tous les médias, et surtout par ceux de gauche, comme un échec, tant sa domination est sans partage. Inversement une victoire avec la majorité absolue serait la preuve que Trump rassemble plus de voix que tous ses opposants réunis et qu’à ce titre personne ne peut lui contester la nomination.

Nikki Haley with Trump at White house

Petite mise en garde quant aux résultats. L’Iowa autorise les électeurs à s’inscrire le jour même quitte à changer d’affiliation. Certains électeurs démocrates pourraient être tentés de le faire pour gonfler les scores de Nikki Haley aux dépens de Donald Trump… Tout est bon, côté Démocrate, pour empêcher Trump d’être le candidat républicain en novembre.

 Malgré cela, il se pourrait donc qu’en 2024 les primaires tournent très court. Chez les Démocrates, c’est une volonté officielle pour protéger Biden. Chez les Républicains c’est la conséquence de l’ultra-domination de Donald Trump auprès des électeurs.

 

 

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