Quand Jean Marie Le Pen piégeait Ronald Reagan

 Décidément quand il s'agit des Etats-Unis, les Le Pen sont adeptes de la manipulation. En parvenant à se faire photographier à côté de deux "personnalités" de la vie publique américaine Marine Le Pen a réédité,  à un degré plus modeste, le coup d'éclat de son père qui, en son temps, avait serré la main de Ronald Reagan. Les détails sont cocasses et méritent d'être rappelés.

En visite aux Etats-Unis, Marine Le Pen, présidente du Front National et candidate à la présidence de la République française, rencontre  Ron Paul, représentant au Congrès du Texas, et Ron Prosor, ambassadeur d'Israël à l'Onu. Le premier l'a reçue dix minutes à huis clos, et sans prendre part au point presse qui a suivi. Le second pensait rencontrer la délégation française de l'Onu. Il s'est esquivé dès qu'il découvrit l'identité de son hôte. Et sa chancellerie s'est fendue d'un communiqué dénonçant un "malentendu". Néanmoins ces deux "photo-ops" valent à Mme Le Pen une brève mention aux "20 heures" en France et sauvent du fiasco un voyage dont l'objectif était de "présidentialiser" la candidate et qui n'aura fait que souligner l'embarrassant isolement du Front National et de son leader, fuis par les hommes politiques de tous bords . 

Sur le fond, tout oppose M. Paul et Madame Le Pen. Ron Paul est le chef de file du Mouvement Libertarien, et s'oppose à tout interventionnisme d'état dans la vie publique. Il estime que les individus seront toujours mieux à même de gérer leurs affaires qu'une administration à leur place et plaide pour un gouvernement minimum. Bref le parti de "l'ultralibéralisme" tant dénoncé par le Front National, c'est lui. Il rejette aussi bien l'impôt sur le revenu, que les cotisations  et les pensions  de retraites,  l'assurance santé obligatoire,  l'école publique  et  toute règlementation de la finance à l'environnement... Pas vraiment le credo des Frontistes, adeptes d'un état patron, garant d'ordre et de justice sociale. 

L'ironie est qu'il n'y a pas si longtemps, Jean Marie Le Pen et le Front National, étaient beaucoup plus proches des théories libertariennes. Dans le livre "Pour la France", paru lors des législatives de 1986, et préfacé par Jean Marie Le Pen, le FN vantait "la révolution libérale" et proposait d'en finir avec "les impôts inquisitoriaux" dont l'impôt sur le revenu...

Mais le plus amusant demeure qu'à peu près à la même époque, Jean Marie Le Pen, avait lui aussi gagné sa "photo-op" avec, rien moins, que le président des Etats-Unis, sans que celui ci sache vraiment qui il avait en face de lui...La  rencontre avait eu lieu lors d'un déjeuner public. A l'issue de son discours, le président américain avait serré la main de dizaines de convives, alignées debout devant lui, dont Jean Marie Le Pen. Sur la photo le fond est noirci de sorte que le contexte n'est plus discernable. Mais contrairement à ce que certains ont écrit, Le Pen n'a jamais été reçu en privé, et surtout pas dans le bureau ovale.