Etats-Unis : La Castle Doctrine expliquée
Aux Etats-Unis Sarah Mc Kinley est une héroïne. En France, elle serait sans doute en prison.
Fin décembre, cette jeune femme de 18 ans, mère d’un bébé de quelques mois et dont le mari vient de mourir d’un cancer, a tué un homme qui s’était introduit chez elle par effraction.
S’apercevant que deux hommes, dont l’un au moins était armé, essayaient de forcer la porte de son « mobile home », la jeune femme a pris son fusil, et appelé le numéro d’urgence « 911 ». En ligne elle demande ce qu’elle peut faire, si elle a le droit de tirer ? « Oui », répond l’agent, pour protéger votre vie et celle de votre enfant. Quand l’un des deux individus met le pied dans sa cuisine, elle ouvre le feu.
Depuis son histoire a fait le tour du pays. Chacun loue son courage, admire son sang froid, approuve son geste. L’Amérique est ainsi. La sympathie du public va naturellement aux victimes. Pas aux criminels. Et si les victimes se rebiffent, tant mieux.
Il ne s’agit pas ici de légitime défense, mais de ce qu’on appelle «The Castle Doctrine (ou « The Castle Law », « la loi du Château »). Une loi qui remonte à l’Angleterre du XVIIe siècle. « An Englishman’s home is his castle », dit ce texte de « common law ». « La demeure d’un Anglais est son château ». A ce titre c’est un lieu inviolable et son propriétaire est autorisé à tout faire pour le défendre. La loi a traversé l’Atlantique dès avant la naissance des Etats-Unis et elle a été adoptée. Seul le mot « Englishman « a disparu.
Aujourd’hui une trentaine d’Etats reconnaissent la « Castle law ». Dont l’Oklahoma où réside Sarah Mc Kinley. Quiconque tue pour défendre sa maison, sa vie et celle d’un proche à l’intérieur de son domicile, ne peut pas être poursuivi. Les malfaiteurs sont prévenus.
En France, la loi est fort différente. En 2010, un septuagénaire avait tiré sur deux femmes qui s’étaient introduites chez lui, et les avait blessées. Il avait été aussitôt mis en détention et inculpé, entre autres de « troubles à l’ordre public » !