Primaires Républicaines : Gagnants et Perdants de Caroline du Sud.

En Caroline du sud, ce 21 janvier, pour la troisième étape des primaires  républicaines,  il y a eu plusieurs vainqueurs. Et plusieurs vaincus.

Le premier vainqueur, c’est celui du scrutin, Newt Gingrich. Une victoire obtenue avec la manière. Voici une semaine il trainait à la seconde place, dix points derrière Mitt Romney. En deux débats télévisés,  il a renversé la situation. Son score de 41% et son avance de 14 points, sont sans appel. Après ses médiocres résultats de l’Iowa et du New Hampshire ce succès remet sa candidature en selle.

Le second vainqueur c’est le processus des primaires lui-même. Une victoire de Romney, après ses deux précédents succès, aurait assis sa domination sur la campagne et ancré chez les électeurs l’idée que sa nomination ultime était inévitable. Sa défaite signifie que la messe est loin d’être dite. D’autres batailles sont à venir et il faudra attendre jusqu’au début mars au moins pour y voir plus clair.

Le troisième vainqueur c’est la Floride, prochaine étape des primaires, qui votera le 31 janvier. Alors qu’une victoire de Romney en Caroline du Sud aurait en quelque sorte « tué la course », celle-ci est relancée. L’intérêt porté à la Floride s’en trouve décuplé. Avec une population de 20 millions d’habitants, de riches agglomérations telles  Miami, Tampa, ou Orlando, la Floride est le premier « grand » état à se prononcer. Son économie dynamique, ouverte sur l’extérieur, ses minorités, hispaniques et juives, mais aussi « gay », ainsi qu’un nombre important de personnes âgées, en font un reflet  de l’ensemble des Etats-Unis.  De plus son scrutin se déroule selon la formule du « winner takes all » : le premier remporte l’ensemble des 50 délégués en jeu. Ensuite, aucun grand scrutin avant le « super-mardi » du 6 mars.  

Quant aux perdants de Caroline du Sud, le premier est Mitt Romney lui-même. Après son doublé dans l’Iowa et le New Hampshire il avait une occasion inespérée de prendre un ascendant sur ses adversaires, et de mettre son empreinte sur la course. Il a échoué.  Pire, son score de 27% illustre son incapacité à séduire au-delà des « modérés » du parti, ainsi que son rejet par les « conservateurs".  Ce qui vient de se passer est un prélude à la longue bataille qui l’attend. Seule compensation pour lui, la perte de son statut de « frontrunner », de meneur de la course, devrait lui valoir quelque répit en lui épargnant d’être la cible unique des attaques de ses adversaires.  

Le second perdant est Rick Santorum.  Alors qu’il venait d’être finalement déclarévainqueur sur le fil de l’Iowa, suite à un recompte des voix, il n’est pas parvenu à confirmer ce bon résultat, qui fait de plus en plus figure d’exception. Alors même que l’électorat très conservateur de Caroline du Sud lui était favorable. En fait l’un des enjeux de la primaire d’hier était l’attribution du vote « conservateur » entre les deux champions de cette cause, Santorum et Gingrich. A l’arrivée c’est Newt Gingrich qui a remporté cet électorat, haut la main. Même si Santorum jure qu’il n’envisage pas de se retirer et ne ressent aucune pression en ce sens, le résultat d’hier jette le doute sur ses chances de victoire finale.

Le troisième perdant c’est le parti républicain lui-même.  Ceux qui espéraient une victoire rapide et ordonnée de Mitt Romney qui autorise le parti à concentrer son feu sur Obama, en sont pour leurs frais. C’est une guerre de tranchées qui se profile. Jusqu’au 6 mars au moins.

Grâce à sa victoire Newt Gingrich redevient un prétendant à la nomination. Il doit désormais confirmer. En Floride il aura encore deux débats, exercice où il excelle, pour le faire. Mais il est plus à l’aise dans le rôle du challenger que dans celui du leader. L’habit de favori qu’il avait brièvement endossé en décembre ne lui avait pas porté chance.