Présidentielle Américaine : Les Républicains ont un problème

 Les primaires récentes du Nevada, du Colorado, du Minnesota et du Missouri ont engendré une surprise de taille ! Je ne parle pas de la victoire de Rick Santorum dans trois d’entre elles. Ca c’est la fausse surprise ! Je parle de la participation électorale.  Qui n’a jamais été aussi basse et traduit un échec des Républicains à mobiliser leurs troupes alors même que celles-ci devraient avoir la rage au coeur…

Dans le Nevada 92% des électeurs républicains n’ont pas voté ! Les  « caucuses » républicains (un caucus est une assemblée où l’on vote à main levée après débat) ont rassemblé 34 000 personnes. Dix mille de moins qu’en 2008, soit une chute de la participation de 25%. Alors que le parti républicain en espérait 60 000.

La population du Névada est de 2,7 millions de personnes, parmi lesquels plus d’un million  sont en âge de voter. En 2008 le candidat républicain a rassemblé  416 000 suffrages sur son nom en novembre.  Ce qui signifie que plus de 9 électeurs républicains sur 10 n’ont pas fait l’effort de participer et que le vainqueur, Mitt Romney, a été désigné par moins de 8% des électeurs du parti!

Dans le Colorado, Etat de plus de 5 millions d’habitants au cœur des Montagnes rocheuses,  le même scénario  s’est reproduit. Les "caucuses" du 7 février ont rassemblé 66 000 participants, soit  à peine plus de 5% des électeurs ayant voté républicain en 2008 (1,1 millions) . Dès lors quelle signification accorder au résultat donnant  40% des suffrages à Rick Santorum et 35% à Mitt Romney?

Dans le Minnesota qui organisait également ces « caucuses » ce 7 février, la participation était en recul de 20% par rapport à 2008.  Quant au Missouri, le dernier Etat à voter, ce jour- là, le taux de participation y est tombé à  un nouveau plancher de 8% des électeurs inscrits ! Dans l’un et l’autre de ces Etats, C’est Rick Santorum qui est arrivé en tête avec respectivement  45% et 55% des voix.

Les journaux américains ont tous souligné ce triplé gagnant de M. Santorum , estimant que ces trois victoires « relançaient sa candidature ». De fait M. Santorum a pu lever un million de dollars dans la seule journée de mercredi, véritable bouffée d’oxigène pour sa campagne.  

Mais à l’évidence la leçon de ces trois ou quatre scrutins est ailleurs et elle est double : un,  les républicains n’arrivent pas à mobiliser leurs électeurs, deux, le système des « caucuses » doit être réformé.

Nés au temps des colonies -le mot  "caucus" apparait pour la première fois en 1763 - ces rassemblements où l’on pratique la démocratie ouverte et participative à petite échelle, semblent aujourd'hui désuets voire obsolètes. Seuls les militants convaincus, où les retraités, qui ont du temps, font l’effort de se déplacer (parfois sur des distances importantes) pour y participer.   D’où un manque de fiabilité et de représentativité des résultats.

Dans le contexte économique très difficile que connaissent les Etats-Unis, les observateurs s’attendaient à ce que  la course pour déterminer le challenger d’Obama déchaîne les passions.  C’est l’ inverse qui est en train de se produire. En Floride la participation était de 16 % inférieure à ce qu’elle avait été en 2008.  

Le Névada,  Etat profondément touché par la crise, connaît le plus fort taux de chômage du pays avec plus de 13%. Pourtant ses électeurs ont tourné le dos à la campagne républicaine.

Mitt Romney qui reste le favori de la compétition,souffre toujours d’un manque de crédibilité et d’enthousiasme.  A preuve sa troisième place dans le Minnesota, derrière Ron Paul, alors qu’il bénéficiait du soutien du gouverneur républicain de cet Etat, Tim Pawlenti !

De son côté, Rick Santorum, homme simple qui affectionne les débardeurs passés de mode,  parvient à faire vibrer l’électorat conservateur et religieux, mais ce sous ensemble n’est pas assez puissant ou rassembleur pour générer une victoire en novembre.

Les prochains rendez-vous de la campagne sont les primaires de l’Arizona et du Michigan le 28 février, puis le « supermardi » du 6 mars. Les Répubicains ont donc une courte trêve pour réveiller le feu sacré chez leurs militants. Sauf à s’exposer à une déconvenue majeure en novembre.