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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
29 mars 2012

Elections Américaines : Un Mormon peut-il gagner la Maison Blanche? (1ere partie)

A mi-parcours de la campagne des primaires, il apparait de plus en plus  que le problème de Romney avec  certains électeurs républicains est sa religion. C’est dans la « Bible Belt », et seulement là,  qu’il est systématiquement et parfois largement battu par Rick Santorum. Sa foi de Mormon passe toujours mal auprès de l’électorat évangéliste.

Romney-Mormon-Newsweek-cover

 

I: la religion dans la vie politique américaine

Avec le temps on l’avait presque oublié. A force de penser chômage, crise financière, dette, assurance santé ou mariage gay, le sujet semblait enterré.  Pas pour les électeurs républicains : Mitt Romney est un Mormon. Il appartient à une « église » que d’aucuns qualifient de « secte ». C’est un problème. Certains républicains n’arrivent pas à s’y faire…

Le résultat des deux dernières primaires en est l’illustration. L’Illinois a voté le 20 mars et la Louisiane, le 24. Dans l’Illinois, Etat industriel du nord dont 80% de la population vit dans l’agglomération de Chicago, Romney l’a emporté avec 47% des voix devant Santorum 35%. En Louisiane, Etat pauvre du sud où les chrétiens évangéliques sont nombreux, Santorum a écrasé la concurrence avec 47% des voix. Autant que ses trois adversaires réunis. Reléguant Romney à vingt-deux points avec 25% des suffrages seulement !

primaires républicaines 2012 carte

Cette nette victoire était la sixième du candidat conservateur dans ce qu’on appelle la « Bible Belt », région où les chrétiens évangéliques  dominent. Au plan national ils représentent 15% de l’électorat, mais ils sont concentrés dans le Sud et le Midwest, et votent presque exclusivement républicain. Ainsi au Mississippi, les chrétiens évangéliques représentent  83%  de l’électorat républicain. En Alabama 80%. Au Tennessee et en Oklahoma 76% et 74%. En Louisiane 57%. Ces cinq Etats ont été remportés par Santorum. De même que le Kansas.

santorum FFF

Par contre en Floride, au Michigan, dans l’Illinois, l’Ohio, et l’Arizona, les évangéliques  représentent moins de la moitié de l’électorat républicain. Entre 40% et 49% précisément. Romney a remporté tous ces Etats.

 De sorte que, de tous les éléments déterminant le choix des électeurs, c’est le marqueur religieux qui engendre le clivage le plus clair. Le 13 mars, jour de scrutin en Alabama, le gouverneur de l’Etat,   Robert Bentley, reconnaissait d’ailleurs que « la foi mormone de Romney est  un problème dans le cadre du processus de nomination républicain. »

pilgrims-landfall

La religion et la religiosité tiennent une part importante dans l’histoire et dans la société américaines. Tocqueville avait souligné le lien entre le protestantisme et les fondements de la démocratie américaine. Il parlait d’un « christianisme démocratique et républicain ». Car si les premiers colons furent effectivement des puritains fuyant les persécutions religieuses en Europe, avec l’ambition de construire une « cité rayonnante sur une colline »  ( « shining city upon a hill »), c’est-à-dire une théocratie,  les Pères Fondateurs étaient eux des grands propriétaires et des marchands, soucieux de bâtir une république laïque.

La seule religion qui compte en politique, a-t-on coutume de lire, tient aux principes énoncés dans la Constitution et ses amendements. Le premier  établit la séparation  de l’Eglise et de l’Etat, quant au gouvernement fédéral : “Congressshallmake no lawrespecting an establishment of religion, or prohibiting the free exercisethereof”  soit en français  “« Le Congrès ne fera aucune loi pour conférer un statut institutionnel à une religion, ou pour en interdire le libre exercice… »

founding fathers and flag

Il faut noter que Tocqueville écrivit son grand ouvrage De La Démocratie en Amérique, dans les années 1830. A une époque où le protestantisme  était la seule religion de l’Amérique. Même s’il en existait des variantes infinies, puisque les historiens ont dénombré trois mille dénominations différentes. A partir de 1850 d’autres minorités religieuses vont commencer d’apparaître : catholique d’abord avec l’immigration irlandaise et italienne, juive avec l’immigration russe et d’Europe de l’Est, orthodoxe avec les grecs et slaves (l’immigration musulmane fut insignifiante jusque dans les années 1980, les populations en provenance du Moyen Orient étant alors laïcisées).  C’est à partir de cette date là que le premier amendement prendra sa vraie valeur.

Al Smith

Ces minorités étaient protégées dans l’exercice de leur foi. Celà ne veut pas dire qu’elles furent acceptées d’emblée par la population. Au contraire. Il fallut de longues décennies pour que ces nouvelles communautés  s’intègrent au processus politique. Ainsi il fallut attendre 1928 et le démocrate Al Smith pour qu’un catholique se présente à la présidence ; 1960 pour qu’un catholique l’emporte en la personne de  John Kennedy, non sans avoir donné des assurances qu’une fois à la Maison Blanche il n’irait pas prendre ses ordres au Vatican… ; et 2004 pour qu’un candidat de confession juive brigue la présidence, à savoir  Joe Lieberman, qui se retrouvera sur le ticket d’Al Gore comme vice-président.

La question religieuse semblait donc réglée. C’était sans compter sur le facteur Mormon.

mormon church

A suivre : 2e partie,  La  Saga  des « Saints » de Salt Lake City

 

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