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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
1 juin 2012

Avenue des Géants : l’odyssée d’un tueur en série

 

avenue des géants

Dans une prison de Californie, Edmunk Kemper purge toujours une condamnation à perpétuité pour huit meurtres, dont celui de sa mère, commis en l’espace d’un an entre mai 1972 et avril 1973. Ses victimes étaient des jeunes filles qu’il prenait en auto-stop…

Marc Dugain, qui aime revisiter l’histoire dans ses livres, s’est inspiré de ce meurtrier pour créer son personnage d'Al kenner et tenter de retranscrire ce qui se passe dans la tête d’un « tueur en série ». Son récit, raconté principalement à la première personne, donc par Kenner lui même, est implacable et glaçant.

Il commence  le jour de l’assassinat du président Kennedy. Dans un ferme du Montana, loin de Dallas,  Al Kenner, 15 ans, et grand de 2,10 m déjà, tue sa grand-mère paternelle d’un coup de carabine dans le dos. Puis il tue son grand père, d’une balle dans la nuque. Al expliquera aux policiers et aux psychiatres qu’il détestait sa grand-mère.  Elle l’empêchait de respirer. Il avait besoin d’un bol d’air. C’est pour cela qu’il l’a tuée. Pour son grand père c’était différent.  Al a voulu lui éviter la souffrance de découvrir sa femme morte. Il l’a tué par compassion, presque… Son  double crime commis Al s’achètera une grosse moto et partira sur la route, à grande vitesse. Avant de se rendre à la police, sans violence. Au bout de 48 heures seulement.

Edmund Kemper 1973

Envoyé en hôpital psychiatrique, Al est diagnostiqué  schizophrène et paranoïaque. On lui trouve un QI très élevé. Un psychiatre s’intéresse à lui. Et Al lui raconte son enfance : une mère névrosée et castratrice, qui le fait dormir au sous-sol sur le tas de charbon à côté de la chaudière dont la fournaise l’effraie, des sœurs obèses, un père qui divorce, son exil chez les grands-parents…  Mais aussi les tortures qu’il infligeait aux chatons de sa mère et cet orgasme incontrôlable à la fête foraine quand une jeune fille blonde mit sa tête sous une fausse guillotine… Au bout de cinq ans, Al est libéré. Son casier judiciaire sera même effacé. Il peut réintégrer le monde et reprendre une vie « normale ».

Mais il n’a d’autres choix que de retourner chez sa mère.  Madame Kenner est devenue une alcoolique aigrie. Elle ne s’est jamais remise d’avoir enfanté un monstre… Pour elle, son fils est habité par le mal. Elle ne lui parle pas, elle lui aboie dessus.

Aussi malgré sa rencontre avec une jeune fille qu’il veut épouser, malgré son amitié avec son père, un policier qui lui trouve un job de « profiler » Al, n’est jamais serein. Il boit  et fonce la nuit à moto sur les routes de Californie. Pour se vider la tête… Au fil des pages, et à travers la description de la Californie des années 60 avec ses hippies et sa guerre du Vietnam en arrière-plan, on sent le drame monter lentement. L’acte irréparable se rapprocher, inexorablement. D’ailleurs le meurtre de la mère, sera le dernier de sa série.

marc dugain

Dans cette étude psychologique minutieuse, le meurtre apparaît comme un acte inévitable, programmé, logique, nécessaire au tueur pour faire taire ses tempêtes intérieures. Dugain, par un récit très pudique, qui ne s’attarde jamais sur le déroulement des crimes, souligne combien la violence précède en fait l’acte, qui en est, en lui-même, dénué. L’acte de tuer se produit, pour l'assassin, dans un moment de temps suspendu, de détachement total, où des gestes d’une cruauté indicible deviennent mécaniques et banals…

Avenue des Géants, Marc Dugain, Gallimard, 362 pages, 21,50 euros

 

 

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