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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
23 octobre 2012

Campagne présidentielle américaine : Après le 3e débat

Obama et Romney s’accrochent sur la politique étrangère mais au final sont d’accord sur presque tout. Sauf la politique économique.

lynn U

C’était la dernière séance. Le troisième et dernier débat de la campagne présidentielle américaine. Il portait sur la politique étrangère. Et si le Proche-Orient, l’Afghanistan, la Russie, la Chine, l’Amérique Latine… ont bien figuré au menu de la soirée, les deux candidats n’ont cessé d’en revenir à leur sujet de prédilection, l’économie. Comme si l’un et l’autre savaient que ce n’est pas le sort de Bachar al Assad en Syrie, qui déciderait l’élection, mais bien celui des Américains de l’Ohio, de Pennsylvanie, de Virginie et d’ailleurs.
Les deux candidats abordaient cet exercice à une égalité quasi parfaite dans les sondages. 47% d’intentions de vote chacun sur le plan national. Dans le détail, Mitt Romney est crédité  d’un léger avantage au sein des « électeurs probables »  (« likely voters », c’est-à-dire les électeurs effectivement inscrits sur les listes électorales et ayant la ferme intention d’aller voter). Barack Obama, par contre, occupe une position plus favorable au sein du fameux Collège électoral, l’instance qui déterminera le résultat final de cette élection par-delà le décompte des suffrages. 

presidential polls
La première confrontation entre les deux candidats, le 3 octobre,  s’était soldée par une nette victoire  du gouverneur Romney. A la surprise générale. Avec pour résultat de voir la côte du challenger républicain remonter très nettement dans l’opinion. La seconde confrontation, le 16 octobre, avait au contraire permis à Barack Obama de prendre sa revanche. Il s’en était, mieux sorti que son adversaire, et avait ainsi relevé la tête. La discussion avait surtout marqué les esprits par sa pugnacité. Débout face à des électeurs invités à poser eux même les questions, les deux hommes s’étaient invectivés, interrompus, pointés du doigt et la question de l’attaque contre le consulat américain de Benghazi, en Libye, avait provoqué une poussée de tension.
La troisième confrontation devait permettre d’élucider ce point de controverse. Et surtout de tenir lieu de « belle ». Afin de déterminer un vainqueur final.
Mais de vainqueur, il n’y en a pas eu. Pas plus que de résolution de la question libyenne. Parfois il n’y a d’ailleurs pas eu de débat du tout, les deux hommes étant d’accord sur tout ou presque tout. Les objectifs poursuivies et les politiques menées. 
Barack Obama et Mitt Romney se sont accordés sur le rôle de l’Amérique dans le monde, à quelques détails près, mais se sont opposés sur les moyens de garantir ce rôle. C’est-à-dire sur la route à emprunter pour retrouver le chemin de la prospérité économique, seule garante de la poursuite de la prééminence militaire. A plusieurs reprises les candidats en sont revenus à parler de leur plan pour l’emploi,  de la question de l’énergie, du déficit, et de l’éducation. Detroit plus que Damas fut au cœur du débat.  

lynn university debate october 22 2012
La première question portait sur l’affaire de Benghazi et sur le printemps arabe. Romney avait été désigné pour répondre en premier. On aurait pu s’attendre à  ce qu’il reprenne l’argument là où les deux hommes l’avaient laissé la semaine dernière. Qu’il dénonce la confusion entretenue pendant plusieurs semaines par la Maison Blanche sur la nature de cette attaque : spontanée ou planifié ? Acte terroriste ou manifestation de masse ?
Il n’en fut rien. Le candidat républicain se contentait de déplorer le décès des Américains, et d’appeler à « une stratégie globale » pour combattre « l’extrémisme islamique ».  Le président se vantait d’avoir « protégé la sécurité des Américains » comme il en incombe au  « commandant en chef » qu’il est depuis quatre ans. Il critiquait son challenger pour « des prises de position  qui partent dans tous les sens » mais lui savait gré d’avoir  « soutenu sa politique en Libye en 2011 ».
S’en suit une série de questions où il est  bien difficile de distinguer les positions du premier de celles du second. Sur la Syrie, Romney s’en prend au « manque de leadership américain », mais interrogé pour savoir ce qu’il ferait de plus, il rejette fermement « toute implication de notre appareil militaire ». Sur l’Egypte, il n’aurait pas soutenu Moubarak plus longtemps que le président Obama ne l’a fait. Sur l’Iran, Obama assure  que les « sanctions très dures » et qui « portent effet » ont été mises en place. Romney les auraient souhaité « encore plus dures », et mises en place « encore plus tôt » mais rien d’autre. Obama voit en Israël « un véritable ami, notre plus grand allié dans la région ». Romney assure que « l’Amérique sera toujours avec Israël » et qu’il est parfaitement d’accord avec ce que le président a dit…
Bref trouver de vraies  divergences entre les deux hommes  au fur et à mesure de la discussion devient une gageure. Quand le modérateur Bob Schieffer les interroge sur le « rôle de l’Amérique dans le  monde », Romney parle « du privilège et de la responsabilité qu’a l’Amérique de défendre la liberté et de de promouvoir les principes qui maintiennent la paix dans le monde. »  La phrase est tellement consensuelle qu’elle aurait pu être prononcée par Barack Obama. Justement Obama, de son côté,  estime que « l’Amérique demeure la nation indispensable ».  « Le monde a besoin d’une Amérique forte », dit-il. La phrase aurait pu être sortie du programme du Mitt Romney…

Lynn U
Sur la question du budget de la défense américain, on sait que les deux hommes ont deux visions opposées. Romney veut le porter à 4% du PIB, Obama le maintenir un point plus bas (soit deux cent milliards de dollars en moins par an). On se dit que des différences vont enfin apparaître… A peine. Quand Romney condamne les coupes automatiques prévues début 2013, Barack Obama assure qu’elles ne prendront pas effet, d’ailleurs il y est opposé, c’est le Congrès qui les demande…
Quand est soulevée la question de la Chine et de la «  compétitivité » de l’Amérique, les deux hommes en reviennent à leur programme économique, la question du déficit et du renouveau industriel. Le plus grand accrochage de la soirée aura finalement concerné les propos tenus par Mitt Romney en 2010 sur l’industrie automobile : Voulait-il vraiment sacrifier Detroit ou, comme il l’affirme, précipiter sa faillite technique pour qu’il renaisse plus fort… ?
Au final, les deux hommes conviennent que la question de  l’éducation est primordiale.  Obama accuse Romney de vouloir supprimer des emplois d’enseignants. Romney s’en défend vigoureusement « j’aime les profs, je veux les meilleurs profs du monde, j’aime les profs ». 
Et le  modérateur de conclure  « we all love teachers » « Tout le monde aime les profs ». Décidément, ce soir tout le monde avait décidé d’être d’accord !

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