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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
2 mars 2017

Maison Blanche: Pourquoi le « Kremlingate » menace le mandat de Donald Trump

 Le  « Kremlingate », c’est-à-dire l'enquête sur les liens entre l’administration Trump et la Russie,  est une tentative orchestrée de l’opposition démocrate et des médias pour déstabiliser,  voire destituer,  Donald Trump.  Les attaques et les révélations de toutes sortes vont se succéder. La menace est à prendre très au sérieux par l’administration. 

Kremlingate3

 Qui se souvient de l’affaire du certificat de naissance de Barack Obama?  Durant la campagne de 2008, ses adversaires, dont une certaine Hillary Clinton, avaient soulevé la question de la citoyenneté du candidat Obama. Parce qu’il faut être né américain pour pouvoir devenir président, ce qui n’aurait pas été son cas… A peine élu, ses opposants les plus virulents, avaient pris le relais et agité la question du certificat de naissance d’Obama,  (« birth certificate » en anglais) comme un chiffon rouge pour délégitimer l’élection du « premier président noir des Etats-Unis ». Pendant des mois les « birthers »,  ainsi que la presse les avait surnommés, avaient harcelé le président pour qu’il produise le fameux document. Leur objectif était de chasser Obama de la Maison Blanche sous prétexte qu’il n’aurait jamais dû être autorisé à  y entrer…

Birther issue

 La manœuvre avait échoué. Mais elle avait empoisonné les premiers mois de la présidence Obama, et institué un climat de suspicion entre la Maison Blanche, les électeurs et les élus.  La manœuvre avait aussi servi de thème de ralliement à l’opposition républicaine. Les « birthers » formaient un noyau d’irréductibles militants anti-Obama, susceptibles d’agréger autour d’eux,  d’autres opposants et de fédérer un vaste mouvement capable de défier la Maison Blanche et les Démocrates aux élections intermédiaires. C’est ce qui s’était produit. A l’époque un certain Donald Trump s’était d’ailleurs joint aux concerts des « birthers ».

Aujourd’hui ce même Donald Trump est à la Maison Blanche et ses opposants les plus virulents sont convaincus d’avoir trouvé contre lui l’équivalent de l’affaire du certificat de naissance. En mieux peut-être ? Un Watergate bis potentiel ! Cette affaire, c’est le « Kremlingate » ! Le terme, pas encore totalement  entré dans le vocabulaire médiatique américain, fait référence aux contacts entretenus entre les membres de l’équipe de campagne de Donald Trump -dont certains ont intégré, depuis, la nouvelle administration américaine-  et les services russes, à Moscou ou à Washington.

L’affaire a déjà fait plusieurs victimes. Dont  récemment Michael Flynn, conseiller à la sécurité nationale, contraint de démissionner après 24 jours seulement à son poste. Elle pourrait en faire d’autres. C’est désormais Jeff Sessions, le Garde des Sceaux (Attorney General) dont les démocrates demandent la tête. Une certitude s’impose: cette affaire va perdurer. Parce qu’elle implique à la fois la presse et les services de renseignements américains, deux institutions très remontées contre Donald Trump. La vraie question est de savoir jusqu’où elle ira… ?

Jeff Sessions Alabama Senator and Attorney General

Pour comprendre ce  « Kremlingate »,   un petit rappel des faits s’impose.

Tout commence par le piratage des ordinateurs du parti démocrate en 2015. On en parle peu sur le coup. Mais dans le courant de la campagne des primaires, au printemps 2016, des révélations embarrassantes pour les démocrates et pour Hillary Clinton font surface. On apprend ainsi que le parti soutient et favorise la candidate au détriment de son challenger Bernie Sanders. On apprend également que lors d’un débat télévisé organisé par CNN,  Hillary a eu connaissance des questions à l’avance et l’on apprend surtout qu’une partie des fameux emails effacés de son ordinateur alors qu’elle était Secrétaire d’Etat, aurait été récupérée par Julian Assange, le fondateur du site de piratage Wikileaks…

Ces révélations font sensation et l’affaire prend une plus grande ampleur encore quand  il est confirmé que le piratage a été piloté de Moscou. La patte du Kremlin n’est pas encore officiellement apposée mais c’est tout comme.

Au sein de l’état-major de campagne de Donald Trump, on se réjouit de ces révélations. Le candidat républicain, qui ne cache pas sa sympathie pour le dirigeant russe Vladimir Poutine, et cultive l’art de la provocation, invite même la Russie à communiquer le contenu des fameux emails d’Hillary…  

Julian Assange & Wikileaks vs Hillary Clinton

Sa victoire surprise le 8 novembre projette néanmoins une lumière soudain différente sur cette affaire. Pour les adversaires de Trump, et ils sont nombreux, il y a eu ingérence de Moscou dans la campagne présidentielle américaine. Pour eux, il ne fait aucun doute que les services de renseignements russes sont parvenus à s’immiscer dans le processus, à  manipuler l’électorat et influer sur la politique américaine.

De simple incident de campagne, la question de l’ingérence russe devient une affaire d’espionnage majeure. La Maison Blanche, toujours dirigée par Barack Obama, demande un rapport aux services de renseignements intérieurs, extérieurs ainsi qu’aux services d’écoute, c’est-à-dire  le FBI, la CIA et la NSA. Remis et publié fin décembre 2016, ce rapport conclut à une action planifiée et exécutée par les services russes. En représailles Washington expulse quelques dizaines de diplomates en poste aux Etats-Unis, comme au bon vieux temps de la guerre froide.

Kremlingate

L’affaire ne s’arrête pas là.

Plusieurs organes de presse dont le New York Times et le Washington Post révèlent dans la foulée que certains membres de l’équipe de campagne de Donald Ttump ont entretenu des contacts, avant et après l’élection, avec des officiers de renseignements russes. Ils sont passibles de sanctions, voire de poursuites pour actes de trahison…

Le premier est Michael Flynn. Ce général trois étoiles, aux états de service étincelants, qui combattit en Iraq et en Afghanistan, et fut même le directeur du renseignement militaire sous Barack Obama se voit pointé du doigt pour avoir rencontré l’ambassadeur de Russie à Washington, Serguei Kislyak,  le jour même de l’annonce par le président en exercice, Barack Obama, des sanctions contre Moscou.   Or, Flynn est le nouveau Conseiller à la Sécurité Nationale de Donald Trump. Très proche du nouveau président, il est son principal stratège en matière de politique étrangère et de défense. Au sein de  la nouvelle administration, Flynn est une pièce majeure.  

Donald Trump & Michael Flynn

La nature des conversations tenues avec l’ambassadeur Kislyak fait polémique. Toute évocation des tensions en cours entre les deux pays serait, au mieux, une violation du protocole, qui veut que les proches du président élu ne se mêlent pas de la direction du pays durant la période de transition, et, au pire, une violation de la loi interdisant toute forme d’intelligence secrète avec un  ennemi.

Après quelques tentatives pour se défendre, Flynn cède. Il remet sa démission. Officiellement pour avoir menti au vice-président et à son entourage sur le contenu des fameuses conversations. Car il se trouve que celles-ci avaient été enregistrées par les services de renseignement américains. Flynn qui avait d’abord affirmé ne pas avoir évoqué les sanctions s’est trouvé confronté aux bandes son et a dû reconnaître sa faute…

Cette démission n’a toutefois pas mis fin aux accusations et allégations diverses. Au contraire, comme galvanisés par ce succès, les médias et l’opposition démocrates ont redoublé d’intransigeance.

Le New York Times publie un éditorial cinglant le 16 février comparant la situation aux scandales passés du Vietnam (1968) , du Watergate (1972-1974)  et de l’Irancontra (1987-1988) et appelant à une enquête du Congrès. Une telle enquête n’aurait évidemment qu’un seul objectif : constituer un dossier d’accusation qui pourrait être utilisé contre le président lui-même lors d’un procès en destitution. Le mot clé « d’ impeachment » n’est jamais imprimé ou   prononcé, mais il est sur toutes les lèvres.

Car une question fondamentale se pose. Si Flynn a bien évoqué les sanctions américaines contre Moscou lors de ses conversations l’a-t-il fait de sa propre initiative ou sur les ordres du président élu, Donald Trump, lui-même. Difficile d’imaginer qu’un militaire de carrière, oh! combien conscient des privilèges de la hiérarchie, se soit aventuré seul sur un terrain aussi dangereux que celui-là…

paul-manafort

D’autant que Flynn n’est pas le seul membre de la nouvelle administration à avoir eu des contacts avec les Russes. Paul Manafort qui fut directeur de la campagne de Donald Trump au printemps 2016, avait conseillé le président pro-russe d’Ukraine Viktor Yanoukovich. Et il apparait que Jeff Sessions, sénateur de l’Alabama et nouvel Attorney General aurait également eu des conversations avec l’ambassadeur Kislyak durant la campagne. Conversations qu’il se serait gardé d’évoquer lors de ses audiences de confirmation devant le Sénat… Alors même que le département qu’il dirige désormais, celui de la Justice, est supposé enquêter sur les liens entre Moscou et l’équipe de Donald Trump. Ne pouvant être à la fois juge et partie, Sessions a déjà été contraint de se récuser de cette enquête, mais cela n’a pas suffi à calmer ses adversaires, qui réclament désormais sa démission…

Ils ne l’ont pas encore obtenue. Et rien ne dit qu’ils y parviendront, ni que la démission de Sessions se justifie d’une façon ou d’une autre. Mais vu la témérité et l’obstination du Congrès et des médias américains quand il s’agit de mettre à jour les dessous de la politique américaine, nul doute qu’ils insisteront et que le Kremlingate prendra dans les jours, semaines et mois à venir une ampleur grandissante.

Rappelons qu’en son temps l’enquête du Watergate avait pris plus de deux ans avant de déboucher sur la démission du président Richard Nixon.

Richard Nixon resigns NYT frontpage

 Avant d’en arriver à une telle éventualité concernant Donald Trump, le fait même de paralyser son administration constitue,  pour les Démocrates, une consolation après avoir perdu une élection qu’ils s’attendaient à gagner haut la main, et pour les médias, notamment le New York Times, régulièrement pris à parti par Donald Trump, une vexante revanche, rappelant à l’exécutif l’importance du 4e pouvoir… Tout récemment, lors du CPAC, rassemblement du mouvement conservateur, Steve Bannon, conseiller politique de Donald Trump a dit au sujet des médias américains: « Ils détestent les positions et l’agenda du président Trump, et si vous pensez qu’ils vont vous rendre votre pays sans combattre vous vous trompez lourdement… »  

 

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