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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
26 mai 2020

USA Présidentielle 2020 : Les points faibles du candidat Biden

Joe Biden old & Tired

Aux Etats-Unis, à moins de six mois de l’élection présidentielle, les Républicains sont face à un dilemme. Il ne concerne pas Donald Trump, leur candidat, mais son adversaire présumé, Joe Biden. A savoir : faut-il concentrer leur feu sur lui dès à présent ou attendre début septembre ? Pourquoi début septembre ? Parce qu’à cette date la convention nationale Démocrate aura eu lieu et il sera devenu le candidat Démocrate officiel à la Maison Blanche ? Pour l’heure il n’est que candidat putatif. Les Démocrates peuvent encore désigner quelqu’un d’autre…

A trop l’attaquer aujourd’hui ces Républicains craignent de pousser les Démocrates à se choisir un autre champion.

 

Democratic National Convention 2020

 

Ainsi que je l’ai expliqué dans une chronique précédente, (post du 7 mai , « Mais où est donc passé Joe ? »), le candidat Démocrate à la Maison Blanche ne sera officiellement  désigné qu’à la mi-août, durant la Convention Nationale du parti qui se tiendra à Milwaukee, dans le Wisconsin.  En attendant tout est possible. Il reste suffisamment de temps pour lui trouver un remplaçant, si Biden venait à connaître des difficultés. Et à trop exposer les faiblesses du candidat, les Républicains risquent d’inciter leurs adversaires à lui chercher un remplaçant, qui pourrait s’avérer plus coriace que Biden…

 joe-biden 2020 campaign 1

Même les plus fervents militants du parti Démocrate le reconnaissent, Biden est un candidat perclus de points faibles! Pour l’instant, ces points faibles ne transparaissent pas parce que la campagne présidentielle n’est pas encore lancée et que les primaires Démocrates ont été écourtées.La campagne présidentielle est passée au second plan des préoccupations des Américains, loin derrière la crise sanitaire et le chômage de masse. Mais ces points faibles éclateront au grand jour dès que la politique reprendra ses droits.

 Joe Biden in his basement

Première faiblesse de Joe Biden, son âge. Ou plutôt, son état de santé. Joe Biden est né le 20 novembre 1942. Il aura 78 ans à son entrée à la Maison Blanche s’il est élu. Ce qui ferait de lui le plus vieux président de l’histoire des Etats-Unis. Mais au-delà de cet âge c’est son état de santé physique et mental qui interroge. Biden n’est plus débordant d’énergie comme il a pu l’être par le passé. On l’a vu très fatigué cet hiver durant la campagne des primaires Démocrates quand il fallait enchainer les déplacements, les réunions publiques et les journées de 18 heures. Ses performances lors des débats télévisés ont montré qu’il avait du mal à rester concentré. Lorsqu’il s’exprime, il bafouille souvent et beaucoup plus que par le passé. Parfois, il semble perdre son idée en cours de phrase, et le fil de sa pensée en milieu de discours. Il a des trous de mémoire. Il oublie le nom de ses collaborateurs, ou de ses interlocuteurs. Il commence des citations qu’il ne peut finir. Il confond les dates d’événements passés, même quand ils sont récents. Il s’invente des rencontres qu’il n’a jamais faites… Certains se demandent s’il a encore la clarté d’esprit nécessaire au job de président…

 Joe Biden young senator 2

Seconde faiblesse, son expérience politique. Biden est une créature de Washington, à une heure où nombre d’électeurs, notamment Indépendants, ne font plus confiance aux institutions. Ce qui devrait être un atout se retourne contre lui. D’autant qu’il a accumulé les erreurs de jugement. Biden a été pour la première fois élu sénateur en 1972. En quarante-huit ans de carrière politique depuis, dont huit années comme vice-président, Biden s’est souvent trompé. Dans le seul domaine de la politique étrangère, il était contre la première guerre du Golfe en 1991, mais pour l’invasion de l’Iraq en 2003. La première fut un succès retentissant, la seconde un fiasco. Il s’opposa à l’initiative de Défense Stratégique (surnommée « guerre des étoiles »)  de Ronald Reagan, qui contribua à l’effondrement de l’Union soviétique et à la fin de la Guerre Froide. Il fut favorable aux bombardements de l’Otan sur Belgrade en 1999, mais contre le raid américain au Pakistan qui permit d’éliminer Ben Laden en 2010…

Sur les questions de société, ses prises de position d’hier ne correspondent plus au monde d’aujourd’hui. Biden est, par exemple, favorable au droit à l’avortement. Mais, de religion catholique, il a toujours souhaité voir ce droit encadré. Par des limites dans le temps, vis à vis de l’avancée de la grossesse, et par des limites concernant son financement public. Ces nuances ne sont plus de saison chez les Démocrates de 2020 qui attendent de leur candidat un soutien absolu, total et sans faille à cette question.

 Joe Biden with Obama 2008 victory night

Sur la question « raciale », c’est-à-dire sa relation avec la communauté noire, la posture de Biden est ambiguë. Certes, il a toujours soutenu le mouvement pour les droits civiques et les programmes d’action affirmative, mais il a aussi côtoyé et travaillé avec des personnages favorables à la ségrégation, et dénoncés aujourd’hui comme racistes, tel Strom Thurmond, vieux sénateur de Caroline du Sud (mort en 2003 à l’âge de 101 ans). Cela serait impensable dans le contexte politique actuel. Biden pèche aussi par paternalisme. Tout dernièrement il a affirmé que si un noir hésite entre voter pour lui ou pour Trump, « c’est qu’il n’est pas noir » ! Cette façon de s’approprier l’allégeance et la pensée de toute une communauté a fait grincer beaucoup de dents, y compris à gauche !

 Joe biden et les mains caressantes

Troisième faiblesse, les accusations d’abus sexuels qui flottent autour de lui.  Depuis l’affaire Harvey Weinstein - du nom de ce producteur hollywoodien,  accusé de viols par plusieurs aspirantes starlettes et finalement condamné à 23 années de prison -  le comportement des hommes de pouvoir est scruté à la loupe aux Etats-Unis. Tout est suspect ! Un mot déplacé, une blague aventureuse, un geste inopportun… Et tous sont suspects. Surtout les hommes politiques, personnification d’un pouvoir encore perçu comme patriarcal… Or Joe Biden a commencé sa carrière dans les années 1970, époque plus tolérante qu’aujourd’hui en matière de mœurs sexuelles, et où les relations hommes-femmes étaient moins antagonistes. Alors que sa première épouse mourut tragiquement en 1972, il fut un jeune veuf très en vue à Washington, jusqu’à son second mariage en 1977. Une de ses collaboratrices d’alors, Tara Reade, l’accuse aujourd’hui de comportements inappropriés et de harcèlement sexuel. Même s’il nie les accusations, ceux qui connaissent Joe Biden, savent qu’il est familier de gestes tolérés hier, mais devenus inacceptables aujourd’hui. Certains Démocrates se demandent s’il n’y pas d’autres Tara Reade… ?

 joe-biden-tara-reade

Quatrième faiblesse, ses positions très conciliantes vis-à-vis de la Chine communiste. Il y a encore six mois cette question n’était pas capitale. Elle rentrait dans le cadre des relations commerciales américaines et du débat sur l’utilité et l’efficacité des tarifs douaniers. Mais la pandémie de Covid 19 a tout bouleversé.  La responsabilité de la Chine dans la propagation du virus, et les près de cent mille décès enregistrés aux Etats-Unis, sans parler des milliards de dollars de pertes économiques, ont fait de la politique américaine vis-à-vis de la Chine l’un des sujets clés de la campagne électorale à venir. Sur ce dossier Donald Trump a toujours été aux antipodes de Barack Obama, dont Joe Biden fut le vice-président.

 China USA Tensions

Donald Trump a toujours dénoncé la complaisance de Washington vis-à-vis de la Chine. Une complaisance qui se manifestaient, entre autres, par un déficit commercial de près de 500 milliards de dollars par an.  Rétablir l’équilibre des échanges fut une de ses principales  promesses de 2016, et un accomplissement majeur de son premier mandat. A coups de menaces d’instaurer des tarifs douaniers spectaculaires, il a obtenu un nouvel accord commercial bilatéral avec la Chine, signé en décembre 2019, dont il est très fier. Il a vu dans cette victoire la validation de son approche conflictuelle et frontale, à l’opposé de Barack Obama, partisan d’une coopération amicale avec Pékin.

 Joe Biden vp & Xi Jinping official visit

Durant la présidence Obama, la politique étrangère américaine opéra un virage à 180 degrés, tournant le dos à l’Europe, son grand allié et partenaire du XXe siècle, et s’ouvrant à la région Asie-Pacifique et sa puissance émergente, la Chine. L’objectif était de « contenir » la Chine, mais surtout de bien s’entendre avec elle. Obama était convaincu des vertus du dialogue et de « l’engagement ». L’homme chargé de mettre en place ce dialogue fut Joe Biden. Et il le fit aves zèle. Il s’est vanté d’avoir « passé plus de temps avec Xi Jinping que n’importe quel autre dirigeant du monde» . Si aujourd’hui il dénonce le président chinois comme un « voyou », à cause de la répression engagée contre Hong Kong, il fut hier un de ses défenseurs, et un partisan actif de la coopération avec Pékin. Au point de remettre en cause les engagements américains vis-à-vis de la défense de Taïwan.

En 2013 A l’occasion d’un déplacement en Chine en tant que vice-président, Joe Biden fut accompagné par son fils Hunter, qui revint du séjour avec un siège au conseil d’administration d’une société d’investissements chinoise (BHR Fund). Un an plus tard, le gouvernement chinois s’engageait à lever 1,5 milliards de dollars pour BHR et trois ans plus tard Hunter Biden entrait au capital de la société qui gérait alors un fond d’investissement de 2,1 milliards de dollars… De là à dire que les Chinois ont « acheté » la complaisance de Joe Biden en permettant à son fils de s’enrichir, il n’y a qu’un pas, que Donald Trump a déjà franchi en accusant l’ancien vice-président de corruption.

Joe Biden with son Hunter 

Les avocats d’Hunter Biden assurent qu’il n’a touché aucun argent pour ses services et qu’il n’y avait rien d’illégal dans les transactions. N’empêche, cela fait tache, comme certains disent.

Surtout que tout rapprochement avec Pékin est devenu coupable dans l’Amérique post Covid 19 ! Donald Trump  jure de « faire payer la Chine » pour les dommages économiques occasionnés par le virus que les Chinois ont laissé se propager dans le monde (délibérément ou pas ?). Certains observateurs évoquent même la montée d’une nouvelle « guerre froide » entre les Etats-Unis et la Chine. Le contexte est donc défavorable à Joe Biden qui pourrait se voir accusé d’avoir été « faible avec la Chine », (« soft on China »). comme on accusait jadis les Démocrates  d’être  « faibles avec le communisme »...

Joe Biden vp & Xi Jinping

Les accusations portées contre son fils Hunter Biden, concernant la Chine, ne sont pas uniques et nous amènent à la cinquième faiblesse de Joe Biden, la plus problématique, celle d’être un politicien corrompu !

Joe+Biden+Hunter+Biden+Duke+v+Georgetown+omwsNqdiCVTl

Joe Biden se décrit comme « Middle Class Joe », mais la politique lui a très bien réussi. Sa fortune est estimée à plus de quinze millions de dollars. Acquis de façon légitime. S’il n’a pas profité personnellement de ses fonctions politiques (ce qui est illégal) , il a su en faire profiter les membres de sa famille (ce qui n’est pas forcément illégal). En plus de son fils Hunter, son gendre Howard, ses frères James et Frank, ainsi que sa sœur Valerie, ont tous connu la réussite économique, pendant les années où Biden était vice-président ! James fut engagé par une société qui obtint dans les mois suivants un contrat de 1,5 milliards de dollars en Iraq. Frank fit de même avec un contrat immobilier au Costa Rica ; son gendre obtint que sa société de consulting médical soit mise en avant par le département de la Santé. Quant à sa sœur, elle fut responsable de ses campagnes présidentielles en 1988 et 2008 et sa société de communication factura pour plusieurs millions de dollars de prestations…

 Joe Biden and Family 1

Biden jure ne jamais avoir parlé politique avec les membres de sa famille. La réalité raconte une autre histoire. Et face à un Donald Trump que les Démocrates veulent dépeindre comme un président corrompu, Joe Biden risque de faire mauvaise figure.

 Joe Biden + wife & sister

Au final les qualités du candidat putatif des Démocrates sont écrasées par ses faiblesses. Et s’il devient effectivement le candidat Démocrate à la Maison Blanche, les révélations sur la face cachée de Middle Class Joe risquent de pleuvoir.

 

 

 

 

 

 

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