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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
14 février 2021

Etats-Unis : Washington face à la menace fantôme ou le nouveau Maccarthysme

 Washington under siege 2021 2

 Trois semaines après l’entrée en fonction de Joe Biden,  Washington, la capitale des Etats-Unis, ressemble toujours à un camp retranché !  A une ville en état de siège. Tout le périmètre autour de la Maison Blanche est barricadé. Le complexe du Capitole, où siège le Congrès, est également ceinturé par une clôture haute de trois mètres et surmontée de fils de fer barbelés. L’ensemble est patrouillé jour et nuit par sept mille soldats de la Garde Nationale !

Washington under siège 5

 Ce dispositif avait été mis en place après  l’envahissement du Capitole, le 6 janvier, par certains supporters du président sortant Donald Trump, et des provocateurs infiltrés dans leurs rangs. Les Démocrates craignaient une nouvelle action violente lors de l’investiture… Vingt-cinq mille soldats avaient donc été déployés pour protéger le président élu et les officiels présents pour la cérémonie.

Donald Trump impeachment trial 3

 Cette cérémonie est passée, et ses discours archivés, mais les troupes sont toujours là !  Le 25 janvier leur mandat a même été prolongé par le nouveau gouvernement jusqu’à la fin du mois de mars. Motif ? La crainte de « troubles civils » et « manifestations » de la part « d’extrémistes » et autres « terroristes intérieurs ». Et pourquoi fin mars ? Parce qu’on s’attendait à ce que le deuxième procès en destitution, de Donald Trump, qui s’est ouvert le 9 février, se prolonge jusqu’à cette date…  

Donald Trump acquitted Again

 Mais ce procès vient de s’achever, sanctionné par l’acquittement de l’ancien président, et aucun trouble ne s’est produit. Pas même un rassemblement. Encore moins une manifestation. Rien ! Aucune contestation politique n’est venue émailler la procédure partisane entamée par les Démocrates visant à éliminer définitivement l’ancien président Républicain de la vie politique. Les supporters de Donald Trump ont été exemplaires de civisme et ont suivi ce procès politique dans le calme, derrière leur écran de télévision.  Washington est sous le coup d’une menace fantôme, une menace illusoire ou plus exactement fantasmée.

Washington under siege 2021 1

 La menace de soi-disant « terroristes intérieurs » n’existe que dans la tête de ceux qui la dénoncent. C’est une illusion entretenue pour le grand public à une fin politique. Il s’agit d’entretenir la fiction selon laquelle la démocratie américaine serait menacée par Donald Trump et ses partisans ! Et le dispositif de sécurité mis en place à Washington participe de la mise en scène de cette fiction. Faire croire que les partisans de Donald Trump, assimilés en bloc à des terroristes, des extrémistes, des suprémacistes, etc vont tenter un coup de force contre les institutions fédérales.

 Rien n’est plus faux, mais il s’agit de faire croire que le pays est en état de siège à cause de Donald Trump et de ses supporters. La survie même de l’expérimentation américaine imposerait d’éradiquer physiquement cette menace, en purgeant la société américaine, l’administration, l’armée et tous les corps civils de ses partisans ! En clair cette fiction a pour but de justifier l’élimination de l’opposition politique. Elle permet de justifier de mesures liberticides sans précédents, dirigées exclusivement contre les conservateurs, avec l’approbation et même les encouragements des médias et leaders d’opinions.

Donald Trump supporters 3

 Cette situation est sans précédent. Même aux pires heures du Maccarthysme, dans les années 1950, les Etats-Unis n’ont pas eu une police de la pensée aussi vindicative et arbitraire que celle existant aujourd’hui dans les médias et les réseaux sociaux. Même aux pires heures de la contestation contre la guerre du Vietnam, les Américains n’ont jamais connu une capitale militarisée à ce point.

 L’ironie est que ce sont les mêmes qui tout au long de 2020 ont refusé de déployer la garde nationale dans des dizaines de villes en feu, livrées au pillage d’émeutiers et d’anarchistes rassemblés sous les bannières politiquement correctes de BLM et Antifas, qui réclament aujourd’hui cette même garde nationale pour les protéger dans Washington… Et ces appels à la force militaire  sont bien évidemment lancés au nom de la défense de la Démocratie. C’est pour sauver la liberté, nous dit-on, qu’il faut la restreindre. C’est au nom de la tolérance qu’il faut limiter la liberté d’expression, bâillonner l’opposition et éliminer les dissidents.

Donald TRump save America Rally assault on capitol

 En réalité rien ne justifie de telles mesures. L’Amérique n’est pas plus en proie aux suprémacistes blancs et terroristes  intérieurs qu’elle ne le fut en 2008 ou en 2000, ou en 1992 ou même en 1976 ou 1964. Tout cela n’est qu’un prétexte pour conforter la main-mise des Démocrates sur le pouvoir. Profitant de leur contrôle sur les appareils exécutif et le législatif, les Démocrates entendent éliminer toute opposition. Ce nouveau maccarthysme n’est pas une réponse à une menace contre la démocratie américaine, c’est la vraie menace contre les institutions américaines. Le danger est que la collusion des intérêts qui soutiennent ce nouveau maccarthysme – à savoir la gauche, les médias et les compagnies du « big Tech » - en fait une arme potentiellement dévastatrice.

 Dans les années 1950 , un sénateur alcoolique et en mal de notoriété, Joseph Mac Carthy, du Wisconsin, captura l’attention et l’imagination des Américains en menant une chasse impitoyable contre des communistes supposément infiltrés au sein de l’appareil d’Etat américain.

Joseph MacCarthy

 C’est le président Démocrate Harry Truman qui avait entamé cette chasse aux sorcières, en 1947.  Par décret présidentiel, il avait imposé des tests de loyauté à tous les employés du gouvernement fédéral. Il s’agissait de débusquer les communistes et tous ceux qui pouvaient leur être associés. On était aux premières heures de la guerre froide. L’Amérique venait de se faire voler les plans de la bombe atomique par des espions soviétiques et était en proie à une paranoïa anti-communiste. Joseph Mac Carthy allait exploiter ce sentiment national à son avantage. Plusieurs années durant il allait dénoncer des supposés sympathisants communistes, et prétendre démasquer un complot anti-américain au cœur même du pouvoir. Ce faisant il allait détruire la vie de centaines, voire de milliers d’individus, apportant rarement la preuve de ses allégations, jusqu’à ce que son bluff soit finalement dénoncé… Ses interventions avaient néanmoins  miné la vie politique et culturelle américaine. Les Américains étaient appelés à dénoncer les traitres en leur sein, la liberté d’expression était bafouée… au nom de l’intérêt national.

 C’est exactement le cas aux Etats-Unis aujourd’hui à ceci près que l’ennemi n’est plus le communisme, mais le Trumpisme, c’est-à-dire Donald Trump  et ses supporters. Ceux qu’Hillary Clinton avait qualifiés de « déplorables » sont désormais qualifiés de « terroristes intérieurs » !

Joe Biden inaugural address

 Le 4 février,  lors d’un petit déjeuner de prière national, une tradition politico-religieuse, aux Etats-Unis, le président Biden a parlé du besoin « d’éradiquer l’extrémisme politique, le terrorisme intérieur et les suprémacistes blancs ». Bien loin de sa volonté d’unifier l’Amérique professée dans son discours d’investiture. Il a justifié ce besoin en se focalisant sur l’envahissement du Capitole le 6 janvier !  « Nous venons d’assister à un assaut contre la Démocratie… un épisode sans précédent … il nous faut maintenant confronter et vaincre l’extrémisme politique, les suprémacistes blancs et les terroristes de l’intérieur ».

Alejandro Mayorkas

 Quelques jours plus tôt, Alejandro Mayorkas, le nouveau secrétaire du département de la sécurité intérieure (DHS, Department of Homeland Security), avait évoqué une menace croissante de la part « d’extrémistes violents aux motivations idéologiques », une formulation suffisamment vague pour y mettre tout ce qu’on veut.

Dans la foulée, le nouveau secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, un général quatre étoiles issu de la communauté noire, a évoqué devant le Sénat, la présence problématique dans les rangs de l’armée américaine de « terroristes intérieurs »… « Notre mission est de défendre l’Amérique contre ses ennemis, mais aujourd’hui l’ennemi est présent au sein de nos propres rangs… Je vais m’atteler à  combattre les racistes et les extrémistes au sein des forces armées». Quelques jours plus tard il a ordonné, à l’ensemble des troupes, soixante jours d’observation pour évaluer et contrecarrer la présence d’extrémistes au sein de l’armée… En termes plus prosaïques, cela s’appelle une purge ! Une purge conduite et motivée à des fins idéologiques. Car les termes de « racistes » et « extrémistes » ne sont que des euphémismes  pour désigner les conservateurs et supporters de Trump, au sein des forces de défense.

Lloyd Austin 1

Cette purge a d’ailleurs déjà commencé. Lors du déploiement de la garde nationale pour l’investiture de Joe Biden tous les soldats mobilisés ont été interviewés pour s’assurer de leur loyauté au président élu…

Mais dans la réalité, rien ne justifie une telle purge. Il n’y a pas plus de suprémacistes blancs au sein de l’armée américaine, ou même de la société américaine dans son ensemble,  aujourd’hui qu’il y a dix, vingt ou cinquante ans.

En 2020 le FBI a indiqué avoir ouvert 143 enquêtes criminelles contre des membres présents ou passés des forces armées. Parmi elles, soixante-huit étaient motivées par des faits d’extrémisme ou de terrorisme. Soixante-huit cas soupçonnés, sur un effectif de 2,1 millions de soldats actifs (armée et réserve)! Soit une prévalence au sein de l’armée de 0,003%. Et encore ne s’agit-il que de la proportion par rapport aux forces actives alors que les enquêtes du FBI incluaient aussi les militaires à la retraite ou révoqués.

Washington under siege 2021 3

 Cela n’a pas empêché le nouveau chef du Pentagone de purger les rangs des commissions mixtes de tous les partisans de Donald Trump. Des dizaines de personnalités, toutes proches des conservateurs, tel l’ancien speaker de la Chambre Newt Gingrich, se sont vues contraintes de démissionner de leur poste, le temps d’évaluer si les travaux de leur commission étaient en phase avec « les priorités de la stratégie de défense nationale ». Une mesure sans précédent.

 Les statistiques du FBI n’indiquent pas non plus une soudaine montée en puissance des suprémacistes blancs. En 2019 moins de quarante meurtres furent attribuables à des suprémacistes blancs. Sur plus de seize mille homicides ! En 2020 près de neuf mille Noirs furent victimes d’homicides aux Etats-Unis, (soit mille de plus qu’en 2019). Leurs assassins n’étaient pas des suprémacistes blancs, des terroristes ou des extrémistes, mais dans 90% des cas d’autres Noirs…

 Toutefois les Démocrates ne se laissent pas démonter pour si peu. Si les statistiques ne vont pas dans leur sens… c’est qu’elles sont fausses, disent-ils et il suffit d’en inventer d’autres ! En juin 2019 lors d’audience devant le Congrès sur « la menace des suprémacistes blancs », le député démocrate du Maryland, Jamie Raskin (l’un des accusateurs de Donald Trump lors de son second procès en destitution) , avait estimé  que « le suprémacisme blanc constitue la plus importante menace de violence intérieure, mais … les statistiques officielles du FBI la sous-estiment dramatiquement». Et d’estimer sans sourciller que « deux cent mille crimes sont perpétrés chaque année par des suprémacistes blancs. »

 Pointées du doigt, les polices municipales américaines ont protesté contre les accusations portées contre elles par des associations de droits civiques selon lesquelles leurs rangs seraient « infestés » de suprémacistes blancs et d’extrémistes. Elles soulignent, au contraire, que les « hommes en bleu » sont un reflet de la diversité américaine, et que cette diversité est aujourd’hui menacée par un nouveau « maccarthysme de gauche ».

 Les « suprémacistes blancs » sont dénoncés depuis des décennies par les Démocrates et les Progressistes aux Etats-Unis, mais les menaces qui leur sont imputées dépassent largement leur réelle capacité et intentions de nuire! C’est juste un adversaire pratique, car moralement indéfendable. Amalgamer les supporters de Trump à de tels personnages est un simple raccourci pratique pour les éliminer de la vie politique.  

white-supremacist-domestic-terrorist 1

 Le Southern Poverty Law Center (SPLC)  institution datant de la lutte pour les droits civiques et qui s’est spécialisée dans la surveillance et la dénonciation des groupuscules suprémacistes blancs a d’ailleurs reconnu que le nombre de pourvoyeurs de haine (« hate groups ») avait plutôt diminué récemment … estimant par contre que les groupuscules restant sont plus actifs, notamment sur les réseaux sociaux. 

 D’où une mobilisation générale des forces de gauche aux Etats-Unis pour limiter la liberté d’expression sur les réseaux sociaux aux seuls propos jugés tolérables par les progressistes.  Le bannissement du compte Twitter de Donald Trump, décidé dans la foulée du 6 janvier, a été officiellement prolongé à vie ! Trump n’aura plus jamais droit à la parole sur le réseau de Jack Dorsey, même s’il est réélu à la Maison Blanche.

gal Michael Flynn and Sydney Powell

 Nombre de ses proches ont été également visés par des mesures similaires. Le général Michael Flynn a été banni à vie, son avocate Sidney Powell, accusée d’être une « adepte des théories du complot » également. Dan Bongino, un chroniqueur pro-Trump a été plusieurs fois privé de réseau. Mike Lindell, homme d’entreprise conservateur, s’est vu purgé à vie pour avoir contesté le résultat de l’élection présidentielle de 2020. Project Veritas, un groupe d’action conservateur, et son fondateur James O Keefe, ont été également bannis à vie. Le réseau social Parler, alternative à Twitter, que les conservateurs avaient adopté pour la totale liberté de parole accordée, s’est vu privé de distributeur.

 En clair quiconque adopte des vues conservatrices, pro-Trump, ou mettant en doute de près ou de loin l’intégrité de l’élection présidentielle de 2020, se voit privé de parole.

marjorie-taylor-greene 1

 Trente-neuf élus de la Chambre des Représentants, tous Républicains, ont été menacés de « censure » pour avoir demandé des enquêtes sur les «irrégularités » (réelles ou pas) liées au scrutin présidentiel. Une élue Républicaine de Floride, Marjorie Taylor Greene,  s’est vue privée de siège dans deux commissions parlementaires pour des propos tenus longtemps avant d’être élue et dénoncée par elle-même depuis. Aucun élu Démocrate n’a jamais été sanctionné de la sorte, alors que nombre d’entre eux (ou elles) ont soutenu des mouvements violents dans leur jeunesse…

 Au nom d’un principe de « responsabilité» (« accountability ») de nombreux sympathisants de gauche ont appelé à ce que les cadres de l’administration Trump ne trouvent pas à se recaser dans le privé. Le groupe Forbes, éditeur du magazine éponyme,  a annoncé fièrement qu’il couperait toute relation  avec toute entreprise employant des anciens collaborateurs de Trump. Il s’agit d’étouffer économiquement toute opposition, et de priver d’expression toute opinion dissidente !

statue-of-liberty-crying

 A Washington certains ont appelé à la création d’un poste de « reality czar », « haut-commissaire à la réalité » ! Une sorte de « ministère de la vérité » ! Comme dans le roman de George Orwell, 1984 ! Cette personnalité aurait donc pour rôle de trier le « vrai » du « faux » et d’énoncer jour après jour ce que serait la réalité. Une « Pravda » à l’Américaine. Plus totalitaire que ça, tu meurs !

 Et le fameux discours unificateur de Joe Biden dans tout cela? Qu’en est-il donc de la promesse du nouveau président de travailler à « unifier la nation » ?  Pour l’heure elle n’est plus d’actualité, sauf à envisager cette unification, sans Trump et sans ses supporters, c’est-à-dire  après les purges…  

 

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