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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
19 septembre 2023

Présidence U.S. : Joe Biden et son fils rattrapés par les affaires

 Joe Biden struggling

 Alors que depuis des semaines les médias américains se focalisent sur les poursuites judiciaires engagées contre Donald Trump, deux événements sont venus rappeler qu’aux Etats-Unis, Trump n’est pas le seul des possibles candidats présidentiels de 2024 à avoir maille à partir avec la justice. L’autre est Joe Biden, actuel président et candidat déclaré à sa propre succession.

 Le « Speaker » (président) de la Chambre  des Représentants, le Républicain Kevin Mc Carthy a annoncé l’ouverture d’une enquête en vue de la destitution (« impeachment ») du président Joe Biden pour des soupçons d’abus de pouvoir, d’obstruction de justice et de corruption.

Kevin Mc Carthy 2

 Puis, le procureur du Delaware, David Weiss, a annoncé  la mise en accusation du fils de Joe Biden, Hunter Biden, pour possession illégale d’arme à feu et deux autres crimes fédéraux liés à l’achat illicite d’un revolver en 2018. Il risque plusieurs années de prison.

 Ces deux procédures concernent des faits anciens et des affaires connues de longue date mais qui jusqu’à récemment sont restées largement sous le boisseau. Ni le gouvernement, ni le FBI,  la CIA, ou le Congrès, contrôlé par les Démocrates, ni la justice, ni les médias dominants, du Washington Post à CNN en passant par la radio publique NPR,  ne semblaient souhaiter que la lumière soit faite sur les faits allégués. « L’Etat profond » était à la manœuvre pour maintenir un « cover up », sur des accusations pourtant gravissimes. Mis à part les élus Républicains et les médias conservateurs comme Fox News, personne n’en parlait.

FBI agent raid

 Ces deux annonces survenues coup sur coup, signifient donc d’abord que le mur du silence concernant ces affaires est en train de se briser. Principalement, grâce à la pression que les élus Républicains n’ont cessé d’exercer depuis qu’ils ont regagné la majorité à la Chambre lors des élections intermédiaires de novembre 2022.  Il est probable que ces affaires prennent de l’ampleur dans les semaines et les mois à venir. Elles vont dominer la campagne électorale côté Démocrate, comme les affaires de Trump vont dominer la campagne côté Républicain  De nouvelles révélations et des surprises sont possibles. Il est même envisageable que Joe Biden soit contraint de renoncer à briguer un second mandat.

Joe & Hunter Biden 4

Nous n'en sommes pas là.  Joe Biden est à la Maison Blanche et sauf accident de santé, il y restera jusqu’à la fin de son mandat. Son fils est encore loin d’être derrière les barreaux et il demeure peu probable qu’il y soit jamais. Néanmoins sa mise en accusation formelle et l’ouverture d’une enquête officielle par le Congrès sur ses activités et celles de son père, changent la donne et justifient que l’on revienne en détails sur ce dont il s’agit.

 Hunter, 53 ans, fait l’objet, depuis 2018, d’une enquête menée par le procureur fédéral de l’Etat du Delaware, où la famille réside. Ce procureur s’appelle David Weiss. Il a récemment été élevé au rang de « procureur spécial » par le ministre de la Justice des Etats-Unis, Merrick Garland. Son enquête concernait au départ des soupçons d’évasion fiscale, de blanchiment d’argent, de non-paiement d’impôts et de non-déclaration de revenus portant sur les années 2014 à 2017.

Hunter Biden son of VP Joe Biden

 C’est l’IRS (Internal Revenue Service), le fisc américain qui est à l’origine de l’enquête. Parce que le nom d’Hunter Biden est apparu d’abord dans une autre enquête portant sur des réseaux de pornographie en ligne, de prostitution et de trafic d’êtres humains. C’était au printemps 2018. A l’automne 2018 cette affaire s’est vue assortie d’une autre composante quand Hunter Biden a acheté une arme à feu, alors qu’il n’était pas en droit de le faire étant un drogué dépendant à la crack-cocaïne. Pour aggraver son cas l’arme en question a été retrouvée dans une poubelle à la portée de jeunes enfants…

 Cette enquête est restée secrète pendant deux ans et demi. Ce n’est qu’en décembre 2020, après l’élection de son père Joe Biden à la Maison Blanche, que l’intéressé, ainsi que les médias et donc les électeurs américains, ont été notifiés de l’existence de cette enquête.

Hunter Biden scandal New York Post 1

 A ce stade, le périmètre de l’enquête s’était encore étendu pour inclure des soupçons d’enfreintes aux lois sur la représentation d’intérêts étrangers aux Etats-Unis. En effet, les enquêteurs avaient repéré des versements très importants émanant de compagnies étrangères, (ukrainiennes, roumaines et chinoises principalement) sur les comptes de sociétés appartenant à Hunter Biden sans que ce dernier ne se soit jamais déclaré comme « agent » comme le requiert la règlementation sur le lobbying.

 Les pièces à conviction à la disposition des enquêteurs incluaient, désormais, un ordinateur et la copie de son disque dur. Ces deux objets avaient été remis au FBI un an plus tôt, en décembre 2019, par un réparateur à qui Hunter avait confié l’objet, neuf mois plus tôt, oubliant ensuite de venir le récupérer…

 Cet ordinateur était une véritable boîte de Pandore. Dans son disque dur se trouvaient des milliers d’emails indiquant qu’Hunter Biden a monté un système de trafic d’influence pendant toutes les années où son père était vice-président (de 2009 à 2017) et qu’il s’est enrichi en vendant sa capacité d’accès au vice-président des Etats-Unis. Joe Biden a sciemment participé à ce réseau, acceptant de rencontrer les partenaires de son fils. Il a peut-être même reçu des compensations financières ? Et peut-être aussi infléchi la politique des Etats -Unis pour rendre service à son fils.

Viktor Shokin

 Le cas le plus flagrant d’une telle intervention est le limogeage d’un procureur ukrainien, Viktor Shokin,  expressément demandé par Joe Biden en décembre 2015. A l’époque Joe Biden avait même menacé de bloquer une aide américaine d’un milliard de dollars à l’Ukraine si Shokin n’était pas viré. Or Shokin enquêtait sur une compagnie d’énergie ukrainienne appelée Burisma qui se trouvait avoir engagé son fils Hunter Biden, l’avoir nommé à son conseil d’administration et le rémunérait un million de dollars par an…

 Des copies du disque dur ayant commencé de circuler dans les cercles Républicains et au sein de certains médias, pendant la campagne présidentielle de 2020, ceux qui avaient pu les consulter se faisaient des gorges chaudes sur son contenu et assuraient qu’il y avait là de quoi mettre les Biden père et fils en prison pendant de longues années…

 Rien de tel ne s’est produit. Le disque dur et son contenu ont été dénoncés comme de la désinformation par les élus Démocrates, et donc docilement ignorés par la presse dominante. Joe Biden a nié avoir jamais discuté avec son fils de ses affaires, et les médias dominants ont docilement accepté cette dénégation. Du coup, en dépit de l’accumulation des indices et la gravité des soupçons pesant sur le fils et sur le père, rien ne s’est produit.

David Weiss

 Finalement au printemps 2023 les médias ont été informés que l’équipe du procureur Weiss et les avocats d’Hunter Biden étaient parvenus à un accord à l’amiable concernant les enquêtes ouvertes contre lui. Cet accord négocié se contentait de réprimander très modérément Hunter pour ne pas avoir payé ses impôts à temps et mettait de côté les accusations concernant la possession illégale d’une arme à feu.

 Tout laissait à croire que la justice américaine allait épargner Hunter Biden. Et qu’elle n’irait pas non plus enquêter sur les liens suspects entre les affaires du fils et la politique du père…

 Une justice aussi clémente envers la famille la plus puissante du pays avait mis beaucoup d’Américains mal à l’aise. Leur pays qui se vante d’être la première démocratie au monde prenait des allures de république bananière.

 Et soudain plusieurs grains de sables ont enrayé cette belle mécanique.

IRS Whistleblowers

 D’abord, deux lanceurs d’alerte ont dénoncé une enquête tronquée et l’ingérence du ministère de la justice pour bloquer les investigations dès que celles-ci pointaient en direction de Joe Biden. Hunter avait bénéficié d’un traitement de faveur. Il y avait désormais une justice à deux vitesses aux Etats-Unis…

 Ensuite, la juge chargée de parapher l’accord négocié, en a dénoncé les incohérences et les contradictions. Elle a refusé de parapher un document qu’elle estimait indigne de la justice, sommant les deux parties de lui soumettre un accord révisé sous trente jours. C’était le 27 juillet. En  quelques heures ce matin-là, l’édifice échafaudé pour protéger Hunter et son père s’est effondré.

Judge Norieka

 Les avocats d’Hunter Biden ont refusé toute nouvelle négociation. Le déli de trente jour expiré, en l’absence d’un accord, le procureur Weiss est donc revenu à l’origine de son enquête et a produit un premier acte d’accusation concernant la possession illégale d’arme à feu. Il pourrait dans les semaines à venir énoncer d’autres mises en examen concernant les autres aspects du dossier, à savoir les accusations d’évasion fiscale, et de violation des règles sur le lobbying.  

 Pour l’heure, Hunter encourt jusqu’à trente ans de prison. Mais il n’est pas près d’être incarcéré. Cet acte d’accusation pourrait déboucher sur un procès, et donc une condamnation, mais il pourrait tout aussi bien faire à son tour l’objet d’un accord à l’amiable… La seule certitude est que les ennuis judiciaires d’Hunter Biden vont continuer d’occuper l’actualité.

 Les démêlés du père avec le Congrès vont également occuper l’actualité.

 Car les Républicains du Congrès ont décidé eux aussi de passer un cap et d’ouvrir une enquête en vue de sa destitution.

 Depuis 2019 les Républicains enquêtent sur les activités du fils Biden et les liens que celles-ci ont pu avoir avec le père. Grace à leur victoire aux élections intermédiaires de novembre 2022, ils ont repris le contrôle et donc l’agenda de la Chambre des représentants et ont pu développer leurs enquêtes, alors que précédemment celles-ci étaient bloquées par les Démocrates.

 Trois commissions se sont réparti la tâche :  la Commission Judiciaire dont le président est Jim Jordan, représentant de l’Ohio ; la Commission de surveillance (« Oversight ») présidée par James Comer du Kentucky et la Commission des « Voies et Moyens » (« Ways and Means ») présidée par Jason Smith.

Jim JordanJames Comer

Jason Smith

 Ces trois commissions ont multiplié les audiences et les témoignages. Elles ont mis à jour des dizaines d’instances de connivence, de contacts, de discussions, et mêmes de versements d’argent entre le père et le fils.

 Joe Biden, quand il était vice-président a adressé plus de cinq mille emails à Hunter, en utilisant des pseudonymes (Robin Ware, Robert L. Peters, et d’autres ), pour lui communiquer des informations sur les pays dont il avait la charge en tant que vice-président et avec lesquels Hunter cherchait à développer des partenariats.

Joe & Hunter Biden 3

 Joe Biden a eu des dizaines de conversations téléphoniques avec son fils, en présence de ses associés. Il a aussi participé à des dîners, en présence de ces mêmes associés. Il a rencontré certains d’entre eux. Il a emmené son fils avec lui à bord d’Air Force 2 (l’avion du vice-président) lors de ses déplacements à l’étranger. Il a été inclus dans la répartition de sommes d’argent versées aux nombreuses sociétés établies par son fils et ses partenaires. Un informateur du FBI a même fait état d’un versement de cinq millions de dollars au bénéfice de Joe Biden. Un cas de corruption sans précédent s’il était confirmé.

 Les témoignages concordants sont légions. Les emails détaillant ces relations le sont aussi. Hunter Biden dans ses communications avec ses associés mentionnait souvent « dad » (papa), ou bien « father » (père) ou encore  « my president » (mon président) et même « the big guy » (le grand patron). Hunter qui vendait l’accès à son père n’hésitait pas à l’impliquer dans ses conversations avec ses clients, y compris lorsqu’il s’agissait de menacer ceux-ci s’ils ne payaient pas…

Hunter Biden's emails

 Il existerait des enregistrements de conversations téléphoniques entre Biden et les associés de son fils. Plus de cent soixante-dix versements bancaires suspects en provenance de sociétés étrangères ont été identifiés au profit  des « Biden ». Pour l’heure les parlementaires n’en ont obtenu qu’une vingtaine. Il en reste cent-cinquante que le département du Trésor rechigne à remettre. Seul manque le chèque signé ou la valise de billets…

 Par ses activités, Joe Biden a développé autour de lui ce que Kevin Mc Carthy a appelé « une culture de la corruption ». Il a permis à son fils Hunter de profiter de sa position au sein de l’administration. Il a fait pression, notamment à travers le ministère de la justice, pour stopper les enquêtes sur ses agissements et ceux de son fils. Et il a clairement menti au peuple américain, à de multiples reprises, sur son implication dans ces affaires. Cela s’appelle bien abus de pouvoir, obstruction de justice et corruption.

 Cela mérite amplement une enquête du Congrès.

impeachment trial in Senate

 C’est ce que Kevin Mc Carthy a autorisé. En ouvrant officiellement une telle procédure le « speaker » a renforcé les pouvoirs des parlementaires dans la quête de la vérité car il sera plus difficile aux différentes agences visées (le département du trésor, le département d’Etat, le FBI, etc) de résister aux assignations émanant du Congrès.

 Cette enquête pourrait à terme déboucher sur un vote de la Chambre pour destituer le président Biden. Il suffirait d’une majorité simple pour qu’il soit destitué. Comme ce fut le cas à deux reprises pour Donald Trump en 2019 et 2021. Mais ce  n’est pas acquis. Car il existe au sein du camp Républicain des élus dissidents qui s’opposent à la procédure, ne la jugeant pas prioritaire. Ils ne sont que cinq. Mais la majorité républicaine à la Chambre étant de cinq sièges ils ont le pouvoir de faire dérailler le processus…

Donald Trump acquitted Again

 En cas de vote d’une destitution, Joe Biden passera en procès devant le Sénat, comme ce fut le cas pour Donald Trump. A l’issue de ce procès il faudra un vote des sénateurs à la majorité des deux-tiers pour condamner le président et le démettre de sa charge. Un tel vote est inimaginable à l’heure actuelle. Il impliquerait qu’au moins seize sénateurs Démocrates se désolidarisent du parti et votent avec les Républicains. Compte tenu de la polarisation du Congrès et de la discipline de vote des Démocrates  cette éventualité est très improbable.

 Dans l’histoire des Etats-Unis d’ailleurs aucune procédure en destitution n’a jamais abouti à la chute du président précisément parce qu’une telle majorité est extrêmement difficile à rassembler.

Impeachment

 Joe Biden n’est donc pas menacé. Ni dans l’immédiat, ni dans les mois à venir.

 Par contre ces enquêtes peuvent considérablement écorner son image auprès de l’électorat. Sachant que sa côte de popularité est déjà faible, il pourrait tomber à un niveau tel que sa réélection en devienne douteuse et que les Démocrates l’incitent à se retirer de la course.

 Il importe aussi de comprendre qu’au-delà des soupçons d’activités criminelles qui pèsent contre lui,  c’est sa propre attitude qui va être examinée, notamment sa participation au « cover up » mis en place depuis 2020 pour le protéger lui et son fils.

 Aux Etats-Unis, ce n’est pas forcément le crime qui fait tomber un homme politique mais les manœuvres pour étouffer le crime. Richard Nixon, seul président de l’histoire a avoir démissionné pour éviter une procédure en destitution n’avait pas commandité le fameux cambriolage du Watergate, et n’y avait bien sûr pas participé. Par contre il avait mené une campagne pour étouffer l’affaire et c’est cette campagne qui avait conduit à sa chute.

Richard Nixon

 Dans cette optique, certains propos  de Joe Biden pourraient revenir le hanter. Comme cette affirmation proférée le 22 octobre 2020 lors du second débat présidentiel face à Donald Trump selon laquelle l’ordinateur de son fils Hunter était un faux et une « manœuvre de désinformation russe ». Joe Biden était particulièrement bien placé pour savoir que cela n’était pas vrai. L’ordinateur était vrai et son contenu a été authentifié depuis. C’est Joe Biden qui a menti ce soir-là à des millions d’Américains et qui a exercé devant la nation tout entière une  forme d’obstruction de justice.

 

 

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