Pour sauver l'euro il faut les Etats-Unis d'Europe
Cette semaine deux économistes américains ont reçu le prix Nobel d'économie: Thomas Sargent et Christopher Sims. Tous deux enseignent à Princeton. Leur sujet d'études, en termes simples, : l'influence des politiques économiques sur l'économie réelle. Avec pour les Européens, une bonne nouvelle à la clé. A rebours du sentiment général de déprime et d'anxiété qui habite les citoyens de la zone euro, la crise de la dette, qui menace leur monnaie et l'ensemble de leur système économique, "est facile à résoudre", nous assurent les deux lauréats. Comment? En passant par le "fédéralisme". " Si l'euro doit survivre, il faudra que la zone euro conçoive une manière de partager les fardeaux budgétaires et de relier la compétence budgétaire à la Banque centrale européenne (BCE) et son rôle de prêteur en dernier ressort", a confié M. Sims. Comment peut-il être si sûr que cela marche? Parce que les Etats-Unis l'ont fait en 1787, lorsque les treize Etats fondateurs ont uni leurs budgets pour résoudre la crise financière traversée par certains d'entre eux.
Il est symptomatique que des professeurs américains piochent dans leur propre histoire des exemples à proposer au reste du monde. Ils l'ont toujours fait. Wilson en 18, Clinton de 1995 à 1999 en Bosnie et au Kosovo, Bush en 2003 etc. Avec à chaque fois le même constat d'échec. Que l'on s'en réjouisse ou que l'on en désespère, le reste du monde n'est pas l'Amérique. Si c'était le cas, il n'aurait d'ailleurs pas été nécessaire... d'inventer l'Amérique. Et puis 1787 n'est pas 2011. D'autant que nos deux professeurs ne précisent pas que cette union monétaire n'empêcha pas une révolte dans l'Etat du Massachussetts avec plusieurs milliers de victimes à la clé suite à l'intervention armée de la "milice". Que l'Europe se décide ou non à aller vers plus de fédéralisme, n'empêchera pas forcément la crise grecque de dégénérer en drame social. C'est exactement ce que laisse entendre le financier americano-hongrois George Soros dans un article publié dans la New York Review of Books. Pour lui, un défaut de paiment de la Grèce est inévitable, avec les conséquences que l'on peut imaginer sur la population. Mais la création d'un "common european treasury", bref une fédéralisation du risque, pourrait encore sauver la mise. Ces prises de positions ont au moins le mérite d'offrir une "feuille de route" à l'Europe. C'est plus que ne propose l'ancien premier ministre Gordon Brown qui, à chaque occasion, se contente de répéter, comme avec délectation, que "l'euro ne survivra pas, en tout cas pas dans sa forme actuelle". Mais il est vrai que les Anglais ne sont pas dans l'euro...