Le choix des mots ou florilège de la germanophobie renaissante
Parler de « guerre » quand il s’agit de la France et de l’Allemagne n’est jamais innocent. Evoquer Bismarck non plus. Or à la faveur de la crise de l’euro, voici que les discours politiques français, à droite comme à gauche, cultivent la métaphore guerrière et déterrent de vieux démons. Florilège :
La semaine passée, François Baroin a évoqué le différend entre la France et l’Allemagne sur le rôle de la Banque Centrale Européenne en disant que « la France n’en fera pas un casus belli ».
Dans les colonnes du Monde, en date du 29 novembre, Nicolas Baverez écrit : « L’Allemagne qui porte la responsabilité première des conflits mondiaux ayant provoqué le suicide de l’Europe au XXe siècle, ne peut prendre le risque de ruiner l’euro et de provoquer une catastrophe économique planétaire. »
Le site Atlantico.fr évoque le 29 novembre une proche « capitulation allemande sur la BCE ».
Le lendemain, c’est Arnaud Montebourg qui y va de sa petite phrase : « la question du nationalisme allemand est en train de resurgir à travers la politique à la Bismarck de Mme Merkel. « Elle construit la confrontation pour imposer sa domination », poursuit-il, dénonçant « l’ordre allemand » et « les diktats allemands ».
De tels discours, qui exploitent nationalisme et populisme, révèlent le vrai danger qui menace. Alors même qu’une sortie de crise passe par une plus grande intégration européenne, une implication plus poussée de l’Allemagne, et une convergence économique des deux pays, on se demande combien de temps « le couple franco-allemand » et la construction européenne dans son ensemble résisteraient à un effondrement de l’euro? Sans doute très peu.