Election Présidentielle Américaine : Débats, Round II.
Ce soir sur le campus de l’université Hofstra, à Hempstead, dans l’Etat de New York, Barack Obama et Mitt Romney se retrouveront pour leur second face à face de la campagne. Le débat sera modéré par Candy Crowley, la correspondante politique de la chaine d’information câblée, CNN. Il débutera à 21h00 locales (03h00 du matin mercredi 17 en France), durera 90 minutes, et se déroulera selon le format dit du « town meeting », c’est-à-dire que le public pourra intervenir pour poser directement ses questions. Quelques quatre-vingt personnes ont été sélectionnées, qui pourront interroger les candidats sur les sujets de société et de politique étrangère.
Rarement un second débat présidentiel aura suscité autant d’attention que celui-ci. Car son enjeu est énorme. Surtout pour le président sortant.
Après sa piètre performance du 3 octobre, Barack Obama, doit se rattraper. Présenter un autre visage, plus déterminé, plus combattif. Ce dont il est parfaitement capable.
La difficulté, pour lui, sera ailleurs. Les Américains attendent de leur président qu’il détaille les projets de son administration pour les quatre années à venir. Ce qu’a parfaitement réussi à faire Mitt Romney lors du premier débat. Or sauf à poursuivre les politiques déjà engagées, et qui peinent à porter leurs fruits, Barack Obama n’a pas grand-chose à offrir. C’est là, le véritable secret de cette campagne.
Les démocrates sont désarmés. Depuis quatre ans ils se battent pour tirer l’économie vers le haut. Mettre ces efforts en avant c’est souligner leur échec puisque l’économie continue de bégayer. Mais ils ne peuvent non plus les renier en proposant une politique radicalement différente. D’autant qu’ils attendent, et espèrent un peu plus chaque jour, que la machine économique va finir par redémarrer.
D’où les appels de Barack Obama à la patience et à la ténacité. D’où aussi ses reculades et sa tendance à se réfugier derrière « la pire récession de l’après guerre », le «passif énorme laissé par l’administration Bush » et les « deux guerres payées avec une carte de crédit ». D’où, enfin, ses attaques systématiques contre les propositions républicaines. Quand on n’a pas d’idées, on dénigre celles des autres…
Le problème est que les Américains attendent plus. Qu’ils regardent devant eux et non derrière. Qu’ils souhaitent que leur président ait un véritable projet pour son second mandat
A l’opposé, Mitt Romney doit simplement confirmer la bonne impression laissée lors du premier débat. Ne pas commettre de faux pas qui briserait la nouvelle image de manager compétent et compatissant qu’il a présentée le 3 octobre.
C’est une opération plus délicate qu’il n’y parait. Lors du premier débat, Romney a « recentré » son message. Pour briser l’image de conservateur zélé, et de millionnaire déconnecté des réalités, que les démocrates avaient peint de lui dans leurs publicités négatives, Romney s’est montré sous un jour modéré. Une nouvelle facette que son adversaire cherchera ce soir à dénoncer comme la dernière pirouette d’un candidat prêt à dire tout et son contraire pour être élu.
Gageons que la question de l’avortement sera posée ce soir. Ainsi, peut-être, que celle du mariage homosexuel (encore que celle-ci soit beaucoup moins porteuse politiquement aux Etats-Unis, qu’on ne le pense en France). Et gageons que Mitt Romney sera confronté à ses réponses à géométrie variable sur ces questions.
Parmi les autres sujets probablement évoqués, les retraites (« social security » en américain), la réforme de la santé (« Obamacare »), l’ emploi, et l’éducation, devraient occuper une place importante. En politique étrangère, la question iranienne devrait dominer le débat, c’est la seule perçue comme cruciale par l’électorat car la seule qui porte en elle le risque d’une confrontation militaire.