Présidentielle Américaine : la clé de l’élection est dans les « Swing States ».
A 48 heures du scrutin, l’issue de la présidentielle américaine est toujours incertaine. La décision viendra des « états qui balancent ». Voici ceux qu’il faut suivre.
Habituellement lors d’une élection présidentielle américaine, les choses se décantent dans les jours qui précèdent le scrutin. Les indécis finissent par se décider et un résultat se dessine avant le « election day ». Cette année, c’est l’inverse qui se produit. Plus on se rapproche du « jour J », et moins on y voit clair.
Il en va ainsi des « swing states », ces « Etats qui balancent », et dont le résultat sera la clé de l’élection. Car rappelons le ce n’est pas le vote populaire qui compte mais le résultat au sein des Etats. Il n’y a pas une élection, mais cinquante. Chaque état dispose d’un nombre de sièges, proportionnel à sa population, au sein du Collège électoral. Le candidat qui arrive en tête dans un Etat se voit attribué l’ensemble de ces sièges. Il en faut 270 sur un total de 538 pour l’emporter.
Dans près de quarante Etats l’écart entre les candidats est tel que l’on sait qui va l’emporter. Obama va gagner les Etats de l’Ouest et du Nord-Est, la Californie, l’Oregon, Washington, New York , l ‘Illinois etc. Romney va emporter les Etats du Sud, du Midwest et des Rocheuses, le Texas, la Georgie, l’Indiana, le Montana, etc
Restent une dizaine d’Etats dont le résultat est incertain. Leur électorat est indécis. Ils « se balancent» et c’est eux qui feront pencher la balance.
En janvier 2012, une quinzaine d’Etats étaient « indécis » et qualifiés de « swing states ». Au printemps ils n’étaient plus qu’une dizaine, cinq d’entre eux ayant apparemment penché pour Obama. L’été venu, ils n’étaient plus que huit –Caroline du Nord, Colorado, Floride, Iowa, Missouri, Nevada, Ohio, Virginie. Puis sept quand le Missouri entra fermement dans la colonne Romney. Or voici qu’ils sont désormais onze. Le New Hampshire, le Michigan, la Pennsylvanie, et le Wisconsin, un temps crédités à Barack Obama étant retournés dans la colonne « indécis » (« toss up » en américain) !
Concrètement cela signifie que pour chacun de ces Etats, les sondages d’opinion indiquent un écart entre les deux candidats négligeable ou inférieur à la marge d’erreur du sondage. Du coup, alors qu’au plus fort de l’été à peine 90 sièges du Collège électoral restaient à attribuer, il y en a cent quarante-six aujourd’hui qui vont être disputés jusqu’au bout.
Barack Obama qui pouvait, début septembre, compter sur un plancher de 230, voire 240, sièges au Collège électoral, n’est plus assuré aujourd’hui que d’en emporter 201. Contre 191 pour Mitt Romney.
Les deux hommes affrontent donc un défi très semblable le 6 novembre : remporter six ou sept des onze états indécis.
Sur le papier Barack Obama conserve l’avantage. Il est légèrement en tête dans les sondages au Michigan et en Pennsylvanie, (36 sièges à eux deux). Son directeur de campagne David Axelrod a même promis de se raser la moustache, si Obama perdait l’un ou l’autre de ces Etats… Il conserve aussi un petit avantage dans l’Ohio, l’Iowa, le Nevada et le New Hampshire (34 sièges). Soit un total de 271 (201 + 36 + 34 = 271 s’il emporte effectivement tous ces Etats. Sachant qu’il faut 270 sièges au Collège électoral pour être élu, Obama sait ce qu’il doit faire pour obtenir un second mandat.
Mais si un seul de ces Etats lui fait défaut, tout l’échafaudage s’effondre. Le New Hampshire, le plus petit et le moins peuplé de ces Etats dispose de 4 sièges au collège électoral. Sa défection ramènerait le total d’Obama à 267 sièges.
Bref, Obama n’a plus de marge d’erreur.
Il peut se rassurer en se disant que Mitt Romney n’en a pas non plus. Le challenger républicain doit même espérer un petit coup de pouce du destin quelque part.
En effet Mitt Romney, est en tête dans les sondages en Floride, en Caroline du Nord, en Virginie et dans le Colorado (66 sièges) soit 257 (191 + 66 = 257). Il doit remporter le Wisconsin, (10 sièges) et prendre au moins un Etat à Obama pour parvenir à plus de 269 sièges.
Un tel scénario suppose que le résultat à l’issue du vote de mardi soit conforme aux prévisions des sondages. C’est loin d’être acquis. Les Instituts d’études d’opinions ont publié des enquêtes aux résultats parfois contradictoires et aux écarts importants. NBC donne jusqu’à six points d’avance à Obama dans l’Ohio (51% contre 45%), quand Rasmussen donne les deux hommes à égalité (49% chacun). Sur le plan national, Gallup donne cinq points d’avance à Romney (51% contre 46%) quand le National Journal en donne cinq d’avance à Obama (50% contre 45%).
http://www.realclearpolitics.com/epolls/2012/president/us/general_election_romney_vs_obama-1171.html
Difficile donc de faire un pronostic. Le résultat risque d’être très serré. Et il est possible qu’il ne soit pas acquis mercredi matin. Si l’écart entre les candidats dans un quelconque Etat est très faible il faudrait passer par le décompte des « bulletins provisoires » (« provisionnal ballots »), traditionnellement comptabilisés à la fin. Il pourrait même y avoir un recompte, ce qui prendrait plusieurs jours voire plusieurs semaines.
En cas d’égalité parfaite – 269 sièges chacun, scénario possible- c’est la nouvelle Chambre des Représentants, celle qui sortira du scrutin de ce 6 novembre, qui élirait le président. Les Républicains y disposent de la majorité des voix. Un avantage qu’ils vont sans doute préserver. Le vote ne se ferait pas individuellement mais par Etat, chaque délégation se réunissant pour voter. Avec 50 Etats dans l’Union, il faudrait 26 voix pour être élu. Or les Républicains sont majoritaires au sein des délégations de 29 Etats. En cas d’égalité, Romney serait donc quasi assuré de se voir élu par la Chambre.