International: Poutine et la Crimée en 2014, rappellent Hitler et les Sudètes en 1938
Sommes-nous, à nouveau, en 1938?
La saisie de la Crimée par la Russie de Poutine rappelle l'annexion des Sudètes par le IIIe Reich d'Hitler.
Les évènements qui se déroulent sous nos yeux, pas seulement en Ukraine depuis plusieurs jours, mais en Europe depuis plusieurs années, possèdent une inquiétante ressemblance avec des évènements passés aux conséquences effroyables. Certes, lorsque l’histoire se répète, la tragédie devient farce, dit-on. Mais les conséquences passées furent telles, que cela vaut la peine de s’arrêter et de s’interroger sur la conduite à adopter.
En 1938, les Etats-Unis et les grandes puissances occidentales, se remettaient très difficilement d’une longue dépression économique. Cela avait commencé par un crash boursier à Wall Street en 1929, et s’était propagé à l’ensemble des pays industrialisés. Faillites d’entreprises, chômage de masse, soupes populaires et migrations massives face à l’effondrement économique, étaient le quotidien de millions de gens, prêts à faire tout et n’importe quoi pour fuir le néant économique.
En 2014, les Etats-Unis et le reste du monde occidental, se remettent difficilement d’une profonde récession économique, la plus importante depuis celle des années trente, justement. Cela a commencé en septembre 2008 à Wall Street par l’effondrement partiel du système bancaire et un terrible crash boursier. Six ans plus tard la bourse est repartie mais l’économie continue de faire du sur-place. Le chômage est excessivement élevé aux Etats-Unis et en Europe. Des régions entières ont été abandonnées, dans la vieille ceinture de rouille américaine, comme en Grèce ou en Espagne, par des populations prêtes à aller n’importe où pour fuir le nouveau néant économique …
En 1938 un peuple du centre de l’Europe, récemment humilié, et dont l’empire s’était effondré, rêvait de revanche et attendait l’occasion de retrouver sa grandeur passée et de reconstituer son empire démembré. Ce peuple c’était les Allemands, réduits à l’extrême pauvreté par leur défaite dans la première guerre mondiale, et humiliés par la perte de provinces symboliques, dont l’Alsace et la Lorraine, et l’émiettement de l’Empire Austro-Hongrois.
En 2014, un peuple de l’Europe, au sens large, récemment humilié, et dont l’empire s’est effondré, rêve de revanche et attend de retrouver sa grandeur passée et de reconstituer son empire démembré. Ce peuple ce sont les Russes, encore marqués par l’effondrement de l’URSS, la perte de provinces symboliques, dont les pays Baltes, et dont beaucoup regrettent l’ère du communisme pendant laquelle leur pays était fort, craint et respecté.
En 1938, un leader sans scrupule, tirant tous les avantages d’un système parlementaire faible pour se hisser, et se maintenir, au sommet du pouvoir, habité d’un rêve de domination sans partage, croyant à l’usage de la force pour s’emparer de tout ce qu’il estimait lui revenir de droit, faisait main basse sur l’Europe, par des méthodes d’une terreur à laquelle personne ne voulait croire. Ce leader était le chancelier allemand Adolph Hitler, qui avait succédé au vieux président Hindenbourg, 84 ans, malade et sénile, en 1932, au bénéfice d’élections régulières.
En 2014, un leader sans scrupule, tirant avantage d’un système parlementaire faible, pour se hisser au pouvoir et s’y maintenir en détournant les institutions, habité du rêve obsédant de reconstituer l’empire soviétique déchu -perte qu’il qualifie de « pire catastrophe stratégique du XXe siècle »- croyant à l’usage de la force et n’ayant jamais hésité à l’utiliser pour prendre ce qu’il estime lui revenir de droit, fait main basse sur des territoires européens, gageant que personne n’osera intervenir pour l’en empêcher. Ce leader est Vladimir Poutine, président de la Russie, élu pour la première fois en 2000, à l’issue du règne du vieux Boris Eltsine, dont beaucoup ont pensé qu’il souffrait de sénilité sur la fin.
En 1938 le reste du monde, c’est-à-dire la France et l’Angleterre, seules puissances capables de rivaliser avec l’Allemagne, étaient aux prises avec des problèmes domestiques importants et, habités d’un esprit pacifiste et généreux, tout à fait dans l’air du temps, refusaient de croire à la guerre et à la nécessité de s’y préparer, préférant s’accommoder avec leur turbulent voisin, plutôt que de le confronter. Les Etats-Unis, qui n’étaient pas encore la puissance mondiale qu’ils représenteraient en 1945, préféraient se concentrer sur leurs problèmes intérieurs en laissant l’Europe gérer ses chamailleries, ainsi que le voulait leur tradition « isolationniste ».
En 2014, les restes de l’Europe, c’est-à-dire la France, l’Angleterre et l’Allemagne, en proie à des problèmes intérieurs profonds, et, habités d’un esprit pacifiste et généreux, tout à fait dans l’air du temps, sont devenus incapables de rivaliser militairement avec la Russie, faute d’avoir investi dans un appareil de défense au cours des décennies écoulées, préférant s’en remettre à la protection du bienveillant Oncle Américain, n’ont d’autre choix que de chercher une voie d’accommodation avec leur inquiétant et turbulent voisin. Les Etats-Unis, après un demi-siècle à jouer les « shérifs » un peu partout dans le monde, ont fini par se lasser et préfèrent se concentrer sur leurs problèmes domestiques, et se tourner vers une Asie en plein essor, en invoquant un retour salutaire à leur tradition « isolationniste ».
En 1938 Hitler a obtenu à Munich l’assentiment des grandes puissances européennes, c’est-à-dire de la France et du Royaume Uni, pour l’annexion des « Sudètes », ce territoire du nord-est de la Tchécoslovaquie, peuplé d’Allemands et séparé de l’Allemagne en 1919 à l’issue du Traité de Versailles, contre l’avis de Prague, la capitale tchèque, mais à la demande des population locales qui réclamaient depuis plusieurs années leur rattachement au Reïch.
En 2014 Vladimir Poutine est en passe d’obtenir le rattachement de la Crimée à la Russie, contre l’avis de la capitale ukrainienne Kiev, ayant saisi par la force cette ex-république autonome de l’Union Soviétique, rattachée à l’Ukraine en 1952 par Staline, au prétexte que ses habitants, très majoritairement d’origine russe, réclamaient ce rattachement et leur sécession d’avec une Ukraine voulant se détourner de la Russie pour s’ouvrir à l’Europe. Les négociations qui vont, peut-être, s’engager à l’initiative de la chancelière allemande Angela Merkel, n’ayant pour autre but que de donner un visage décent et acceptable à ce qui demeure une prise de guerre.
En 2008 le président Poutine avait déjà fait main basse sur la Géorgie, l’ayant dépouillée de deux provinces qu’il estimait revenir de droit à la Russie, l’Ossetie et l’Abkhazie. Et si demain Poutine décidait qu’il lui fallait récupérer les pays baltes, au nom du droit russe à des ports en mer baltique qui ne sont pas gelés l’hiver, ou bien une partie de la Pologne pour se protéger contre les « tentatives d’encerclement » de l’ Union Européenne… ? Qui se lèverait pour l’en empêcher ?
Une fois les Sudètes gagnées, Il fallut moins d’un an à Hitler, pour attaquer la Pologne. Et à la France pour lui déclarer la guerre. Vingt mois plus tard, la France, vaincue, capitulait… Des dates qui nous projettent à janvier et septembre 2015, si l’histoire devait se répéter…