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France-Amérique le blog de Gérald Olivier
7 novembre 2016

Présidentielle U.S.: Pour comprendre le mode de scrutin américain

 

Petit point de pédagogie avant le grand test! Une élection présidentielle aux Etats-Unis ne se gagne pas à la majorité absolue des voix.  Elle se gagne avec 270 sièges au sein du Collège électoral, c’est-à-dire avec au moins 270 « grands électeurs » alignés derrière sa candidature. Remporter 50,1% des suffrages, ou beaucoup plus, est moins important que de parvenir à ce chiffre magique de 270.

Electoral College Map 2016

 Pour rappel, l’élection présidentielle américaine se déroule au suffrage indirect et les votes sont comptabilisés Etat par Etat.  Ce 8 novembre les électeurs cocheront effectivement le nom d’un des candidats sur leur bulletin, mais leur vote servira d’abord à désigner des « grands électeurs », qui se réuniront officiellement le 9 décembre et voteront alors pour élire le président. Le résultat officiel ne sera annoncé que le 6 janvier, lors de la rentrée parlementaire, quand chaque Etat aura transmis son vote au Congrès… Toutefois, le vote des grands électeurs est « bloqué ». Ils sont liés à un candidat et ne peuvent pas en changer. Donc le suspense ne durera pas jusqu’au 9 décembre, ou au-delà. Sauf, en cas de  scrutin extrêmement serré, comme ce fut le cas en Floride en 2000.

Bush Gore election results

 Le nombre des grands électeurs d’un Etat correspond à celui de sa délégation parlementaire qui, elle-même, est fonction de sa population. Ainsi chaque Etat dispose de deux sénateurs (nombre invariable, quelle que soit sa population)  et d’un représentant par tranche de huit cent mille habitants environ. La Californie qui compte 38 millions d’habitants dispose ainsi de la plus importante délégation parlementaire, 55 personnes (53 Représentants et 2 Sénateurs)  et donc du plus important nombre de grands électeurs. L’Alaska, avec sept cent mille habitants, dispose de la plus petite délégation (2 Sénateurs et 1 Représentant) et donc du plus petit nombre de  grands électeurs, trois, privilège que l’Alaska partage avec d’autres Etats de l’Ouest comme le Montana, le Wyoming, ou les deux Dakotas…  

Washington D

 A noter que pour l’élection présidentielle le District de Columbia, c’est-à-dire la capitale américaine, « Washington D.C. », dispose également de trois grands électeurs, équivalent de deux sénateurs et un représentant, même si la Capitale n’est pas un « Etat » (c’est un « district fédéral ») et n’a donc pas de représentation parlementaire au Congrès.

Au total le Collège électoral rassemble 538 grands électeurs, soit l’équivalent de cent Sénateurs, quatre cent trente-cinq Représentants et trois grands électeurs pour la Capitale.  Il faut donc  en réunir la moitié plus un, soit 270 pour y avoir une majorité absolue. D’où le nombre magique que rêvent d’atteindre les candidats.

 Habituellement le candidat qui l’emporte au sein du Collège électoral, obtient aussi la majorité du vote populaire mais ce n’est pas toujours le cas, et surtout, ce n’est pas nécessaire pour être élu président.

Electoral College 2000 results

 

En 2000 Al Gore avait obtenu cinq cent mille voix de plus que George W. Bush au vote populaire, mais Bush avait remporté 271 grands électeurs contre 266 (et une abstention) et était devenu président. Dans le cours de l’histoire américaine ce cas de figure s’est présenté à trois autres reprises: en 1824, 1876 et 1888.

L’attribution des Grand Electeurs se fait selon la règle du « gagnant rafle la mise » (« winner takes all »). En clair, le candidat arrivé en tête dans l’Etat emporte l’ensemble des membres de la délégation. C’est le cas pour tous les Etats, sauf deux, le Nebraska et le Maine, dont certains des grands électeurs sont désignés selon un mode  proportionnel. La conséquence de la règle du « winner takes all » est de faire du Collège électoral un « amplificateur » du vote populaire. Car une victoire avec  51% des suffrages contre 49%, se traduit par le gain de 100% des grands électeurs de cet Etat contre zéro. 

Depuis près de trente ans la Californie vote très majoritairement démocrate aux scrutins présidentiels. Avec un écart de voix tel que les candidats présidentiels républicains ont quasiment renoncé à se battre pour cet Etat. Quand l’un d’eux vient en Californie ce n’est pas pour y faire campagne, c’est pour y lever des fonds… Le résultat est considéré comme acquis d’avance. Ainsi, demain 8 novembre, c’est Hillary qui va l’emporter avec entre 55% et 60% des suffrages et donc ses 55 grands électeurs.  

Hillary Clinton campaign 2016

 

C’est tout l’inverse de ce qui se produit dans les fameux « swing states », ces Etats « clés » parce qu’à l’issue incertaine et donc d’une importance cruciale. La Floride est depuis vingt ans un enjeu majeur de la campagne. Elle l’est encore en 2016. Ses vingt-neuf grands électeurs sont très convoités.  Donald Trump en aura un besoin impératif s’il veut l’emporter demain soir. D’autres Etats ont un résultat incertain et la liste des Etats clés de 2016 inclut la Caroline du Nord, le Colorado, l’Iowa,  le Maine, le Michigan,  le Nevada, le  New Hampshire, le Nevada, l’Ohio, la Pennsylvanie, le Wisconsin… Clinton et Trump  y sont au coude à coude et celui des deux qui gagnera ces Etats « clés » deviendra président au bout du compte.

En 2012 Barack Obama et Mitt Romney étaient également au coude à coude dans une dizaine d’Etats, mais tous, à l’exception de la Caroline du Nord, avaient basculé en faveur d’Obama, lui offrant une réélection assez large.

2012 presidential election results map

 

La désignation d’un Etat comme « Etat clé » n’est pas figée. C’est un artifice médiatique pour dramatiser la campagne. D’une élection à l’autre les Etats clés peuvent changer et leur liste peut évoluer durant le déroulement d’une campagne. C’est le cas cette année du Wisconsin et du Michigan, deux Etats de la ceinture de rouille américaine. Il s’agit de deux « Etats bleus », c’est à dire de deux Etats votant habituellement démocrate. En janvier 2016, à l’aube de la campagne des primaires, ils faisaient partie des Etats, où une victoire du candidat démocrate était sinon assurée, au moins probable. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le discours anti-libéral de Donald Trump, et ses promesses de renouveau industriel, ont  séduit certains de ses électeurs et il se pourrait que mercredi  matin ces Etats se révèlent avoir voté en majorité pour le candidat républicain. Ce serait une défaite lourde de conséquence pour Hillary Clinton, car ces deux Etats représentent vingt-six grands électeurs qui s’ajouteraient au total de Donald Trump et pourraient lui ouvrir les portes de la Maison Blanche. Au-delà de l’élection cela pourrait aussi présager d’une évolution de l’électorat américain, ce que les historiens appellent un « réalignement ».  

Donald Trump with cap make america great again

En 1980 Ronald Reagan avait rallié à sa candidature de nombreux démocrates provoquant l’un de ces « réalignements ».

C’est d’ailleurs la première question qu’il faudra poser à l’issue du scrutin, quel que soit le vainqueur : les deux grands partis américains sont- ils encore le reflet des aspirations et de la sociologie du pays ?

Au sein du parti démocrate on a observé durant les primaires une percée de l’aile sociale anti-libérale et anti-Wall Street personnifiée par Bernie Sanders. Au sein du parti républicain, l’homme ayant emporté la nomination est un « outsider », un homme de l’extérieur du parti,  ne partageant pas les convictions conservatrices de ses dirigeants. En cas  d’échec les règlements de compte commenceront dès le 9 novembre et l’avenir même de ce parti sera engagé.

Evidemment si Hillary Clinton l’emporte, les Etats-Unis se retrouveront avec une femme présidente. Ce sera une première historique, un évènement majeur, dont la portée dépassera les ajustements protocolaires… 

Barack Obama president of the U

 

 

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