Affaire Michael Flynn: Obama savait et il a laissé faire…
Quand un scandale politique éclate, la question que tout le monde pose est « qui savait » ? En d’autres termes, jusqu’à qui le scandale peut-il remonter ?
Depuis que le ministère de la justice américain a abandonné ses poursuites contre Michael Flynn, reconnaissant qu’il avait été piégé par le FBI, que ses droits avaient été bafoués, et que l’enquête secrète diligentée contre lui était dénuée de fondement, ces questions sont posées aux Etats-Unis. Elles conduisent à un même homme : le président Barack Obama.
Les documents récemment déclassifiés par le ministère de la Justice le prouvent. Obama savait. Ces mêmes documents indiquent que le président Obama a demandé à son staff de garder secrètes certaines informations, plutôt que de les transmettre à la nouvelle administration. Ces mêmes documents confirment que l’ancien président suivait de très près les enquêtes du FBI contre Donald Trump et son entourage, qu’il savait qu’elles étaient dénuées de preuves, mais qu’il les a laissé se poursuivre.
Michael Flynn, est ce lieutenant-général de l’armée américaine qui fut très brièvement le Conseiller à la Sécurité Nationale de Donald Trump. Nommé le 20 janvier 2017 il dut démissionner, trois semaines plus tard, dès le 13 février, sous le coup d’une inculpation par le FBI. Lors d’une entrevue impromptue le 24 janvier avec deux agents du FBI, Flynn n’avait pas rendu compte d’échanges qu’il avait eus avec l’ambassadeur russe à Washington en décembre. Alors que Barack Obama était toujours président. Or ces échanges avaient été enregistrés par le FBI dans le cadre d’un dispositif secret d’écoutes mis en place à l’encontre de Flynn et de plusieurs autres proches collaborateurs de Donald Trump, soupçonnés d’entretenir des liens illicites avec la Russie. Confronté à l’existence des enregistrements Flynn avait reconnu avoir menti !
Toutefois le FBI, alors dirigé par James Comey, n’avait pas inculpé Flynn de parjure, il l’avait poursuivi pour violation du Logan Act, une loi obscure de 1799 interdisant à un citoyen américain de négocier avec un dignitaire étranger. Le sous-entendu de cette inculpation était que Flynn était peut-être un agent étranger, un espion à la solde de la Russie...
Flynn avait démissionné précipitamment, couvert de honte. Malgré ses trente-trois années de service au sein des forces armées des Etats-Unis, il avait été qualifié de « traitre » par les médias les plus influents. Sa réputation détruite et couvert de dettes par ses frais de justice, Flynn avait rapidement accepté de « coopérer » avec le ministère de la justice, et plus précisément avec le procureur indépendant Robert Mueller chargé, au printemps 2017, de faire toute la lumière sur des soupçons de « collusion » entre les collaborateurs de Donald Trump et la Russie. Ces soupçons, entretenus depuis plus d’un an, avaient empoisonné la fin de la campagne présidentielle de 2016, jeté le doute sur la validité de son élection à la Maison Blanche, et perturbé les premières semaines de sa présidence
Il faut se replonger dans l’atmosphère politique qui régnait alors aux Etats-Unis pour comprendre l’impact de la chute de Michael Flynn.
L’élection de Donald Trump à la Maison Blanche le 3 novembre 2016 fut une surprise colossale et un choc terrible, pour l’establishment Démocrate et ses sympathisants dans les médias. Sa victoire était totalement inattendue. Elle allait à l’encontre de tous les sondages. Elle semblait surréaliste. Et pour beaucoup de Démocrates, la candidate Hillary Clinton en tête, cette victoire ne pouvait qu’avoir été volée ! Il n’était tout simplement pas concevable que Trump ait pu légitimement gagner l’élection. Il avait dû tricher, bénéficier d’une aide extérieure…
Or des accusations d’interférence du Kremlin dans l’élection américaine, étaient mises en avant dans les journaux depuis plusieurs mois. Des « hackers » russes à la solde du Kremlin avaient pénétré le système informatique du parti Démocrate et volé des milliers d’emails confidentiels pour les porter sur la place publique, au grand embarras des Démocrates. Certains collaborateurs de Donald Trump avaient par le passé travaillé pour la Russie, ou ses alliés en Ukraine. Trump lui-même ne cachait pas son admiration pour Vladimir Poutine et poussait la provocation jusqu’à l’inviter à révéler tout ce qu’il savait sur Hillary Clinton et, sous-entendu, que les Américains ignoraient…Bref il était concevable, et pratique pour les perdants de l’élection, de penser que Trump avait bénéficié de l’assistance de la Russie pour devenir président des Etats-Unis et qu’il y avait dans son entourage des agents russes…
Ces soupçons étaient pris très au sérieux par le FBI. D’autant qu’il existait, selon certains, des preuves de cette collusion. Ces preuves étaient rassemblées dans un « dossier » qui circulait au sein des cercles influents de Washington. Ce dossier, appelé par les médias, le « Dossier Steele » du nom de son principal auteur, Christopher Steele, un ancien agent du contre-espionnage britannique, contenait des accusations fracassantes contre Donald Trump. Il laissait entendre que le candidat présidentiel Républicain était compromis, que le Kremlin disposait d’éléments de nature à permettre d’exercer un chantage à ses dépens…
Ce sont ces soupçons et l’existence du Dossier Steele qui avaient servi de justificatifs à la mise sur écoute d’une partie de l’entourage de Donald Trump. Ce que l’on ne savait pas alors officiellement, c’est que le « Dossier Steele » était un faux grotesque. Une suite d’élucubrations, dénuées du moindre élément de preuve. Et ce dossier ne venait pas des services des renseignements britanniques, comme son auteur pouvait le laisser croire, mais avait été commandé et payé par le parti Democrate dans le cadre de la campagne présidentielle en cours. Il faisait partie d’une manœuvre de désinformation destinée à nuire au candidat Trump.
Au sein du FBI certains émirent des doutes sur la validité du dossier Steele. Son origine réelle fut mise à jour. Les éléments réunis finirent par ne plus laisser de doute sur sa nature et son objectif. Néanmoins le FBI de James Comey poursuivit son enquête. Sur la base d’informations qu’il savait être fausses et infondées, un vaste appareil d’espionnage intérieur contre l’équipe de campagne de Donald Trump fut mis en place dont Michael Flynn devint une des cibles.
On était alors en pleine campagne électorale. Trump avait eu vent des faits et s’en était plaint. Les médias s’étaient moqués de lui, dénonçant sa mégalomanie et un complexe de persécution… Et pourtant Trump disait vrai. Le candidat désigné du parti Républicain à la Maison Blanche faisait l’objet d’une enquête secrète par le gouvernement en place.
Loin de mettre un terme à ces procédures, plus dignes du KGB que de la première démocratie occidentale, la victoire électorale de Donald Trump en novembre 2016, incita certains au FBI à redoubler d’efforts. Seul l’objectif changea. Il ne s’agissait plus de nuire au candidat. Il s’agissait de remettre en cause le résultat de l’élection, de délégitimer la victoire de Donald Trump, bref de tuer sa présidence dans l’œuf.
Car, peu importe la réalité d’un crime! Mentir au FBI (ou au Congrès) dans le cadre d’une enquête est en soi un crime aux Etats-Unis. Il suffisait donc de pousser certains proches de Trump à se contredire, ou à mentir, même par simple omission, pour que l’affaire débouche sur une procédure judiciaire parfaitement valide.
C’est ce qui arriva à Michael Flynn, plongeant la toute nouvelle administration dans le chaos, quelques jours seulement après son entrée en fonction…
Le FBI est une agence indépendante de l’exécutif américain. Masi elle est rattachée au ministère de la Justice, dont le patron est nommé par le président des Etats-Unis. Le FBI conduit rarement des opérations aussi sensibles que des écoutes sur un candidat présidentiel sans que le président en soit informé. Les questions que beaucoup se posent désormais aux Etats-Unis sont : Que savait Obama ? Et quand l’apprit-il ?
Dans le cas des enquêtes sur une possible « collusion » avec la Russie, il est probable que Obama ait été tenu informé, dès l’été 2016, ainsi que le suggèrent les échanges d’emails entre les principaux protagonistes au sein du FBI. Début janvier 2017, sur le point de quitter la maison blanche, ses plus hauts conseillers lui indiquèrent ne posséder aucune preuve d’une quelconque collusion avec la Russie. En dépit de cela, Obama laissa faire.
Dans le cas précis de l’affaire Michael Flynn, il apparait désormais que l’ancien président fut informé quasiment en temps réel. Et qu’il ne fit rien pour arrêter l’enquête, non plus, au contraire ! Au lieu de communiquer tous les éléments dont son administration disposait à l’équipe Trump, dans le cadre de la transition du pouvoir, le président Obama donna des instructions à son entourage pour cacher certaines informations, notamment pour ce qui touchait à ce que son administration avait pu collecter sur Flynn. C’est ce qui ressort des notes prises par les participants à une série de réunions dans le bureau ovale, les 4, 5 et 6 janvier 2017. Outre le président Obama, les participants étaient le vice-président, Joe Biden, le directeur du FBI, James Comey, le directeur de la CIA, William Brennan, le directeur du renseignement, James Clapper, de Susan Rice alors Conseiller à la Sécurité Nationale, et Sally Yates, secrétaire adjointe à la Justice, Au cours de ces réunions Obama indiqua qu’il était au courant des écoutes mises en place contre Flynn et du contenu de ses conversations avec l’ambassadeur russe. Et il recommanda au FBI de poursuivre son investigation.
En fait Obama se méfiait du lieutenant-général Michael Flynn. Ce dernier avait été le directeur du renseignement pour le ministère de la Défense de 2012 à 2014. Il occupait ce poste en septembre 2012, au moment de l’attaque du consulat américain de Benghazi, en Libye, qui avait fait quatre tués côté américain dont l’ambassadeur Christopher Stevens. Flynn savait que la version officielle d’une manifestation spontanée ayant dégénéré était un mensonge. Flynn désapprouvait également l’ouverture du président Obama envers les pays musulmans. Flynn, enfin, était très proche des services de renseignement militaires russes, le GRU. De sorte que le président Obama avait des motifs réels de ne pas souhaiter que Flynn devienne Conseiller à la Sécurité nationale, et un intérêt personnel autant que politique à provoquer sa perte.
Et c’est ainsi que Barack Obama laissa se poursuivre une enquête illégale et sans fondement, alors même qu’il savait qu’elle était illégale et sans fondement…